PROFUNDAE LIBIDINES : Interview de Philoxera

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Philoxera nous présente son one man band à chanteurs invités, PROFUNDAE LIBIDINES, et annonce qu’un nouvel album dénommé “Procès de Sorcellerie” est en cours d’enregistrement.

logoSalut Philoxera ! Peux-tu présenter PROFUNDAE LIBIDINES à ceux qui ne connaissaient pas encore le groupe ?

Salut à toi ! Le nom « Profundae Libidines » est tiré d’un texte de Cicéron, et pourrait être traduit par “le Gouffre des Passions”. C’est avant tout un projet personnel qui me permet d’exprimer la musique qui me trotte dans la tête, le cœur, les doigts, ou soufflée dans l’oreille par une Muse… mais qui sait comment tout ça fonctionne ?

Comment es-tu tombé dans l’univers de la musique et de la guitare en particulier ?

Jusqu’à mes 13 ou 14 ans, je n’avais pas d’intérêt pour la musique puisque je ne connaissais que ce qui pouvait passer à la télé ou la radio, donc la partie émergée de l’iceberg. Puis un jour, ça devait être vers 92/93, un camarade de classe m’a copié la cassette de Guns n Roses et c’est là que j’ai compris que c’était ce genre de musique qui m’intéressait. C’était l’époque où Guns n’ Roses et Ugly Kid Joe cartonnaient. Ensuite j’ai découvert IRON MAIDEN et CATHEDRAL, puis EMPEROR, etc.

J’ai commencé à jouer de la basse plus tard (vers 19 ou 20 ans) quand j’ai pu rencontrer d’autres personnes qui écoutaient et/ou jouaient ce type de musique. A l’époque j’étais à la fac et on avait un local de répèt gratuit dans lequel on tapait des boeufs. Mais ce n’était pas vraiment des groupes à proprement parler. C’est en intégrant le groupe HOMICIDE que j’ai vraiment appris à jouer de la basse. A l’époque on répétait beaucoup et j’ai énormément progressé en 3 ans de basse dans cette formation de death brutal, notamment en termes de rapidité et d’endurance. J’ai acquis une guitare et un clavier plus tard, afin de pouvoir composer de mon côté, mais mon instrument de prédilection reste la basse. Avec l’expérience, il me semble que c’est l’instrument qui convient le mieux à mon caractère.

Quelles étaient tes influences à l’époque ? Et quelles sont-elles aujourd’hui ?

Difficile de dire ce qui m’influence réellement parmi ce que j’écoute (ou ai écouté). Avec le temps, les trois groupes qui m’ont le plus marqué (et que j’écoute toujours) sont CATHEDRAL, IRON MAIDEN, IN THE WOODS. PROFUNDAE LIBIDINES est plus inspiré par mes lectures que par mes écoutes, je pense.

Tes premiers travaux musicaux commencent en 2003 avec HOMICIDE, en tant que bassiste, puis quelques années avec KREPUSCULE. Es-tu toujours actif dans ces formations ?

J’ai quitté HOMICIDEen 2005 donc ça fait un bail ! Le groupe a entre-temps été renommé en HOMYCYDE (pour des raisons d’homonymie je crois), a pris un virage ultra brutal et cherche à compléter son line-up. D’ailleurs si vous cherchez à intégrer un groupe d’Ile-de-France dans la veine de Origin (sweeping à tout va, gros blasts, etc) n’hésitez pas à les contacter.

Quant à KREPUSCULE le groupe est plus ou moins en standby actuellement.

Certaines personnes ont également pu te voir à des concerts d’EROS NECROPSIQUE. Es-tu encore actif et est-il possible que tu rejoignes la formation à part entière ?

Il faudrait demander à Jeanne et Olivier, ce sont eux qui mènent la barque EROS NECROPSIQUE. Je serai ravi de participer de nouveau à un projet avec Eros, quel qu’il soit.

PROFUNDAE LIBIDINES est un projet solo, où tu es le seul maitre à bord. Est-ce un choix de volonté ou une obligation ?

Les deux ! PROFUNDAE LIBIDINES est avant tout le réceptacle de mes créations musicales, mais j’ouvre régulièrement le projet à des invités afin d’apporter un petit plus aux compositions.

PROFUNDAE LIBIDINES est créé en 2009 et le premier album « Evangelium Secundum Matthaeum » sort en 2011. Peux-tu revenir en arrière et nous en parler ?

Ce premier album est parti d’un simple “gratouillage de riff” vers 2009. Ensuite c’est comme une pelote de laine : quand t’as commencé à tirer sur un bout, tu ne t’arrêtes plus tant que la pelote n’est pas entièrement vidée ! La composition et l’enregistrement des instruments n’a pris que quelques mois, le plus long a été de réunir une dizaine de chanteurs qui se sont chacun approprié les morceaux à leur manière. Et l’emploi du latin n’a pas aidé, la plupart des vocalistes ne sachant pas vraiment prononcer cette langue. Coté artwork, Vestal (Merrimack, Anus Mundi, etc) a dessiné une cover bien dans l’esprit et Teepee (avec qui je joue dans TALES OF BLOOD) s’est chargé de toute l’intégration graphique. Je dois dire qu’ils ont fait du beau boulot !

Si je ne me trompe pas, ce premier album a été autoproduit, est-ce encore une fois un choix ou est-ce devenu une obligation ?

Plutôt une obligation. Ça ne m’amuse pas plus que ça de m’occuper de pressage, promotion, etc. Mais quand on réalise un premier disque de black metal en solo, j’imagine qu’on n’a pas vraiment le choix. J’avais pensé le sortir uniquement en numérique, mais ça aurait été dommage de ne pas avoir d’objet physique après tout ce travail.

Comme tu l’as dit il y a plusieurs chanteurs différents, et selon mes comptes pas moins de 10 chanteurs différents sont présents sur 12 titres, pour ne pas dire 10 titres étant donné que tu as une intro et une outro. Quelle est la raison qui t’a poussé à choisir ce concept ? Comment as-tu sélectionné chaque chanteur pour tel ou tel titre ?

En fait il y a 9 chanteurs puisque Vaerohn de PENSEES NOCTURNES a chanté sur deux titres. La plupart des vocalistes sont des amis ou des connaissances qui ont accepté de m’aider sur le projet. A la base, je ne me sentais pas capable d’enregistrer les voix moi-même, et j’étais curieux de voir comment d’autres personnes allaient s’approprier les titres.

Peux-tu nous expliquer comment les morceaux sont composés dans PROFUNDAE LIBIDINES ? N’est-ce pas trop difficile de composer des titres parfois assez “décousus” pour certaines oreilles ?

Normalement, si je trouve qu’un titre sonne “décousu“, je le modifie ou je le jette à la poubelle. Ceci dit, je peux comprendre qu’un “vrai compositeur” soit décontenancé à l’écoute de PROFUNDAE LIBIDINES : en effet, je n’ai jamais appris le solfège et je n’ai aucune méthode de composition à proprement parler.

En tant que multi instrumentiste pourrais-tu nous dire quel est ton échauffement/entraînement standard ?

Honnêtement je n’ai pas de standard. Avant un concert je vais juste un peu détendre mes doigts dans les loges en jouant quelques riffs, c’est tout. La crampe qui arrive pendant le 2ème morceau du set, ça peut être fatal ! Sinon, comme tous les bassistes, je joue les 2 premières mesures de Pulling Teeth, c’est un TOC de bassiste je pense. Ceci dit, je n’ai pas un gros niveau technique.

Parlons matériel veux-tu. Peux-tu nous dire sur quel matériel tu as débuté et quel est ton matériel actuel ?

J’ai commencé sur une pelle 4 cordes (je ne rappelle plus la marque) achetée 500 francs (70 euros, pour les plus jeunes ! lol) dans une brocante. Je suis passé assez vite sur cinq cordes, ce qui est très utile quand on joue du death metal, par exemple. Ca fait quasiment 10 ans que je joue sur le même matériel : une Schack headless 5 cordes frettée, une Pedulla 5 cordes fretless, une guitare Ibanez 7 cordes sans floyd, et un ampli markbass. Ce matériel couvre tous mes besoins en terme d’accordage et de sonorités, par conséquent je ne vois aucune raison d‘en changer ; je ne suis pas du tout atteint de GAS syndrom. Coté home-studio, j’ai un PC sous linux avec une carte son Maudio et une petite mixette. Tous mes enregistrements sont effectués sous logiciel libre (jack, ardour, hydrogen).

Suite à ton premier album en 2011 tu sors un split Profundae Libidines / Inssect très limité à 100 exemplaires, et en cassette. Est-ce une volonté de démontrer que tu souhaites rester dans une scène relativement underground ?

Pas du tout, à la base avec ces 3 morceaux je voulais faire un split avec Lio mais elle n’était pas dispo. C’est PZF de Inssect qui m’a proposé de gérer cette release, et le label Infernal Kommando s’est proposé pour le sortir. Au final c’est toujours mieux qu’une simple diffusion sur internet et ça convient assez bien au public black metal qui reste attaché à ce genre de format underground.Profundae Libidines El viaje definitivoPuis, tu nous présentes très récemment ta dernière offrande, El viaje definitivo, qui n’est pas un album très simple à approcher du premier abord. Certains titres sont en espagnol, d’autres en japonais et quelques-uns sont mêmes en français. Quel est le concept que tu veux mettre en avant ? Est-ce un concept album ?

En fait, cet album est séparé en 2 parties assez distinctes, que ce soit au niveau du son ou des lyrics. Les 5 premiers titres sont chantés en japonais par PZF (qui a vécu au Japon) et traitent de magie dans le folklore japonais. Les 4 suivants font directement ou indirectement référence à l’oeuvre de Castaneda : deux en français chantés par moi-même et Count D (de Séide) et deux en espagnol chantés par Count D. -qui est hispanophone-, avec des passages narratifs par Fabiola (qui est mexicaine). Le dixième titre est un bonus : une reprise de La Chouanne des excellents FORBIDDEN SITE, avec Boris Doussy au chant, qui est par ailleurs l’artiste ayant dessiné la pochette.

D’ailleurs la pochette est également quelque peu mystique, représentant ce qui semble être un samurai très en couleur et quelque peu déstructuré. Comment a-t-elle été créée et que représente-elle ?

Le défi était de réaliser une pochette qui illustre à la fois le coté japonais et cette chaleur du désert mexicain, et je pense que Boris a parfaitement rempli sa mission ! PROFUNDAE LIBIDINES n’a pas d’autre but que de décrire la bizarrerie de l’univers, et de clamer l’Unique Vérité : IL N’EXISTE PAS DE VERITE. Ce qui est paradoxal je vous l’accorde.

Même si ton premier album était assez osé au niveau du thème et au niveau du choix des chanteurs, ce dernier album n’est en pas moins osé. Il semblerait que tu te sois plus lâché, avec des parties mélodiques, des mid tempos, des blasts et des mesures de raw black metal et même des violons et quelques chants féminins. Les derniers titres semblent même plus « ouverts ». Est-ce le nouveau visage de PROFUNDAE LIBIDINES ?

Sur le premier album, j’ai essayé de rester un minimum proche des standards du black-metal, tout simplement afin de donner des repères aux différents chanteurs et pour garder une certaine homogénéité (pas évident avec 9 chanteurs différents !), et aussi parce que le concept s’y prêtait. PROFUNDAE LIBIDINES a toujours été un projet ouvert, et si je décide un jour qu’inclure de la salsa ou de l’eurodance est une bonne idée, je n’hésiterai pas une seconde.

Comme tu nous en parlais, il y a un bonus en fin d’album, le titre « La chouanne » de FORBIDDEN SITE, qu’avait également repris ANOREXIA NERVOSA par le passé. Pourquoi avoir choisi ce titre comme bonus ?

Tout simplement parce que FORBIDDEN SITE, et son rejeton Varsovie sont des groupes de génie avec une sensibilité énorme. J’en profite d’ailleurs pour remercier Arnault Destal qui m’a donné l’autorisation de faire figurer la reprise sur cet album.

Un autre aspect important pour ce dernier album : tu as rejoint le label Les Acteurs de l’Ombre et ton album est sorti sous leur nouveau label, Emanations. Comment s’est déroulée cette nouvelle association ?

Pour être honnête je suis membre de l’asso les acteurs de l’ombre depuis fin 2004 où j’ai occupé les postes de chroniqueur, intervieweur, organisateur de concerts, webmaster, etc. Donc je suppose que ça a un peu aidé…

L’album est fraichement sorti, en avril 2015 pour être exact. Quels ont été les retours dont tu as pu bénéficier ?

Comme toujours avec PROFUNDAE LIBIDINES , les gens trouvent que la production n’est pas optimale, mais qu’il y a des idées intéressantes et un concept original. Le plus important pour moi, c’est de faire la musique qui me plaît, et que l’Intention soit présente.

Enfin quel est le futur pour PROFUNDAE LIBIDINES ? Une tournée est-elle à envisager ? Projettes-tu un nouvel album ?

Pas de lineup, pas de concerts ! Un nouvel album est déjà entièrement composé (il l’était d’ailleurs même avant El Viaje Definitivo) et quasiment fini d’être enregistré (sauf pour la batterie qui doit remplacer la boite à rythme). Il s’intitulera “Procès de Sorcellerie” et traitera de la sorcellerie dans les campagnes françaises autour du XVème siècle, avec son lot d’absurdités et de passions humaines.

Tes deux albums montrent une certaine ouverture culturelle, bien loin du cliché du black metal clairement orienté sataniste très basique. Considères-tu que la musique a également un devoir de transfert de connaissance ?

Ta question est un peu paradoxale, puisque Lucifer “le porteur de lumière” est celui qui apporte la connaissance aux hommes, non ? Ceci dit je ne considère pas que la musique ait un quelconque devoir. Au départ il n’existe que l’Intention, il appartient à l’artiste d’en faire un objet d’art et à l’auditeur d’en faire ce qu’il veut. Un CD de PROFUNDAE LIBIDINES  peut aussi faire un excellent sous-boc, vous savez !

Tu sembles être dans la scène Black Metal et Underground depuis plusieurs années. Que penses-tu de l’évolution de ces deux scènes au sein de la sphère française ?

La scène française a clairement un charme particulier et compte en son sein une myriade de groupes de talent. Le seul truc que je trouve dommage, c’est que beaucoup choisissent de chanter en anglais, y compris ceux qui ont un niveau de langue assez faible, ce qui donne des situations parfois cocasses.

L’interview arrivant à sa fin, si tu as quelque chose à rajouter, c’est le moment…

Merci d’avoir pris le temps de t’intéresser à PROFUNDAE LIBIDINES. Ceux qui sont curieux peuvent télécharger ou “streamer” l’ensemble de la discographie sur le site http://profundae.libidines.free.fr, puisque tous les morceaux sont partagés sous licence creative commons.

Site web : http://profundae.libidines.free.fr
Facebook : https://www.facebook.com/profundaelibidines/timeline

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