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Deadlight Entertainment : Interview d’Alex

Alex, le charismatique fondateur et label manager de Deadlight Entertainment revient sur la création du label, son actualité et sur sa vision de la musique.

Salut Alex, j’espère que tu as un peu de temps devant toi car tu vas devoir répondre à pas mal de questions ! Dis-nous peux-tu te présenter brièvement et nous dire comment s’est déroulée ta découverte de la musique ? En particulier celle qui fait la part belle aux musiques sombres et bien souvent très saturées.

Bonjour sire Silenius (quel auguste patronyme rappellant SUMMONING groupe que nous aimons !) et merci à toi de me donner l’opportunité de m’exprimer dans tes pages !
Etant gamin, j’ai pendant longtemps entendu la musique plutôt que de l’écouter au sens propre du terme. Et à cette période les coups de cœur y sont pour beaucoup. Je me souviens avoir découvert par le biais d’un clip de THE CURE qui était « lovecats » que la musique pouvait être plus sombre que ce que j’étais habitué à entendre surtout si on tient compte du fait que je suis issu d’une famille qui ne comprend pas vraiment de mélomanes, de fans de musique et encore moins de musiciens.
Mon cousin m’avait offert un mini poster de Maiden « somewhere in time » car le visu m’avait plu. Puis j’ai découvert Guns’n’Roses avec le clip de « you could be mine » qui figurait sur la B.O de Terminator 2 qui était le film à aller voir pour tous les kids en 92, doublé parfait ! Puis j’ai toujours cherché à découvrir des artistes.

Plongeons dans la raison de cette interview, ton label, Deadlight Entertainment. Comment l’aventure a-t-elle commencé et quels étaient tes buts ?

Avant Deadlight Entertainment, il y avait un autre label nommé Plague Within Records qui avait été créé par un ami et qui m’a demandé de l’aider. De simple aide, j’ai fini par m’y investir énormément, on a sorti l’album solo de Joe Falzone alias Joe Frustration, chanteur d’un groupe de hardcore US assez culte nommé Tears of Frustration (plutôt pas mal pour une première sortie non ?) mais au bout d’un an je ne me sentais plus à l’aise dans cette aventure et plus sur la même longueur d’ondes que mon collègue.
A cette période j’étais à New York car j’étais investi dans une petite société indépendante de films d’horreur nommée Hallows Eve Films qui tournait son premier film The Turnpike Killer (slasher old school, vous pouvez même m’y voir) et pendant un break lors du tournage on a été voir EXODUS en concert avec le réalisateur du film à qui je parlais de la situation du label qui m’a dit :

« Mais pourquoi tu montes pas ton label ? ». J’ai donc quitté Plague Within Records, parti de la ville qui ne dort jamais pour retrouver les rues désertes et tristes de la ville de Foix dont je suis originaire et j’ai commencé à réfléchir à cette idée.

De plus avant de quitter Plague Within j’avais rencontré un groupe toulousain de hardcore nommé South Impactn je leur avais proposé de sortir leur album et j’ai voulu aller au bout de ma promesse.
Le nom Deadlight était là depuis 98 et m’avait été inspiré par la chanson « deadlights » de GEHENNA. A cette époque j’avais 16 ans, je jouais en groupe avec des copains d’enfance et j’aurai aimé que le groupe s’appelle ainsi (groupe qui n’a pas duré et dont les membres n’ont aujourd’hui plus rien à voir avec la musique. L’un d’entre eux est d’ailleurs devenu un champion de pêche qui écrit des articles et passe à la TV). Mais ça ne s’est pas fait et j’ai rangé le nom quelque part en attendant de le ressortir. Et ça fait un brin penser à Deathlike Silence le label d’Euronymous.

J’ai créé le label seul et j’officie toujours seul. Il m’est arrivé d’avoir de l’aide mais ça ne s’est pas très bien passé sauf dans un cas (Merci à Vincent qui se reconnaitra). Aujourd’hui, la seule aide que je reçois est de la part de quelques chouettes personnes quand j’ai un stand en festival et celle de mon fils qui m’aide à faire les expéditions.

Entre nous, lancer un label passé les années 2000, n’est-ce-pas quelque peu ‘suicidaire’ ? Les ventes d’albums ont fortement chuté avec l’avènement de l’ère Napster et consorts.

Tout à fait d’accord, l’initiative est suicidaire. Peut-être que le pire dans cette histoire est de se faire traiter de vil capitaliste quand tu défends le fait qu’acheter des disques contribue à faire vivre la musique.

Avais-tu parlé de ton projet à d’autres « label manager » français, je pense notamment à des personnes comme Christian Bivel (Adipocere), Hervé Herbaut (Osmose Productions) ou encore Philippe Courtois (Holy Records), pour le citer qu’eux ?

Quand j’ai commencé mon label je n’étais en contact avec aucun autre label. Je n’ai donc pas été conseillé par des professionnels. Peut-être que si j’avais parlé de mon projet à d’autres labels managers ils m’auraient conseillé de ne pas me lancer dans cette aventure. Et ils n’auraient pas eu tort.

Du coup quelle était ta feuille de route pour ce label ? Le chemin a-t-il été semé d’embuches ?

L’idée de base était de sortir l’album de South Impact sans vraiment me demander ce qui se passerait après mais aussi de sortir de la musique qui me plaisait. La première difficulté qui s’est avérée un challenge en fait fut ma situation géographique. Je suis basé dans le département de l’Ariège entre Toulouse et l’Espagne, pas le coin le plus rock’n’roll. Fait amusant, c’était pourtant à cette époque que la scène locale semblait avoir une existence concrète. Scène locale qui ne donnait pas cher de ma peau et me voyait me planter comme une buse dans le trimestre.
Je me permets tout de même de préciser que parmi cette scène, une seule personne a cru en cette idée, Thierry « Stoorne » qui écume les scènes rock depuis des décennies, qui a connu le monde des labels et qui à cette époque disait que telle initiative était à soutenir vu que l’Ariège c’est pas Los Angeles et que la scène locale avait à gagner d’avoir un label. Je le remercie encore en lui faisant écouter mes futures sorties et en les lui offrant de bon cœur quand elles arrivent. Encore merci à lui !

Du coup, étant « le label sortant d’un coin perdu, que personne ne connaissait, qui a son bureau entre un cerisier et un champ de vaches » il m’a fallut sortir les griffes et les crocs, être incisif car je ne voulais pas me cantonner à cette image. Peut-être est-ce de là que vient ma réputation de quidam rude.

Bon alors, tu lances Deadlight Entertainment en 2008. Comment se passe le contact avec le premier groupe ?

Le premier groupe était SOUTH IMPACT que j’avais rencontré à l’époque de mon ancien label et les choses se sont faites naturellement. On est en même temps devenus copains ce qui a beaucoup aidé au bon déroulement.

D’ailleurs, quels sont les critères qui font qu’un groupe peut faire partie de ton roster ?

J’ai l’habitude de dire que je marche au coup de cœur mais c’est un tout en fait : musique, concept, imagerie, attitude des musiciens, le nom aussi (Faut avouer que Cowards, Witchthroat Serpent et Flashfalcon ça a d’la gueule et ça impose quelque chose). Je dis souvent que je suis fan des artistes et non des styles ce qui fait qu’on retrouve sur Deadlight Entertainment des styles différents mais des artistes authentiques.

En parlant de roster, quelles sont les sorties qui t’ont rendu le plus fier ?

Sans hésiter, je te répondrai Peter Dolving en premier. Il est l’ex chanteur d’un de mes groupes préférés à savoir The Haunted et il a longtemps été une influence majeure quand j’étais musicien. De plus c’est quelqu’un de formidable. Il y a des sorties et des signatures qui m’ont rendu très fier : sortir le split CRUSHER/ MERCYCLESS qui sont deux groupes français légendaires, Witchthroat Serpent qui compte dans ses rangs un vieil ami, accueillir Nesseria et sortir leur album en catastrophe (je suivais ce groupe depuis des années et voulait les avoir), Wolfpack 44 qui est le nouveau projet de Ricktor Ravensbruck, guitariste du groupe The Electric Hellfire Club (un autre groupe comptant parmi mes préférés) , plus récemment Vortex of End, Cult of Occult pour la qualité de leur musique ainsi que ORACLES qui sont les derniers arrivés.

Et de l’autre côté, ta plus grande déception (que ce soit en terme de ventes, contact humain, etc, ) ?

Ayant eu beaucoup de déceptions également, je n’ai pas envie d’en parler ici. Certaines collaborations et attitudes étant plus proches de l’écœurement que de la déception simple, je m’abstiendrai pour ne parler que des choses positives.

Y-aurait-il des groupes que tu aimerais signer, ou que tu regrettes de ne pas avoir conclu avec eux ?

Oui, j’aimerais signer SLAYER !

Un label, il faut le dire, c’est un business mais aussi de fabuleuses rencontres humaines. Quels sont les personnes qui ont ensoleillé ta carrière de label manager et qui t’ont poussé à aller de l’avant ?

Evan Makrogiannis de Hallows Eve Films qui m’a suggéré l’idée mais aussi les artistes avec qui tu travailles qui peuvent être formidables.

Comme dit précédemment, être label manager c’est un business, propulsé par la passion dans le cas du monde de la musique metal. Concrètement, ton activité te permet-elle de vivre ou as-tu besoin de recourir à un second job (c’est le cas pour d’autres label manager) ?

Me limitant à l’activité de label et ne faisant pas d’annexes, il est très difficile de dire que je vis de cette activité. Surtout que je signe peu et juste ce qui me plait.

En jetant un œil dans le rétro pourrais-tu nous dire quels sont les faits marquants de ton label, entre sa création, en 2008, et aujourd’hui en 2016 ?

La première livraison de disques, les premiers retours presse favorables, les premiers compliments sur le catalogue du label.

Pour toi les ventes d’albums, tout du moins au sein de ton label, présagent-t-elles une bonne augure pour le futur ? Sens-tu qu’un public est toujours en attente d’un album en particulier?

La consommation abusive par le téléchargement est aujourd’hui entrée dans les mœurs et je pense que ça ne sert plus à rien de débattre éternellement là-dessus. Ca a été déjà fait et refait. C’est triste de se dire qu’il faut non seulement apprendre à vivre avec ça mais essayer de s’en servir, y trouver son compte.

Depuis quelques années il y a un retour indéniable au sujet de l’écoute de la musique sur le support vinyle. Est-ce une grosse part de ton chiffre de vente ou au contraire, est-ce plutôt anecdotique ?

Je sors très peu de sorties en vinyle. Je me limite au CD. Etant moi-même un gros consommateur de CD plutôt que de vinyle. Je trouve cette mode assez amusante. Il n’y a pas si longtemps on entendait que « la musique c’est gratuit, le son mp3 est pas moins bon c’est des conneries, je me fous d’avoir le support » et aujourd’hui on nous rebat les feuilles avec le son du vinyle, le support et que ça gêne pas de dépenser plus de 20 euros pour un album.  Et souvent ce sont les mêmes ! Mais bon si ça peut contribuer à quelque chose de positif, on ne va pas s’en plaindre.

En parlant de vente de vinyle, la Poste change ses tarifs au fil des années. Pour de la VPC comme tu le fais, est-ce un frein majeur à tes ventes ?

C’est jamais facile surtout que les tarifs postaux français sont parmi les plus élevés.

De nouveaux labels ont également émergé au fil des années, les vois-tu comme des concurrents ou au contraire comme des alliés de poids ?

Dans une activité aussi difficile, je ne vois pas comment on peut se considérer concurrents. D’autant que les labels contribuent à l’existence et la vivacité des scènes et styles. Surtout quand la passion, l’honnêteté sont les maitres mots de ces initiatives. Par contre les labels créés par des gens qui à la base ne sont pas passionnés… Ne pas être consommateur de musique en format physique mais vendre des disques aux gens, ça s’appelle pas être un gros fils de putain ?

As-tu déjà été présent à quelques festivals avec un stand ou est-ce un plan pour dans le futur ? Comment peut-on te rencontrer ?

J’adore les festivals et j’en fréquente très souvent que ça soit avec ou sans mon stand ! Je devrais être présent sur quelques fests encore cette année et il suffit de s’arrêter au stand pour me rencontrer.

8 années plus tard, ton activité a-t-elle dévié du but initial ? Ta motivation reste-t-elle intacte, pure comme au premier jour ?

Je suis toujours à sortir des artistes et des disques qui me plaisent et ma motivation est plus forte mais différente.

Finalement, dix années après la création de ton label, quelle(s) conclusions peux-tu en tirer ?

Que cette idée folle valait le coup d’être concrétisée !

Mais tu l’as fait ! Quel est le futur de Deadlight Entertainment pour 2016 et les années à venir ?

Pour le moment, sont au programme les sorties des albums de Wolfpack 44 « The Scourge » (metal extreme made in USA créé par Ricktor Ravensbruck de The Electric Hellfire Club et Julian Xes de Kult ov Azazel avec des guests comme Lord Ahriman et Chaq Mol de Dark Funeral, Jinx Dawson de Coven), Witchthroat Serpent « Sang Dragon », deuxième album et celui d’Oracles, nouveau groupe dans la suite de System Divide avec 3 membres d’ABORTED et Sanna Salou ex Dimlight au chant.
Quelques idées, discussions en cours avec de nouveaux groupes comme avec des groupes présents sur le label. Mais il faut parler tout bas….

Revenons à des sujets plus légers pour finir cette interview. Quels sont tes coups de cœur musicaux ? Ont-ils radialement changé par rapport à tes écoutes à la création de Deadlight Entertainment ?

Social Distortion, Slayer, Alice in Chains, Secrets of the Moon, Mayhem, Iron Maiden. J’écoute toujours mes classiques et albums de chevets même si il arrive que je découvre des albums actuels qui sont des monuments. Dernier exemple en date, « Sun » de Secrets of the Moon.

Quelle est ta vision actuelle de la scène métal ? Trouves-tu également comme certains que la scène tourne en rond ?

Il y a toujours de très bons groupes mais comme partout, la scène metal n’est pas épargnée par la mode et ses effets.

Et que penses-tu de la scène métal française actuelle ?

De bons groupes, du public, des gens motivés, sincères, des structures. Pourvu que ça dure.

Je te remercie pour tout ton temps accordé Alex. As-tu des derniers mots pour Guitariste-Metal.fr / général ?

Merci à toi pour cette interview mais également pour le travail que tu effectues avec ton site. Mes salutations vont aux groupes du label, ceux qui contribuent à l’existence et l’évolution de la musique mais surtout mon fils Milo.

Deadlight Entertainment

Site web : http://www.deadlight.fr/
Page Facebook : https://www.facebook.com/Deadlight.fr/?fref=ts

Silenius

Gérant du site.

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Silenius

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