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MISANTHROPE : Interview de S.A.S. de l’Argilière

Présent au stand “EMP powered by Holy Records”, S.A.S. de l’Argilière (MISANTHROPE) nous a accordé sa seule interview du Hellfest.
Ce dernier nous parle de la création de MISANTHROPE, de son évolution, de ses albums et du statut du futur album à paraître en 2015.

 

 

Salut S.A.S ! Merci d’accepter notre interview ! Dis moi, il y a quelques personnes qui se posent la même question, pourquoi es-tu là au stand Holy Records/EMP. Il y a pas mal de curieux qui aimeraient un peu savoir justement ta relation avec Holy Records et EMP à l’heure actuelle.

C’est vrai ? C’est très privée comme question.

Non c’est vrai mais tu n’es pas obligé de répondre.

J’aime la scène, j’aime Holy Records, j’aime EMP, c’est notre merchandiseur et notre label donc c’est normal. Et j’adore aller au Hellfest, je pense que c’est la moindre des choses d’être un activiste de ce Festival et de rencontrer les gens, tu vois si quelqu’un veut faire une photo, désire une signature sur un disque, d’être disponible pour le public, donner de ma disponibilité au moins une ou deux fois par an, c’est la base d’un créatif. Il faut être présent et répondre aux gens qui veulent rencontrer les artistes, je pense qu’on fait du Metal justement pour avoir un accès direct avec le public et il faut cultiver ça. Moi ça fait 25 ans que je fais ça, je fertilise ma disponibilité si il y a des gens que ça intéresse. Nous l’annonçons sur le Facebook du groupe aussi. Voilà c’est juste pour ceux que ça intéresse de me rencontrer, échanger un sourire, faire une photo, ou n’importe quoi d’autre.

Pour le contact en fait.

Oui, c’est important de suivre ses fans. Si on fait de la musique comme ça, bien sûr c’est pour nous mais c’est aussi un public qui est intéressé. On est en 2014, nous ne sommes pas juste des photos sur un disque, nous sommes des êtres humains aussi et c’est important de le montrer. Surtout quand on a un personnage compliqué comme moi dans MISANTHROPE.

Alors justement on va parler de toi et de MISANTHROPE dans l’interview. Il y a peut-être de « malheureuses personnes » qui ne connaissent pas encore MISANTHROPE. Comment est-ce que tu pourrais résumer MISANTHROPE ? C’est un groupe assez atypique de la scène française, c’est un mélange de plusieurs genres. Si tu devais le décrire de manière simple, comment est-ce que tu pourrais décrire MISANTHROPE?

Je pense que nous sommes un groupe de métal extrême chanté en français. MISANTHROPE est pour simplifier un groupe de Metal extrême chanté en français, c’est le minimum qu’on puisse dire. Après il y a de multiples variantes dans le groupe, c’est vrai que l’on aime aussi le Heavy, le Black Metal, le Doom, le Death, le Thrash et on essaie de faire fusionner tous ces courants musicaux que l’on adore tellement dans MISANTHROPE. Un disque c’est 10 ou 12 morceaux différents et on essaie de vraiment montrer une palette intéressante de notre créativité musicale.

C’est bien une alchimie en fait MISANTHROPE.

Voilà c’est une alchimie, c’est un condensé de qui nous sommes, c’est vrai qu’on pourrait être un groupe que de Heavy, que de Black, que de Death, que de Doom mais on a choisi la multitude parce qu’on se ressent dans chaque scène, une sorte de « fédération ». On écoute de tout dans le groupe, à part Anthony Scemama ;), mais Jean-Jacques Moréac, Gaël  Féret et moi-même écoutons vraiment de toutes sortes de musiques et c’est ça qui est génial, c’est pour cela qu’il y a beaucoup de choses dans MISANTHROPE.

 

C’est très éclectique on va dire. Par rapport à MISANTHROPE, à ce que je sais MISANTHROPE a été créé en 1988, tu peux parler de sa création à cette époque ? Comment est-ce que tu es venu à créer MISANTHROPE et comment est-ce que par la suite es tu venu à créer ton personnage de S.A.S. de l’Argilière ?

J’ai créé le groupe avec deux collègues du quartier de Livry-Gargan, du quartier Chanzy, effectivement fin 1988. Il m’est difficile de m’exprimer sur cette période sans recadrer les années 80, il n’y avait pas d’internet, pas de téléphones portables, je cherchais un moyen d’expression, c’était vraiment une émanation artistique extrême et excessive, je pense qu’on était un petit peu déboussolés dans nos vies adolescentes dans le 93 et il fallait absolument faire ressortir toute cette rage, toute cette haine, toute cette force qui étaient en nous.

Voilà au lieu de braquer des banques ou de vendre de la drogue, nous on a choisi de faire de la musique Metal Extrême. Il y avait un coté vraiment underground qui nous passionnait, anti commercial, j’ai encouragé nos efforts tout de suite en choisissant le mot « misanthrope » comme nom de groupe.

J’ai essayé de me démarquer dès que possible pour ne pas être un suiveur, il y avait déjà des choses établies en local comme AGRESSORMASSACRA ou LOUDBLAST dans le Metal Extrême français, il fallait innover, on faisait partie de la deuxième vague de cette scène Extrême Metal nationale. Donc je me suis dit, il y a la musique, donc la technicité de la musique et aussi le niveau et les sujets des paroles, il faut apporter quelque chose de différent. Même si c’est un discours de rage et de rébellion, il faut faire progresser le style de nos ainés, MISANTHROPE s’est monté au fur et à mesure des albums. Et le personnage de S.A.S. de l’Argilière, qui est dans mon monde imaginaire le descendant d’ Alceste de la pièce de théâtre de Molière, est arrivé relativement tard dans l’histoire du groupe. C’est arrivé vers 1993 pour le nom, en 1995 pour le S.A.S, l’exclusion de mon nom et prénom civile en 1997 et vraiment le personnage tel qu’il est aujourd’hui à partir de 1998. Donc tu vois ça a pris plus de cinq années avant de vraiment construire le personnage de S.A.S. de l’Argilière même si le pseudonyme est antérieur. MISANTHROPE est vraiment basé que sur la création artistique, j’ai un côté très opposé à la présentation du groupe par mon ami Anthony Scemama… c’est pour ça qu’on fait un si bon groupe ensemble. C’est le démarquage, c’est une autre personnalité, l’Art avant toute chose, travailler un style d’écriture, choisir les mots, le lexique, l’univers…

MISANTHROPE est en effet très recherché, à vrai dire plus ou moins coloré. C’est très élaboré, il y a également les paroles de MISANTHROPE qui peuvent surprendre car en général ces dernières sont plus recherchées que la majorité de groupe d’extrême. Surtout que tu chantes en français et donc nous pouvons mieux mesurer l’impact. Comment fais-tu pour trouver les thèmes et ensuite ces mots ? J’ai cru savoir que tu es un fan de Molière et de littérature française en général.

En général oui bien sûr, mais je ne suis pas « fan » en fait, je suis plus fan de Charles Baudelaire et d’Arthur Rimbaud que de Molière pour être vraiment honnête. Je parle souvent de Molière parce qu’il est le père d’Alceste et l’auteur de la pièce de théâtre « Le Misanthrope » on ne peut pas passer à côté et de toute façon sans lui le groupe ne serait pas MISANTHROPE. C’est le père fondateur de l’esprit et d’Alceste donc forcément nous sommes d’en l’obligation d’en parler.

Mais c’est un langage compliqué et c’est tout en images, c’est le XVII ème siècle, mes goûts se portent plus sur le XVIII ème siècle, XIX ème siècle, ça m’intéresse beaucoup et un petit peu le XXI ème siècle. De toute façon, il y a tellement d’œuvres artistiques en littérature, nous sommes vite dépassés avant d’ouvrir le premier livre. On peut dire que je suis quand même old school en matière de littérature. Mais c’est tellement beau, quand tu lis rien que Victor Hugo ou Chateaubriand, la brillance du style, les mots, le vocabulaire, c’est comme on dit en anglais ça « blow away », c’est éblouissant l’écriture.

Et je trouve qu’en 2014, le peuple a vraiment trop réduit l’écriture à une simplicité phonétique… Quand tu vois que les gens parlent avec 300 ou 400 mots différents, c’est affligeant… En tout cas ce n’est pas ce que je veux faire dans notre groupe.

Donc si je peux le dire, tu essaies de mettre la langue française en avant, sa richesse…

Oui tout à fait, je travaille en deux modes. Comme tu l’as dit je cherche le thème de la chanson et pour cela j’écris et j’ai la chance de pouvoir le faire hyper régulièrement, même si je n’écris pas tous les jours mais dès que j’ai une idée je la note. Et cela tout le temps, toute l’année, que je prépare un album ou pas. Sans arrêt depuis des années maintenant. Donc dès que j’ai une idée pour MISANTHROPE, je l’écris et j’ai cet automatisme, c’est fou, quand je visite une exposition, quand je vois un tableau, quand je lis une poésie, même quand je regarde la télévision ou que j’ai une discussion. Des fois il y a un mot et je trouve le second plus tard et ça fait un titre. Donc je travaille les titres des morceaux et ensuite j’écris les morceaux.

Tu pars d’abord en premier du point de vue « paroles », du point de vue du thème, et par la suite tu «  brodes »  avec la musique ?

Alors pour la musique c’est différent car on travaille très différemment la musique avec mes comparses. Si il y a un truc magique dans MISANTHROPE c’est bien notre façon de composer, tu sais comment nous travaillons comme l’a énoncé Anthony Scemama dans ton interview précédente, nous sommes donc tous compositeurs, on travaille ensemble mais il y a aussi des chansons qui sont faites individuellement. Donc c’est à moi de m’adapter quand le morceau musical est bon et qu’il est validé pour un album. C’est moi qui me dit « ça sera tel titre » et j’attaque l’écriture des paroles du morceau en lui-même.

J’écris aussi des bribes de textes, ou des couplets, ou des refrains pareils en automatique, en instantané, que je retravaille. En fait je remodèle énormément mes textes. Quand j’ai une musique, que ce soit de Jean-Jacques, d’Anthony ou de moi-même ou de Gaël, que j’ai une musique qui est pour MISANTHROPE, même sans reprendre mes notes je sais : ce sera ce titre là et ça va parler de ça. La musique du groupe me parle et me dit, sur des choses que j’ai préparées, ça sera ça le sujet. Ça se passe tout naturellement en fait, il n’y a pas beaucoup de réflexion. Ça doit être instantané (sinon ce n’est pas bon), je dois le ressentir tout de suite. C’est au feeling, toujours.

Et il n’y a qu’une fois où j’ai préparé un texte sur une chanson, que j’ai réécrit les paroles, c’est « L’Ecume des chouans », le fameux « L’Ecume des chouans », c’était les paroles de (alors c’est incroyable ce je vais dire je crois que j’en ai jamais parlé) c’était les paroles au début du morceau « Total Eclipse Chaos » qui étaient sur cette musique, et j’ai transposé, ça allait beaucoup mieux sur les riffs de « Total Eclipse Chaos » et à partir de là j’ai écrit le texte de «  L’Ecume des chouans » (c’est une exclue pour toi). Et c’est la seule fois qu’on l’a fait.

Sinon tu es fidèle à ta « procédure ».

Ah oui oui ça marche. Bien entendu des fois ça peut arriver qu’il y ait d’autres choses qui peuvent se faire. Sur le prochain album, qu’on espère sortir en 2015, sur le fameux dixième album, il y a un  titre que Jean-Jacques m’a demandé de modifier sévèrement. Ca s’était également passé aussi sur Ænigma Mystica où Jean-Jacques m’a demandé de réécrire, de réadapter un texte. Des fois je vais très très loin dans la pensée et dans un discours radical et Jean-Jacques est beaucoup plus tolérant que le personnage S.A.S de l’Argilière, et il y a des choses, des fois, qui le gênent vraiment, donc je réécris et sur Ænigma Mystica et sur le prochain dont je ne sais pas encore titre. A chaque fois j’ai réécrit une chanson car nous sommes un groupe. Il faut l’absolue validation de nous quatre sur toutes choses.

Donc Jean Jacques joue le rôle de « garde-fou ».

Oui on peut dire ça même si ce n’est pas vrai, Jean-Jacques aime à dire qu’il fait son job 😉 Nous sommes surtout un groupe, on travaille vraiment en groupe et idem pour la musique. Si il y a un riff qui ne va pas ou des tempos qui ne vont pas ou des arrangements qui ne vont pas alors on retravaille ensemble. C’est pour ça que je ne suis pas du tout d’accord avec le raisonnement mathématique d’Anthony Scemama sur « tant de pourcents : Jean-Jacques compose ;  tant de pourcent c’est S.A.S. ;  tant de pourcent c’est moi » c’est pas du tout ma vision de la musique dans le groupe. On compose plutôt en synergie, ensemble.

Même si il n’a pas tort mathématiquement c’est ça, mais la réalité est quand même bien différente. MISANTHROPE ce n’est pas des maths, c’est de l’Art.

Au début de MISANTHROPE,  tu étais guitariste…

De 1988 à 1998, durant 10 ans.

Comment t’est venue cette envie de jouer de la guitare et est-ce que tu joues encore maintenant ?

Bien sûr, je joue encore de la guitare, pour mes 40 ans mes camarades de MISANTHROPE mon offert un super ampli Peavey Vypyr 30 watts fabriqué en Chine avec tous les effets intégrés, j’étais l’homme le plus heureux du monde.

Je joue sur Vigier, une Excalibur customisée que j’ai achetée pour l’enregistrement du Roman Noir, fin 94 et qui sonne la mort. Et Jean-Jacques, sur notre unique concert du groupe ARGILE, a rejoué sur cette guitare-là. C’est ma guitare avec laquelle on a fait tous les riffs, j’ai écrit « Bâtisseur de cathédrale » entre autres avec. C’est une guitare magique.

Pourquoi la guitare c’est simple, j’étais fan dans les années 80’ de tous les guitaristes-chanteurs : Kaï Hansen d’HELLOWEEN, Mille Petrozza de KREATOR, James Hetfield de METALLICA, Rock’n’Rolf  de RUNNING WILD, en fait je voulais être guitariste-chanteur. C’est aussi candide que ça, c’est vraiment un rêve de gosse, d’adolescent, c’était pour moi le but ultime. Et j’avais besoin, je pense, d’avoir un poste important pour faire sortir tout ce que j’avais dans le bide. Je ne dis pas que les autres ont des rôles moins importants mais pour moi j’idolâtrais les guitaristes-chanteurs.

Te rappelles-tu encore de ta première gratte ?

Oui bien sûr, c’était la guitare de mon grand frère, il avait une guitare improbable et il avait un petit ampli 15Watt, il y avait un équaliseur 3 bandes. Je n’avais pas de disto à cette époque-là et ensuite j’ai acheté une guitare canadienne qui avait une forme extraordinaire, que j’ai fait customiser, montée en EMG, montée en Floyd Rose dessus. Je l’ai vraiment bien retapée, j’ai enregistré le premier split Cd « Hater of Mankind » et le premier album « Variation on Inductive Theories » avec. Et après je suis passé sur Excalibur. J’aime la guitare.

Ce qui est marrant c’est que dans les années 80’ donc il n’y avait rien sur la guitare, donc je pensais juste qu’en changeant les micros et en mettant un Floyd j’aurais un super son et cela même si ma guitare était à la base de mauvaise qualité… Vous le savez mieux que moi maintenant il y a toutes les informations sur le web de nos jours. Ça c’était des choses qu’on ne savait pas du tout. Nous n’avions aucunes instructions, c’est pour ça, ça me fait bien rire les jeunes musiciens et les nouveaux groupes, tout est tellement facile pour eux… Il faut savoir qu’on a appris la guitare en grattant dessus des heures et des heures et des heures, on ne savait pas qu’il fallait faire un barré, un accord, je ne savais pas qu’il fallait bloquer les cordes pour faire des palm mutes comme on appelle ça.

Moi j’allais voir les concerts au Gibus Club d’OBITUARY, de MASSACRA, de PESTILENCE, d’AUTOPSY, de LOUDBLAST, de KREATOR, d’AGRESSOR, de CARCASS, de tous les groupes des premiers concerts au Gibus afin de voir comment ils jouaient les riffs de Metal Extrême. J’étais au premier rang scotché devant le guitariste.

C’était un peu tes cours, tes tutoriaux on va dire.

J’allais, je regardais le guitariste : tout ce qu’il faisait. NOCTURNUS, ENTOMBED et tous ces groupes mythiques… Mais j’ai appris la guitare en regardant les musiciens jouer aux concerts, parce que de toute façon on n’avait aucune méthode et moi je voulais jouer violemment, agressivement, brutalement, rapide… Détruire tout quoi, il fallait apprendre.

Arracher les cordes à chaque fin de concert comme Trey de MORBID ANGEL, j’avais lu ça donc je pensais que c’était bien d’avoir les mains en sang ! Mais tu vois maintenant c’est délirant, parce que l’information est ailleurs et est autrement. Mais voilà j’ai une relation vraiment passionnelle avec mon instrument. C’est un instrument extraordinaire, j’adore la guitare, je continue à jouer de la guitare dès que je peux.

Est-ce qu’on peut espérer te voir en live pour te voir exécuter quelques riffs ?

C’est compliqué MISANTHROPE en concert, je suis conscient de ne plus avoir le niveau de mes camarades, je te le dis honnêtement. Après la création artistique c’est autre chose, MISANTHROPE marche très super comme ça et c’est bien, Anthony Scemama  est notre guitar-hero privé.

Anthony Scemama est un bon guitariste en effet qui a fait du bon travail en venant sur Sadistic Sex Daemon. Il y a un peu la patte d’Anthony Scemama sur cet album, même si ce n’est pas lui qui a tout composé. Mais tu peux y sentir son feeling à la guitare car tu n’as pas que les notes, tu as quand même la façon de jouer les notes, tu as quand même de l’émotion/une expression dans ce que tu joues.

Et il faut comprendre que, je reviens toujours aux débuts du groupe, mais on n’avait pas cette notion de la façon de jouer en fait, on jouait comme on pouvait, en plus on enregistrait en analogique, c’est-à-dire qu’on ne pouvait pas dropper ou peu, donc on jouait les riffs comme on pouvait les jouer. Maintenant on est à un niveau où, enfin Anthony Scemama : rajouter de l’émotion, du doigté, son touché, de la tension de doigt sur les accords et les cordes, les faire sonner de manière unique. En fait un guitariste maintenant ce n’est pas « il joue bien » mais «comment il sonne bien » alors qu’avant c’était déjà arriver à passer le morceau sans faire trop de « pains » audibles, puis y incorporer quelques plans spectaculaires sans aucune notion de technique. Donc ce n’est pas du tout la même chose et c’est hyper intéressant.

Et moi j’ai 44 ans et je découvre depuis 4-5 ans comment chanter et comment jouer de la guitare, c’est étonnant les progrès qu’on fait… comme quoi il faut continuer à persévérer. Et incontestablement en début de carrière on ne sait vraiment pas grand-chose du labyrinthe et des méandres de la création musicale.

Par rapport à la discographie de MISANTHROPE, est ce que tu peux donner un mot par rapport à chaque album.

Hater of Mankind : Le split cd de 1991 c’était la haine.

Variations on Inductive Theories : Premier album de 1993, je dirai le mot « improvisation ».

Miracles : Totem Tabou : 1994, compilation d’inédits, « avant-garde ».

1666…Théâtre Bizarre : Notre second album, « la naissance du mythe ».

Visionnaire : 1997, le début du vrai MISANTHROPE, du Misanthrope actuel. Le début du stade qui nous intéressait, donc ça a mis très très longtemps avant d’arriver au niveau qu’à Visionnaire. C’est le début de la reconnaissance mondiale.

Humiliations Libertine : Alors c’est un album dont on ne parle pas assez, il est mortel, c’est la tuerie. C’est l’album qui nous a fait être n° 1 des groupes français en 1999, et puis il y a « L’Ecume des chouans ». J’adore ce disque avec du recul, au début j’avais un peu de mal car au final il est différent de l’idée que j’avais à l’époque de sa création.

Misanthrope Immortel :  Le plus grand album de Misanthrope, le plus connu. Il y a quelque chose dans ce disque, artistiquement, il y a une émotion de fin. C’est la conclusion du mythe de la seconde époque de MISANTHROPE.

Sadistic Sex Daemon : 2003, là nouveau line-up, nouveau départ et aussi résignation malgré tout. Malgré tout ce qui s’est passé entre nous, on repart. Avec des gens nouveaux qu’on ne connait pas !

50% du line-up a en effet changé !

Oui c’est énorme. Et en plus entre Jean-Jacques Moréac et moi c’était une période très difficile, on s’entendait peu, et on s’est beaucoup fâchés ensemble avant de se réconcilier tous les deux en Finlande durant le mix par -30 degrés. Nouveau départ vers l’inconnu.

Metal Hurlant : C’est notre phénix, le retour du vrai MISANTHROPE. Un super album, on a aimé le faire ensemble, tous ensembles. Là c’est le premier vrai album de MISANTHROPE avec le line-up pour moi, avec Gaël et Anthony. C’est le premier album qu’on a fait vraiment tous les quatre et ça s’entend et on a pris énormément de plaisir à le faire.

IrremeDIABLE : 2007, premier concept album, basé sur la vie, la mort et l’œuvre de Charles Baudelaire, je pense que c’est comme Misanthrope Immortel l’un des grands disques qu’on aura fait dans notre carrière pour ce qu’il représente culturellement. J’en suis hyper fier. Malgré toutes les difficultés que nous avons connues.

Ænigma Mystica : C’est le neuvième album,  Ænigma Mystica est à une place difficile, coincé entre le concept-album sur la vie et l’œuvre de Charles Baudelaire et avant le dixième album, je crois que c’est l’album le plus difficile que nous ayons eu à faire. Mais on a réussi à faire une belle œuvre.

Merci ! A ce que j’ai pu entendre tu as quand même des sentiments forts par rapport à chaque album, ils t’ont bien marqué.

De toute façon chaque album c’est une partie de ma vie. Je ne vais pas dire que je ne vis que pour MISANTHROPE mais dans un bon morceau de mon cerveau oui. Il y a la vie privée et il y a mon travail et ma dévotion pour la scène metal et il y a MISANTHROPE. C’est même plus qu’hyper important, je suis un garçon très excessif et exalté.

Par rapport à MISANTHROPE, je t’en avais parlé hier, je cherchais 1666…Théâtre Bizarre, un album qui devient très difficile à trouver. Ce disque va-t-il être réédité ? Qu’en est-il pour les autres albums ?

Oui, il y a beaucoup d’albums de MISANTHROPE qui sont totalement épuisés, on remerciera jamais assez nos fans de nous aider, on a la chance de vendre encore beaucoup de disques et les gens qui rentrent dans MISANTHROPE essaient de racheter le paquet, ça devient collector et les spéculations s’affolent. Donc pour l’instant on a rien réédité. Tout est sold out : Misanthrope Immortel, 1666…Théâtre Bizarre, dans quelques jours Métal Hurlant sera sold out, Hater of Mankind, Miracles : Totem Tabou, Variations on Inductive Theories, Misanthro-thérapie enfin y a presque plus rien.

Ça marche bien alors ! Tant mieux !

Mais bien sûr, c’est MISANTHROPE donc personne n’en parle, c’est un sujet très personnel mais ça cartonne vraiment.

Et donc, est-ce que MISANTHROPE va rééditer certains albums ? Est-ce que tu penses que ça va pouvoir se faire ?

A long terme, j’espère qu’un jour oui ça se fera, mais ce n’est pas notre volonté pour l’instant, on est vraiment sur le dixième album. Donc, de toute façon, si il se passe quelque chose, ce sera en 2015, je ne peux pas donner de date, il faut qu’on finisse l’album, qu’on fasse la promotion de l’album. Parce que si Misanthrope fait quelque chose il faut aller au bout du projet tel qu’il à été conçu… je suis un mec super chiant.

Tu veux dire perfectionniste plutôt que « chiant » ?

Oui c’est la même chose ! Non, je n’aime pas me vanter donc je préfère dire que je suis chiant que perfectionniste. Je ne veux pas juste re-presser nos albums épuisés, il y a des choses à modifier avec ce que la technologie nous a apporté : des solutions de mixage différentes de ce qu’il y avait à l’origine et je pense qu’on peut donner une seconde vie. Au moins sur 1666…Theatre Bizarre et sur Variations on Inductive Theories par exemple et le split cd aussi. Et ça, ça m’intéresse, c’est une expérience que je veux vivre mais je veux prendre le temps de la vivre.

Parlons du volume de ventes de MISANTHROPE. Peux-tu nous dire combien d’albums ont été vendus ?

Notre plus grosse vente c’est 12 000 albums avec Misanthrope Immortel. Et là on a la chance exceptionnelle depuis Sadistic Sex Daemon, à 100 exemplaires près on vend la même chose depuis 10 ans : Metal Hurlant, IrremeDIABLE. Avec Ænigma Mystica les ventes ont été meilleures par contre. Mais nos quatre petits derniers se tiennent à pas grand-chose.

Tu chantes en anglais depuis longtemps, est ce que tu penses que ça aide justement à faire sortir un peu MISANTHROPE de l’hexagone ? Je ne sais pas si MISANTHROPE est très connu en dehors de la France, de la région francophone.-

J’ai toujours chanté en anglais et là depuis deux albums j’ai eu la chance qu’on m’ait proposé de pouvoir faire deux versions, je l’ai fait avec grand plaisir. Et oui Metal Hurlant la version anglaise n’est pas sortie mais elle est enregistrée. Mais je ne sais pas, j’ai juste eu la chance de pouvoir le faire sur Ænigma Mystica et vu qu’on chantait moitié en anglais, moitié en français au début, j’ai voulu, sur Ænigma Mystica continuer à faire comprendre aux gens qui ne sont pas francophones et qui ont aimé MISANTHROPE sur Libertine (6 titres sur 10 en anglais) continuer de faire vivre les aventures fantasmagoriques de MISANTHROPE dans la langue de Shakespeare. Si ça leur plait en anglais c’est très bien, dans notre exemple c’est une volonté personnelle.

Je n’ai aucun avis, si ça marche mieux en français ou en anglais. Tu connais le groupe ALCEST, ils chantent en français, ça cartonne à l’étranger, l’exemple de RAMMSTEIN, ils chantent en allemand, ça cartonne dans le monde entier, combien de groupes de Black Metal chantent en norvégien ? Ça marche aussi. Je fais ça juste parce que j’ai l’opportunité de le faire et que j’aime les challenges en réalité.

S.A.S. de l’Argilière – Hellfest 2014

Par rapport à ARGILE, (side project de S.A.S l’Argilère et Jean-Jacques Moréac de MISANTHROPE). Est-ce qu’il y a des plans pour ARGILE en 2014-2015 ?

Non, c’est très compliqué, on a fait en plus un live exceptionnel en février dernier avec ARGILE, le premier et le dernier concert du groupe. C’est vraiment un projet intimiste, on fait ça quand on a le temps, il y a zéro but commercial. (Ce n’est pas qu’il y a des buts commercial avec MISANTHROPE, mais MISANTHROPE c’est un groupe qui fonctionne, ARGILE c’est vraiment l’underground pur.)

C’est une divagation de mon esprit qui a beaucoup de mal à rester inactif trop longtemps, voilà je te le dis honnêtement et c’est très bien comme cela, ça donne une autre facette et c’est beaucoup plus léger, beaucoup plus libre. Notre trame c’est qu’il n’y a pas de projet. Il y aura surement un troisième disque mais il n’y a aucun planning, pour mes 50 ans j’espère.

Pour ce qui est des plans de MISANTHROPE pour 2014, bien entendu il y a le nouvel album. Est-ce que tu peux partager quelque chose par rapport au concept ?

Non mais Anthony Scemama en a déjà trop dit… Non je suis désolé mais je ne peux pas communiquer sur le disque avant février. Tout ce que je peux dire c’est que j’espère pouvoir le sortir en 2015.

Quand Anthony a répondu à ton interview, on n’avait même pas fini l’enregistrement car nous n’avons terminé les prises que la semaine dernière. Et on va faire une tentative de premier mixage en août.

Donc pour l’instant tous les instruments sont enregistrés, le chant également après…

Ça y est, tout est fait : le chant, les arrangements orchestraux, les claviers, les synthés, les guitares acoustiques, ça y est tout est validé. Là c’est en boîte, il n’y a plus qu’à le mixer. Et après il faut faire les photos, la pochette, le clip, la promo, le sortir, le distribuer. Maintenant il reste le plus fastidieux.

Et je pense, sans me brûler les ailes que ça va sortir chez Holy Records ?

J’espère oui.

Mis à part le nouvel album, est ce que vous pensez encore faire quelques dates cette année ?

Là on reprend en septembre, on fait 2 -3 dates, on va reprendre en avril par la suite. De toute façon avec le nouvel album, tout va se décanter. Là on est sur le disque, bien sûr on ne refuse pas de concerts si il y en a qui viennent mais on est pas du tout en recherche spécifique. Moi j’ai ma vie privée qui va beaucoup changer jusqu’au mois d’octobre, donc ça arrange tout le monde. Anthony peut pouponner et éviter de répondre aux interviews.

Justement j’aurais bien aimé voir Anthony Scemama, c’est dommage qu’il ne soit pas là aujourd’hui.

Non mais je plaisante parce qu’il m’a fait hurler de rire avec son interview. C’est un génie Anthony, parce qu’il est tellement second/troisième degré dans son interview, il oublie de parler de lui et c’est déjà l’être, le mathématicien, le scientifique le plus intéressant que je connaisse. Il ne parle pas de ça. C’est une tronche comme on dit, il est supérieur à moi, à nous tous. Mais il en parle pas du tout, il fait que des blagues. Ce que vous avez lu dans ton article, c’est pas que ce n’est pas vrai, c’est une partie d’un bout de vérité. C’est une des faces d’Anthony. Anthony est beaucoup « plus » que ce que vous avez lu.

Par rapport aux concerts,  je suis alsacien et MISANTHROPE n’est jamais venu sur nos belles terres…

Il y a aucun organisateur alsacien qui nous fait venir !

C’est bien ça le problème pour moi qui n’as jamais vu Misanthrope en concert…

Mais je suis scandalisé, je suis scandalisé.

Vraiment ?

Bien sûr que oui, je rêve d’aller manger une bonne choucroute et boire du gewurztraminer.

Intéressant ! Surtout que tu as des salles de concerts sympas sur Colmar, comme le Grillen.

Bah bien sûr, c’est une super salle en plus je suis venu chez vous voir VADER et SEPTICFLESH.

Donc ça serait possible…

Ben oui ! Tu nous dis quand et nous prenons nos valises. Mais après c’est la vie, mais c’est dommage. Vraiment.

Merci pour l’information ! Pour conclure, revenons dans le contexte du festival par rapport au Hellfest, quels concerts t’ont intéressés ?

J’essaie d’être beaucoup disponible donc je n’ai pas la chance de voir beaucoup de choses. Le premier jour, vendredi, j’ai vu M.O.D., IMPIETY, NOCTURNUS. J’ai vu KILLERS et SUPURATION hier. Par contre là c’est la grosse journée concert : SOILWORK , PARADISE LOST, EMPEROR, BLACK SABBATH, OPETH. Si bien sûr j’ai vu tous les groupes qui sont à coté, (ndlr : The Valley) MONSTER MAGNET, KADAVER et toute la bande. J’essaie plus de vivre le Hellfest, rencontrer les gens que d’aller les bras croisés aux concerts. Le Hellfest c’est magique, c’est un truc de fou. C’est pas vraiment la réalité du mouvement ici…, ça ne représente pas le Metal en France, parce que tout le monde sait bien que l’on vit un rêve éveillé pendant trois jours, donc c’est important de soutenir et d’être actif à ton petit niveau dans cet organisation. Je suis solidaire à la cause.

Merci à S.A.S de l’Argilière d’avoir répondu à cette interview le 22 juin 2014 sur le site de l’Hellfest.

MISANTHROPE

Site web : http://www.misanthrope-metal.com
Facebook : https://www.facebook.com/misanthrope.official/timeline
Merchandising : http://www.emp-online.fr/brand/misanthrope/lis_Misanthrope_bandbrand/

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