MAÏEUTISTE est un groupe de black metal aux différentes facettes. Eheuje et Keithan nous parlent de leurs inspirations, du premier album et du second déjà en préparation.
Salut ! Pouvez-vous nous présenter MAÏEUTISTE à ceux qui ne connaissaient pas encore le groupe ?
Salut à toi ! MAÏEUTISTE vit le jour en 2006 sous l’impulsion de Eheuje et Keithan qui souhaitaient proposer une musique allant vers le black metal. Toutefois, il fut déjà question de proposer une musique éclectique, tout en gardant la frénésie que procurent d’excellents groupes de metal extrême, tels que BETHLEHEM, EMPEROR, DARKTHRONE ou encore ULVER. Il nous a fallu du temps pour que cela réponde à nos attentes esthétiques. Le groupe fonctionne de manière collaborative dans toutes les étapes de l’écriture, enregistrements, etc. Nous voulions aussi évoquer des questions philosophiques que nous pourrions transcrire en musique, nous recherchions une forme de poésie.
Comment êtes-vous tombez dans l’univers de la musique et de la guitare en particulier ?
Pour la majeure partie d’entre nous, cela est survenu très tôt grâce à nos proches qui pour la plupart écoutaient du rock ou du blues, de la musique classique, de la musique de film, etc.
Quelles étaient vos influences à l’époque ? Et quelles sont-elles aujourd’hui ?
Des artistes tels que Queen, Mike Oldfield, Dire Straits, Pink Floyd ont été majeurs à nos débuts. La scène grunge a toujours été très influente dans notre travail bien que cela n’est clairement pas explicite dans le projet qu’est MAÏEUTISTE, avec ALICE IN CHAINS, PEARL JAM, SOUNDGARDEN, MAD SEASON , NIRVANA, TEMPLE OF THE DOG, etc. Ce sont toujours des références pour nous et il y en a beaucoup d’autres ! Dans la scène metal particulièrement avec les classiques : METALLICA, SLAYER, les premiers SEPULTURA, TOOL, DEFTONES, puis dans la scène extrême TROUBLE, CANDLEMASS, MÖRK GRYNING, ATARAXIE, ABIGOR BLUT AUS NORD, DEATHSPELL OMEGA, ONDSKAPT, etc.
Parlons matériel à présent. Sur quel matériel avez-vous débuté et quel est-il actuellement ?
On a démarré en jouant sur le matos des autres (rires) ! Il s’avère que notre batteur JF nous a proposé de répéter dans son local durant 7 ans. Niveau amplis au tout début, nous n’avions pas grand chose : un Hugues et Kettner 100W “Vortex”, un combo Laney TF100W, puis on se faisait prêter le matos tels qu’un Deliverance de chez Fryette et un Ampeg SVT3 Pro pour la basse. Concernant la batterie, JF jouait sur une batterie Premier XPK.
Lors des enregistrements, nous avions à notre disposition des petites perles : un VHT Pitbull 50, un Marshall JCM 800, un ENGL Savage 120, un Jet City HDM100, un Fender Hot Rod Deluxe.
Dorénavant on joue sur Savage 120, Peavey 5150, Randall RG 1003. Niveau guitares, nous avons une LP Ltd EC-1000 (micros Joe Barden), une Custom 77 Blackout et une LP Gibson Floyd Rose.
MAÏEUTISTE est créé en 2007 avec une première démo « Socratic Black Metal » limitée à 639 copies en cassette, pourquoi avoir choisi ce format et ce nombre de copies ?
Nous avons tout d’abord auto-produit une première version de notre démo limitée à 100 copies, c’était le format professionnel le moins cher en petite quantité à l’époque. La réédition a été faite par le label D.U.K.E. qui en a produit 639 copies.
Quels étaient alors vos buts lors de la création de MAÏEUTISTE ? Que vouliez-vous proposer ?
Deux choses sont pour nous primordiaux en ce qui concerne le black metal : sa dimension mystique et cette idée de contre-culture. Seulement cette idée de contre-culture peut parfois se caricaturer elle-même. Nous trouvions parfois que cette scène se concentrait plus sur l’apparence que sur la musique en elle-même, et nous pensons toujours que ces questions tels que le diable, le paria, l’opposition à la pensée unique font chacun partie intégrante du black metal, et méritent des interprétations changeantes.
Nous voulions de ça dans MAÏEUTISTE, c’est pourquoi nous avons abordé la littérature et la philosophie antique : nous essayons d’y avoir une approche poétique. La maïeutique est l’art d’accoucher les idées, notions développées par Socrate. On voit cela comme le moyen d’exprimer ce que l’on peut parfois ressentir, cette étrange impression qu’une idée s’avère parfois enfouie en nous. MAÏEUTISTE veut aussi dire sage-femme en médecine, et nous apprécions mettre en avant cette idée de naissance, du moins on essaye de le faire ressentir à l’auditeur. Ce premier album est une invitation à la maïeutique, c’est pour cela que nous souhaitions que cette démarche d’interprétation nécessite un effort de lecture.
L’album est fraichement sorti et ce veut relativement complexe, tantôt teinté de black metal puis de doom, tantôt de passages très proches du death melodique, voire même rock blues avec des passages claires et en acoustiques. Comment avez-vous approché la composition pour cet album ? Êtes-vous partis des paroles ou avez-vous rassemblé des idées et composé l’album ensuite ?
L’album forme un tout, les textes et la musique ont été conçus ensemble, mais il y a eu surtout beaucoup d’ajustements tout au long de ces années. Notre approche est de se dire qu’écrire de la musique est un processus infini, que ce soit écrit dans les règles ou non, et qu’il revient à l’auditeur de s’approprier si il le souhaite ce qu’on lui propose.
Le premier titre de votre EP Socratic Black Metal se nomme “Introduction in the mirror” et les deux premiers titres du nouvel album sont “Introduction” puis “In the mirror”. Jolie clin d’œil ! L’album en comporte-t-il d’autres ?
Les morceaux de la demo sont comme les esquisses des versions de l’album. Le titre “Introductions…” prend un sens différent dans ce dernier car il présente les motifs majeurs de chaque morceau, tels des leitmotivs. Il y a d’autres éléments cachés que nous préférons garder secret pour le moment.
De très nombreuses parties acoustiques font leurs apparitions ci et là, rajoutant une certaine quiétude et mélancolie au titre. Auriez-vous voulu en rajouter encore plus ?
Les prises acoustiques requièrent un niveau d’exécution précis lors d’un enregistrement, jouer sur une guitare classique ou une folk s’avèrent de plus totalement différents, ce qui ne rend pas la tâche aisée.
Nous ne souhaitions pas en rajouter plus pour cet album, mais il est certain que l’acoustique reste pour nous un axe à exploiter, plus précisément, nous souhaitons expérimenter l’usage des instruments à cordes de la période baroque pour notre prochaine album, nous verrons où cela va nous mener.
Les titres sont également longs et alambiqués, les idées sont nombreuses et n’aident pas toujours à la « lecture », il faut donc plusieurs écoutes afin de bien cerner votre album. Était-ce un but que de créer des titres aux lectures possédant de multiples visages ou ces titres sont-ils des expériences ?
Comme expliqué plus haut, oui c’est une volonté de notre part pour inciter à l’interprétation. Mais nous pensons surtout que nous sommes influencés par un format qui se perd à l’heure actuelle, les usages ont changé. Il suffit de constater que le format le plus en vogue est l’EP, beaucoup de gens recherchent une instantanéité à comprendre la musique qu’ils écoutent. Nous pensons qu’il peut être intéressant de se laisser aller face à une œuvre pour laquelle on ne comprend pas tout dans l’immédiat, même parfois ne pas se sentir obligé de tout expliquer ou justifier. L’art peut être alors juste une expérience, une sensation, mais surtout du temps à accorder à soi.
D’ailleurs l’album ne dure pas moins de 76 minutes ! Aviez-vous encore des titres à inclure et avez-vous dû faire des choix ?
L’album faisait à l’origine 88 minutes. Nous avons mis de côté un morceau complet qui s’intitule “Fortuna”. Ce morceau a été conservé et sera disponible à un moment ou un autre.
Pour revenir aux paroles, vous êtes-vous inspirés de lectures ou d’autres sources afin de mettre en avant ces paroles ? Quel est la thématique de l’album ?
Le thème se veut comme étant un carnet de voyages, l’idée était de retranscrire le parcours de quelqu’un qui découvre la maïeutique et qui, par la suite, devient cet accoucheur des idées. L’écriture des textes est inspirée notamment de la poésie romantique et reste d’une teneur abstraite. De plus la figure de Socrate est représentée comme un maître à penser qui s’est sacrifié pour ses idées. Il est important de préciser que nous ne faisons pas ici l’analyse des textes de Platon racontant le parcours de Socrate, nous faisons de la musique et non de la philosophie, autrement dit la transformation d’une idée en émotion.
En parlant des paroles, que représentent les caractères au sein du livret de l’album et pourquoi avoir choisi de « cacher » le contenu des paroles ?
Les paroles seront disponibles très bientôt en ligne car nous souhaitons les partager : c’est pour des raisons financières que les Acteurs de l’Ombre n’ont pu éditer un livret, qui s’avérait trop coûteux compte tenu du nombre de pages. Seule la version Box de l’album limitée à 100 exemplaires est ainsi proposée avec les paroles.
Quant aux caractères, ce sont des coordonnées d’étoiles, et pour le moment nous ne souhaitons pas en dire plus…
La première approche, l’artwork de Laurence Léonard-Sytnik, est quelque peu mystique. Que vouliez-vous nous faire ressentir avec cet artwork ? (Que représente-il, etc etc)
Nous voulions donner l’effet d’un miroir pour celui qui le regarde et effectivement, quelque chose de mystique. Ce dessin au fusain a été dessiné par Laurence Léonard-Sytnik de manière automatique et fait partie d’un ensemble d’œuvres qui dévoilent des silhouettes, des visages, des portraits tels des spectres.
D’ailleurs pourquoi ce visage ?
La raison première est que la question du miroir est centrale dans l’album, puis au premier coup d’oeil, nous savions que c’était notre artwork : il est aussi sujet à l’interprétation : est ce un vieux sage ? un diable ? Pan ?
Alors que la démo était auto produite ce premier album est, quant à lui, enregistré et mixé par deux personnes différentes, peux-tu revenir sur ces choix ?
D’ailleurs vos directives ont-elles été directement comprises ?
Ces personnes sont des proches qui travaillent avec nous à la fois dans MAÏEUTISTE mais aussi dans d’autres projets musicaux. Nous étions dans une entente forte, mais ce fut une expérience douloureuse car nous avons toujours choisi de prendre des risques pour cet album, jamais la solution de facilité. Le son de notre album reflète des recherches qui s’avéraient parfois concluantes, d’autres perfectibles, mais nous pensons que cela lui donne une identité.
L’album est sorti chez Les Acteurs de l’Ombre, quant à la distribution, elle est assurée par Season of Mist. Pourquoi avoir choisi de rejoindre leur bannière et non une autre ?
Les Acteurs de l’Ombre est un label que nous apprécions pour sa manière de promouvoir ses groupes, à la fois ouvert aux nouveaux usages numériques et assurant de toujours proposer de la qualité concernant le format physique. Leur proposition a été honnête et le dialogue passe très bien.
MAÏEUTISTE a mis en ligne pas moins de trois clips, à savoir « Lifeless Visions », « The Fall » ou encore « Absolution », tous les trois relativement mystérieux et qui empruntent des extraits d’anciens films d’horreur. Peux-tu nous parler de ces clips, ce que nous devons en comprendre mais également nous parler de leurs réalisations ?
Les images sont tirées de “Faust” de Murnau qui s’avère être une influence majeure de l’album, que ce soit à travers l’histoire originelle, ou le film qui est tout bonnement exceptionnel. Dans le cadre de la promo, Youtube est une plateforme pratique. Nous ne voulions pas présenter les morceaux sous un format publicitaire à la manière d’un “lyrics video”. Alors chaque morceau représente une manipulation du film, le montage fait par nos soins vise à transgresser le film de trois manières différentes, que ce soit l’histoire du film, ses personnages, ou son image.
Maintenant que l’album est sorti avez-vous quelques regrets par rapport à certains choix de mélodies / productions ou autres ? D’ailleurs quels sont les retours ?
Nous n’avons pas de regrets, nous avons décidé d’avancer et nous allons tenter de parfaire notre démarche pour le prochain. Les retours de manière générale sont bons, de plus ils sont instructifs et argumentés, ce qui nous aide à avancer.
L’album est sorti, quels sont désormais les plans pour MAÏEUTISTE ? Avez-vous, entre autre, des dates de programmées afin de promouvoir l’album ? Un futur album est-il déjà en préparation ?
Nous continuons la promotion de l’album mais il s’avère que le prochain est presque finalisé au niveau de l’écriture. Le suivant se fera en studio et bien qu’il répondra aussi à certaines contraintes, il ne mettra pas tant de temps. Peut-être l’année prochaine.
La scène française est riche de diverses formations de black metal, avez-vous des groupes de cette scène française favoris ? Ou êtes-vous plutôt écliptique ?
La scène française est en effet garnie de groupes que nous apprécions. Nous pourrions citer NEHËMAH, CRISTICIDE, MÜTIILATION, SEKTEMTUM, DOCTOR LIVINGSTONE, ANTAEUS, BLUT AUS NORD, DEATHSPTELL OMEGA, et nous en oublions pour sûr.
D’ailleurs, que pensez-vous de la position de la scène black metal française par rapport aux productions étrangères ?
On ne différencie pas vraiment les groupes français aux autres, nous préférons nous concentrer sur la singularité d’un projet. Le fait qu’un groupe soit français nous indiffère sur sa potentielle qualité musicale.
L’interview arrivant à sa fin, si vous avez quelque chose à rajouter, c’est le moment…
Un grand merci pour l’interview et bonne continuation à votre site, tout simplement et à très vite !
MAÏEUTISTE
Site web : http://maieutiste.ovh.org/
Facebook : https://www.facebook.com/maieutisteofficial?fref=ts
Merci aux Acteurs de l’Ombre ainsi qu’à Maedlyn pour sa relecture.
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