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THE GREAT OLD ONES : Interview de Benjamin Guerry

Benjamin Guerry du groupe émergent THE GREAT OLD ONES, nous parle des concepts du groupe ainsi que de leurs méthodes de composition dans cette interview. Jeff Grimal, talentueux artiste et également guitariste nous parle quant à lui de ses superbes peintures.

Salut à vous ! Comment allez-vous et comment se porte THE GREAT OLD ONES ?

Salut ! Tout va bien de notre côté. On se prépare pour le Motocultor, et on a hâte d’y être !

Commençons par expliquer quel genre de musique est créée au sein de votre groupe pour les personnes n’ayant pas encore la chance de jeter une oreille à vos albums.

Cela peut paraître cliché mais nous avons du mal à définir exactement notre style. Nous faisons un metal extrême puisant sa base dans le black metal, mais en y ajoutant des éléments de l’ambiant, et parfois presque du post-rock / post-hardcore. Nous aimons les atmosphères.

D’ailleurs, quelles sont les influences au sein du groupe ?

Elles sont très variées, pouvant aller du black metal culte comme Emperor ou Darkthrone, des choses plus récentes comme Deathspell Omega, mais aussi des groupes plutôt post hardcore comme Neurosis ou Cult of Luna.

Comment avez-vous commencé à jouer de la musique et comment s’est déroulée votre rencontre ?

Concernant la musique, je ne peux parler que de mon expérience, assez classique d’ailleurs. J’ai voulu commencer par le piano quand j’étais gamin, et je me suis ensuite tourné vers la guitare, afin de jouer ce que j’aimais écouter. Mes parents m’ont offert une Jim Harley imitation strat avec un petit ampli 10w qui m’a permis de m’initier à la guitare électrique. Puis les rencontres ont fait que j’ai joué dans différents groupes, investi dans du bon matériel, et m’ont donné le goût pour la composition.

Puis en 2009 j’ai eu envie de composer quelque chose de plus extrême, mais aussi plus porté sur les ambiances. Je connaissais déjà Jeff qui m’a rejoint très rapidement, ainsi que Léo, et le groupe a été au complet avec Xavier et Sébastien après quelques annonces postées sur internet.

Pourquoi avoir choisi le nom THE GREAT OLD ONES ? Que signifie-t-il ?

Nous voulions un nom représentatif du concept lovecraftien du groupe. THE GREAT OLD ONES signifiant « Les Grands Anciens », entités primordiales dans l’œuvre de Lovecraft, nous n’avons pas eu besoin de beaucoup réfléchir pour l’adopter.

Comment s’est passée votre rencontre avec Les Acteurs de l’Ombre pour votre premier album et pourquoi vous être tournés vers eux ?

Nous les avons contactés durant nos démarches, et Gérald, le boss des Acteurs de l’Ombre s’est montré très intéressé par les pré-prods d’Al Azif que nous avions mis en ligne à l’époque. Nous avons trouvé quelqu’un de très ouvert, et surtout très investi ce qui nous a donné confiance. Et au final nous sommes très heureux de cette décision car lui et son équipe font un travail de malade pour chacune des productions qu’ils sortent.

THE GREAT OLD ONES a été créé en 2009 et depuis deux albums et un single sont sortis. Il semblerait que vous ayez des facilités pour composer. Pouvez-vous nous faire partager votre méthode de composition ?

Je compose une grande partie des morceaux seul, car c’est la méthode qui me va le mieux. J’ai vraiment besoin d’être seul pour composer, et de m’isoler dans ma bulle. Je passe généralement beaucoup de temps sur mon ordinateur à composer chaque partie de guitare et de basse, et à programmer une batterie me permettant de montrer l’intention que je souhaite mettre dans un passage. Léo étant vraiment un excellent batteur, avec un feeling qui lui est très propre, donc il arrange bien sûr tout ça en répétition. De toute façon, je manque forcément de recul, donc l’apport des autres membres est indispensable pour créer une cohésion dans les compositions. Quand j’envoie les parties à chacun, je ne fais pas de tablature, donc chaque membre doit les travailler à l’oreille. Cela permet de compléter les morceaux avec des sensibilités différentes, et donc de les enrichir grandement. Et généralement, un morceau que j’ai composé sonne bien mieux quand tout le groupe est passé dessus !

Lorsque vous composez un album, pensez-vous dès sa conception à créer un concept album, avec tel titre à créer ici et là, ou décidez-vous à la fin du placement de chaque titre ?

Pour l’instant cela est venu tout seul, il n’y a pas eu beaucoup à réfléchir pour placer les morceaux. Le concept est bien sûr très important mais la musique reste la priorité. Du coup nous laissons faire notre oreille, et j’adapte les paroles en fonction.

Fait plutôt rare, votre groupe comprend trois guitaristes différents. Comment se passe vos sessions de jeux, qui est en charge de la rythmique, des leads, etc

Les parties sont généralement réparties à l’avance donc les répétitions restent efficaces, sans que ce soit un bordel sans nom. Sur les deux premiers albums, Jeff s’est occupé principalement des rythmiques, Xavier des leads, et moi entre les deux. Mais cela peut être amené à bouger avec le temps, nous ne nous sommes pas posé de règle de ce côté-là.

D’ailleurs avoir trois guitaristes réunis dans un même groupe, est-ce que cela ne crée pas une notion de compétition entre vous ?

Absolument pas. Nous ne jouons pas une musique particulièrement technique donc il n’y a aucun problème d’égo entre nous trois. Nous servons tous le groupe et les ambiances que sa musique dégage. C’est le résultat qui compte, par celui qui l’exécute.

Etant donné que vous êtes trois guitaristes, quel est votre matériel utilisé et quel a été votre matériel utilisé pour les deux albums et le single ?

Alors je vais te le faire par personne cela sera plus simple :

  • Xavier : Une Gibson SG branchée dans une Procorat branchée dans une tête SOVTEK MIG 100. Il a aussi tout un lot de pédales : Boss DD-20, Boss RV-3, Dr Scientist Mini Reverberator, etc.
  • Jeff : Une Gibson Les Paul branchée dans une ORANGE ROCKERVERB 100
  • Moi : Une Gibson Flying V branchée dans une tête MESA BOOGIE DUAL RECTIFIER (vieille version deux canaux), avec une reverb Holy Grail et un Delay Boss DD7.

En parlant du son, la production pour Tekeli-Li a été encadrée par Cyrille Gachet , qui a également travaillé avec YEAR OF NO LIGHT. Quelles ont été vos exigences en matière de son ? Quels ont été les facteurs clés que vous désiriez retrouver sur cet album ?

Il était important pour nous de garder les ambiances que nous avions sur « Al Azif », mais avec une production plus claire, mais aussi plus massive. Le son de batterie devait aussi évoluer vers quelque chose de plus gros, et Cyrille a vraiment bien bossé pour aller dans ce sens-là. Il travaille avec beaucoup d’effets et de préamps analogiques, ce qui donne ce son particulier et naturel. Nous ne voulions absolument pas d’un son synthétique.

En dehors du son, THE GREAT OLD ONES se fait également remarquer par un artwork très soigné signé Jeff Grimal. Comment crées-tu les artworks ? Sont-ils créés à partir d’inspirations ou plutôt de tes sentiments ? Y-a-t-il eu un seul modèle d’artwork par album ou as-tu à départager selon tes œuvres pour ensuite n’en choisir qu’une ?

Jeff Grimal : Pour créer mes artworks, j’essaie de m’imprégner de la musique, je suis dans un état de concentration extrême qui peut se rapprocher de certaines transes (toutefois, je ne danse pas à poil tout seul chez moi), mais le processus se fait avec plusieurs travaux jusqu’à arriver à l’aboutissement. Pour ce qui est du dernier album, les pochettes ont été faites à la peinture à l’huile, dans un style proche de l’abstrait avec une superposition des couleurs, qui donne une finition en relief et en volume. J’ai fait aussi un gros travail en noir et blanc pour l’intérieur du livre « les Montagnes Hallucinées » que l’on peut trouver dans la box limitée. Ce boulot est dans un style proche du pointillisme. Et n’oublions pas le gros travail de Romain des « Acteurs de l’Ombre », qui s’est occupé du layout.

En parlant peinture, est-il possible pour une personne passionnée par tes peintures d’en acquérir une ?

Jeff Grimal:  Il est totalement possible d’acquérir une de mes peintures. On peut me contacter sur mon Facebook ou par Mail : elusiv@free.fr. Je prends aussi des commandes pour des pochettes d’albums ou tout simplement pour une peinture personnelle.

Revenons aux thèmes de vos deux albums, Al Azif et Tekeli-Li, qui sont inspirés des œuvres de HP. Lovecraft. Cet auteur est depuis plusieurs années sources d’inspirations pour également d’autres groupes de métal, le plus connu étant surement METALLICA. Pourquoi avoir choisir Lovecraft comme « inspiration » ? Est-ce une volonté personnelle ou de groupe ?

Quand j’ai commencé à composer les morceaux d’ « Al Azif », j’y ai vite retrouvé l’atmosphère de mes lectures lovecraftiennes. De plus, Lovecraft a toujours été, entre autre, une influence pour Jeff donc quand on s’est retrouvé tous les deux, c’est tombé sous le sens. Tous les membres n’étaient pas forcément initiés à l’auteur en arrivant dans le groupe, mais ceux qui ne le connaissaient pas très bien ont rattrapé leur retard !

Comme nous en avons parlé, vos albums traitent de Lovecraft et votre dernier album en date, Tekeli-Li, met en vedette un groupe d’explorateur partant en Antarctique afin d’y mener des études. Les paroles sont saisissantes et permettent de réellement se plonger dans l’ambiance de l’album. Comment se déroule l’écriture de vos paroles ?

Il a fallu cette fois-ci que je découpe une histoire complète, et que cela soit cohérent avec la musique. Du coup j’ai déterminé différentes parties, puis j’ai écrit les paroles en faisant avancer le récit, mais en y apportant une dimension un peu plus poétique. J’essaie par exemple de tout écrire en rimes, pour éviter le côté texte purement littéraire. A mon sens, cela ne servirait pas à grand-chose de juste citer le livre. Les paroles se doivent de respecter autant les intentions initiales de l’œuvre, autant que celles développées par la musique.

Les nombreux textes lus en français permettent quant à eux de vivre cette macabre exploration. Est-il prévu que la langue française sera mise plus en avant dans vos travaux ?

Difficile à dire. Pas forcément sous la forme de textes narratifs, peut-être autre chose, le but étant toujours de se renouveler et de proposer des expériences différentes.

D’ailleurs, pour les personnes qui se posent encore la question, que signifient Al Azif et Tekeli-Li ?

Al Azif est le nom original du Necronomicon, et représente le bruit des insectes la nuit pouvant être entendu comme les cris des Djinns.

Tekeli-li est le son produit par les Shoggoths, créatures polymorphes, présentes notamment dans « Les Montagnes Hallucinées ».

En écoutant vos albums on se rend vite compte que vous prenez soin de mettre en place une ambiance aidant au voyage, propageant des émotions et mettant en avant les thèmes de l’horreur et de la folie. Quels sont vos inspirations, aussi bien musicales, littéraires, films / jeux vidéos afin de vous aider à vous plonger dans une telle ambiance ?

Nos goûts sont très variés. Personnellement, en terme de musique, je recherche toujours la nouveauté et les choses qui me surprennent. Je ne suis pas obtus. J’écoute beaucoup de musique classique mais cela peut aller du métal en passant par des pièces expérimentales et c’est la même chose pour la littérature et les films.

La majorité de vos titres dépassent la barre des cinq minutes, n’est-ce-pas difficile d’arriver à des titres aussi longs ?

Cela vient naturellement. Le but n’est pas de faire des morceaux longs, mais des morceaux cohérents. Jusqu’ici nous avons eu besoin de longueur pour développer nos ambiances. Mais cela ne veut pas dire que nous ne ferons jamais de morceaux courts.

Si vous deviez qualifier par un mot, ou une phrase, vos deux albums sortis, quels seraient ces mots ?

Al Azif  : Onirique

Tekeli-li  : Voyage glacial dans le désert blanc

D’ailleurs, avec du recul, avez-vous quelques regrets par rapport à vos précédents albums ? Que ce soit de composition ou de production ? Et si c’était à refaire ?

Bien sûr. Il y a toujours des éléments qui, avec le recul, auraient pu être améliorés. La production d’Al Azif par exemple, certains breaks de batterie, certaines parties de guitare. Mais au final, nous préférons avancer plutôt que de regarder derrière.

Vous évoluez dans un style plus ou moins dénoté « post black », qui est plutôt en retrait par rapport au black traditionnel. Coté ventes, pouvez-vous nous faire partager les résultats pour vos deux albums ?

Je n’ai pas vraiment idée de chiffres précis. Mais nous sommes vraiment satisfaits de l’impact que ces deux albums ont eu, surtout que nous jouons un style qui ne fait pas non plus l’unanimité. Tant que cela nous permet de tourner, de présenter du merchandising de qualité, et de proposer un show travaillé, cela nous va.

En parlant album, le dernier est sorti il y a quelques mois, mais vous penchez-vous déjà sur un nouvel album ?

Tekeli-li est sorti au mois d’avril donc il est encore beaucoup trop tôt pour parler du prochain album. Nous commençons bien sûr à y réfléchir, et voulons surtout continuer à faire évoluer notre musique.

En parlant de nouvel album, avez-vous déjà pensé à créer une suite d’album concept permettant de mettre en place une continuité, comme une trilogie ?

Pas vraiment. Le concept lovecraftien lui-même suffit à créer une suite logique.

Vous êtes apparus sur plusieurs dates cette année, ce qui permet de mettre le groupe en avant mais qui doit surement être une tâche difficile, surtout vis-à-vis de la gestion du son, encore plus lorsque l’on a trois guitares. Arrivez-vous à créer l’ambiance recherchée lors de concert ? Gérer trois guitares ce n’est pas trop difficile ?

Le public nous a toujours félicités par rapport à notre son live, retranscrivant à priori très bien les ambiances des albums. A nous de bien savoir gérer nos effets, notre matériel étant à la base assez complémentaire. Nous travaillons beaucoup les lumières afin de vraiment créer une atmosphère particulière. Nous avons maintenant Vavio qui bosse avec nous sur le son et les lights, et il fait vraiment un super boulot !

D’ailleurs, avez-vous des anecdotes particulières à nous faire partager lors de vos concerts ?

Pas vraiment d’anecdote précise, à part peut-être la fois où le PC de Vavio a planté pendant un passage avec beaucoup de stroboscope, qui du coup est resté bloqué pendant un petit moment en puissance et vitesse max. On peut imaginer que le public a dû avoir des hallucinations longtemps après ça !

La scène metal bouge comme toujours, avec ses hauts et ses bas, pouvons nous connaitre quels sont les albums que vous écoutez en ce moment ?

A titre perso j’écoute beaucoup le dernier Behemoth, le dernier SepticFlesh, et bien sûr toujours les vieux Emperor. Ces derniers ne vieillissent pas, j’en suis toujours autant fan.

De manière plus générales, et dirons-nous en question bonus, Lovecraft est très utilisé dans le monde des rôlistes, du coup, avec vos inspirations, pouvons-nous penser que vous êtes des adeptes de jeu de rôle ?

Quelques-uns d’entre nous ont bien sûr joué à « L’Appel de Cthulhu » et ce jeu de rôle a eu un impact important sur notre passion pour Lovecraft. L’univers lovecraftien est vraiment propice à l’imagination, parfait pour un jeu de rôle.

Vous est-il déjà arrivé d’entendre que votre musique a permis de faire découvrir l’œuvre de Lovecraft ? Si oui qu’en avez-vous pensé ?

Cela nous touche beaucoup, et veut vraiment dire, pour nous en tous cas, que nous avons réussi notre pari. Après, notre vision musicale de Lovecraft est assez personnelle, et il y en a beaucoup d’autres. Il convient de s’intéresser à Lovecraft dans sa totalité, ainsi qu’aux autres visions qu’il a inspirées.

Je vous remercie pour cette interview et vous laisse bien entendu le mot de la fin !

Merci beaucoup pour ton interview, et merci à tous ceux qui nous soutiennent depuis le début. « Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn »

 

Merci à Blandine des Acteurs de l’Ombre d’avoir organisé l’interview ainsi qu’à Benjamin d’avoir répondu à cette interview. Merci également à Madlyn de l’avoir corrigée.

THE GREAT OLD ONES

Site Web : http://www.thegreatoldonesband.com/
Page Facebook : https://www.facebook.com/thegreatoldones?ref=br_rs
Merchandising : http://www.lesacteursdelombre.net/productions/v2/?post_type=product

Pour information, le dernier album de THE GREAT OLD ONES, “Tekeli-li” est disponible en édition box très limitée (150 exemplaires uniquement) contenant l’album en format digipack + slipcase + patch + pin’s, ces deux derniers étant disponible exclusivement avec la box).

THE GREAT OLD ONES sera également présent au concert de leur label “Les Acteurs de l’Ombre” le 27 septembre à Nantes et à cette occasion l’album Tekeli-li sera édité en tape (avis aux collectionneurs !).

 

Silenius

Gérant du site.

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