Protector et Silenius, les deux membres fondateurs de SUMMONING, groupe autrichien de black métal épique et inégalé, présent sur la scène depuis le milieu des années 90, ont bien voulu répondre aux questions de guitariste-metal.fr et nous parler de leurs passés et leurs projets futurs.
Comment vas-tu et comment se porte Summoning ?
Silenius : En ce moment, nous travaillons sur des chansons restantes des sessions de Old Mornings Dawn. Il y a plusieurs chansons, certaines presque fini et certaines moins complètes, et quelques riffs que nous pourrions utiliser pour de nouvelles chansons. Notre but est de faire une édition limitée, peut être uniquement en vinyle. Mais cela prend du temps, et je ne pense pas que nous pourrons mettre cela en vente avant la fin de l’année.
Parlons un peu de comment tu t’es mis à la musique…
Silenius : J’ai commencé à jouer d’un instrument à l’école primaire. Comme beaucoup d’autres enfants, j’ai commencé par la flûte. Plus tard, j’ai appris le piano pendant quelques années dans une école musicale. Ensuite, ado, j’ai commencé à jouer de la basse, seul. J’ai d’abord été un fan d’ABBA, comme beaucoup d’enfants à cette époque. Ensuite, je suis devenu fan de KISS. Ado, j’ai commencé à écouter de la musique de plus en plus extrême. Je crois que c’est naturel d’être attiré par ce qui est le plus brutal ou le plus rapide, etc. Je mettais au défi mes limites musicales.
Protector : J’ai commencé à jouer de la batterie classique alors que j’étais ado. Puis j’ai joué dans un mauvais groupe à l’école. On reprenait du rock. Plus tard, je me suis lancé dans un groupe de progressive thrash/deathmetal avant de finalement rejoindre SUMMONING.
Quel musicien ou groupe vous a inspiré au début de Summoning ? Et maintenant ?
Silenius : Au début, notre première source d’inspiration était évidemment la deuxième vague de black metal norvégien, qui était très révolutionnaire au début des années 90, et qui a pris la place du death metal sur le trône de la brutalité. Bien sûr, il y a eu d’autres sources d’inspirations, d’autres groupes de metal d’autres genres. Depuis la fin des années 90s, j’ai exploré la plupart des genres de metal et c’est devenu un peu ennuyant pour moi. Depuis, je suis plus intéressé par la musique électronique, surtout le dark ambient et l’indus.
Te rappelles-tu du premier concert que tu as vu?
Silenius : Si je me souviens bien, mon premier concert de metal était un show de RUNNING WILD à Vienne. Je crois que leur première partie était ANGEL DUST. Je n’ai jamais été un fan de Running Wild, donc je ne m’en rappelle pas très bien. A cette époque, chaque concert de metal m’intéressait.
Te souviens-tu de ton premier show ? Tout s’est passé comme prévu ?
Silenius : A cette époque, c’était important pour moi de montrer à tout le monde que j’appartenais à la scène metal. Donc j’avais acheté un tee-shirt metal. Pour être honnête, je n’ai plus aucun tee-shirt de cette époque. La plupart était de groupes de death metal.
Comment as-tu appris à jouer (de la guitare) ? Par toi-même, ou as-tu pris des leçons ?
Protector : Je n’ai jamais vraiment pris de leçons. . Je préférais la batterie. J’utilisais la guitare comme dans le thrash, pour le rythme.
Et te souviens quel était ton premier modèle ?
Protector : Une des guitares les moins chères. Un ensemble Ironbird de BC-Rich avec un petit ampli. C’était une offre du magazine “Metal Hammer”.
Quel équipement utilises-tu en live (pour les projets en dehors de SUMMONING) ? En Studio?
Protector : Nous ne jouons pas live, donc nous n’avons pas de matériel pour le live. Depuis longtemps, nous utilisons des amplis et distorsions virtuels pour nos enregistrements. On s’en fout des équipements chers. Je n’ai pas même pas de guitare; j’en emprunte une à des amis.
Peux-tu détailler ce que vous avez utilisé comme matériel (guitares, ampli, pédales) pour chaque album ?
Silenius : Aucune idée. On ne fait pas attention aux étiquettes des appareils que l’on utilise. Et puis, entre temps, ils sont tous devenus virtuels.
Comment t’échauffes-tu et comment t’entraînes-tu à la guitare ?
Protector : Tout d’abord, je n’ai aucun entraînement. Ensuite, je compose les riffs en premier lieu au clavier, et, depuis Stronghold, je les joue seulement plus tard pour l’enregistrement. Je me concentre après sur le riff suivant, et oublie le précédent. Désolé, mais on est vraiment pas taillé pour le live.
Quel conseil pourrais-tu donner à un joueur débutant ou à un joueur avancé ?
Silenius : Ne faites pas comme nous. Notre manière de faire ne fonctionnerait pas avec un autre groupe.
Combien de temps t’exerces-tu par semaine ?
Silenius : On ne s’exerce plus. Au début, quand SUMMONING était un “vrai” groupe avec un vrai batteur, on avait une salle de répétition où on jouait régulièrement. Le premier album, Lugburz, a d’ailleurs été enregistré dans cette salle. Plus tard, on a dégagé le batteur, et tout a changé. Depuis ce moment, on se voit comme des compositeurs, pas comme des musiciens.
Parlons de Summoning, que j’adore pour beaucoup de raisons, comme votre créativité, l’atmosphère, les thèmes choisis, etc. Je te préviens, j’ai beaucoup de questions, qui, je l’espère, vont aider à promouvoir le groupe !
Comment avez-vous créé Summoning ?
Silenius : Le groupe a commencé comme beaucoup d’autres groupes d’ados. Nous avons tous fait nos premiers pas musicaux avant SUMMONING. Nous nous sommes rencontrés dans un pub de Vienne, bourrés, bien sûr. Je crois que c’est naturel, pour un fan de metal, de vouloir créer un groupe sérieux, tôt ou tard. A ce moment là, le black metal était encore complètement underground et, pour autant que je sache, nous étions les premiers en Autriche à faire ce genre de musique. Les débuts étaient chaotiques, mais nous n’avons jamais abandonné.
Pourquoi avoir choisi “SUMMONING” comme nom ? Il est évident que vous étiez déjà inspirés par Tolkien, non ?
Silenius : Au début, on était pas si inspirés par Tolkien que ça. On était plus influencés par les thèmes du black metal. Le terme “Summoning” est inspiré d’un LP de DARKTHRONE, dans lequel le chanteur appelait sa chanson “Diabolical summoning” (incantation diabolique) ou quelque chose du genre. On n’y a pas trop réfléchi.
J’aime beaucoup vos compos de guitares, les mélodies sont toujours chaudes et froides à la fois, atmosphériques et puissantes. Tu as quelques astuces pour cela ? Comment y parviens-tu ?
Protector : Comme dit, je compose la guitare au clavier (avec un son de guitare) avant de vraiment les jouer à la guitare. Je me sens plus libre avec 10 doigts qu’avec 5. L’aspect le plus important pour moi est de ne pas seulement jouer des power-chords mainstream, mais aussi d’autres intervals qui correspondent aux harmonies d’autres instruments. Pour moi la guitare est un instrument comme les autres, pas juste un instrument qui donne un son plus “plein”. Seul l’utilisation de la distorsion le différencie.
Comment composes-tu ? Crées-tu les partitions pour chaque instrument seul ou avec Silenius ?
Protector : Je compose au clavier et sauvegarde les fichiers midi pour pouvoir les rejouer à la guitare plus tard.
Comment a été accueilli votre dernier album, “Old Mornings Dawn” ?
Silenius : Les réactions ont été généralement bonnes, avec tout de même quelques critiques. Nous avons compris que ceux qui préfèrent Oath Bound n’aiment pas beaucoup nos derniers albums, car ils sont moins épiques. Cela a été ainsi chaque fois qu’un nouvel album est sorti. Il faudrait plutôt juger l’album un ou deux ans après sa sortie, une fois qu’il est “vieux”.
Votre label est Napalm Records depuis votre premier album. Pourquoi aviez-vous choisi de travailler avec eux ?
Silenius : Nous connaissions Max de Napalm Records presque depuis le début. Nous avons donc signé chez eux quand Napalm Records était encore un petit label metal inconnu, avec juste quelques albums sortis. Finalement Napalm Records est devenu un des plus gros labels de metal de ces vingt dernières années. C’est appréciable de ne pas devoir chercher un nouvel label à chaque fois.
Si vous deviez décrire en quelques mots chaque album, quels seraient-ils ?
Silenius :
Lugburz : Le seul album de black metal “traditionnel”. Le mixage est brut, chaotique, avec une “fuck off attitude”, ce qui était cool à l’époque.
Minas Morgul : le début de notre style, avec le départ de notre batteur, Trifixion, et les paroles liées à l’univers de Tolkien.
Dol Guldur: Très similaire à Minas Morgul, peut-être un peu plus sombre et plus monotone. Les influences black metal sont plus élevées ici. En tout cas plus que sur Minas Morgul.
Nightshade Forests : Le seul CD qui n’a pas été enregistré au studio Hörnix ou chez nous, mais dans un studio au Liechtenstein. Nous n’aimons pas le son des guitares sur cet album. Il est trop silencieux. Beaucoup aiment cependant cet album à cause de l’atmosphère “distante” de l’enregistrement.
Stronghold : L’album le plus commercial au niveau du son et des compos. Je le trouve plus simple et moins polyphonique que les autres. Le son est plutôt clair. Beaucoup des fans de black metal n’aiment pas du tout cet album. Mais nous avons touché, avec cet album, une nouvelle génération qui s’est intéressée à la discographie de SUMMONING. Nous avons également commencé à utiliser des riffs avec des palm mute contrairement aux albums précédents.
Let Mortal Heroes Sing Your Fame : Quand cet album est sorti, il n’y a pas eu beaucoup de réactions. Beaucoup le pensait moins bons que Stronghold. Entretemps, de plus en plus pensent que cet album est le plus proche de la perfection. Sur cet album, nous avons utilisé des chœurs clairs, ce qui est devenu une sorte de marque de fabrique sur les albums suivants.
Lost Tales : Un mini cd avec juste deux chansons d’une vieille session. Ces chansons ne sont pas metal du tout. Nous voulions montrer que SUMMONING peut faire sans les composants metal.
Oath Bound : C’est sur cet album que se trouve la chanson “Land of the dead” qui semble être la plus appréciée de notre discographie. Il inclut aussi la chanson dans le langage de Mordor qui était populaire chez nos fans. Peut-être que cet album est une référence pour nous ?
Old mornings dawn : Peut-être l’album le plus mélancolique de notre discographie.
Quelles ont été les meilleurs ventes de SUMMONING ?
Silenius : Évidemment, les vieux albums se sont mieux vendus car de nos jours, les ventes de CD, baissent, même si les albums sont bons. Nous avons atteint notre apogée entre Stronghold et Oathbound.
Que pensez-vous de la scène metal autrichienne ? Elle n’est pas très connue en France.
Silenius : La scène autrichienne est très petite, mais certains groupes ont réussi à percer à l’international, certains assez anciens comme PUNGENT STENCH ou BELPHEGOR, mais aussi des nouveaux comme THE SORROW. Il n’y a pas vraiment de scène metal autrichienne, au final. Peut-être sommes-nous trop fainéants pour être plus actifs.
En parlant de la scène metal, avez-vous déjà entendu que SUMMONING est vu et reconnu comme étant un leader du genre ? Vos albums sont souvent considérés comme des chefs d’œuvre. Qu’en pensez-vous ?
Silenius : Nous avons remarqué que, ces dernières années, de nouveaux groupes apparaissaient. Ces groupes montrent également des influences épiques ou ambiantes, similaires à SUMMONING. La plupart de ces groupes sont rassemblés sur des labels comme Northern Silence ou Nordvis Produktion.
Si tu devais partager tes sentiments à propos de SUMMONING…
Silenius : La chose la plus importante est que nous sommes toujours motivés pour continuer. Ce n’est pas si évident. Il y a quelques années, j’avais perdu tout intérêt pour SUMMONING. Mais heureusement, entre temps, j’ai retrouvé de la motivation et j’espère que cela continuera aussi longtemps que possible.
Vous étiez actifs dans des groupes comme DIE VERBANNTEN KINDER EVAS ou ICE AGES. D’autres albums de ces groupes avec vous sont-ils prévus ?
Protector : Je n’ai rien prévu pour le moment avec DIE VERBANNTEN KINDER EVAS, mais je vais sûrement faire de nouveaux albums d’ICES AGES. J’ai déjà pas mal d’idées, et j’ai déjà travaillé sur quelques chansons.
Le dernier album de SUMMONING est sorti il y a 1 an. Le prochain est prévu pour quand ?
Silenius : Nous travaillons sur des chansons restantes de Old Mornings Dawn. Il y en a pas mal, et nous voulons faire une édition limitée, une sortie de seconde partie de Old Mornings Dawn, comme Nightshade Forests l’était pour Dol Guldur. Mais il est trop tôt pour parler de ces chansons en détail, on verra en fin d’année.
Un dernier mot pour les lecteurs français ?
Silenius : Un grand salut pour tous nos fans en France. Levez vos marteaux !
Merci à Mona de Napalm Records ainsi qu’à Desolate d’avoir traduit cette interview.
Summoning :
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Merchandising : http://shop.napalmrecords.com/summoning