Le 14 octobre dernier, la comète de Mars Red Sky s’écrasait à nouveau à Nancy (en compagnie des Bordelais de Yeti Lane et de Wise Dude) pour la promo d’Apex III dont les pépites furent une fois encore envoyées avec précision et lourdeur…… pour notre plus grand bonheur !
Entretien avec Julien Pras, guitariste / chanteur de la formation.
Salut Julien, peux-tu nous parler de la genèse de Mars Red Sky ?
Après la tournée du dernier album de Calc on a commencé à jouer ensemble avec Benoit (le premier batteur du groupe, issu d’un groupe de Math Rock) juste pour le fun sans savoir où ça allait mener. On a vite trouvé un son et une direction et Jimmy est arrivé assez vite. Au départ j’étais accordé en si pour compenser l’absence de basse. Ensuite on a rencontré Jimmy et on a très vite fait des concerts sur Bordeaux et on a eu de très bons retours qui nous ont encouragés à continuer…
… On joue maintenant depuis 5 ans avec Mathieu, toujours avec ce contraste entre des parties guitare/basse très lourdes et massives, gorgées de Fuzz et de solos avec beaucoup de réverbe, sur la voix aussi. Je continue à chanter comme quand je faisais des concerts acoustiques avec Calc, j’avais pas envie de changer de formule.
Tu peux nous parler de la pédale que vous avez développé avec A.I.B. custom ?
C’est un mec de Strasbourg qu’on a rencontré à un concert, il nous a proposé de nous faire un dérivé de Big Muff avec un son plus creusé. Il y a eu plusieurs prototypes, j’ai encore la première avec un filtre coupe bas permettant de l’utiliser avec une guitare ou une basse, mais je n’utilise pas le filtre au final, je laisse passer toutes les fréquences !
Je jouais depuis le début avec une vieille Big Muff de chez Sovtek (Green army) dont le p****n de switch a lâché deux fois, c’était une vraie galère à changer car il était solidaire du circuit. Du coup il m’a fabriqué un clone au format nano avec des composants similaires mais il a accentué le clipping. Il l’a décliné en deux versions, une verte pour la basse et une rouge pour la guitare. On a au final une fuzz plus creusée dans les médiums, plus compressée, qui laisse la part belle aux graves et aux aigus, bien agressive au final !
Au début j’utilisais principalement deux pédales, ma Big Muff et une OD-2 de chez BOSS (avec le switch OD/Disto sur disto, à fond !) je l’utilisais pour les Leads en guise de boost.
J’ai pas mal d’effets electro harmonix, j’aime bien cette marque, une Pog 2 que j’utilise de temps en temps depuis le dernier album, une cathédral, j’avais une Holy grail, je suis passé à la nano et différents Echos. J’en avais une que j’aimais beaucoup mais qui n’est plus fabriquée, Ibanez avait fait toute une collection de pédales assez cheap, une Delay/Echo que j’utilisais en mode echo, le son était hyper facile à régler et ça se mariait très bien avec le bordel ambiant !
Pour en trouver une à peu près équivalent j’ai du débourser pas mal.
Globalement je préfère les echos aux reverbes.
J’utilise aussi une wahwah de base de chez dunlop, ainsi que la version signature de Jerry Cantrell (Alice in Chains) elle a un potard de tonalité que j’utilise pour dompter les aigus et j’ai fait poser un potard de volume aussi dessus.
Et côté amplis ?
J’en utilise deux, de chaque côté de la scène. Derrière moi un vieux Marshall avec un seul canal, un modèle datant d’avant les JCM800 avec quatre entrées (2 Low/2 High) que je ponte, il a vraiment un joli grain. Et de l’autre côté un Fender Deville qui encaisse aussi bien la dynamique et les pédales.
Les deux amplis en canal clair et tu gères tout sur ton pédal board ?
Ouais c’est ça, j’utilise aussi depuis peu une vieille Proco Rat juste après l’accordeur, réglée très très bas, juste pour avoir un léger crunch qui fait lieu de compresseur et de preamp.
Les effets j’adore ça, mais c’est un puits sans fond…
Vous avez trouvé votre son assez vite, il n’y a pas un fossé immense entre les premiers albums et les derniers à la production près non ?
Ouais, on continue à affiner, Jimmy s’est rajouté quelques effets, un Delay une Wahwah pour faire des interludes entre les morceaux, ça permet d’avoir le temps de retoucher les guitares qui sont accordées tellement bizarrement.
Là je viens de choper la Mel9 d’electro harmonix, c’est une émulation du Mélotron, c’est vraiment cool, je vais m’en servir sur mon nouvel album solo (Julien Pras) dont le mixage est la semaine prochaine (sortie prévue en avril), j’ai bien envie d’essayer de passer des trucs dedans !
Sinon côté Mars Red Sky, on a quelques trucs, on va certainement sortir un EP 4 titres instrumentaux d’une trentaine de minutes.
Avec Apex III, vous partez dans des directions un peu plus barrées, c’est un peu un voyage cet album ?
Je suis content de ça, depuis l’arrivée de Mat, qui a des goûts musicaux très larges, on a pu ouvrir d’autres horizons… Contrairement à mes projets solos, je n’amène rien de fini en répète, juste un squelette guitare voix et on brode ensemble en répète. Par exemple « Mind reader » c’est parti d’un plan de Mat en répète. Donc souvent on jam ensemble et voit ce qui ressort, on aime bien essayer d’ouvrir de nouvelles portes et voir ce qui va en sortir !
Côté enregistrements, vous pensez continuer à bosser avec Gabriel Zander ?
Je pense oui, pour Apex III il est venu avec Jacob Dennis un ingé son Américain de Los Angeles, Gabriel a vraiment le rôle de producteur et il a une façon d’amener les idées qui est vraiment cool. On se comprend bien. Pour la première fois on a pu prendre le temps d’enregistrer les voix en studio auparavant je les enregistrais chez moi.
Vous travaillez depuis le début avec Carlos, la pochette d’Arcadia est en quelque sorte un hommage à Gabriel suite à votre mésaventure à l’époque de l’enregistrement d’Arcadia (Mont Corcovado de Rio en arrière plan) ?
Oui, il y a une continuité entre les artworks de nos albums c’était une idée de Jimmy, Carlos a fait une comète pour le premier album et sur notre Ep de transition « Be my Guide » on retrouve trois sarcophages échoués sur une planète.
On a donc la suite de l’histoire sur la pochette d’Arcadia ?
C’est un peu ça, on se barre dans un vaisseau depuis la mer à Rio.
L’artwork d’Apex III évoque quelque chose de plus théâtral, y-a-t-il un concept derrière ?
Non pas vraiment, on a essayé de trouver le plus de cohérence possible dans l’enchainement des morceaux, à part le premier titre pour lequel Jimmy m’avait donné quelques mots clef qu’il voulait voir apparaître, il y a généralement plusieurs niveaux d’interprétation dans les textes.
Comment vois-tu l’avenir du groupe, des projets en particulier ?
On a eu quelques évènements un peu marquants qui ont fait connaître le groupe, notamment une tournée aux États-Unis et vraiment beaucoup de retours positifs. L’affluence variait selon les dates, sur la côte ouest y avait beaucoup plus de monde, on s’en doutait. On a fini sur un gros festival, le Psycho Fest à Las Vegas où là c’était une belle mise en avant.
On va faire nos dates en France et je vais me re-consacrer à mon projet solo avant de se remettre tout doucement au boulot avec M.R.S. !
Comment tu vois le music business, le retour du vinyl, l’accès gratuit à la musique sur le net etc ?
C’est compliqué, ça évolue, j’ai l’impression qu’il y a un retour à la qualité, à l’analogique. Y a aussi des groupes qui mettent en ligne leurs albums complets gratuitement, ça peut faire découvrir les groupes, c’est pas si mal. Le retour du vinyl c’est un peu à la mode et du coup on a les Major qui squattent les usines de pressage, les labels rament pour sortir les leurs, il faut compter trois à quatre mois de délai pour presser un album ce qui implique une grosse anticipation quand tu veux partir en tournée.
Très bien, merci à toi !
Merci à Steve d’avoir conclu l’interview.