Reuno, figure emblématique de LOFOFORA, nous présentes leur dernier album, “Vanités”, et reviens sur le passé du groupe.
Salut Reuno, et merci d’avoir accepté cette interview.
Lofofora est une figure emblématique de la scène française, fêtant ses 30 ans cette année. Peux-tu nous présenter ta formation pour ceux qui
ne la connaisse pas encore ?
Nous sommes un groupe de rock a tendance Punk hardcore métal avec du chant en français, 10 albums à notre actif cette année et pas loin de 2000 concerts. Les musiciens sont Vincent à la batterie depuis 10 ans, Daniel à la guitare depuis 18 ans et Phil à la basse et moi au chant depuis le début.
Comment est né Lofofora et surtout, quels souvenirs gardes-tu de ton premier concert, en tant que public, et en tant qu’artiste ?
Lofofora est né d’une amitié naissante entre Phil et moi, de notre passion pour la musique punk et ses dérivés comme le hard core et la scène « fusion » des débuts, Fishbone, RHCP, etc… de l’envie de proposer autre chose sur la scène française, une musique rentre dedans qui n’aurait pas peur de puiser également dans d’autres influences…
Le tout premier concert de rock que j’ai vu, c’était Starshooter, je devais avoir 13 ans. Ça m’a donné envie de faire pareil. Le premier concert de Lofofora, je crois que c’était en concert de soutien pour un squat à Paris. Tout ça était encore très abstrait. Comme chaque groupe débutant, ça manquait naturellement déjà de maîtrise mais l’expérience nous avait laissé une sérieuse envie de recommencer, de travailler, de progresser pour leur envoyer plein la tronche.
A cette époque, quels étaient tes exemples en terme de chanteur, metal ou non ?
Mon goût pour le chant saturé vient plus de chanteurs comme Tom Waits à la base, j’adorais Louis Amstrong quand j’étais tout petit. Au début de Lofofora, je découvrais aussi Young Gods dont j’adore les placements et le son de la voix de Frantz. Dans un autre genre j’aimais beaucoup aussi la voix de Peter Steele dans Carnivore. Bien sûr, à l’époque déjà tout le monde bavait devant Mike Patton mais moi, dans le genre championne de rodéo j’ai toujours préféré Nina Hagen ou encore Catherine Ringer que je trouve moins démonstratives et plus généreuses.
Tu as eu la chance d’ouvrir pour Iggy Pop, est-ce selon toi l’élément déclencheur qui a permis à Lofofora de se lancer et de couvrir une plus grande audience ?
Disons que ça nous a donné un sérieux coup d’accélérateur que ce soit dans l’exposition au public, dans la pratique de notre art et dans la voie vers la professionnalisation. Et puis être parrainé par le patron des patrons pour un groupe débutant on ne peut pas rêver mieux.
Le milieu / fin des années 90 était une période propice pour proposer des courants de musique dit “alternative”, dont bien des groupes ont été mis dans la case “fusion”, que ce soit Lofofora, mais aussi Silmarils, Oneyed Jack, Atomic Kids, Treponem Pal, Mass Hysteria, ect. Selon toi, cette
“vague de fusion” a-t-elle vraiment marqué le paysage de la scéne musicale française ?
Bah oui inévitablement, la scène a été foisonnante à cette période, beaucoup d’envies d’ expérimenter de nouvelles choses. C’est aussi à partir de ce moment-là que les groupes français ont commencé à se soucier de leur son. C’est une scène qui avait pour volonté affirmée de faire tomber les barrières entre les genres musicaux et je crois franchement qu’on y a pas mal contribué.
Peu d’entre eux ont été en mesure de traverser les décennies, voire même de passer le cap des années 2000. Quel est donc le secret de la durée de Lofofora ?
Je crois qu’il y a plusieurs raisons à ça. Si on devait faire un groupe pour devenir riche et célèbre et bien au creux de la vague on aurait arrêté comme certains. Mais surtout on a jamais essayé de sauter dans des trains en marche, comme celui du « néant » métal par exemple. Être à la mode ça
veut dire aussi passer de mode tôt ou tard. Même si on est toujours à l’affût de tout ce qu’il ce fait en musique, que tout peut nous influencer, on a toujours voulu développer une identité de groupe plutôt que de coller à un mouvement.
Quel regard as-tu sur votre carrière musicale ? Peux-tu revenir sur les précédents albums, en partageant tes avis passés et actuels ?
Il y en a forcément que tu as plus ou moins de plaisir à écouter, de par des choix artistiques, de composition, de son etc. Mais aussi pour les moments qu’ils représentent, des moments de la vie du groupe ou de la vie personnelle, certains dont tu as envie de te souvenir avec grand plaisir,
d’autres que tu préférerais oublier ou n’avoir jamais vécu. Mais bon sans faire l’inventaire des 150 chansons environ que l’on a dû enregistrer avec Lofofora, dans le lot il doit bien y avoir une trentaine de chansons à peu près réussies. On compose toujours par plaisir et pas par obligation, on n’a jamais eu l’impression d’être obligé de faire du Lofofora. Alors même s’il y a du bon du mauvais je sais qu’on a toujours fait avec sincérité et ça aide à assumer les albums ou les chansons un peu bancals.
Vanités sort le 8 novembre. Quel fut le mot d’ordre pour cet album ? Ce dernier sort à peine une année après “Simple appareil”, album entièrement acoustique.
On fait pas vraiment de briefing quand on compose un nouveau disque pour savoir qu’elle va en être la couleur mais on avait tout de même envie d’être dans une énergie punk, de faire un disque qui crache sans demander pardon. Quelque chose d’un peu moins formaté au niveau du son que ce que propose la scène française en ce moment, plus loin du mur de guitares artificiel et plus près des tripes. Après les prises, pour le mix le mot d’ordre était : «Power crade ». Je crois que c’est réussi.
Comment se sont déroulés la composition et l’enregistrement de l’album ? Le fait de travailler sur un album acoustique auparavant a-t-il aidé à la composition de Vanités ?
Ça a aidé à la composition dans notre façon d’entendre la musique au-delà du son, la disto, cela a porté de la richesse dans les harmonies une tendance à mettre un peu plus d’air dans nos compositions ce qui au final rend le tout plus dynamique. Sinon comme d’habitude chacun est arrivé avec ses petites idées sous le bras et on a fait la tambouille tous ensemble.
Je n’ai pas fait les comptes mais j’ai comme l’impression que Daniel s’est plus lâché sur les solos.. Non ?
C’est fort possible, d’habitude quand il y a un solo de guitare dans un de nos morceaux, c’est le reste du groupe qui lui demande. Cette fois je crois que, de son côté il en a proposé un ou deux.
Daniel défonce en solo en vrai, il fait rarement plus de trois prises, il a un feeling deux et est vachement à l’écoute même s’il a la tête dans le guidon et que tu as une idée de dernière minute à lui suggérer.
D’ailleurs, quels furent vos inspirations pour la création et l’écriture de Vanités ?
La vie, la mort, l’amour, la frustration, l’amitié, les enculés d’en face… comme d’habitude quoi.
La première approche est la pochette de l’album, très réussie d’ailleurs. Qui s’est chargé de cette création et quel message veux-tu donner avec cette illustration ?
C’est une idée commune, la composition de la photo a été effectuée par Phil, avec des objets appartenants à tous. La vanité, c’est une forme artistique généralement un tableau qui est une allégorie sur le temps qui passe, de l’importance que l’on donne aux choses futiles, de l’estime de soi-même, de l’importance que l’on donne à sa propre existence de ce que l’on en fait … c’est finalement assez raccord avec le contenu des chansons, voire même avec le pourquoi du comment du rock’n’roll.
Ton franc parlé est toujours aussi présent, avec des thèmes variants. Quels messages veux-tu faire passer avec cet album ?
Je pense que c’est toujours un peu le même en essayant d’y donner une forme un peu différente à chaque fois. Le rock est une musique qui est là pour rappeler aux gens qu’il est possible d’envisager les choses avec un peu plus de recul, d’appétit pour la liberté, de passion, de partage, de sincérité, avec moins d’orgueil et de nombrilisme. C’est en tout cas ce que je crois et que j’essaie de mettre mes chansons.
Il est clair que la promotion a été soigneusement préparée, comme avec le lyric vidéo de Venin, qui est très particulier dans son style. L’écran représente-t-il pour toi l’avatar parfait pour mettre en avant les paroles de ce titre ?
À vrai dire c’est que le label Athome qui nous a proposé de faire réaliser ce vidéo lyrics par un artiste tatoueur graphiste, l’idée nous a paru cool en rapport avec la chanson. Depuis nous avons tourné un vrai clip pour ce titre, il sortira dans quelques semaines.
Vanités sorti, quels sont vos plans pour défendre la sortie de l’album ? Un album live est-il prévu au vue de la future tournée ?
Oh la la comme tu y vas ! On va déjà commencer la tournée de demain, voir comment ça se passe… en tout cas ça fait quelques années qu’on a pas tourné en électrique et on a vraiment hâte de lâcher les chiens !
Concernant “Simple appareil”, quelles sont les leçons que vous avez pu en tirer ?
Que quelque soit ton style musical le public te met dans une case dont il est très difficile de sortir et que nous sommes finalement fait avant tout pour envoyer du gros son. Promis on fera pas d’album philharmonique.
D’ailleurs, faire une tournée en acoustique, bonne expérience ou galère ? Je pense notamment à la difficulté de trouver des programmations.
C’est ça, Pour beaucoup de monde, Lofofora et acoustique ne pouvaient pas tenir dans la même phrase, programmateurs y compris.
Penses-tu que un second album acoustique serait désormais envisageable ?
On fera ça quand un président écologiste sera élu à la tête du monde et que Donald Trump aura des Dread Locks.
Avec 10 albums au compteur, comment faîtes vous pour créer une setlist de concert ? J’imagine que certains titres sont bien plus demandés que d’autres.
Oui mais c’est nous qui décidons ! C’est déjà pas facile à 4. Pour que les gens passent un bon moment à nos concerts il faut d’abord que nous on se fasse plaisir. Il faut surtout de la set liste soit cohérente, que les anciens morceaux choisis collent avec les nouveaux.
Lofofora s’exporte-t-il également dans des contrées voisines, lors de vos concerts, que ce soit en Suisse, Belgique, Canada, Antilles, voire certains pays du Maghreb, ou est-ce un groupe demandé et ancré en France ?
En fait on joue surtout en pays francophones, bien sûr Belgique, Suisse mais aussi Québec, Nous sommes également allés jouer sur l’ile de la Réunion et en Nouvelle-Calédonie. Nous on est chaud pour aller jouer partout, maintenant c’est pas facile pour un tourneur de nous trouver les dates à l’étranger.
Avec ton expérience, penses-tu qu’il soit plus aisé, ou difficile, de défendre un album de Lofofora en 2019, par rapport en 1999 ( à la sortie de Dur comme fer) ?
Je ne sais pas, on intéressait peut-être plus de monde à l’époque… il y avait moins de groupes… en même temps c’est surtout en tournée que ça va se passer donc que je pourrais te le dire qu’après quelques dates.
En parlant de vos précédents album, Peuh et Dur comme fer ont été remastérisés cette année. Un besoin s’est-il fait sentir, avais-tu des regrets vis à vis des enregistrements précédents ? Quel fut le mot d’ordre ?
Moi je suis pas trop fan de « remasters » mais il paraît que les gens aiment ça. Que ça permet à un album de ne pas sonner trop daté. J’étais surtout content que ces albums soient à nouveau disponibles, particulièrement en vinyle.
D’ailleurs, question qui me tarode, un riff de holiday in France me fait furieusement penser à Refuse Resist… Coincidence ?
Riff de Holiday in France en question :
Riff de Refuse Resist :
Ah ah ah ça t’a taraudé depuis 25 ans ? Oui c’était un clin d’oeil volontaire.
L’interview prend fin, si tu as des annonces à faire c’est le moment !
Allez écouter First Draft, un groupe de Tours que j’ai découvert récemment, le nouvel album de Verdun qui va bientôt sortir, allez voir des concerts, sortez de chez vous, levez la tête de vos écrans, sortez vous les doigts du cul, gros bisous et à bientôt !
LOFOFORA
Site web : http://www.lofofora.com
Facebook : https://www.facebook.com/Lofofora/?fref=ts
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