Daniel, guitariste de LOFOFORA, revient sur sa carrière, son intégration au sein de LOFOFORA et ses influences. Il annonce qu’un nouvel album hors norme est en préparation.
Salut Daniel et merci de nous recevoir pour cette interview !
Salut, y a pas de soucis.
Dis-nous, comment est-ce que tu es tombé dans l’univers de la musique et de la guitare ?
Dans l’univers de la guitare, c’est une fois que j’ai découvert KISS, à 11 ans. J’étais fan de tout ce qui était science-fiction, tous ces genres de magazines et puis voir les mecs masqués… et puis le son, le Son ! C’est la première fois que j’entendais des guitares saturées. Ça m’a retourné un peu la tête. C’est un truc qui m’a vraiment parlé, qui est vraiment rentré en moi et j’ai voulu chercher à savoir comment on faisait pour avoir ce son là et on m’a expliqué qu’il y avait des amplis avec des saturations et je suis parti là dedans…
D’accord, et à cette époque, tu avais quoi comme matériel ?
C’était HH Electronic, c’était un combo 50W, c’était en 84-85. Et j’avais une Aria Pro 2 en guitare électrique, une Wildcat. C’était pas du tout connu, c’était une marque japonaise qui marchait bien à l’époque. C’est autour des Charvel, toutes ces guitares là, des Jackson, qui démarraient… C’était vraiment typé très hard rock de l’époque mais c’était ma première guitare électrique.
Ok. Et par la suite est-ce que tu as intégré un groupe ?
Hé ben j’ai formé un groupe très rapidement avec des potes surtout. Parce que je suis autodidacte, et très vite j’ai voulu composer, créer mes propres morceaux… J’ai tout de suite commencé à créer un groupe, et puis après, de groupe en groupe, en croisant d’autres potes… J’ai fait pas mal de choses, mais après des choses vraiment plus connues à part LOFOFORA, non, les autres groupes que j’ai intégré à l’époque étaient vraiment très underground
Tu as rejoint LOFOFORA il y a une quinzaine d’années, comment ça s’est passé justement ?
C’est parce que je jouais dans un groupe qui s’appelait NOXIOUS ENJOYMENT, c’était du Hardcore, Hardcore Metal. On était deux guitaristes dans ce groupe là et le deuxième guitariste était pote avec Phil de LOFOFORA depuis déjà des années, et un jour on a eu un problème de bassiste, et il a fallu le remplacer et puis il nous a proposé « Ben il y a Phil en ce moment qui est un peu en stand-by », ils avaient annulé une tournée avec LOFOFORA et puis il est venu nous dépanner.
Et en venant nous dépanner, en voyant l’atmosphère et la qualité musicale qu’il y avait dans ce groupe-là, ça lui a beaucoup plus. Il a voulu rester avec nous et puis de fil en aiguille, quand on est resté trois ans…
Il faisait l’allée et venue entre LOFOFORA et puis NOXIOUS ENJOYMENT quand il était disponible et quand Farid a décidé de quitter le groupe, ça faisait déjà trois années qu’on jouait ensemble et il y avait une bonne entente. Humainement on s’entendait très bien avec Phil, il a pensé à moi pour le remplacer et il l’a proposé aux autres.
J’ai passé une audition, et puis depuis j’y suis toujours.
Et justement quand tu as rejoint LOFOFORA , est ce qu’il y a un morceau que tu voulais jouer, dont tu te disais « ce morceau-là je veux le jouer en live » ? Est-ce que tu avais un morceau de prédilection on va dire ?
J’ai jamais demandé de morceau de prédilection mais le morceau que vraiment live où j’ai pas participé et que j’aime beaucoup à jouer c’est « Dur comme fer ». Là c’est un album qui m’avait beaucoup beaucoup touché, et ce morceau-là c’est vraiment un truc qui me donnait vraiment envie de jouer et ça te rentre dans les tripes, moi ça me met un peu en transe comme morceau à jouer sur scène. J’aime beaucoup ce morceau-là.
Ben justement il y a beaucoup de personnes qui restent encore collées aux premiers albums de LOFOFORA. Est-ce que toi ça te pose un problème ?
Ah pas du tout. Non pas du tout puisque bon ça fait partie de l’histoire du groupe et puis j’écoutais aussi ces albums-là, et j’ai beaucoup aimé. J’arrive avec mon style, ma façon de faire, ma façon de concevoir la musique… qui s’accorde aussi avec les autres, le groupe a pris aussi d’autres directions, avec d’autres influences.
Puis on peut pas refaire sans arrêt aussi ce qui a déjà été fait avant. C’était déjà tellement bien fait, à leur façon, dans le contexte que ça a été fait, à l’époque où ça a été fait. Ça ne me pose aucun problème parce que c’est des albums que j’aime beaucoup aussi.
Comment est-ce que tu composes au sein de LOFOFORA? Comment est-ce qu’un titre est composé ?
En général on a chacun plus ou moins les idées, souvent c’est Phil ou moi au niveau musical. On les emmène en répèt’, tu vois les jets et si ça plait à tout le monde, on commence à broder dessus, chacun après amène ses modifications.
Et le morceau se décompose vraiment, d’autres idées viennent se rajouter à l’idée principale, et on essaie vraiment au maximum de composer tous ensemble.Même Reuno est là, il participe aussi.
Selon la musique, comment elle évolue, la mélodie qui se passe, il écrit, ça lui inspire des textes. Et puis comme il entend, il arrive à placer plus ou moins une voix sur ce qu’il entend et il nous guide des fois aussi pour la structure, pour certaines idées…
Vraiment on participe tous à la composition.
Par rapport à LOFOFORA, tu dis justement que c’est un groupe qui a un peu d’ancienneté et qui sait jouer et de manière globale. LOFOFORA, pour beaucoup de personnes c’est un peu le papa d’une scène qui a émergé. Il y a pas mal de groupes qui sont arrivés dans leur sillage. Est-ce que toi tu en es vraiment conscient, de même pour le groupe, d’être un peu le précurseur de cette scène française ?
Au moment où je suis arrivé il y a pas mal de groupes qui avaient été influencés par LOFOFORA, que j’ai vu émergés. Ils se ressemblaient plus ou moins… On sentait qu’il y avait une inspiration par rapport au chant et par rapport aux compositions. Et certains de ces groupes ont continué, ont fait leur chemin.
Mais je suis arrivé vraiment au moment où c’était déjà fait.
Et par rapport justement à LOFOFORA, qui quand tu es arrivé avait déjà sorti quelques albums. Est-ce que tu pourrais nous décrire vraiment pour toi chaque album de LOFOFORA.
Parmi ceux où je n’étais pas dessus, « Dur comme fer » est le plus important, par rapport à ce que j’ai vécu dans ma vie à ce moment-là. Il m’a vraiment apporté beaucoup de choses. Cet un album qui me tient à cœur, et reste un de mes albums de référence tous styles musicaux confondus.
Et puis après dans ce que j’ai participé c’est une évolution, c’est à chaque fois une aventure différente. Sur mon premier album avec LOFOFORA, « Le fond et la forme », je découvrais, j’arrivais, et je ne savais pas dans quelle direction j’allais ou ce que je pouvais apporter.
J’étais quand même pas mal tendu pour faire cet album-là.
Pour chaque album, ça prendrait beaucoup de temps d’expliquer tout ce qu’on peut vivre mais c’est à chaque fois très intense. C’est difficile à expliquer, il faut le vivre
LOFOFORA est sur la scène depuis longtemps maintenant, plus de 20 ans. Aujourd’hui tu as joué pour LE BAL DES ENRAGES. Quand tu joues avec LOFOFORA, quel est le public que tu rencontres, plutôt des jeunes ou plutôt des mecs qui ont la trentaine, la quarantaine… ?
Avec LOFOFORA ce qui est marrant, et même avec LE BAL DES ENRAGES d’ailleurs, c’est à peu près la même chose, c’est que y a toujours tu vois le noyau dur qui suivait le groupe depuis le début, qui continue à le suivre, et qui ont aussi entraîné leurs enfants là-dedans.
Il y a un renouvellement, il y a plusieurs classes d’âge, c’est ça qui est intéressant. Il y a des jeunes qui reviennent encore aujourd’hui, qui viennent découvrir, qui découvrent.
Sur la tournée du dernier album, on voyait des jeunes qui avaient 18 ans, voire un peu plus jeunes. C’était la première fois qu’ils nous voyaient, ils avaient découvert le groupe avec le dernier album et ils remontaient les autres albums.
Ça se renouvelle, ça fait chaud au cœur, parce que tu dis tiens, tant qu’il y a du monde, tant qu’il y a des gens, tant qu’on plait aux gens, on pourra continuer de faire ce qu’on a envie de faire
Ok, on va parler de la suite maintenant. « L’épreuve du contraire » c’était il y a deux années, « L’épreuve du concert » l’année dernière, album live, est-ce qu’il va y avoir une suite ? Est-ce que la production a commencé ?
Il y a une suite.
Pour l’instant, on en parle pas trop parce qu’on vient de se lancer dedans. C’est complètement différent de ce que l’on fait habituellement. On va voir jusqu’où ça va nous mener mais ça fait quelques années qu’on parle de ça, qu’on a envie de la faire, et puis les choses trainaient.LE BAL DES ENRAGES est arrivé et ça nous a pris beaucoup de temps. On s’est retrouvé là il y a pas longtemps, la semaine dernière, on a pu discuter de ce qu’on avait envie de faire prochainement, une fois que LE BAL DES ENRAGES se termine, à l’automne.
Et là ça prend forme, donc pour l’instant c’est en construction, pour l’instant je préfère rien dire, et on est dessus, c’est vraiment le début, on est en train de se proposer les idées, on va voir mais ça va être complètement différent. Un domaine qu’on ne connait pas bien, et qu’on a envie d’exploiter.
Alors justement j’ai entendu dire qu’il devait y avoir un DVD qui devait sortir ?
Ouais, normalement aussi, donc ce projet-là pourrait en faire partie. On sait pas encore trop quand il pourra se faire. On avait enregistré un live aussi au Val d’Ajol l’automne dernier. Ces images pourront aussi servir. Ce sera surement en cours d’année prochaine.
De nos jours il y a beaucoup de groupes qui font des tournées anniversaire, pour les 10/15/20 ans. Est-ce qu’on peut dire 96 : « Peuh ! », 2016 : tournée « Peuh ! », 99, tournée « Dur comme fer » ?
Non, je crois pas (rires).
C’est pas trop notre truc, on a du mal un peu à comprendre ces groupes qui font des tournées pour juste un album qui a été fait il y a quelques années. Les choses évoluent, la vie évolue, on fait avec ce qu’on fait dernièrement, on rajoute des choses qu’on a fait avant parce qu’elles nous plaisent, nous donnent envie de rejouer, mais refaire une tournée sur un album qui a été fait il y a quelques années… je ne vois vraiment pas l’intérêt.
Par rapport à LOFOFORA justement, on le sait, les paroles sont, en général, engagées. Est-ce que pour toi c’est une conviction naturelle ?
Reuno n’aime pas trop le terme « engagé ». Je trouve que ce sont des paroles qui touchent les gens. Reuno met des mots sur leurs sentiments.
C’est l’impression que ça me fait. Il y a aussi des coups de gueule, des ras le bol, des paroles sur des choses qui nous plaisent pas, qui nous pourrissent la vie, et qu’on ne peut pas changer.
Il faut pouvoir le sortir, pouvoir l’exprimer et essayer de déclencher quelque chose en certaines personnes.
Mis à part LOFOFORA, tu as d’autres projets ?
Il y a LE BAL DES ENRAGES. NOXIOUS ENJOYMENT il y a quelques années, mais depuis que ça s’est arrêté, je n’ai jamais repris. J’ai quelques idées, mais j’ai jamais rien concrétisé pour l’instant. On verra bien.
Pour toi quelle est la différence majeure quand tu joues en live avec LE BAL DES ENRAGES par rapport à LOFOFORA ?
Ce n’est pas un concert où tu es tout le temps présent sur scène. Tous les morceaux ont été composés par d’autres groupes, que nous écoutions plus jeunes, qui nous ont inspiré, voire amené à faire de la musique.
Devoir les rejouer, connaitre leur façon de faire, ça m’a amené beaucoup de choses dans mon jeu de guitare. Ca m’a ouvert à plus de choses. C’était vraiment une très très bonne expérience.
Je suis vraiment content d’avoir pu vivre ça parce que c’est très riche, à tous les niveaux, pour apprendre, pour partager. En plus on joue avec tous les copains avec qui on passe vraiment de supers moments.
Et le public est vraiment fan, parce que c’est aussi les standards qu’ils adorent entendre, c’est une communion qu’on fait tous ensemble. C’est génial!
Est-ce que tu as des derniers mots que tu veux partager ?
Je suis bien content d’être au Hellfest parce que, déjà, on a échappé à la pluie et parce qu’il y a plein de changements au niveau déco. La Warzone a été réaménagée, il n’y a plus cet étranglement. On dirait qu’il y a plus de monde. Plein de gens sourient, ça fait toujours plaisir à voir. Voilà, c’est cool. Je suis content d’être là.
Merci à Maedlyn, Arnaud, Léo ainsi que Jeremy.
LOFOFORA
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