Bill Steer, guitariste au sein de CARCASS, a répondu à l’interview de Guitariste-Metal.fr lors du Rock Your Brain Fest et nous parle de ses influences ainsi que de l’évolution de CARCASS jusqu’au prochain album à paraitre.
Hello Bill ! Merci d’avoir accepté cette interview avec Guitariste-Metal.fr ! Comment se porte Carcass ?
Ce n’est pas le premier festival où nous avons joué cette année, puisque nous étions au Hellfest et au Fall of Summer, et maintenant aussi Rock Your Brain. C’est inhabituel car nous jouons normalement dans un seul festival en France. Les deux derniers étaient cool et j’espère que celui-ci (Rock Your Brain ) le sera aussi.
Quelles étaient les influences de Carcass quand le groupe a été créé ? Et maintenant ?
Je dirais que nous avons été influencés par la scène death underground. Et quand je dis underground, je parle des échanges de cassettes. Par exemple, nous aimions des groupes comme Death, et je ne veux pas passer pour un élitiste, mais ce sont surtout leurs demos qui nous ont motivés. Leur son était si brut ! Quand “Scream Bloody Gore“ est sorti, nous avons aimé cet album, mais il manquait quelque chose par rapport à leur demo “Mutilation”. Mais je comprends maintenant comment ça a pu arriver. C’était quelque chose de complètement nouveau pour un groupe comme Death d’aller en studio et de faire un album pour un label plus ou moins respecté. C’était la même chose pour tous les autres groupes, Death et nous. Quand nous avons enregistré Reek of Putrefaction, nous n’étions pas du tout prêts à ça. Ca nous a pris du temps de communiquer avec les ingénieurs qui n’avaient jamais entendu de la musique extrême avant et qui n’aimaient pas vraiment ce qu’on faisait.
Les premières influences de Carcass étaient des groupes comme Death, Master Repulsion, Macabre, Insanity…. Beaucoup de groupes underground. Une fois la machine lancée, nous sommes retournés vers des groupes que nous aimions gamins. Dans mon cas, c’était, entre autres, Motorhead et Thin Lizzy. Une partie de ces influences est passée dans notre musique. Nous aimions tous Mercyful Fate et King Diamond.
A propos, Jeff Walker a dit, dans un vieux magazine français, au moment de la sortie de Heartwork, qu’il était un grand fan d’Europe. C’était assez surprenant pour un jeune fan de métal comme moi d’entendre ça !
Nous n’avons jamais écouté QUE de la musique extrême. A une période de ma vie, pendant environ 2 ans, j’étais une sorte de “fasciste musical”. Vers mes 18 ans, j’écoutais de nouveau la musique que j’aimais quand j’étais gamin, comme Tank.
L’album est écrit par 3 personnes, Jeff, Dan et moi. C’était comme avant : nous avons commencé avec quelques riffs que j’ai amenés, trouvés en jouant. C’est le début du process. Mais ça prend du temps car mes riffs peuvent être complètement modifiés une fois que les autres gars participent. Jeff est particulièrement bon pour les arrangements et a des idées auxquelles je n’aurai jamais pensé. Donc, parfois, le matériel brut initial est très différent du résultat final.
Ok, merci ! Vous écrivez les paroles après la musique ?
Oui, Jeff écrit habituellement les paroles après. Je ne sais pas exactement ce qu’il fait, mais il travaille dur sur ses disques. Chaque fois que Dan et moi répétons, Jeff a des idées d’arrangements. Une fois qu’on a un enregistrement basique, il finit les paroles et le chant en une semaine. Il était très inspiré. Tout ce qu’on a fait durant cette période était très énergique. Nous étions très concentrés. C’était très amusant de faire cet album !
Pourrait-on dire que les paroles de Jeff sont toujours d’actualité ? Je parle des paroles écrites dans les années 90 et du dernier album.
Je crois que oui, car j’ai l’impression que les gens ont jugé Surgical Steel sur le titre de l’album, quelques titres de chansons et sur la pochette. Ils ont pensé que Carcass revenait à des paroles gores et “chirurgicales”, mais ce n’est pas vraiment le cas. Si on lit les paroles, le sujet est complètement différent, mais Jeff l’a fait d’une manière très intelligente qui contentera tout le monde. Pour ceux qui veulent le “vieux” Carcass, ça y est. Et pour ceux qui veulent quelque chose avec plus de substance… une grandie partie des paroles parle de politique, une partie est personnelle. C’est très idiosyncrasique de Jeff; sa vision du monde.
Parlons de toi. Qu’utilises-tu comme équipement, guitares, amplis et pédales ?
J’utilise des Gibson Lespaul Customs, j’en ai deux, une 76 et une 77. La guitare n’est pas jaune, mais blanche. Avec le temps, elle a pris une couleur étrange, un peu comme crème. L’autre est bordeaux. J’utilise les cordes de n’importe quelle compagnie qui nous donne un bon deal. J’utilise des mediators Dunlop, les Tortex bleu 1mm. En ce qui concerne les amplis, sur l’album, on entend surtout le nouvel ampli Fender EVH (ndrl : 5150 III). Lors des festivals, vous êtes à la merci de ce qu’ils veulent vous donner. Si vous êtes chanceux, comme ce soir, vous aurez un 5150, similaire à celui utilisé pour l’enregistrement.
Nous venons de recevoir d’une tournée en Asie, et c’était assez aléatoire… On a eu un ampli Marshall qui sonne un peu “pétillante”. J’aime Marshall pour le vieux rock et pour les débuts du heavy. Mais je ne suis pas fan de leurs récents amplis. Je ne comprends pas ce qu’ils veulent faire.
Pour revenir à mon matériel j’ai également un tuner, une noise gate et un booster MXR. C’est un petit boost que j’utilise, pas seulement pour les solos, mais également lorsque je joue des notes sur une seule corde. Ca ne sonne pas vraiment différent, le son est juste un petit peu plus épais et boost légèrement le niveau
Comment sont accordées tes guitares pour les albums de Carcass ?
Toujours en drop B, toujours 5 demi-tons en dessous.
C’est surtout Saxon, Motorhead et Iron Maiden qui m’ont fait commencer la musique. C’était naturel, je voulais une partie de cette excitation pour moi-même. Je voulais jouer, même si je n’avais que 12 ans. Progressivement, je me suis mis à la guitare. Un ami de la famille m’a montré comment jouer quelques accords. Ca a commencé comme ça. Jouer la guitare “lead” était alors un mystère pour moi. Mais ce n’est pas fini. On n’est jamais satisfait de comment on joue, à moins d’être un peu fou.
Quand j’avais environ 16 ans, je ne savais pas vraiment ce que je faisais. Puis j’ai trouvé des trucs qui me convenaient, des groupes de notes qui allaient bien avec certains accords. Je n’avais pas fait de solfège. Je n’en ai jamais fait, d’ailleurs.
Apprécies-tu certains guitaristes en particulier ?
Les gars de Iron Maiden, Dave Murray, Adrian Smith et Dennis Straton avant. Fast Eddie Clarke de Motorhead. J’ai vu le film sur Woodstock quand j’étais gamin, donc j’aime évidemment Jimi Hendrix mais également Alvin Lee ainsi que Rory Gallagher . Voilà certains de ceux que j’ai appréciés au début. Quand je les regardais, je me disais que j’aimerais bien être comme eux en vieillissant. Maintenant, mes guitaristes préférés sont légèrement différents. J’en ai découvert qui m’ont vraiment impressionné.
En tant que guitariste confirmé, quels conseils pourrais-tu donner à un débutant ? Comment s’améliorer ? Quelles sont tes astuces ?
Il n’y a pas d’autre choix que de jouer autant que possible. Entre notre deuxième album, Symphonies, et le troisième, Necroticism, nous nous sommes tous améliorés. Nous sommes partis en tournée, nous jouions chez nous, nous étions plus sérieux en répétition, etc. Il faut aussi se remettre en question. Quand nous sommes partis en tournée avec Death aux USA, nous étions avec des musiciens plus vieux, plus expérimentés. Ils étaient là depuis plus longtemps et jouaient mieux. Je suis rentré chez moi avec l’idée que je voulais atteindre leur niveau. Je ne dis pas que je l’ai atteint, mais c’était le but. En plus de pratiquer, il faut écouter. Beaucoup de joueurs n’écoutent pas. Ils veulent juste shredder, peu importe ce qu’il se passe musicalement. C’est comme les exercices de doigts. C’est impressionnant, d’une certaine façon, mais cela ne fait pas de la bonne musique. Il faut faire quelque chose qui résonne avec l’environnement musical. Ne faire que des exercices de doigts ne me branche pas du tout.
Tu es, avec Carcass, l’inventeur du grindcore et du melodeath. En quoi est-ce différent de jouer du blues avec Firebird ?
Très différent. Cependant, je dois dire, que, selon moi, Firebird n’est pas un groupe de blues. Des gens ont tendance à dire cela, mais, pour moi, Firebird était un groupe de hard rock influencé par de la musique plus vieille, et ça sonne un peu comme du blues. Mais pour moi, le blues, c’est soit des artistes de blues traditionnel comme Charley Patton et Robert Johnson soit du blues électrique, comme Albert King ou Freddie King. Je ne crois pas qu’on se soit approché de cela. On ne pouvait pas : je ne sais pas jouer du blues. C’était juste du hard rock avec une influence blues. Mais oui, c’était totalement différent. Il y a bien plus d’oxygène dans la musique. Chaque soir, Ludwig, le batteur de Firebird et moi jouions tout légèrement différemment, parce que c’est possible avec ce genre de musique. Avec le métal extrême, il n’y a pas la place pour ça. Je changeais certaines parties ou certains solos, mais les possibilités sont restreintes. C’est plus rigide, discipliné. On ne peut faire aller sur scène bourré et imprécis. Je l’ai fait, une fois, mais je n’aime pas ça. Avec Firebird, c’était plus facile d’être relâché, de jouer à l’instinct. C’était bien de faire ça. C’était presque comme aller sur scène nu, parce qu’il n’y avait aucun effet. Et pas de seconde guitare derrière moi.
Peux-tu nous parler de tes participations dans Angel Witch et Gentlemans Pistols ?
Ca s’est fait avec Angel Witch car Will, le bassiste, est un bon ami. Le groupe a eu beaucoup de line-ups, tous les fans le savent. Kevin s’est retrouvé à South London, et a cherché de nouveaux membres. Et il a assemblé une nouvelle version du groupe avec Will Palmer et Andy Prestridge. Il y avait un second guitariste, Chris. Je crois que ce line-up a duré 2 ou 3 ans. Je ne sais pas pourquoi, mais ils ont eu des problèmes avec Chris. Ils m’ont appelé et demandé “Veux-tu faire ça, être notre second guitariste?”. J’ai immédiatement répondu oui, car j’aime beaucoup Angel Witch. C’est un de mes premiers groupes préférés. J’ai eu l’impression de réaliser mon rêve de gosse. Quand j’avais 12 ans, j’ai beaucoup écouté leur album, et j’avais la possibilité de jouer ces chansons avec celui qui les a écrites ! C’était très excitant ! Il me semble avoir joué 2 ans avec eux. Heureusement, il n’y a pas eu de problème, même si j’étais membre de 4 groupes ! C’était compliqué, mais on a réussi à le faire. Puis on est arrivé à un point où je pensais qu’il y aurait un problème avec les plannings. Carcass était de nouveau actif, donc j’ai parlé avec les gars d’Angel Witch et je leur ai dit “je crois qu’il va y avoir quelques problèmes de dates. Donc si vous voulez trouver quelqu’un pour me remplacer, je crois que ça serait mieux pour vous et pour moi.” Et voilà. Ils ont un nouveau guitariste, Tom Draper, qui était très bon. Mais j’ai adoré jouer avec eux, c’était très amusant !
Je joue avec les With Gentlemans Pistols depuis encore plus longtemps. Je crois que ça fait 4 ans ? Je les connaissais depuis un moment. Avec Firebird, nous sommes partis en tournée avec eux et sommes devenus amis. Je les adore en tant que personnes, et en tant que musiciens. J’étais plus ou moins un fan, mais on était potes. Quand ils ont eu un problème avec leur guitariste lead, ils m’ont appelé. J’avais très envie de jouer avec eux. J’étais le guitariste sur le deuxième album, et il y en a un troisième qui n’est pas encore sorti. Probablement début d’année prochaine. Les derniers 12 mois ont été assez calmes avec ce groupe, à cause de problèmes de line-up et de label. Mais j’ai hâte de voir ce qu’il se passera à la sortie de l’album. Les chansons qu’ils ont écrites (et je dis “ils” car je ne participe pas à l’écriture) sont très bonnes.
On approche de la fin de l’interview… Quel est le futur pour Carcass ? Un nouvel album ? D’autres tournées ?
Les tournées semblent sans fin. Si je me souviens bien, on a passé beaucoup de temps sur l’album. L’écriture était assez rapide. Mais l’enregistrement a été plus long qu’on ne l’aurait souhaité, surtout à cause du mixage. A ce moment de l’enregistrement, Colin Richardon, notre producteur, a commencé à douter du groupe. En fait, il ne voulait plus vraiment s’occuper de l’album. Donc on a dû trouver quelqu’un d’autre. Ca a pris du temps à Colin pour affronter ses sentiments et nous le dire. Après qu’il l’ait fait, on a eu Andy Sneap. Instantanément, nous avons trouvé une solution, et l’album était fini entre 4 nuits. C’était génial ! Je tire mon chapeau à Colin pour ce qu’il a fait durant l’enregistrement. Il était bon. Mais nous sommes reconnaissants à Andy pour avoir sauvé notre projet qui semblait arrêté pendant plusieurs mois. Donc soudainement, nous devions sortir l’album et, naturellement, jouer live. Il fallait qu’on trouve rapidement un second guitariste. Ben Ash. Il était prêt. On a commencé par quelques concerts, quelques dates “secrètes” dans des clubs de Londres. Puis on est partis en tournée en Amérique du Sud. On est en tournée ininterrompue depuis la sortie de l’album, en septembre (2013).
Oui, on peut voir Carcass dans tous les festivals. Yeah, you can see Carcass at all festivals…
Oui, c’est cool. C’est aussi épuisant, oui. Mais j’aime être occupé, et les autres gars aussi. On revient juste d’une tournée en Asie. Puis on a fait ça (le festival à Sélestat), puis on rentre chez nous pour deux jours. Ensuite, on part aux USA pour une tournée. Après ça, on a une autre tournée en Amérique Latine. Et Noël arrivera… Après Nouvel an, j’espère qu’on pourra travailler sur un nouvel album !
S’il te plait, mets des samples aux débuts des chansons, comme sur Necroticism !
Oui, on va sûrement y penser !
Un dernier mot pour les fans ou guitaristes français ?
Merci à vous tous de nous avoir soutenus, et surtout merci à ceux qui sont venus aux deux derniers festivals et les ont rendus si agréables. Nous n’avions pas vraiment de grandes attentes, on pensait que ça valait la peine de les faire et que ça serait fun. Mais les réactions étaient très bonnes, c’était surprenant ! Je crois, qu’en Europe, la France est le pays le plus surprenant pour nous : c’est toujours mieux que ce à quoi on s’attend. Dans certains pays européens, on marche bien, dans d’autres non. On est reconnaissants pour ce que l’on a !
On a fini. Merci pour l’interview Bill !
CARCASS
Site internet :
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Merchandising : http://www.nuclearblast.com/en/music/band/about/3025043.carcass.html
Guitariste-Metal.fr tient à remercier Stéphane de Zone 51, qui nous a organisé l’interview, Geoffroy Lagrange d’avoir interviewé Bill Steer, Desolate d’avoir traduite l’interview ainsi que Madlyn de l’avoir relue.
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Groupe culte...sans eux, le metal extreme ne serait pas pareil...
Il y a peu de groupes qui leur ressemblent vraiment...
Peut-être Cadaver...
http://www.youtube.com/watch?v=xJwng85REis