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MOONREICH : Interview de Weddir

Weddir est le fondateur de MOONREICH, un groupe de black métal français qui a commencé ses faits en 2008. Le troisième album, Pillars of Detest, est en route et sera distribué par Les Acteurs de l’Ombre. Bref c’est le moment pour poser quelques questions.

Salut Weddir, merci de répondre à cette interview. Commençons par parler de ton groupe, MOONREICH, peux-tu le présenter pour ceux qui ne le connaissent pas encore ?

Salut à toi, et bien j’ai fondé MOONREICH fin 2008, il s’agissait au départ d’un projet solo. Tu te poses plein de questions à ce moment-là comme : “Où est-ce que je veux aller avec ce projet, quelles en sont les ambitions ? Faire du live ? “. Je me suis vite rendu compte que le meilleur moyen d’avoir un projet cohérent et sincère, c’était justement de ne pas se poser de question et de foncer, de faire la musique que j’avais envie de faire, d’aborder les sujets que j’avais envie d’aborder, sans se poser la moindre barrière. Les années ont passé, les albums et EPs également, ce n’est plus un projet solo depuis le premier album, bien que le line-up ait pas mal bougé au fil des années. Nous voilà donc de retour avec un nouvel album et un nouveau line-up. Autant te dire qu’on en veut et qu’on est plus hargneux que jamais.

Tu es actif depuis presque dix années dans la scène du black métal français. Peux-tu revenir en arrière et nous parler de ton intérêt pour la musique, comment est-ce que tout cela a commencé ?

Dix ans d’activité sans doute pas, j’ai aujourd’hui 23 ans. Mais j’ai effectivement assisté à mon premier concert de metal extrême il y a tout juste 10 ans. C’était ARCTURUS et RED HARVEST à la LOCO. J’ai baigné là-dedans depuis très jeune, je n’ai jamais lâché l’affaire. J’ai été investi dans la scène quelques années de 2008 à 2010, je donnais des coups de mains à des organisations de concerts. Mais MOONREICH grandissant et préférant me concentrer sur ce projet, j’ai arrêté. Je ne suis actif qu’en tant que musicien à présent, cela prend déjà un temps considérable.

D’ailleurs quelles étaient tes influences à l’époque ? En écoutant MOONREICH on ressent la patte du black métal Suédois, comme MARDUK ou encore DARK FUNERAL pour ne citer qu’eux.

Effectivement, le Black suédois a été, et est toujours une influence pour moi. C’est avec ces groupes que j’ai vraiment découvert le Black metal, je les écoute toujours aujourd’hui et ils font encore de très bons albums à mon goût. Mais comme tu peux le ressentir en écoutant le premier EP “Zoon Politikon“, j’écoutais aussi pas mal de punk à l’époque, je n’en écoute plus du tout maintenant. Les influences, ça va ça vient, j’écoute absolument de tout, et j’écoute plein de choses en dehors du metal.

Comment se sont passés tes débuts en tant que musicien ? Peux-tu nous parler de ton matériel de l’époque et nous dire comment tu as appris à jouer ?

Je n’ai jamais vraiment appris à jouer en fait. J’ai juste pris une guitare, au début tu fais des powerchords bateaux, ça suffit quand tu exécutes un black metal traditionnel comme c’était le cas au début. J’ai juste appris au fil du temps, à force d’écouter beaucoup de musique, c’est naturel, je n’ai jamais pris de cours de musique, je ne connais rien au solfège et je ne pratique jamais d’exercices, de gammes ou autre. Je ne suis pas fan de tout l’aspect “technique” de la guitare, pour moi la musique ce n’est qu’une question d’émotion, le niveau technique d’un musicien ne devrait pas entrer en ligne de compte si tu veux le juger.

L’enregistrement de Zoon Politikon s’est effectué avec le peu de matériel que j’avais à l’époque, c’est à dire une Jackson d’entrée de gamme et un cube roland 15w. C’était assez précaire mais le son obtenu collait bien avec ce que je voulais à l’époque. Avec le temps j’ai acquis du matériel et de l’aisance avec la guitare et la composition.

Comment a été créé MOONREICH et quel était son but à l’origine ? As-tu « dévié » de ton but initial ?

J’ai formé MOONREICH en tant que projet solo au tout début. L’unique but de ce projet est toujours le même, il n’a jamais changé : faire une musique sans concession, c’est à dire une musique qui nous plait, sans suivre les effets de mode ni rien. Chaque album est unique car il reflète mes influences et mes goûts du moment. On a pas mal évolué musicalement depuis le début, ça sera carrément flagrant sur l’album à venir, je n’en dirai pas plus à ce sujet.

Le premier EP, Zoon Politikon sort en 2009 et s’en suit ton premier album « Loi Martial » en 2009, un autre EP suit en 2012 « Curse Them » puis le second album, Terribilis Est Locus Iste est sorti en 2013. Quel regard as-tu sur la discographie de MOONREICH ?

Comme je disais, chaque album ou EP est unique et représente un moment différent de nos vies. Je ne regrette pas le moindre morceau ni la moindre note de ces sorties. Je n’ai pas d’album préféré ni d’album dont j’ai honte, ils sont tous spontanés et apportent chacun une pierre à l’édifice MOONREICH.

Et si tu devais résumer en quelques mots chaque album / EP, quel mot choisirais-tu ?

Zoon Politikon : Spontanéité, punk, old school !

Loi Martiale : Guerre, album du début.

Curse Them : Violence, anti-religieux, hargne.

Terribilis : Sombre, dissonant, dynamique.

Pillars of Detest (album à venir) : variété musicale, abouti, véhément !

Les albums ont permis de mettre en avant un MOONREICH qui sait jouer entre des parties très violentes et entrecouper par des mesures des mid tempo. Pourrais-tu nous présenter ta méthode de composition ? Comment fais-tu pour créer un titre ?

Effectivement, je n’aime pas la monotonie. J’aime écouter de la musique qui me fait voyager, c’est ce que j’appelle de la musique dynamique. Quand je compose, j’aime proposer un voyage à l’auditeur. Cela passe effectivement par une grande variété de tempos, de riffs et d’ambiances, j’aime proposer une partie rapide et juste après ralentir et envoyer un gros riff bien lourd, ça permet de balader l’auditeur entre plusieurs émotions, c’est ce que j’aime dans la musique. Je n’ai pas de “règle” quand je compose, c’est une question de ressenti, ça vient naturellement. Ça me fait un peu rire quand j’entends des musiciens dire qu’il leur faut être sous prod pour composer, ou qu’il leur faut s’exiler dans la montagne ou je ne sais où. Donne-moi une guitare, je joue et je compose dans n’importe quel état d’esprit.

Loi martial ne comportait que des titres en français alors que Terribilis Est Locus Iste ne dispose que de titre en anglais. Pourquoi avoir choisi ce revirement ?

On n’a pas vraiment choisi ce revirement, c’est juste venu naturellement. Peut-être qu’un jour on refera quelques chansons en français, on ne s’interdit rien.

Peux-tu également nous présenter ton matériel utilisé pour les enregistrements ainsi que pour les concerts ?

Bien sûr, je possède trois guitares dont deux Jackson. J’adore le confort de jeu de ces guitares, elles sont incroyables.

Une Jackson Dinky avec la tête inversée, j’adore son look et ses micros EMG en font une véritable arme !

Une Jackson flying V d’entrée de gamme mais que j’adore ! Je joue toujours dessus aujourd’hui. On pourrait penser que les micros “Jackson” sont mauvais, mais figure-toi qu’ils sont en fait très corrects. J’ai un jour emmené cette guitare pour mettre des micros EMG, mon luthier l’a essayée et n’a pas voulu me le faire car les micros Jackson font du super boulot.

J’ai également une vieille Charvel, qui est hors d’état de marche, j’aimerai bien la faire réparer à l’occasion. Niveau ampli, je joue depuis 3 ans sur une tête ENGL Fireball 60 watts. Je suis absolument fan de cet ampli.

MOONREICH est un groupe avec une très forte présence en live. Malgré ton expérience en tant que guitariste, chanteur et bassiste il m’est tout de même difficile de croire que jamais tu n’as dû faire face à un problème sur scène. As-tu un mauvais souvenir de scène à nous faire partager ainsi que ton meilleur ?

J’ai bien sûr quelques mauvais souvenirs de concerts. Mais la plupart du temps c’est de notre faute. Je pense à une date en France, c’était la première d’une série de concerts et j’avais fait la fête toute la nuit la veille, je n’avais pas dormi du tout. Le soir, le mélange alcool + nuit blanche sur scène a été désastreux, je n’étais pas accordé et je ne bougeais pas. J’avais juste envie que le concert se termine rapidement. Mon meilleur souvenir reste pour l’instant notre tournée Européenne en compagnie de GORGOROTH et VITAL REMAINS. C’était notre première tournée en conditions vraiment pro. Tu joues tous les soirs dans de grosses salles, les conditions de jeu sont toujours parfaites, tu as toujours un super son et un public nombreux. C’était absolument magique.

Terribilis Est Locus Iste” a la caractéristique d’avoir des titres plutôt longs, entre 7 et 8 minutes et même presque 10 pour le titre “Hidden Mystical World”. N’est-il pas difficile de jouer d’aussi longs titres une fois sur scène ? De même ça ne doit pas être évident de garder “l’audience” attentionnée pour une si longue durée.

Pour être honnête, on ne se pose même pas la question. Pour rebondir sur ce que je disais plus haut, ce genre de morceau permet de varier les ambiances, ainsi dans une chanson, tu passes par plusieurs “phases”. J’essaie le plus possible de composer des morceaux dynamiques. Par exemple, quand j’écoute un morceau de SHINING qui fait presque 20 min, je ne me rends même pas compte de la longueur car c’est bien composé. On n’a jamais eu de mauvais retours concernant ces morceaux sur scène. Même en les jouant en live, je n’ai pas l’impression qu’ils fassent 10 minutes.

Au fait, utilises-tu encore le même “corpse paint”, je veux dire par là les bandages ? Ça doit surement être lié aux paroles, peux-tu nous en parler ?

C’est certes lié aux textes mais c’est surtout un choix esthétique. Cela nous permet de nous démarquer un peu de ce que font les autres groupes, et ce n’est pas plus mal.

Une petite recherche met en avant que tu es également actif dans d’autres formations comme dans GLORIOR BELLI, mais également dans CHADEN ou encore dans AEVLORD en tant que bassiste. Ne t’est-il pas trop difficile d’être présent dans autant de formations ?

Je n’ai jamais fait partie des deux derniers groupes que tu as cités, je les ai juste dépannés pour quelques dates.

A ce jour, je suis investi au sein de MOONREICH et GLORIOR BELLI en tant que guitariste. Ce n’est pas vraiment dérangeant car ce ne sont pas des groupes qui tournent à tout va. Il y a seulement quelques concerts de temps à autres, l’un n’empiète pas sur l’autre.

Parlons un peu du futur. MOONREICH a été enregistré au Ferrailleur et tu fais désormais partie du roster des Acteurs de l’Ombre, label spécialisé dirons-nous dans le style du black métal et autres styles déviants, avec des groupes comme THE GREAT OLD ONE, SUHNOPFER ou encore PENSEES NOCTURNES. Comment s’est déroulée votre rencontre et pourquoi LADLO et non un autre label ?

Je connais Gérald des Acteurs de l’ombre depuis des années. On s’était recroisés en 2013 quand nous sortions Terribilis Est Locus Iste. Il avait grandement apprécié cet album et savait qu’on était arrivés au terme de notre contrat avec notre ancien label. Il m’a donc demandé de lui envoyer régulièrement de nouvelles maquettes, ce que j’ai fait. Il s’est montré intéressé pour que MOONREICH rejoigne les rangs de LADLO Prod. Nous avons immédiatement accepté, au vu de la qualité du travail que fourni ce label, et de la qualité de ses groupes.

Votre dernier album “Terribilis Est Locus Iste” était particulièrement bon. Que pouvons-nous attendre du prochain album ? Sera-t-il dans la continuité du précédent ou bien différent ?

Il s’agira d’un virage musical, c’est sûr. Je n’en dis pas plus pour le moment mais il s’agit là de la musique la plus aboutie et la plus diversifiée que nous ayons pu faire. J’en suis très fier.

Deux albums sont déjà sortis et le troisième devrait voir le jour en septembre. As-tu senti des changements au sein du groupe ou est-il le même qu’à ses débuts et n’a que peu “évolué” ?

Le groupe a considérablement évolué, on dispose d’un tout nouveau line-up, composé de musiciens très talentueux, on a hâte de remonter sur les planches.

Comment vois-tu MOONREICH pour le futur, d’ici 5 ans ? Veux-tu continuer ainsi ou veux-tu conclure quelque chose puis passer sur un autre projet ?

On va continuer quoi qu’il arrive sur ce rythme et proposer de la musique qui nous correspond et qui colle avec nos influences. Je ne me vois absolument pas arrêter le groupe pour repartir sur autre chose. C’est le projet d’une vie et c’est ce qu’on sait faire de mieux, on n’est pas prêts de s’arrêter, ce n’est que le début de l’aventure.

En tant qu’acteur dans la scène du black Metal français quels sont les jugements, ou le regard que tu portes sur cette dernière ?

Nous avons en France des groupes très talentueux, je pense notamment à DEATHSPELL OMEGA, MIME ou encore ORAKLE. Il y a du bon et du moins bon, il faut savoir faire le tri, c’est comme partout.

L’interview s’achève ici. Si tu as des questions additionnelles ou des remerciements c’est le moment.
Merci à toi pour ton intérêt et ton temps.

MOONREICH
Site Web : http://www.moonreich.com/
Facebook : https://www.facebook.com/Moonreich?fref=ts

Je tiens à remercier Blandine des Acteurs des Ombres ainsi que Maedlyn pour leurs aides.

Silenius

Gérant du site.

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