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SETH : Interview de Heimoth

Heimoth, membre fondateur de SETH, groupe pionnier de black metal français, a répondu aux questions de Guitariste-Metal.fr lors de l’édition du Hellfest 2014. Au programme, ce dernier nous parle de la création de SETH et de son regard sur la discographie du groupe, ainsi que du futur du groupe et d’un clip à paraître aux environs de la rentrée.

Seth

 

Salut Heimoth ! Comment vas-tu et comment va SETH ? Je sais que vous avez beaucoup tourné ces derniers temps.

En effet nous avons fait une tournée d’une vingtaine de dates avec PESTILENCE et nous avons pu mettre en avant notre nouvel album « The Howling Spirit ». Tout se passe donc bien pour SETH.

Parlons un peu de ton introduction à la musique, comment es-tu tombé dedans ?

Je faisais de la guitare classique alors que j’étais enfant et j’ai vite eu envie de passer à autre chose au bout de deux années, sûrement était-ce dû au fait qu’il y avait beaucoup de cours, et j’ai donc fini par arrêter.

Plus tard, alors que j’avais environ douze ans et que j’étais en quatrième, j’ai repris la guitare et j’ai fait de la guitare électrique avec des potes avec lesquels nous avons monté un petit groupe.

Quelles étaient tes inspirations à l’époque, que ce soit des groupes ou des artistes ? Quels ont été tes albums coups de cœur ?

Les premiers groupes qui m’ont vraiment fait jouer de la guitare furent METALLICA et MEGADETH. J’ai donc eu une influence typique trash des guitaristes de l’époque, vers 91-93, avec également un peu de SLAYER mais que je trouvais un peu plus compliqué à jouer.

Te souviens-tu du premier concert que tu aies vu ?

Oui, j’ai vu DEATH avec Chuck à Bordeaux en 1995. C’est un concert que j’ai trouvé génial et qui m’a vraiment marqué.

En effet, voir DEATH avec Chuck ça devait être quelque chose ! Parlons un peu guitare maintenant. Comment as-tu appris à jouer de la guitare ? As-tu commencé avec des cours ou en autodidacte ?

Je n’ai pas pris de cours, je suivais les tablatures d’autres groupes et puis j’ai créé SETH plus tard. Mais avant cela je jouais souvent seul, pendant au moins deux ans. A l’époque j’étais à Marseille quand j’ai commencé la gratte en 4ème, puis je suis allé sur Bordeaux, où j’ai vraiment joué seul, et j’ai créé SETH. J’étais jeune quoi ! J’ai commencé le groupe alors que j’avais 16 ans.

Et à l’époque quel a été ton premier modèle de guitare ?

A l’époque ? ! J’avais une Charvel type Fender, elle était blanche et rouge, et j’avais un Park de chez Marshall, ça marchait bien à l’époque.

Tu nous as parlé des débuts de SETH, peux-tu nous faire partager quelques informations au sujet de la création de SETH ?

Je voulais faire un groupe de black métal, tout simplement, et j’ai rencontré d’autres personnes sur Bordeaux qui voulaient également faire du black métal, dont un batteur qui jouait avant dans ASGARD. Le chanteur, quant à lui, nous a rejoints plus tard.

Les compositions de SETH, dès votre premier album, le très remarqué “Les Blessures de l’âme”, varient entre parties acoustiques, rythmiques très mélodiques et d’autres très carrés. Peux-tu nous donner tes façons de composer ?

Hé bien je faisais comme tout le monde, j’utilisais le solfège et je faisais des riffs, de tête, sans rien enregistrer, chez moi. Je présentais ensuite la compo au batteur et nous composions ensemble ensuite, malgré que je composais principalement seul. Comme dit, rien n’était enregistré, ce qui nous laissait pas mal de possibilités d’arrangements.

Comment s’est déroulée votre rencontre avec Season of Mist lors du premier album de SETH, “Les blessures de l’âme” ?

Season of Mist sont de Marseille, et j’y habitais à l’époque, je connaissais donc un peu leurs sorties, mais également Mika (ndlr : le chef du label). A l’époque, en 1997, on avait sorti notre mini cd sur un petit label, et nous nous étions rapprochés par la suite de Season of Mist.

Peux-tu nous dire pourquoi avez-vous décidé à l’époque de joindre OSMOSE PRODUCTIONS pour votre second album, “l’Excellence” ?

C’était un choix de rejoindre Osmose Production même si, à l’époque, nous avions à sortir deux albums chez Season of Mist, mais avons refusé cela. Mais avant ce changement nous avons également sorti « War Vol III » chez Season of Mist, en 2000. C’était un contest entre deux groupes, où chacun reprenait un titre de l’autre. On avait fait ça avec un groupe qui s’appelait CULTUS SANGUINE, un groupe italien. On a même fait une reprise de DEPECHE MODE, « Behind the Weel ».

D’ailleurs pour ce second album, « L’Excellence », comment c’était passé votre enregistrement à l’Abyss Studio et ta rencontre avec Peter Tägtgren?

Pour être précis, l’enregistrement n’a pas été fait à l’Abyss Studio mais le mastering a été fait par Peter Tätgren. Les deux premiers albums ont été enregistrés à Bordeaux mais nous n’avons jamais été satisfaits de notre son, de notre production. A l’époque nous ne voulions pas sortir notre premier album tellement que nous étions insatisfaits de notre son et la production, ce qui était également le cas pour le second album avec une prod très très faiblarde.

Heureusement que tu as quand même bien voulu sortir ces deux premiers albums ! Continuons de parler de la discographie de SETH qui a évolué au fil de ses cinq albums. Si tu devais définir par un mot ou une phrase chaque album de SETH depuis sa création, quel serait-il/elle ?

1998 : Les blessures de l’âme : Surprise

2000 : L’Excellence : Satisfaction au niveau de la composition mais le son lui pêche un peu

2002 : Divine-X : Enregistré en Hollande avec un son trop froid

2004 : Era-Decay : Nous avons commencé à être contents de la prod à partir de cet album là !

2013 : The Howling Spirit : Il s’agit de l’album dont nous sommes le plus satisfaits, du moins en ce qui me concerne, car c’est un album qui a su grandir de par sa forme et sa production. On a passé le temps qu’il fallait au Drudenhaus Studio pour peaufiner tout ça et l’ambiance a bien su mettre en valeur l’ensemble des passages assez ritualistes.

Tu sembles être assez strict par rapport à votre son. Parlons donc un peu matériel, quel est le matériel utilisé pour les concerts et pour le studio ?

Pour la tournée 2014 nous avions une tête Rectifier de chez Mesa Boogie, je l’ai trouvée sympa avec une très bonne attaque.

Chez moi j’utilise un Laboga Mr. Hector mais je pense peut-être changer pour un Mesa Boogie. Nous avons également utilisé une tête Marshall VHM pour l’enregistrement du dernier album, « The Howling Spirit ».

Pour parler guitare j’ai une Rhandy Rhoads Jackson avec des micros Dimarzio, j’ai également une ESP type Gibson ainsi qu’une Lag Rockline. Je n’ai pas vraiment ce que l’on peut appeler du « mega matos » mais j’attends de m’acheter une très bonne gratte type Jackson US ou Mexicaine.

En parlant live, je t’ai vu à Colmar il y a quelques mois et tu avais un bandeau au coude, du coup je me pose la question, as-tu déjà été sujet à des tendinites dues à la guitare ?

Non, c’est une bande que je mets autour du bras mais tu as raison de demander ça car il ne faut pas trop serrer sa main, surtout avec tous les aller-retour, sinon ça commence à chauffer.

Vu que tu nous donnes un conseil, quels conseils pourrais-tu donner à un nouveau guitariste ?

Déjà il faudra qu’il trouve les partitions, mais à ce que je sache nous n’avons pas de partitions en ligne, ça pourrait être intéressant d’en partager d’ailleurs. Sinon, au niveau des conseils, je dirais qu’il ne faut pas se décourager, qu’il faut connaître sa rythmique au niveau de la main droite. Il faut tout de même avoir une base assez importante, comme celle que j’ai acquise par exemple en jouant du Thrash qui comporte quand même pas mal de techniques différentes.

En effet il faut être assez patient ! De ton côté combien de temps joues-tu par semaine ?

Carrément pas assez ! Si mon guitariste Cyriex était là, il te dirait que je ne m’exerce pas assez. En fait je suis plus un guitariste compositeur qu’un guitariste virtuose si tu veux, on va donc dire que je manque d’exercice. Je préfère jouer de la guitare créativement plutôt que d’essayer de refaire des solos de tel ou tel groupe, j’en ai fait assez quand j’étais gosse.

Tu joues également au clavier dans SETH et dans DECREPIT SPECTRE, penses-tu mettre plus en avant cet instrument par la suite au sein de SETH ? Un morceau qui contient beaucoup de clavier a été rajouté sur la réédition des « Blessures de l’âme ».

Sur la réédition des « Blessures de l’âme » tu peux entendre deux démos, tirées de « War. Vol 3 », dont « Les Sévices de la Peste » qui a été enregistré juste après l’album « Les blessures de l’âme », en 1999. On l’a rajouté car c’est un morceau qui était vraiment méconnu. Mais non, dans le nouveau SETH on n’utilise quasiment pas de synthé. Si je venais à utiliser à nouveau les synthés ça ne serait vraiment pas comme on les utilisait à l’époque, on les utiliserait de manière plus subtile, en direction d’une atmosphère feutrée.

Au sujet de DECREPIT SPECTRE, joues-tu avec eux ou dans une autre formation ?

Non, j’avais joué avec REVERENCE à un moment donné, on avait fait pas mal de concerts, mais concernant DECREPIT SPECTRE dont tu parlais c’est vraiment un projet, donc on ne fait pas de concert. En dehors de SETH, je joue également avec une pianiste dans un groupe assez original qui se nomme SAI (Saturated Amplification Instrument) (formé par Heimoth, Nicolas Horvath et LSK (RIP) ) on joue des fois dans des musées, comme à Perpignan par exemple. C’est vraiment une autre ambiance, on reprend les classiques minimalistes, par exemple je suis à la guitare saturée et on reprend des vieilles œuvres des années 60.

C’est assez original en effet ! Pour parler de l’actualité de SETH, quels retours as-tu reçus sur le dernier album, une année après la sortie de “The Howling Spirit” ? As-tu quelques regrets ?

Nous avons reçu de très bons retours, on était vraiment contents de ce que l’on a fait. On a enfin atteint un bon niveau de production, en tout cas par rapport à nos attentes. Nous avons enregistré l’album au Drudenhaus Studio (ndlr : studio de feu ANOREXIA NERVOSA) et les retours ont été bons que ce soit pour le son et les compositions. Les titres sont également bien acceptés par le public sur scène.

 

L’album a donc été enregistré au Drudenhaus Studio, peux-tu nous donner des informations concernant le déroulement de l’enregistrement ainsi que le matériel utilisé ?

On a enregistré justement avec la tête Marshall VHM dont je te parlais tout à l’heure et un réenregistrement a été fait avec une tête Krank, pour avoir une deuxième piste avec plus d’attaque par rapport au VHM. On avait aussi quelques pédales d’overdrive et l’enregistrement s’est fait avec une bonne Gibson LesPaul et une guitare custom de notre guitariste Cyriex.

Sur ce dernier album, “The Howling Spirit”, il y ressort un black metal plus technique et moderne mais encore relativement mélodique. Quel est le morceau qui vous a donné le plus de fil à retordre ?

Il y a des titres que l’on n’a pas joués sur scène car ils sont difficiles à rejouer, comme « Dicing with Death » sur notre dernier album « The howling spirit ». C’est un titre très long, très atmosphérique et très épique, que j’adorerais refaire sur scène mais pour l’instant on va dire que c’est peut-être un peu trop tôt. Le titre contient pas mal de subtilités à droite et à gauche au niveau de la guitare pour tout te dire.

En parlant des précédents albums de SETH, quel est l’album qui a été le plus vendu et apprécié selon toi ?

Le plus vendu est surement le premier, « Les blessures de l’âme », avec le second, “L’Excellence“. Cela correspond non seulement aux attentes du moment mais aussi à la période de vente de CD qui commençait tout juste à décliner. Vers 2003/2004 le marché a sérieusement commencé à prendre un coup.

Justement, j’allais y venir. « Les Blessures de l’âme » a eu un très grand impact sur la scène BM en France, tout du moins pour ma part. Beaucoup citent SETH comme pionnier de la scène de BM en France. Qu’en penses-tu ?

C’est sûr que oui c’est un album qui a marqué l’époque. Maintenant pourquoi ? Simplement car nous étions pratiquement les seuls, nous étions parmi les pionniers en France mais aussi du fait que nous devions être parmi les premiers qui pouvait assurer sur la scène black française par rapport à ce qui se faisait à l’étranger avec un black très intense et très mélodique et des passages folks qui plaisaient bien à l’époque. Je pense que les gens étaient contents d’entendre ces mélodies-là.

En effet, c’était vraiment un album très apprécié et novateur. Parlons un peu du futur de SETH désormais, avez-vous déjà commencé à plancher sur un prochain album ? Si oui quel serait le thème et la direction musicale de l’album ?

On essaie de se remettre à la composition pour un prochain album, mais c’est un peu difficile, il va falloir que l’on se concentre. Je commence à composer un petit peu mais ça reste vraiment à un stade embryonnaire. Ca sortira quand ça sortira, aucune date n’est prévue.

Donc les plans pour SETH en 2014 est de continuer de faire des dates ?

Oui, on va continuer de faire des dates officiellement et officieusement on va se mettre au boulot.

Vous êtes donc relativement actifs avec des tournées cette année. Avec quels groupes aimeriez-vous partir en tournée ?

On va dire avec des amis, donc avec DODHEIMSGARD, ce sont des gars que je connais bien.

Etant donné que vous tournez beaucoup, avez-vous déjà pensé à faire un album live ?

En effet on a pas mal d’enregistrements de lives depuis la tournée donc si on peut on va le faire. Peut-être plus un DVD qu’un album.

Heimoth au Hellfest 2014

Ce serait sympa ! Passons à des questions un peu plus globales ! Que penses-tu de la scène de black métal française de l’époque, celle de la fin des années 90, et de celle de nos jours ?

Il y a eu une évolution énorme, peut être plus au niveau de la quantité que de la qualité. Je pense qu’il y a pas mal de groupes qui se perdent en faisant la même chose. Je souffre un peu de cet amas de groupe de black métal actuel.

Tu veux dire qu’il y a trop de groupes à écouter avec les moyens actuels, comme avec YouTube par exemple ?

Oui voilà, tu es noyé, c’est un peu comme si la scène se marchait dessus. De nos jours c’est difficile mais c’est aussi parce qu’il y a beaucoup de groupes, la scène sature donc peut-être un peu d’elle-même.

Etant donné que nous sommes au Hellfest peux-tu nous dire quels groupes vas-tu regarder ce week end au festival ?

Hier soir j’ai vu DEATH, j’ai trouvé ça fantastique, même sans Chuck. J’ai également vu TOXIC HOLOCAUST, c’était pas mal, INCANTATION, LOUDBLAST également, on est très bons amis (ndlr : Stéphane Buriez a fait le remaster des « Blessures de l’âme » ). Aujourd’hui peut-être que j’irai voir SHINING et CARCASS ce soir. Pour demain je pense aller voir BEHEMOTH, peut être CLUTCH si j’ai le temps, ainsi que SOLSTAFIR, ce sont des amis également. Je pense également voir DARK ANGEL, je les ai vus quand on a joué avec PESTILENCE sur un festival, et enfin BLACKLODGE.

Merci pour ces informations et pour ta disponibilité. As-tu un dernier mot pour les lecteurs de Guitariste-Metal.fr ?

Oui, nous avons réalisé un clip du morceau « One Ear to the Earth, One Eye on Heaven », qui devrait sortir peut-être vers la rentrée, et pour ce faire on a un concept assez bizarre. On a pris un danseur étoile de Paris, il ne va pas danser comme tu vas l’imaginer car il fait des contractions, des convulsions, c’est assez centré sur lui, avec une qualité d’image spéciale, disons malsaine. Le clip doit être fini début juillet et devrait être mis en ligne vers la rentrée.

Merci pour cette interview originale !

Merci à Tristan de Season of Mist d’avoir organisé l’interview ainsi qu’à Heimoth d’avoir répondu à cette interview le 21 juin 2014 sur le site de l’Hellfest.

SETH

Site Web : http://www.ultimatom.com/seth/
Page Facebook : https://www.facebook.com/innomineseth
Merchandising : http://www.freewebstore.org/seth-official

Silenius

Gérant du site.

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