EPICA, MAYAN : Interview de Mark Jansen

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Mark Jansen, guitariste/compositeur et fondateur de EPICA nous parle en détails de ses premiers pas dans le monde de la musique, de ses albums avec EPICA et AFTER FOREVER mais aussi de MAYAN. L’interview vidéo fait également mention du prochain album de EPICA, où Mark Jansen dévoile sa date de sortie, et cite également leur propre festival, le Epic Metal Fest.

(Pensez à activer les sous titres !)

Pour commencer nous voulons te remercier d’avoir bien voulu accepter cette interview pour Guitariste-Metal.fr. Nous allons scinder cette interview entre deux différents sujets, le premier sera autour de toi et de ta carrière et le second traitera de ton groupe, EPICA.

Peux-tu nous dire comment tu es tombé dans l’univers de la musique ?

C’était il y a déjà pas mal d’années, mon premier pas dans la musique a été quand j’avais 11 ans et que j’ai découvert les cassettes. Je commençais par enregistrer des guitares, d’une guitare acoustique, puis je lisais la cassette de l’enregistrement et je commençais à jouer du clavier, et j’enregistrais le tout sur une autre cassette. C’est le premier moyen que j’ai trouvé pour enregistrer une chanson, de manière super amateur, et j’ai découvert assez vite que quand tu t’enregistres sur une cassette, que tu la rejoues, et que tu réenregistres le tout sur une autre cassette, toutes les notes se décalent un peu vers le haut, donc je devais ré accorder ma guitare, rejouer, et toujours me ré accorder un peu plus haut mais la qualité sonore se dégradait.

Mais c’était ma première étape et j’ai réellement commencé à faire de la musique lorsque j’avais 16 ans, c’est à cette période où j’ai vraiment commencé à apprendre à jouer à la guitare électrique et où j’ai également tout de suite voulu écrire mes propres titres.

Ok et en parlant de guitares, te souviens-tu de l’équipement que tu possédais à cette époque ?

Une Fender Stratocaster, c’était la guitare de mon père, donc je pouvais l’attraper et commencer à jouer.

Ok, tu as donc commencé à jouer de la guitare quand tu avais environ 16 ans. AFTER FOREVER a été créé en 1995. Quel était ton but à cette époque lorsque tu as formé AFTER FOREVER ?

Le but était déjà pour moi, personnellement, clair depuis le début, c’était d’amener le groupe au niveau supérieur. Au début il était difficile de trouver les personnes qui avaient le même état d’esprit et qui était à 100% pour le groupe. Donc au tout début du groupe nous avions souvent des problèmes par rapport aux répétitions quand quelqu’un disait « Ce soir je ne peux pas venir car j’ai, qu’importe, un anniversaire », ou quelque chose comme ça. Je pouvais vraiment devenir malade à cette époque à cause de ce genre de chose car j’étais si motivé, et je voulais vraiment amener ce groupe à un autre niveau. Une fois que nous avons signé chez Transmission Records, après la première démo, les choses ont bougé très rapidement et toutes les personnes ont eu la même motivation et donc je n’avais plus besoin d’être aussi « insistant ».

mark jansen

Ok ! Tu viens des Pays-Bas, est-ce que je peux savoir comment était alors la scène musicale dans ta ville et dans le pays lorsque tu as créé ton groupe ?

Tu avais un groupe qui s’appelait ORPHANAGE, c’était une combinaison de voix féminine avec du metal et des grunts. J’étais vraiment fasciné par leur son, ils étaient parmi les premiers à faire cela aux côtés de THE GATHERING, mais ils étaient un peu plus soft. Les deux, THE GATHERING et ORPHANAGE ont été une grosse influence lorsque j’ai voulu commencer à faire ce genre de musique. J’aimais déjà le metal, ainsi que la musique classique, alors que j’étais enfant et que j’avais 11 ou 12 ans, j’avais vraiment à l’esprit de combiner ces deux genres musicaux. Et quand ORPHANAGE a commencé à les combiner un peu, et à rajouter des voix féminines, c’était pour moi « Hey mais c’est possible et je veux aussi faire ça ! ».

Tu quitteras plus tard en 2002 ton propre groupe, AFTER FOREVER, et je pense que ce fut une chose difficile. Quel est ton feedback sur le sujet, as-tu appris quelque chose ?

Oh oui j’ai beaucoup appris, car comme je l’ai dit dans AFTER FOREVER je voulais toujours arriver à la limite et que tout le monde me suive, et bon je poussais vraiment là-dessus. J’ai donc beaucoup appris lorsque j’ai commencé avec EPICA et je voulais que les choses soient complétement différentes par rapport à AFTER FOREVER car toutes les choses qui se sont mal passées durant la période de AFTER FOREVER tu peux les faire différemment maintenant avec EPICA. Cela fait déjà 13 années que nous sommes ensemble et je pense donc que ça marché.

Il semblerait en effet. Tu as donc créé SAHARA DUST, que tu as renommé pour EPICA. Est-ce que la façon de composer a changé ?

Au début de EPICA nous avons continué de la même façon que nous avions travaillé avec AFTER FOREVER, on allait ensemble dans la salle de répétition et on jouait les idées que nous avions créées d’abord sur le clavier. Ça a très bien marché pendant un moment et puis il y a eu quelques tensions entre différents membres qui ne pouvaient pas vraiment répéter ensemble. Il y avait donc quelques tensions de temps en temps et nous avons donc commencé à créer nos titres dans nos propres studios sans vraiment aller ensemble en salle de répétitions. Mais maintenant, après toutes ces années, nous sommes revenus à la situation initiale qui fait que nous allons souvent en salle de répétition et aujourd’hui c’est totalement différent. Il n’y a plus de tensions, tout le monde écoute très bien les uns les autres, je pense aussi que maintenant tout le monde est plus mature qu’il y a 13 ans. Il y aussi de nouvelles personnes dans le groupe, d’autres l’ont quitté, donc avec ces personnes on arrive vraiment à bien répéter et je crois que c’est encore la meilleure façon d’avoir les meilleurs résultats possibles parce que quand tu répètes un titre tu peux vraiment entendre sur place si quelque chose fonctionne ou non. Parce que si tu enregistres un album et que tu commences à le jouer et que là tu te rends compte que ce titre n’est pas bon à jouer, mais qu’un autre l’est, alors c’est trop tard, mais quand tu répètes un titre auparavant tu sais déjà exactement à quoi t’attendre.

marc jansen epica

Oui c’est vrai.

Et tu peux déjà changer les choses qui ne fonctionnent pas.

Aller sautons un peu dans le temps, en 2007 sort l’album The Divine Conspiracy et cet album marque un tournant car vous avez un nouveau label, Nuclear Blast. Comment est-ce que ça s’est passé ?

Oui c’était une période difficile pour nous car notre ancienne maison de production, Transmission Records, avait fait faillite alors que nous étions déjà en train de réaliser un nouvel album. Nous nous sommes donc demandé ce que nous pouvions faire, on ne connaissait pas notre futur. Mais on a décidé d’investir tout notre argent dans le nouvel album, c’était un gros risque à cette période, car nous n’étions alors pas encore un si grand groupe, on était encore un petit groupe. C’était donc une somme importante pour nous mais nous avons décidé de l’enregistrer, et une fois le CD totalement terminé nous avons été pris par Nuclear Blast qui nous ont, heureusement, remboursé les coûts de l’enregistrement de l’album. C’était donc un risque et si les choses avaient mal tourné nous aurions alors perdu tout notre argent. Mais en fait si tu crois en quelque chose ce n’est pas un si grand risque car tu sais que tout finira bien à la fin.

Et ça a marché.

Oui ça a marché.

Sautons encore quelques années en avant, il y a une année est sorti votre dernier album “The Quantum Enigma”. Beaucoup de choses ont changé sur cet album, la musique est plus complexe. Tu peux mieux différencier la guitare des chœurs, comment as-tu donc procédé pour la composition de ce nouvel album ?

Avec “The Quantum Enigma ” les choses ont vraiment changé et nous répétons comme aux premiers bons jours. Nous nous asseyons ensemble et travaillons bien plus sur les détails des chansons jusqu’au moment où nous sommes compléments satisfaits des titres de chacun. Durant la procédure d’enregistrement nous expérimentons avec différents micros, différentes configurations, différents amplificateurs et nous avons vraiment cherché durant un mois pour le meilleur son possible. C’était également quelque chose que nous n’avons jamais fait jusqu’à ce degré auparavant. Nous pensions qu’il était possible de tout améliorer par rapport à ce que nous avions fait jusqu’à présent et que nous devions le faire maintenant étant donné que nous étions vraiment motivé à nous renouveler un peu, de ne pas rester au même niveau mais de vraiment essayer d’aller de l’avant à nouveau.

Je pense que c’était donc l’une des raisons qui vous a poussés à changer de producteur. Avais-tu peur de sonner comme sur Requirement for the Indifferent ?

Oui, c’était le dernier album Sascha Paeth et Sascha Paeth est encore impliqué mais non plus en tant que producteur principal, cependant il joue encore un rôle très important pour nous. Il travaille avec nous sur les lignes vocales et possède une très bonne oreille pour dire ce qui manque à un titre pour EPICA, il a vraiment de bons conseils. Mais pour “The Quantum Enigma ” nous avions besoin de rafraîchissement. Quand tu travailles vraiment longtemps avec quelqu’un, même s’il est extrêmement bon, tu as besoin de changement pour ne pas te répéter et c’est ce que nous voulions éviter, c’est pourquoi nous avons fait ce changement. Il n’y a donc rien à dire au sujet de la qualité c’était purement le fait d’avoir un vent nouveau qui souffle sur EPICA.

mark jansen guitariste metalOk ! On va parler un peu de ton matériel. Qu’as-tu utilisé pour cet album ? Que ce soit au sujet des guitares et amplificateurs ?

Nous travaillons désormais avec Bogner, le modèle Überschall, qui est vraiment un bon ampli. J’ai travaillé dans le passé, au tout début, avec Marshall mais ça ne marchait pas vraiment bien pour moi, j’ai donc essayé différents amplis et désormais c’est Bogner qui me donne vraiment un son solide, je suis vraiment content à ce sujet. Isaac avait commencé à jouer avec cet ampli et quand j’ai entendu le son j’ai essayé l’ampli par moi-même et j’ai vu qu’il marchait vraiment bien. Je dois également dire que nous expérimentons beaucoup dans les studios, avec beaucoup d’autres amplis et nous essayons aussi des combinaisons, ce n’est donc pas seulement que du Bogner que tu peux entendre mais c’est toujours une combinaison de différents amplis et ensuite on voit ce qui sonne le mieux pour le titre, ce dont nous avons besoin pour l’album.

Ok, merci pour ces informations. On va maintenant parler des paroles. Où trouves-tu l’inspiration, dans des livres, films, jeux vidéos, autres choses ?

Je trouve l’inspiration partout. Je ne cherche pas vraiment un sujet mais ils se présentent habituellement à moi et je commence juste à les écrire. Ça peut venir d’une nouvelle, ou je peux marcher dans la nature et une idée vient à moi. Ça peut aussi venir de mauvaises choses qui se passent dans ta famille ou à tes amis, qu’importe ce qu’une chanson demande, je peux écrire là-dessus. J’aime également les sujets scientifiques, comme pour “ The Quantum Enigma “ où j’ai écrit à ce sujet, c’est vraiment fascinant et même sans faire de la physique quantique tu peux en comprendre le concept et le changer en parole. J’aime vraiment faire ainsi et il y a exactement deux semaines j’ai commencé à écrire les paroles pour le nouvel album, je suis donc actuellement en plein dedans !

Super. Nous parlerons du futur album plus tard si tu le veux bien mais avant j’ai une question difficile pour toi. Tu es maintenant un guitariste depuis bien des années et j’aimerais savoir si tu pouvais nous décrire chaque album de EPICA par un mot ou par une phrase. Tu peux également le faire pour AFTER FOREVER et pour MAYAN si tu le veux.

Oh, AFTER FOREVER, “ Prison of Desire “, qui était le tout premier album, je n’avais fait d’album auparavant, avec aucun groupe, et je dois dire que c’est quelque chose de si spécial que s’en est difficile à décrire. Pour moi c’est ‘l’album spécial».

Puis “ Decipher “, qui est le second album de AFTER FOREVER. Il y a toujours beaucoup de pression au sujet du second album car il y a une attente que tu n’avais pas avant. Je suis très fier de cet album, c’est un album des albums dont je suis le plus fier. Je pense que les meilleurs éléments de AFTER FOREVER sont venus ensemble sur cet album. Nous avons grandi en tant que compositeur et la chimie a été très bonne sur cet album, le résultat étant donc très bon.

Puis il y a eu “ The Phantom Agony “ avec EPICA, qui était le premier album de EPICA donc encore une fois c’est spécial, c’est le bébé d’EPICA, le premier né. L’album possède une atmosphère unique, c’est le seul album à avoir cette atmosphère spéciale. Nous jouons encore beaucoup de titres de cet album en concert.

Puis vient le second album “ Consign to Oblivion “, qui comme “ Decipher “ avec AFTER FOREVER a été notre album qui nous a mis la pression. Quand je regarde en arrière je me rends compte que nous avons eu un peu moins de temps pour cet album que pour “ The Phantom Agony “ et je pense que si nous avions eu trois mois de plus alors nous aurions pu travailler sur les détails finals de quelques chansons. Je suis tout de même satisfait de l’album mais parfois je pense que c’est le seul où j’aimerais changer quelque chose.

The Divine Conspiracy ”, qui est le troisième album, avec Nuclear Blast. Ce fut le dernier album avec Ad Sluijter, l’ancien guitariste, et quand je pense à comment est-ce que nous jouions, je pense que c’était l’un des meilleurs albums car nous avons grandi en tant qu’équipe, la composition des titres était vraiment bonne. Il m’a aussi dit qu’il était très fier de cet album et je suis d’accord avec lui.

Design your universe”, c’est le premier album avec Isaac, et il était très motivé dès le premier jour pour donner le meilleur de lui-même, également déjà au niveau de la composition. Il a arrangé des compositions de guitares et c’est l’un des albums qui me rend très fier. Design your universe, juste le titre lui-même signifie déjà quelque chose pour beaucoup de personnes.

Requirement for the Indifferent ”, c’était un album très complexe et nous avons écrit des titres vraiment complexes avec des longues chansons qui ont beaucoup de changements. C’est un album difficile à assimiler et il faut beaucoup d’écoute pour bien le comprendre mais j’ai remarqué que de nos jours les gens ne sont plus vraiment patient. Donc pour pas mal de fans cet album est le moins apprécié mais lorsque je l’écoute moi-même, chanson après chanson, et bien je suis encore fier de l’avoir réalisé.

Puis “The Quantum Enigma”, qui est l’album du changement. L’album rehausse chaque détail à un niveau supérieur. Il y a une nouvelle « chorale », c’est quelque chose que nous voulons faire pour les prochains albums, cette nouvelle chorale ainsi que notre façon de travailler.

“Quarterpast”, de MAYAN. MAYAN est né pour créer quelque chose de complétement diffèrent, plus lourd, pour explorer de nouveaux chemins, ce que nous ne pouvons pas faire avec EPICA car c’est trop lourd pour EPICA. C’était vraiment une très drôle expérience avec MAYAN.

Puis il y a le second album, “Antagonise “, nous avons travaillé sur chaque choses que nous avions faites sur le premier album mais en évoluant un peu plus et je pense que « Antagonise » montre vraiment comment MAYAN devrait sonner, une complexité mélangée avec des riffs lourds, un refrain accrocheur mais également quelques éléments très opéra et bien sûr des grunts. Je suis vraiment fier de cet album mais en raison du manque de temps, car nous faisons tellement avec EPICA, et bien le moment est venu de faire un stop avec MAYAN. Mais je peux à n’importe quel moment, dès que j’ai le temps, travailler sur des nouveaux titres pour MAYAN. C’est un livre ouvert.

Oui, vous avez beaucoup à faire. Nous parlerons plus tard de votre propre festival car c’est pour très bientôt. Mais avant cela parlons du nouvel album car tu viens de nous dire que tu as déjà commencé à travailler dessus.

Oui, nous avons écrit 25 titres, c’est vraiment une position de luxe, nous n’avions jamais autant de titres auparavant. A partir de ces 25 titres nous devons faire très bientôt une sélection et cela va être douloureux à réaliser parce que c’est 25 bonnes chansons et nous allons devoir en retirer beaucoup. Tu peux mettre aux environs de 13 titres sur un album. C’est donc vraiment une position de luxe que nous avons et actuellement nous travaillons sur les paroles, sur les lignes vocales et nous devrions commencer les enregistrements dès le début de l’année prochaine et l’album devrait sortir, je pense, aux alentours de septembre ou d’octobre 2016.

Merci ! Nous avons juste une dernière question car nous approchons de la fin de cette interview. La dernière question est au sujet de votre festival, Epic Metal Fest, comment est-ce que l’idée à émergée ?

Et bien j’avais déjà l’idée depuis bien longtemps, en fait depuis le début de EPICA il y avait l’idée autour du festival mais ça ne s’est jamais concrétisé. Avec « Retrospect » nous avons pu acquérir de l’expérience sur la réalisation d’un gros évènement, c’était beaucoup de travail mais nous avons vraiment apprécié d’être en mesure de tout organiser avec notre propre équipe. Ça nous a donné la confiance qu’avec “Retrospect ” nous pouvons faire quelque chose identique mais dans un format diffèrent ce qui veux dire que nous pouvions réalisé notre idée initiale, qui était de réaliser un festival. Donc si tout se passe bien avec l’Epic Metal Fest, comme nous le prévoyons, et bien ça pourrait devenir un événement annuel et ça serait vraiment cool d’avoir notre propre festival que nous pourrions faire chaque année.

Parfait ! Merci vraiment pour toutes ces réponses très intéressantes, nous pouvons terminer cette interview. As-tu des derniers mots que tu aimerais partager ?

Hé bien je suis impatient de faire le concert de ce soir !

Nous aussi, merci Mark !

Interview réalisée le 16 octobre 2015 au Rock Your Brain Fest (Sélestat – France).

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Enregistrement principale réalisé avec un Sony RX100 III, seconde caméra Panasonic HDC SD80.

Merci à Philippe pour son aide !

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