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DARKENHÖLD : Interview d’Aldébaran

Aldébaran, fondateur de Darkenhöld, nous parle de la discographie du groupe et de ses influences mais également du futur album, Castellum, à paraitre le 15 septembre chez Those Opposed Records et chez Les Acteurs de l’Ombre en cassette.

Salut Aldébaran ! Merci de bien vouloir nous accorder une interview. Comment vas-tu et comment se porte Darkenhöld ?

Salut à toi et merci beaucoup d’avoir proposé cet entretien pour Guitariste-Metal.fr !

Je vais très bien et Darkenhöld aussi, il faut dire que nous sommes heureux de pouvoir sortir ce nouvel album et on a hâte de le faire découvrir au plus grand nombre.

Pour les personnes ne connaissant pas encore Darkenhöld, peux-tu résumer en quelques mots quel est votre style musical ?

Grossièrement, lorsque nous avions monté Darkenhöld nous avions l’idée avec Cervantes de revenir à un style de black assez oublié aujourd’hui mais qui se pratiquait dans le milieu des années 90, à savoir un black assez onirique, sylvestre, avec un goût prononcé pour les temps anciens, les légendes oubliées et les vieilles pierres.

Le but étant de sonner le plus vrai et authentique possible, en gros éviter le surproduit et la surenchère d’orchestrations symphoniques comme certains groupes nous en ont abreuvés ces derniers temps.

Comment es-tu tombé dans l’univers de la guitare ?

Pour ma part ça a été Brian May de Queen qui m’a donné envie, j’adorais son son de solo et ses mélodies superposées, j’ai enchaîné sur Nirvana, Guns N’ Roses, Metallica, puis Paradise Lost, Pantera, et enfin Burzum et toute la scène underground qui s’ensuit.

Dans mon parcours de musicien j’ai pris pas mal de cours avec différents professeurs (Jazz, Rock, Classique) depuis l’âge de 14 ans, j’ai joué dans diverses formations, pas seulement metal mais aussi pop, jazz, des chorales universitaires etc. Et j’ai suivi un cursus à la fac de Musicologie et au Conservatoire de Nice.

Quelles étaient tes influences à l’époque ? Et quelles sont-elles aujourd’hui ?

Les références principales du groupe sont les albums d’ Emperor, Burzum, Dimmu Borgir, Bathory, Summoning, Satyricon, souvent de leurs débuts. On aime aussi des groupes un peu plus méconnus comme Wallachia, Godkiller, Ancient ou Abigor.

Il y en a pas mal en fait ! Aujourd’hui ces références font toujours partie de nos goûts mais on écoute différents genres à côté, je peux par exemple très bien écouter du heavy des années 80 à la King Diamond ou Yngwie J. Malmsteen, du prog rock type Genesis, King Crimson, de la musique classique ou encore de la synth pop française actuelle.

Te souviens-tu du premier auquel tu aies participé ?

Mes premières apparitions sur scène ont été catastrophiques, je n’avais aucune aisance, rien que m’accorder était un supplice, des personnes dans le public gueulaient parce que je prenais trop de temps à le faire, ce qui faisait encore plus monter l’angoisse. Du coup, sous le stress, les doigts ne suivaient pas et il devenait très difficile d’enchaîner trois notes d’affilées. Ou sinon c’était mon son, on ne m’entendait pas ! Pourtant j’avais un beau Marshall Valvestate 80w, que se passait-il ? Avec le recul je me dis que c’était surtout une question de fréquences, et peut-être qu’en creusant un peu moins la guitare pouvait ressortir davantage sans monter le son.

Le premier concert que j’ai vu c’était Iggy Pop au Théâtre de Verdure à Nice, c’était archi fort et le son tournait dans tous les sens dans le chapiteau, on ne comprenait rien du tout. Et le chanteur grimpait nu sur les murs d’amplis.

C’était un tout premier contact avec le rock.

Comment a été créé Darkenhöld ?

Alors pour comprendre la naissance du groupe il faut se replacer dans le contexte de l’année 2008, à savoir que je venais de quitter le groupe Artefact pour lequel j’avais enregistré et composé trois albums. Je voulais quelque part revenir à un black un peu plus roots mais sans pour autant oublier le type d’atmosphères et mélodies que l’on avait forgées avec mon précédent groupe.

Aussi, j’avais ce projet doom/death nommé Etheryäl qui était sur le point de splitter, mais nous étions un bon noyau de personnes, alors en prenant cette équipe nous avons décidé de monter un tout nouveau projet qui est devenu Darkenhöld.

D’ailleurs, pourquoi ce nom ?

Il fallait trouver un nom original qui n’existe pas vraiment, et c’est de plus en plus difficile à avoir, il suffit de taper un nom aléatoirement sur Metal Archives pour le vérifier.

Nous avions une liste de noms potentiels et nous nous sommes arrêtés sur cette sonorité inspirée d’une chanson du groupe anglais Bal Sagoth, le nom renvoyant à Stronghold qui collait à notre attrait pour les monuments et les vieilles pierres, ou d’autre ça peut faire référence à « sombre » et « vieux » (dark N’ old).

Peux-tu nous donner un mot par rapport aux albums précédents de Darkenhöld ?

A Passage To The Towers : le premier album a été une bonne avancée pour nous par rapport aux deux splits précédents, il a posé un peu les bases de notre style, old-school, en essayant de mélanger passages dynamiques et d’autres plus atmosphériques grâce aux synthés, guitares acoustiques, choeurs voire soli de guitare.

Pour parachever le tout, cet album a été l’occasion de collaborer avec Neb Xort au Drudenhaus qui nous a réalisé une production aux oignons.

Echoes From The Stone Keeper : notre deuxième opus, qui a une sonorité plus caverneuse et brumeuse. C’est moi qui me suis occupé de la prod’ car je voulais un album vraiment personnel, authentique et sans trigger.

C’est peut-être notre album le plus atmosphérique à ce jour, il contient pas mal d’arrangements et de climats différents.

D’ailleurs, comment ont été accueillis tes deux précédents albums par le public ?

Les réactions ont été positives dans les deux cas, il y a toujours des personnes qui préfèrent tel ou tel album, mais chaque album semble avoir trouvé son public (en considérant les ventes/chroniques/avis en tout cas).

Pour ma part je n’ai aucun regret en y repensant car à chaque fois l’album du moment est le plus abouti possible par rapport à ce que l’on pouvait faire, nous revenons beaucoup sur chaque partie pour être sûrs que tout est essentiel et sonne « juste » (pas seulement au niveau de l’accordage).

Les trois albums sont un peu vus comme un triptyque, et même si le dernier en date semble être le plus « performant », l’un ne va pas sans l’autre, on ne pourrait pas retirer un album de cette trilogie.

Peux-tu nous parler de l’enregistrement de votre troisième album, Castellum ?

Pour notre troisième album, nous avons dû faire en fonction d’un budget relativement limité, les ventes de disques ne nous assurant pas des fonds conséquents, nous avons donc dû composer avec nos propres ressources en choisissant des prestations de studio les moins coûteuses possibles (relativement) sans non plus opter pour un 100% home studio.

Je pense qu’aujourd’hui beaucoup de groupes de metal sont en face de cette situation, soit ils doivent tout faire à la maison, ce qui peut très bien convenir pour du Raw Black Metal (cela est même presque nécessaire lorsque l’on choisit une esthétique marginale et sale comme celle-là, style que les studios professionnels ont du mal à saisir en général), soit opter pour un mélange entre home-studio et studio pro comme nous avons choisi. Ou enfin, soit enregistrer un album entièrement en studio pro. Mais dans ce dernier cas, il faut soit être un groupe important sur un gros label qui fournit les fonds nécessaires (mais c’est de plus en plus rare), soit lancer un crowfunding, ou bien encore avoir un apport personnel vraiment important.

Nous avons donc enregistré en premier temps la batterie, les guitares rythmiques et la basse au Coxinhell Studio à Saint Aygulf (qui dispose d’une console analogique du plus bel effet) dans le Var en deux jours, un travail de préparation a été effectué en amont pour perdre le moins de temps possible.

Des répétitions régulières ont été programmées deux mois avant pour éviter trop de mauvaises surprises. Chaque morceau a été soigneusement pensé en détail et relativement peu de place a été accordée à l’improvisation (à part pour quelques breaks de batterie).

Le son de la batterie est 100% naturel (no trigg grosse caisse) et même s’il n’y a que deux guitares rythmiques, au final nous avons voulu obtenir un résultat le plus authentique possible. Bien sûr nous avons eu recours aux plugins actuels (Eq, Comp, Pan), mais sans dénaturer le son, juste pour que chaque instrument trouve sa place.

Notre choix d’enregistrer la guitare rythmique et batterie simultanément a été établi dans le but de préserver le maximum de spontanéité au morceau car je pense que l’essentiel d’une bonne chanson, le noyau, c’est l’assise rythmique. Le reste vient après et peut surfer sur ce socle de base, le chant, les synthés, les guitares acoustiques et les quelques solos viennent après.

Tous ces arrangements supplémentaires ont été enregistrés dans mon home-studio, sauf le chant qui a été finalement refait séparément dans le studio Discordance de Jean-Michel Denizart.

Cette méthode permet aussi de pouvoir prendre du recul par rapport à chaque phase du processus, chaque partie, chaque arrangement, de pouvoir être sûr que tout est nécessaire et à sa place. De cette façon, on prend moins de risque de regretter certains choix par la suite. Nous avons suffisamment eu le temps d’enregistrer et de se réenregistrer si nécessaire pour éviter les regrets post sortie.

Ensuite, nous avons confié les pistes à notre bassiste Aleevok, qui est aussi ingé-son de métier, pour mixer l’opus dans son studio l’A2Studio. S’ensuivit 3 mois de va et vient, de mails rectificatifs, de peaufinages, pour en arriver à la 40ème version d’un réglage de mixage qui convenait, on a pu réemployer celui-ci sur les autres chansons en l’adaptant néanmoins.

Nous sommes vraiment satisfaits de la prod’ d’Aleevok qui se rapproche vraiment de l’intention de base.

La partie finale (mastering) a été conçue au Deviant Lab par Thibaud Chaumont.

As-tu donc eu des problèmes à enregistrer cet album ?

Nous n’avons rencontré aucun problème particulier.

Peux-tu nous dire comment composes-tu les titres ?

En ce qui concerne la préparation des morceaux, je me suis astreint à jouer l’ensemble de l’album deux fois par jour un mois avant la date butoir de l’enregistrement, et une répète en groupe par semaine deux mois avant. Cela a permis d’arriver en studio l’esprit serein et confiant.

Pour la composition les idées viennent un peu comme des impressions fugaces au début, c’est la collection de ces bribes d’idées qui, assemblées entre elles sur plusieurs mois, sonnent comme un tout cohérent à la fin.

Je fais ça seul à la maison avec une boîte à rythmes, et après on y travaille ensemble.

Quel matériel as-tu utilisé pour l’enregistrement de Castellum ?

Pour le matériel de guitare, j’ai utilisé une Gibson Flying V (micros d’origine, cordes d’Addario 10/52) et une Les Paul (micros d’origine, cordes d’Addario 10/48), une à droite et une à gauche, à chaque fois la guitare contrôle deux amplis simultanément, un Marshall JCM 800 2010 et un Mesa Boogie Dual Rectifier.

J’ai trouvé que cette alliance était plutôt complémentaire, le Marshall a un beau et joli son plutôt chargé de bas médiums et le Mesa Boogie a une sonorité plus moderne et agressive, avec une Eq plus en V.

Cela donne un son assez complet.

J’emploie aussi des pédales qui passent dans la boucle d’effet du Marshall, à savoir une pédale d’EQ pour atténuer quelques fréquences (extrêmes aigus et graves et quelques médiums), rendant le son un peu plus metal aussi et moins Rock’n’Roll. Un Noise Supressor sert à couper un peu le buzz bruyant des pédales cumulées avec l’ampli. Et pour finir, je mets une pédale Tube Screamer TS9 entre la guitare et le input de l’ampli pour booster un peu le son. Sur scène j’ajoute un Delay DD3 de Boss pour les quelques leads que j’ai à jouer.

Pour les sons clairs j’utilise un Roland JC 77, c’est un peu le même son que l’on entend sur l’intro de « Welcome Home (Sanitarium) » de Metallica par exemple. Et pour les guitares acoustiques il y a une Takamine Santa Fé Folk et une Yamaha classique de gamme moyenne.

Que devenons nous attendre avec ce nouvel album ?

C’est vraiment du Darkenhöld à 100%, là-dessus il n’y a pas tant de surprises, au contraire c’est peut-être l’album le plus emblématique où chaque aspect du groupe est porté jusqu’au bout. C’est un album carte de visite en quelque sorte. Si on devait présenter le groupe et en donner un aperçu aujourd’hui, je crois que l’on ferait écouter celui-là en premier, même si comme je le précisais, les trois albums forment un tout indissociable. C’est un peu prétentieux mais sur cet album on a voulu joué le black le plus majestueux et noble possible, avec des ambiances acoustiques médiévales, des parties de claviers type Dungeon Synth, quelques accélérations assez « symphoniques », des narrations historiques, des moments plutôt glorieux, et d’autres plus nostalgiques ou caverneux.

Quels sont les plans pour Darkenhöld pour cette fin d’année 2014 ?

Pour l’instant nous n’avons pas de plans du tout, nous aimerions pouvoir défendre sur scène cet album et le faire connaître au maximum.

Que penses-tu de la scène de « black metal medieval » actuelle  ?

Je sais pas si il y a à proprement parler une scène médiévale black metal à l’heure actuelle, je connais surtout la scène française pour ça, Aorlhac et Sühnopfer sont les seuls représentants à ma connaissance avec nous, dans un spectre plus large il y a Ysengrin et Sangdragon. A l’étranger je connais Obsequiae aux USA, Schattenvald en Allemagne, Raate en Finlande, peut-être le prochain Wallachia en Norvège qui reviendrait au style du début, et les anglais de Wodensthrone ou Winterfylleth qui sont un peu post Black mais avec quelques sonorités « ancestrales ».

Le Medieval Black Metal est un style assez précis et peu de groupes sont encore réellement actifs dans cette niche musicale, un sous genre du black metal en fait, il faut remonter assez loin pour retrouver une petite effervescence du genre (en gros après l’apparition de l’album Dark Medieval Times de Satyricon en 1994). Par contre je ne mets pas dans le même panier certains groupes dits Pagan, c’est un peu différent.

J’aime bien certains morceaux de Peste Noire aussi mais par contre l’alliage politique/propagande et musique n’est pas mon truc.

Tu es également guitariste pour Artefact, quels sont les plans futurs pour ce groupe ? Le live album est sorti cette année mais le dernier album quant à lui est sorti en 2008.

Oui, créativement parlement, Artefact est au point mort, toutes les idées seront à priori gardées pour des productions futures avec Darkenhöld. Artefact avait des sonorités plus heavy progressif voire futuristes, le côté heavy, l’ajout de choeurs et de solos peuvent toujours se développer encore pour Darkenhöld.

Et puis Ranko, le batteur originel d’Artefact, est fatigué de donner trop de concerts, il en a eu une overdose. Le reste du groupe, pour sa part, ne serait pas opposé à donner quelques concerts supplémentaires en France. Nous restons fiers de ces trois albums accomplis ensemble et c’est toujours un plaisir de les défendre d’une manière ou d’une autre.

L’interview touche à sa fin, as-tu des derniers mots que tu veux partager ?

Merci pour m’avoir convoqué à ce petit jeu du making-of, peut-être certains ont pu y trouver quelques pistes pour leurs propres recherches sonores, car je me suis moi-même souvent posé des questions techniques sur le sujet. J’espère que les personnes lisant l’interview pourront écouter notre album « Castellum », il s’écoute comme un tout, et encore mieux dans le cadre de notre trilogie. A bientôt !

Aldébaran à également profité de notre interview pour enregistrer deux making of de leur album Castellum. Ces deux vidéos vous permettent de mieux visualiser les parties de guitares jouées sur cet album.

Making of part 1 :

Making of part 2 :

Darkenhöld

Site web : https://www.facebook.com/Darkenhold
Bandcamp : https://darkenhold.bandcamp.com
Merchandising : https://darkenhold.bandcamp.com/merch

Silenius

Gérant du site.

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