Le Torpedo ayant fait l’effet d’une révolution dans le monde de la sonorisation et de l’enregistrement, Guillaume Pille, son créateur et PDG de la société OROSYS, nous parle aujourd’hui de ses produits, de son passé de musicien ainsi que de l’avenir de sa marque Two Notes.
Salut Guillaume ! Merci de bien vouloir nous accorder une interview. Comment vas-tu suite à ce début d’année tonitruant avec encore une présence de Two Notes au Namm puis au Musikmesse ?
Salut Geoffroy, je vais bien, le début d’année est toujours très riche en action avec ces deux gros salons. Et c’est l’occasion pour nous de présenter des nouveaux produits et de permettre aux visiteurs de tester toute la gamme Two Notes.
Pour les personnes qui ne connaissent pas encore ta société et tes produits, peux-tu en faire un rapide historique ?
En quelques mots, ma société OROSYS développe les produits de la marque Two Notes Audio Engineering. Nous avons sorti, depuis 2009, plusieurs produits autour d’un même thème : l’enregistrement silencieux des amplis guitare et basse. Notre gamme porte un nom qui s’est un petit peu fait connaître depuis : Torpedo.
Quand et comment t’est venue l’idée de te lancer dans une telle technologie ?
J’ai fait de l’enregistrement pendant très longtemps, et j’avais besoin de prendre le son de mes amplis dans certains cas où faire du bruit n’était pas possible. Après avoir testé les solutions existantes, j’ai commencé à monter des premiers
prototypes du concept Torpedo, avant d’estimer que je ne serais sans doute pas seul à rechercher ce genre de solution.
Parlons un peu guitare si tu veux bien. Tu es guitariste dans Combustion Spontanée, un combo de Death Metal. Peux-tu nous expliquer comment tu es tombé dans l’univers de la musique et de la guitare en particulier ?
J’ai peur qu’il ne faille parler de Combustion Spontanée au passé. 😉 Le groupe n’a pas survécu à l’emploi du temps chargé de ses membres, le mien en particulier.
Je suis arrivé à la musique par le synthé, j’ai été un jeune fan de Jean-Michel Jarre à la fin des années 80 ! A l’époque j’écoutais autant les CURE que NIRVANA, METALLICA ou les DOORS. Pour avoir accès à un super studio à l’école de musique de Dieppe, d’où je viens, j’ai aussi exploré les méandres de la musique concrète. Le côté abstrait était vraiment excellent, et j’ai très certainement développé mon goût pour l’électronique à cette époque.
Je me suis mis à la guitare vers 18 ans et ai monté un premier groupe assez vite, “All Soul’s Day” devenu plus tard “Livevil”.
Et quelles étaient tes influences à l’époque ? Quelles sont-elles aujourd’hui ?
On était à fond dans le Metal du milieu des années 90, Power Metal et Death principalement. Donc de MACHINE HEAD à CANNIBAL CORPSE en passant par SEPULTURA et PANTERA. Les classiques. 😉
Aujourd’hui je dois avouer que j’écoute moins de Metal, hormis les productions de mes amis ou que certains labels (comme Apathia Records) m’envoient. J’aime des choses peut-être plus complexes ou plus barrées, mes derniers coups de coeurs sont les français Pryapisme et Grorr, les norvégiens de SHINING et j’ai eu la surprise et le plaisir de retrouver un ami d’enfance (Laurent Lunoir),dans ÖxxÖ Xööx et Igorrr que j’adore. (Purée ces mecs sont sans pitié pour les correcteurs orthographiques…). Et en marge de ça quelques ovnis electro, tels Carpenter Brut et The Algorythm.
Quel était ton matériel musical de l’époque et quel est-il aujourd’hui ? Quel produit Two Notes a tes faveurs tant pour la compo, les répétitions que le live ou bien encore l’enregistrement ?
J’ai longtemps trainé une Metal Zone et un JCM900 modifié. Question guitare, une Jackson Dinky Reverse puis une Lag Rockline de 92 que j’ai refaite entièrement. Quelques effets en pedalboards du genre Boss GT3 puis un Pod XT Live. Rien de très excitant, en fait.
Je me suis toujours concentré sur les compos et, sans vraiment de budget, j’ai fait évoluer très lentement mon matos. L’achat de mon premier bon ampli (Engl Ritchie Blackmore) a été une fête !! Et ensuite j’ai fait faire par Gérard Cortier une tête NOS Custom, que j’utilise depuis presque 10 ans maintenant.àç
Aujourd’hui j’ai infiniment plus de matériel que de temps pour le jouer… Essentiellement du matériel qui me sert dans les développement de Two Notes comme matériel de référence (Marshall, Mesa, Randall, Fender etc…)
Les derniers Live que j’ai faits ont été un morceau une participation dans le groupe Mister D à la guitare sur une cover de MOTÖRHEAD (Ace of Spades) et un concert complet à la basse avec mes amis d’Evil Country Jack, en première partie de Napalm Death. J’ai en fait utilisé la même chose dans les deux cas, une pédale de préamp AMT SS11 et un Torpedo CAB.
Mais quand je peux transporter plus de matériel, ou le studio, c’est vraiment le Torpedo Studio et un ampli qui ont ma faveur.
Un nombre croissant d’artistes utilisent tes produits… Y-a-t’il un utilisateur de tes produits que tu considères comme étant emblématique, significatif, et pourquoi ?
Bon, nous en avons beaucoup et j’espère ne vexer personne en prenant Steve Stevens : un guitariste qui a eu un parcours exceptionnel, qui tourne encore avec Billy Idol, et qui n’utilise pas la modélisation par défaut. Il continue à tourner avec du matos traditionnel, mais pour travailler avec ses amplis chez lui c’est systématiquement avec un Torpedo Studio, qui retranscrit parfaitement son son et son touché. Il a plutôt une approche “classique” de la prise de son, mais autorise une touche de modernité quand le bénéfice apporté est évident. C’est souvent le cas de nos utilisateurs.
À un guitariste metal débutant dans l’utilisation des produits Torpedo, quels conseils donnerais-tu ?
De ne pas se concentrer uniquement sur le son de ses cordes, de ses micros, du bois de sa guitare… La prise de son, c’est une ENORME composante du son envoyée soit au public soit enregistrée, et les produits Torpedo lui permettront de reprendre la main sur cet aspect vital de sa signature sonore.
A l’usage d’un Torpedo, je recommande d’ouvrir grand ses oreilles, et de peut être essayer de comparer soit avec des prises de son classiques qu’on a pu faire, soit avec des sons de guitare isolés sur disque (une intro par exemple). Le son repris par un micro, à côté d’une enceinte poussée bien fort, est souvent décevant. Il faut parvenir à comprendre pourquoi c’est justement ce qui semble “manquer” qui va permettre de placer une guitare dans le mix, sans piétiner les autres instruments.
Quelle est ta combinaison baffle/micro favorite ? Comment la règles-tu ?
Ça dépend si je suis en son clair ou saturé, ou solo. J’aime les 2X12 pour les sons clairs, les 4X12 en rythmique et un 1X12 est souvent plus facile à mixer en solo.
En dehors de ces considérations j’ai une préférence, pas spécialement surprenante, pour un baffle 4X12 Marshall Slash Signature qui est en fait… mon baffle “réel” perso depuis des années. J’utilise généralement une combinaison micro ruban (pour les graves et les aigus doux), et soit un SM57 ou un statique pour plus de précision.
Quand on fabrique du matériel musical, à quel matériel rêve-t-on ?
Au prochain produit qu’on va sortir !
Tu as été présent sur de nombreux salons dédiés à la musique et dans les backstage de nombreux concerts… Une anecdote amusante à partager ?
La première chose qui me vient, c’est à un concert de – M – à l’Arena de Montpellier. Grosse salle de presque 15 000 places.
Les enfants d’une école assistent aux balances, et le technicien à la basse décide qu’il en marre et me la tend en disant : “tiens, à toi”. Je ne sais pas si vous avez déjà vu la basse dont il s’agit mais c’est typiquement le genre de créature de l’enfer remplie de gadgets qui déclenchent des samples de malades qu’on n’a pas spécialement envie de tester dans une salle géante et devant un public non averti… Je me suis misérablement dégonflé, ha ha !
Même la Strat série L de – M – est moins intimidante…
À quoi peut-t-on s’attendre de la part de Two Notes dans les prochains mois/années ? Vous venez de présenter une gamme de preampli analogiques, doit-on s’attendre à vous voir débarquer dans le monde des amplis guitares par exemple ?
En effet la prochaine étape pour nous ce sont des préamplis au format pédale. Des amplis à tubes traditionnels, non, ça ne me tente pas, il y en a déjà tellement sur le marché.
J’ai quelques projets dans le soft que j’aimerais sortir, avec un prolongement dans le hard. Je ne peux pas trop en dire plus pour l’instant. 😉
Merci à Geoffroy Lagrange et Fred Patte Brasseur d’avoir réalisé cette interview
Two Notes :
Site internet : http://www.two-notes.com/
Page facebook : https://www.facebook.com/twonotesaudioengineering?fref=ts