Interview avec Niko afin d’en apprendre davantage sur la création de TAGADA JONES et son évolution jusqu’au dernier album en date, “La peste et le choléra”.
Salut Niko ! Commençons. Qu’est-ce qui t’a donné envie de jouer de la guitare dans un groupe de punk hardcore ?
Moi je raconte souvent cette histoire-là : on a commencé en décembre 93, c’était vraiment le centre du mouvement alternatif. Et c’est vrai que là quand j’étais tout jeune, quand tu commences vraiment à sortir ben ce qui m’a donné envie de faire de la musique c’est les concerts des BERU, de Parabellum, des SHERIFF, des WAMPAS, de LUDWIG, même MANO NEGRA. Moi je suis vraiment très rock français, il n’y a plus que moi du début, Stef est arrivé 3-4 ans après le début, en 97 et puis Job est arrivé il y a 9 ans maintenant et puis Waner 5-6 ans.
Donc c’est vrai que clairement en voyant tous ces groupes-là, tu te dis « Moi aussi j’aimerais bien faire de la musique ! », alors moi j’avais fait de la musique quand j’étais plus jeune, un peu de solfège, du piano mais ça me saoulait alors j’avais arrêté. Et puis du coup, peut-être 10 ans après j’ai repris d’un côté ludique, j’ai appris à jouer de la guitare.
Au tout début du groupe je ne faisais que chanter et c’était une catastrophe pas possible d’ailleurs (rires) jamais je te ferais écouter les cassettes des démos qu’on a fait à ce moment-là ! On les a brulées je crois (rires). Et puis après l’autre guitariste m’a appris à jouer de la guitare et c’est comme ça que je me suis mis à jouer de la guitare mais j’ai d’abord chanté dans le groupe, uniquement.
Les influences que tu avais à l’époque, est-ce que tu les as gardées ? Ou est-ce qu’elles ont évolué avec le temps, avec la « modernisation du modèle » ?
Je pense que oui, ça a énormément évolué surtout au début tu commences avec des influences qui te donnent envie de faire de la musique, après tu as ta propre personnalité qui s’exprime sinon ça n’a aucun intérêt, de faire du copié-collé de ce qui existe déjà. Tous les groupes qui font ça n’ont pas vraiment d’intérêt, à part d’être super grandiose techniquement et de le faire mieux que l’original mais tu vois il n’y a pas l’âme qui va derrière.
Donc nous, petit à petit évidemment, on a dévié vers notre propre musique et au fur et à mesure qu’on apprenait, même des choses techniques, on les a intégrées dans notre musique… Comme on faisait du punk tu vois, avec quatre accords on est parti, il manque pas grand-chose et aujourd’hui on est loin d’être des virtuoses de la musique non plus et c’est pas du tout ce qu’on veut faire. Mais on a été piocher à gauche, à droite des idées, des riffs qu’on aimait bien et puis après tu retranscris ça sur ta gratte et tu composes des choses personnelles.
Evidemment que tout ça nous a influencé et aujourd’hui nous on est vraiment classé là-dedans c’est-à-dire que effectivement on est punk parce que l’intentité du groupe, l’énergie du groupe reste punk, les paroles restent punk engagées. C’est vrai que musicalement, on va piocher un peu dans le metal, un peu dans le hardcore, un peu dans le punk, un peu dans le rock français, même des riffs un peu electro.
C’est ce que j’ai remarqué sur le live un moment il y avait presque des partis, je vais pas dire jams mais avec de gros ralentissements suivis de doubles sur la technique des palmute.
Y en a en plus sur des morceaux, là on a une version très réduite du set puisqu’on a joué que 50 minutes, en concert standard on joue plutôt 1h30-1h35. Y en a dans le set normal de TAGADA JONES, nous on veut surtout pas se donner de barrières, ça va de pair avec nos idées, c’est vraiment on va où on veut, pas de carcan, si on a envie de faire ça peu importe ce que les gens en pensent, on va faire ce riff là en chantant ça dessus.
Et puis voilà c’est vraiment notre façon d’aborder la musique et on est vraiment un groupe qui prône quand même les libertés d’une manière générale, c’est ce qui pourrait le plus nous caractériser et donc forcément dans la musique donc nous on joue ce qu’on a envie de jouer, on est libre de jouer des riffs metal sur du punk ou de chanter du punk sur du metal ou du hardcore. On fait un peu comme on veut. Donc effectivement, pour répondre à la question parce que je me suis un peu éparpillé,
Oui, on a vraiment évolué avec le temps, ça a changé et c’est normal.
Est-ce que tu pourrais nous donner ton Top 3 de tes albums favoris ?
Le dernier album récent que j’ai vraiment bien aimé c’est Frank Carter, tu vois qui jouait avant dans GALLOWS et tout ça… Tu vois pas ce que c’est ? Bah tu écouteras, tu verras ! Et c’est bien je trouve que c’est vraiment intéressant c’est un anglais, de Londres et il a son truc, une très forte personnalité et c’est un album que j’ai vraiment trouvé bien dernièrement.
Et après si tu veux dans les albums mythiques, même d’avant que moi je fasse de la musique, il y a quand même le live des BERU, Viva Bertaga que j’ai écouté pendant des heures et des heures, qui m’a beaucoup amené à faire de la musique.
Et puis je dirais, dans nos grands frangins aussi : « Dur comme fer » de LOFOFORA qui a été un des albums qui a marqué un peu notre aventure à nous : le fait qu’on commence, on était tout minots et puis cet album-là est sorti on se l’est pris en pleine face, ça nous a marqué.
Et puis je pourrais rajouter aussi TRUST parce qu’évidemment ils ont ouvert les portes, je suis pas persuadé de pouvoir dire vraiment en le pensant, dans le fond des yeux que je suis content qu’ils se soient reformés. Je vais aller les voir à reculons parce que j’entends que des gens qui trouvent ça pas terrible tu vois…
Ils avaient même intégrés un DJ à une époque, ça avait été mal accepté…
Je les avais vu à cette époque-là et c’était vraiment… en fait eux-même n’avaient plus envie de jouer ça se ressentait trop et du coup c’était vraiment pathétique.
C’était pour le business
Sans doute, je sais pas pour quoi c’était, mais en tout cas nous ce qu’on voyait, de l’extérieur, c’est que ça n’avait aucun intérêt tu vois.
Je pense que c’est quand même important aussi des groupes comme nous, on leur doit parce que c’est quand même le premier groupe qui chantait en français sur de la musique un peu dure, qui a ouvert les portes si tu veux.
Moi à l’époque « Les templiers » m’avait vraiment fait flasher, il était phénoménal ce titre.
Niveau matériel, est-ce que tu pourrais me parler de ta première guitare ?
Ma toute première guitare c’était une Fender Stratocaster mais pas les vraies c’était celles qu’ils faisaient au Mexique. C’est-à-dire qu’au tout début qu’ils ont commencé à délocaliser les guitares des Etats-Unis, la première usine c’était au Mexique, j’ai eu cette série-là, ce qui est devenu Squier après mais moi celle que j’ai acheté, c’était vraiment les toutes premières, c’était encore étiqueté Fender. C’était ma première guitare, c’est là-dessus que j’ai appris à jouer…
C’est un peu la guitare par défaut parce que j’y connaissais rien, j’ai pris une guitare un peu au pif avec mon grand-père. Et après la première guitare qui vraiment m’a fait rêver , pour laquelle j’ai économisé des semaines et des semaines avant de me l’acheter c’est une Gibson SG. Celle-là je l’avais bien en ligne de mire, je l’avais essayée, je l’aimais bien, je voulais vraiment l’acheter et voilà j’ai économisé pendant plusieurs mois et je me rappelle c’était 5 500 Francs à l’époque (rires)
Comme quoi ça marque !
Et j’ai mis du temps à les avoir de côté les 5 500 Francs, dès que je les ai eu ça a été un vrai plaisir !
Donc 760 euros pour les plus jeunes. (rires)
Et je me la suis fait voler en plus, sur scène mais bien longtemps après. En fait on avait eu un endorsement entre temps avec Gibson qui nous en avait donné une, on en avait une à moitié prix, une autre donnée, c’était un deal qu’ils faisaient à l’époque. Donc moi et Steph on en avait 2 chacun, et celle-là elle servait, elle était là en spé en fait, je la gardais quand même, elle servait pas vraiment elle était pas forcement visible puis il y a un mec qui est monté et qui nous l’a volée.
Et il y a quelqu’un qui est venu nous voir à la fin du concert en disant : « Excusez-moi mais je crois qu’il y a quelqu’un qui est venu vous voler une guitare puis le temps d’aller chercher dehors le mec avait disparu ». Et on l’a jamais retrouvée. Je l’avais customisée en plus, j’avais mis des micros EMG, je ne travaille plus avec maintenant mais à l’époque j’avais voulu faire ce test-là, je connaissais pas vraiment grand-chose en son pi tu vois maintenant nous on cherche plus l’énergie donc ça nous plait pas ces micros-là, trop lissés je pense pas assez de dynamique dessus. Et j’avais surtout des mécaniques qu’un américain m’avait donné, un américain avec qui on avait tourné en Europe et il m’avait dit « Ben tiens moi j’ai acheté ça, y en a plein chez nous ».
C’était des mécaniques GOTOH noires avec les premiers blocages à l’arrière, tu vois c’était des molettes de blocages à l’arrière, j’avais monté ça dessus. J’avais regardé après sur le net, je me disais si le mec la vend je vais bien la repérer, j’avais mis des alertes et tout, mais non, jamais vue.
Il a dû se l’accrocher au mur je pense, c’est là que ça fait mal.
Peut-être qu’elle sert à rien ou qu’elle est brulée ou j’en sais rien.
Et sinon, le tout premier concert de TAGADA JONES ?
Bah le tout premier concert, nous on a commencé à l’école hein. Donc en fait on a fondé le groupe on était vraiment en Terminale et on a fait 6 mois sans jouer de concert. Tu vois c’est le début, tu répètes… d’ailleurs les répètes c’était plutôt des fiestas que des répètes mais bon, sur le papier c’était une répète… C’est l’année d’après qu’on a commencé à faire les premiers concerts, ou l’été d’après avec la fac, et en fait c’était des concerts mi- fac, mi- fête de lycée, c’est le premier concert qu’on a fait. Donc en fait le premier concert qu’on a fait on a joué devant plein de monde parce que c’était des fêtes où il y avait déjà 1000 personnes, il y avait pas que des copains, c’était des fêtes de lycée ou des fêtes de fac où il y avait plein de gens… C’était assez minable ce qu’on faisait mais les gens étaient bourrés et fin saouls donc ils avaient trouvé ça bien, il y avait une partie qui avait trouvé ça bien.
Il y avait de l’énergie !
Surement qu’il y avait de l’énergie oui.
Tout à l’heure je vous ai vu jouer. Et là, à chaud, tu en as pensé quoi ?
Ben moi je suis assez content parce que c’est toujours un peu difficile de faire des concerts de fin d’après-midi, tu vous nous on a plus l’habitude de jouer tu vois à 10h, 11h, minuit le soir, il y a une autre ambiance, c’est différent. Là on fait un concert de fin d’après-midi dans un festival, c’est toujours difficile de faire lever l’énergie avec les gens, l’osmose… et ça a pris, c’est ça qui est vraiment intéressant, c’est bien on est vraiment contents dans ce sens-là. Je dis pas que c’est… : souvent les concerts le soir c’est plus la folie que ça mais déjà c’était très bien pour un concert de fin d’après-midi.
Mais c’est vrai que là c’était déjà plus hétéroclite en terme de date, parce qu’il y a tout type de metal, et vous qui êtes punk/hardcore, il y a SICK OF IT ALL qui va être totalement hardcore en fait.
Mais nous on passe souvent très bien sur les plateaux de metal. Je me rappelle une fois on a été jouer au goHellfest et tout le monde disait c’est petit mais il y avait que des groupes extra, metal extrème et nous… même nous on y allait : on disait on verra bien, on s’en fout… et puis en fait ça avait cartonné tu vois, parce que on était différents donc les gens ils sentaient une autre énergie.
Et il y a plein plein de mecs metalleux qui nous connaissaient pas qui sont venu nous voir à la fin du concert en disant : « C’est vachement bien ce que vous faites ». Alors souvent dans des dates metal comme ça, les gens ils prennent en exemple TRUST parce qu’ils chantaient en français, mais voilà il y a plein plein de mecs qui étaient venu nous voir en disant c’est super bien. C’est vrai que dans les concerts metal en général on tire bien notre épingle du jeu.
Bah il y a de l’énergie, t’es coincé entre deux groupes d’extrême ou de black metal, ça apporte un peu d’aération (rires).
Alors, je souhaiterais savoir en tant que guitariste quelle est la configuration que tu utilises sur scène ?
Alors moi c’est assez simple, comme je fais que de la rythmique si tu veux, j’utilise un ampli Diesel depuis 5 ans. En fait on avait essayé ça sur une date en Allemagne, c’est allemand comme marque, et puis le gars était là et moi j’avais vraiment kiffé, c’est vraiment super, c’était une date où on avait joué avec MAXIMUM THE HORMONE. Et le mec, j’avais vraiment accroché du coup il m’a proposé un deal « d’endorsement » qui était pas vraiment de l’endorsement tu vois il a filé l’ampli à prix coutant en gros, mais c’est quand même des amplis qui coutent 3 500 balles c’est assez cher, ou 4 000 balles, j’avais payé 1 200. Mais j’avais vraiment flashé dessus et donc c’était direct nos nouvelles guitares que Yamaha nous a, eux, données, on est vraiment endorsé avec Yamaha depuis 6-7 ans maintenant je pense. Avant on était endorsé avec Gibson et quand Yamaha est venu nous voir en nous disant : bah voilà est-ce que vous voulez essayer les guitares ?
On a dit : non non on est très bien avec nos guitares Gibson, ils auront pas insisté, Job était déjà endorsé avec la batterie, on a dit on va essayer, c’est vrai on peut essayer, on a essayé et on s’est dit… les guitares en fait c’est le haut de gamme de chez Yamaha, c’est des guitares faites à la main au Japon, c’est vraiment des belles séries, c’est des guitares à l’époque ils les vendaient presque 4 000 Euros en magasin, maintenant avec internet ça a descendu mais elles sont quand même à 3 000-3 200 €. Et c’est vraiment de vrais beaux bébés.
Depuis que j’ai un peu plus d’expérience et que j’ai vu passer beaucoup plus d’instruments je peux te dire que si tu vas pas dans des Signatures Gibson ou des Signatures Fender, vraiment du haut de gamme de chez Fender ou Gibson, hé ben c’est une vraie belle guitare, parce que maintenant le standard de chez Gibson ou Fender c’est des guitares pas vraiment bien finies, tu vois c’est de la série, c’est de l’usine, c’est plus le vrai bon instrument qu’ils faisaient à l’époque. Là, ça c’est un vrai bel instrument tu vois, alors c’est vrai que ça sonne, par contre le défaut c’est que c’est lourd donc au début on a eu du mal à s’habituer parce qu’elles sont même plus lourdes que les Les Paul donc tu vois, 600gr de plus qu’une Les Paul.
Et au niveau du manche c’est comment ?
Non, ça va, c’est pareil, c’est peut-être même entre la SG et la Les Paul je dirais au niveau du manche. Elles sont quand même assez faciles et agréables à jouer, alors le poids faut s’y habituer c’est tout.
Et tu gagnes en sustain aussi.
Ouai tu gagnes en sustain, avec la caisse, le bois il résonne super bien.
C’est pas de la cagette ! (rires)
C’est de l’acajou. C’est pas de la cagette, c’est de l’acajou.
Et c’est vrai que cette guitare-là, avec ses P90 de Seymour Duncan, donc ça reste très droit si tu veux, on met pas du full disto, on cherche vraiment encore de l’énergie sur la note.
Tu as du grain et de la dynamique quoi…
En fait on a énormément de dynamique, moi dans mon ampli par exemple c’est clair que j’ai énormément de dynamique, du grain, assez pour pouvoir jouer avec des étouffés, ce genre de choses, mais sans avoir beaucoup de disto mine de rien. Et on a vraiment la note qui est très importante pour nous, on gagne en précision. Pi on est quand même un groupe punk donc on a besoin de la note, c’est des chansons si tu veux donc contrairement à pas mal de groupes de metal où tu ne peux pas prendre une gratte sèche et puis chanter.
Nous les ¾ de nos morceaux, tu prends une gratte sèche, tu chantes dessus : ça marche parfaitement, donc on a besoin de la note qu’il y a derrière quand même. Et le P90 pour ça il est super bien, surtout avec cette guitare-là, qui résonne, qui a du sustain. On met pas beaucoup de disto sur nos ampli tu vois, moi je suis sur le canal crunch, Steph aussi, et sur le canal crunch on est même pas à midi, on est plutôt à -10 tu vois.
Ah ouai d’accord, ah quand même, mais bon la dynamique est là.
La dynamique est là. Quand t’écoutes juste à côté de l’ampli tu te dis « j’ai pas beaucoup de disto », on s’est habitué à jouer comme ça nous avec le temps et après quand tu écoutes 2 guitares l’ensemble devant bah tu te dis : « j’en ai largement assez de la disto en fait ».
Concernant le processus de composition et de production, comment est-ce que vous procédez ? Est-ce que vous composez d’abord les mélodies ou les textes ou des fois ça peut varier ?
Alors ça peut varier ça c’est sûr, c’est jamais exactement la même chose, donc en général ce qu’on fait quand même c’est que, depuis deux albums… puisque ça a changé, avant si tu veux comme tous les groupes on a commencé à composer dans un local de répète, on arrivait, on avait chacun nos riffs, on montait les morceaux, hop.
Ensuite il y a eu le fait de s’enregistrer, tu vois l’arrivée un peu des home studios, les balbutiements des home studios, on a fait ça on commençait à s’enregistrer et on a commencé à avoir un œil, un certain recul sur les morceaux pour les faire vivre, les retravailler. Après il y a eu vraiment l’avènement des home studios et on a vraiment travaillé travaillé, quasi finalement sans avoir répété tous ensemble dans le studio, tu vois on créait presque derrière l’ordi, comme beaucoup de groupes. Et on s’est un petit peu perdu à ce moment-là, parce qu’il y a des morceaux qui marchent très bien qui sont de cette époque-là hein, que les gens aiment beaucoup.
Mais depuis les deux derniers albums on se dit Dissident, l’album de nos 20 ans, on veut surtout pas faire un album de vieux croutons,que les gens se disent « ça se voit qu’ils ont 20 ans ». On s’est remis comme à l’époque, local de répé, on enregistre pas, on compose des morceaux tous ensemble dans le local de répé, chacun amène ses plans. Donc parfois c’est des riffs qui arrivent, y en a un autres qui a un autre riff, ça va avec : putain on fait un morceau avec, parfois c’est un morceau qui est déjà bien amené avec une personne. Parfois moi j’ai des idées de chant, c’est le contraire, c’est la voix qui amène le morceau, je sais ce que je veux chanter et on accompagne la voix. C’est les morceaux les plus punk qui sont faits comme ça en général, c’est plutôt la voix qui drive.
Et on mélange tout ça, et ça c’est les deux derniers processus de composition, c’est comme ça et c’est ce qui nous colle le mieux à la peau en tout cas.
Donc le groupe existe depuis plus de 20 ans, avec des paroles engagées. Est-ce que tu/vous avez une limite de prise de position sur vos engagements ?
Non, on a pas de limite. Là si tu veux il y a des gens qui croient se reconnaitre dans ce qu’on va dire, puis un jour ils vont dire « ah bon mais ils pensent ça ?! » tu vois…
Mais nous on dit ce qu’on pense et je pense que le monde irait beaucoup mieux d’ailleurs si les gens disaient ce qu’ils pensaient. C’est vrai que les paroles c’est moi qui les fait, donc je ne pourrais pas chanter des choses que moi je ne pense pas à 100 %.
Donc moi en effet je pense à 100 % tout ce que je chante, et c’est vrai qu’il y a des fois des gens ils sont pas d’accord avec moi mais c’est normal c’est pas grave. Moi je prône la liberté, je prône le vivre-ensemble, ça veut aussi dire que les gens peuvent être différents et avoir des façons de penser différentes. Après on a du mal évidemment avec tous les extrêmes tu vois, notamment les fachos tout ça, c’est pas du tout notre came, moi c’est parce que je pense que ces gens-là sont des ennemis de la liberté.
A partir du moment où les gens en face deviennent ennemi de la liberté, bon bah c’est sûr que c’est nos ennemis aussi parce que nous on prône la liberté, la liberté c’est aussi accepter la différence de quelqu’un d’autre. Voilà et à partir du moment où les gens en face n’acceptent plus les différences, là du coup nous on les accepte plus non plus tu vois. C’est vrai qu’on pourrait dire ça : c’est paradoxal, tu dis que les gens ont le droit de penser ce qu’ils veulent, ces cas-là ils ont le droit d’être fachos tu vois, on pourrait aller à fond dans le discours. Alors j’explique pourquoi on est pas d’accord avec ça, parce que eux sont contre les libertés tu vois et nous on est pour les libertés. Je sais c’est très réducteur et en plus la vision du futur c’est je pense : ça ne peut fonctionner que si les gens apprennent à vivre ensemble, c’est pas en cloisonnant, en vivant chacun de son coté, on voit ce que ça donne voilà. Chacun de son coté et après au bout d’un moment bim ! ça fait des guerres et puis c’est insolvable, des guerres de religions, des guerres de tout ce que tu veux.
Alors que si les gens apprennent à vivre ensemble y a aucun souci, tout va bien.
Les gens ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas en fait.
C’est clair, donc c’est vrai qu’on a pas de limite et des fois y a des gens qui sont pas d’accord avec nous, ils sont pas d’accord avec nous c’est pas grave, on s’en fout.
Toi tu le vis bien, c’est l’essentiel ! (rires)
Bah oui, je dis ce que j’ai à dire, les gens qui ont envie de dire autre chose, ben ils disent autre chose et puis ils trouvent un autre moyen de s’exprimer tu vois. C’est tout. Après je sais que si tu veux, notre position actuelle qui a toujours été la même, elle est un petit peu reconnue maintenant, surtout par les jeunes qui nous écrivent beaucoup sur les réseaux sociaux, c’est l’avantage des réseaux sociaux c’est qu’ils peuvent contacter directement les groupes quoi.
Nous on pouvait pas le faire à l’époque, quand on était jeunes. Et qui nous disent beaucoup « ça nous touche » je pense qu’il y a vraiment le fait qu’on ait jamais changé de ligne de conduite.
Ben voilà ce qu’on reproche à tous les politicards qui virevoltent et qui vont un coup à gauche et un coup à droite, ils retournent leur veste 50 fois par an parce que tout ce qu’ils veulent c’est être au pouvoir et leur petite personne, essayer d’arriver au sommet et tout ce qu’on veut.
Ben je pense que la différence avec TAGADA JONES c’est que nous effectivement dès le début on s’est dit : on veut être indépendants, on veut créer notre propre label, on veut créer notre propre société de tourneur, on l’a fait. 20 ans après, on est toujours là ! On a refusé de signer sur des majors, on a refusé de signer sur des plus grosses boites, peut-être que si on l’avait fait à un certain moment on aurait pu s’exposer parce qu’il y aurait eu beaucoup d’argent de mis sur nous…
Mais nous on préfère ça et je crois que cette intégrité et notamment aussi bien dans le discours qui a toujours continué, on a jamais changé notre fusil d’épaule tu vois, on a toujours eu notre ligne de conduite, fait que des jeunes aujourd’hui regardent ça en disant : « ce groupe-là il a quand même une stabilité ». Tu vois on apporte ce que les politicards n’apportent pas aujourd’hui. Tu peux ne pas être d’accord avec nous mais en tout cas on est… un pilier ce serait peut-être beaucoup dire, mais tu vois on a notre ligne de conduite qu’on a jamais changé et ça pour les gens c’est rassurant un peu, on est un repère, c’est ça le mot que je cherchais.
Est-ce que tu pourrais me décrire ce que vous avez ressenti pour chaque album sorti sous le nom de TAGADA JONES ? Et par rapport à quelque chose, soit que vous avez vécu, donc soit un bon souvenir soit un mauvais souvenir.
C’est dur. En fait quand tu es musicien tu as toujours la phase de composition, donc tu bouffes tes morceaux, ensuite tu as la phase de studio où tu les enregistres où tu les bouffes, tu les bouffes après t’as la phase de mix : tu les entends, tu les entends. Et en général, après, des groupes de live comme nous, ben finalement on l’écoute plus jamais notre disque tu vois, il est là, on joue ces morceaux-là, mais nous c’est la scène qui prend le dessus. C’est les jouer sur scène. Donc on a plus je dirais des sensations par rapport à un morceau qu’on joue sur scène que par rapport au disque. Et souvent t’as, surtout au début comme nous on était vraiment production très indépendante, sans beaucoup d’argent, on essayait de se payer des studios pas mal mais on était à des années lumières, même aujourd’hui on est encore à des années
lumières des studios que les gros majors ou les grosses maisons de disques peuvent payer à leurs artistes.
Même des artistes si tu veux équivalent à nous, parce qu’à notre grande surprise notre dernier album « La Peste et le choléra » était placé dans le Top 50, c’est quand même incroyable. Un groupe 100 % indé classé dans le Top 50, ça veut dire qu’on commence à vendre un peu comme des trucs grand public, parce que nous on est certainement pas grand public, et on veut pas devenir grand public. De par définition la musique qu’on fait c’est pas grand public, c’est pas de la musique de masse, c’est de la musique de niche, de la musique underground, alternative.
Nous même on a été surpris de ce succès-là, mais ça a pas toujours été le cas. Au début c’était très compliqué comme il y avait pas de promo, on a tout fait tout seuls… Et on était toujours un petit peu déçus de la prod, tu vois on voulait avoir le son d’un gros groupe, parce qu’indirectement tu as beau de dire qu’ils sont sur les majors et tout, mais tu te compares toujours au son, tu veux toujours le son du groupe le mieux, tu veux pas le son du groupe le plus nul que t’as dans tes vinyls ou dans tes cassettes/cds tu vois. Donc on avait vraiment un cran en dessous, même aujourd’hui on est encore un cran en dessous des très grands groupes, ça se rapproche, maintenant on a notre propre studio, on travaille nous-même le son, après on commence à mixer comme là. On a mixé avec Fred Duquesne qui du coup ramène encore un cran au-dessus. Mais les énormes prods les mecs ils passent des mois et des mois en studio tu vois il y a toujours un décalage avec les groupes alternatifs.
Mais on est contents, aujourd’hui on est contents vraiment de nos prods alors que par le passé il y avait toujours un petit truc qui nous titillait, on se disait : « le son c’est pas ça », on a pas réussi à reproduire vraiment le morceau qu’on avait en tête, c’est ça qui nous gênait vraiment. Et l’intention qu’on avait, on la retrouvait pas exactement sur la bande. Alors que aujourd’hui, l’intention qu’on veut sur le morceau, on le retrouve directement, et ça déjà c’est super bien.
Est-ce qu’il y a des morceaux qui avec le temps vous les avez légèrement modifiés pour le live ou pas ?
Ouai, on change toujours des bricoles, c’est pas grand-chose mais il y a pas mal de morceaux qu’on adapte un peu. C’est pas grand-chose, c’est 2-3 tours de plus, faire chanter les gens, voilà.
Adaptation live pure et dure, pour faire la fête avec le public en fait…
Voilà, puis il y a eu des morceaux qu’on a rejoués 7-8 ans après et qu’on avait complètement réadaptés à notre façon de jouer à ce moment-là.
Si je te dis : « Ne reste-t-il que la guerre pour tuer le silence » donc NO ONE IS INNOCENT plus de 20 ans après la sortie de ce titre. Qu’en penses-tu ?
Ben j’en pense que la solution est certainement pas dans la guerre, ça on le sait très bien. C’est évidemment ce qu’il voulait dire aussi à l’époque et ça n’a pas changé, et je pense aujourd’hui ce qu’on voit c’est que des guerres tu en as, de plus en plus…
Ce qui nous tous nous parce que on était un peu « privilégiés » parce que « la France » allait faire la guerre et on se sentait un peu à l’abri parce que finalement c’était loin de chez nous. Maintenant on est bien moins touché que ces pays-là, il faut dire ce qui est : c’est bien pire chez eux, mais on commence à être un peu touchés ce qui d’un seul coup effectivement révolte tout le monde et c’est à juste titre parce que quand tu as des attentats et que tu as des innocents qui se font tuer c’est horrible.
Je vais ramener un peu à la politique mais je dis ça par exemple à tous ces gens qui votent extrême droite, je leur dis : « Vous pensez ça ? Mais imaginez un peu… » Donc aujourd’hui ils pensent ça pour la France mais imagine un peu ce que vivent les gens qui sont en Syrie par exemple ou en Irak actuellement, ou des deux côtés… Tu vas te retrouver avec Bachar Al Assad d’un coté qui tue tout le monde, qui éradique tout le monde, c’est un dictateur. Et Daech de l’autre coté qui fait encore pire. Ils font comment tous ces gens-là au milieu ? C’est quand même des êtres humains… Et il faut aussi être capable de se projeter dans tout ça… Donc nous Européens notamment on a du mal à se projeter dans tout ça parce que finalement c’était assez facile de regarder la guerre de loin, bon bah la guerre on commence à se la prendre un petit peu dans les dents.
C’est pas du tout ce que je souhaite, je dis pas que c’est bien, au contraire, mais indirectement il faut que les gens prennent conscience que ça fait très longtemps qu’on va faire la guerre un petit peu partout, et que la guerre ça ne solutionne rien, voilà ! Et on le voit là, le conflit actuel qui est le plus gros conflit, on y arrive pas et puis tu vois ce conflit-là est-ce-que c’est pas la suite finalement indirecte ou directe même tu vois des américains qui ont été faire la guerre dans le Golfe ? Est-ce que c’est pas ça, est-ce que c’en est pas une suite directe tout ça ? Bref, je pense que la guerre c’est une solution qui est dépassée puisque c’était ce qui était utilisé dans le passé, voilà les guerres de religions, tout ce qu’on veut… Aujourd’hui je pense qu’à un moment il va falloir passer à autre chose, j’espère que l’être humain y arrivera, pour les libertés, pour vivre ensemble. Et voilà la guerre, c’est pas ça qui va solutionner quoi que ce soit.
Justement vous allez avoir une tournée avec NO ONE IS INNOCENT…
Qui commence aujourd’hui !!
Et voilà, première date !
Et donc c’est la première date que vous avez faite ensemble depuis 20 ans, en tournée.
En tournée oui parce qu’on les a invités à notre anniversaire depuis 4 ans maintenant, un festival anniversaire, en fait on a fêté nos 20 ans et ça a tellement bien fonctionné que depuis on a fait nos 21, 22, 23…
Quand on aime on ne compte pas, et lors de notre festival des 20 ans qui était sur 2 jours, 2 scènes, on avait invité NO ONE. On se connaissait pas vraiment mais nous ça nous tenait à cœur parce que ça faisait aussi partie des groupes qui nous ont amenés nous à faire cette musique-là, ça fait partie des grand-frères. Et donc c’est dans ce sens-là , les groupes qu’on avait invité pour notre anniversaire c’était soit des groupes avec qui on était vraiment copains, avec qui on partageait la scène régulièrement, ou alors des groupes comme ça, nous on va vers le groupe en disant : nous on vous doit ça parce qu’indirectement vous nous avez vraiment influencés, c’est grâce à vous. Et c’est comme ça qu’on les a rencontrés la première fois. C’était la première date et c’est vrai que depuis on jouait jamais ensemble parce que on se retrouve avec plutôt des têtes d’affiche un peu concurrentielle, c’est de la belle connerie parce que moi je suis pas du tout là-dessus, je trouve ça au contraire on est là pour s’entraider, pour se serrer les coudes. Voilà mais dans la tête des organisateurs ils se disaient : mais on va pas les faire en même temps, c’est un peu le même genre de public.
Nous c’est vraiment une velléité des deux groupes de faire ce plateau en commun et la preuve c’est que ça a fonctionné puisqu’on a eu plein de dates et que les dates fonctionnent très bien, les dates qu’on fait en commun que avec les deux groupes, il y a de très très bons scores de préventes, c’est-à-dire que le public a vraiment envie d’aller voir ça. Donc c’est intéressant, et puis, NO ONE comme TAGADA JONES on a vraiment un point en comment c’est que c’est un groupe engagé comme nous, et puis des groupes engagés ben il n’y en a pas beaucoup. Moi je trouve qu’il n’y en a pas assez, je dis pas que tous les groupes devraient être engagés, c’est pas ça que je voulais dire, mais merde quand tu fais du punk avec ce qu’il se passe aujourd’hui, quand tu fais du metal, quand tu fais de la musique dure, il devrait y avoir plus de groupes engagés, qui aient des choses à dire quand même. Y a pas que nous qui avons des choses à dire, c’est pas possible.
Et quand moi je rencontre des gens, ils ont tous plein de trucs à dire… Quand tu les rencontres dans un bistro, quand tu invites des gens chez toi, quand tu les rencontres en faisant du sport, quand tu discutes avec des gens, ils ont tous des choses à dire, pourquoi les groupes n’ont rien à dire je comprends pas ça moi.
On va parler de l’actualité, du dernier album « La peste et le choléra » qui est sorti le 3 mars. Donc effectivement tu m’as parlé du bon accueil, peu anticipé avec Fred Duquesne et autres sur la production. Sur cet album-là, est-ce-que tu es content de l’intégralité des titres ou pour toi il y a 2 ou 3 titres qui ressortent plus que les autres ?
Il y a toujours des titres qui ressortent plus que les autres, mais ça c’est pas nous qui décidons, c’est toujours le public. Déjà nous quatre dans le groupe on a pas les mêmes morceaux préférés, notre entourage proche et ceux qui travaillent dans le label n’ont pas forcément les mêmes morceaux préférés non plus. Et après c’est le public qui décide, c’est le public qui s’approprie les morceaux.
Là aujourd’hui on le sait parce que c’est le distributeur qui nous donne des chiffres de stream : on a les compteurs qui s’affolent sur « Mort aux cons », « Mort aux cons » moi je l’aime beaucoup, c’est un morceau punk parce qu’on avait envie de faire un morceau punk comme plus personne ne fait si tu veux, voilà c’est ça le thème de ce morceau-là. Et le thème c’était vraiment d’attaquer le Front National, et la fuite des communistes qui vont voter Front National, ben voilà nous on est contre ça et c’est ça le thème de ce morceau-là. Un espèce de cri du cœur, et puis aujourd’hui, tu sais pas pourquoi, ce morceau il cartonne mais vraiment, on a eu les scores de stream de tout le monde qui nous envoie, mais c’est incroyable.
Si tu veux ce titre là il était dans les titres viraux chez Spotify et Deezer comme les trucs de rap à la mode tu vois, c’est assez marrant, on était assez surpris. Donc c’est un exemple comme ça d’un morceau qui sort, on sait pas trop pourquoi…
Qui a trouvé son public en fait.
Non puis même, je pense qu’il est assez fédérateur parce que même des metalleux, parce que c’est un morceau de pur keupon, mais même des metalleux aiment bien parce que ça se fait plus, parce qu’il y avait plus grand monde à sortir des titres comme ça.
Et puis en fait nous il n’y a aucun titre sur lequel on est pas content sur le disque. On en a fait plus, il y en a 12, y en a un inédit qu’on met sur le vinyle ça fait 13 et on a fait 16 titres, les 3 qu’on estimait pas être finis on les a mis de côté, quitte à les refaire sur un prochain disque ou on sait pas mais on les a pas mis.
Alors quand vous avez commencé à écrire les titres, d’ailleurs avec les élections présidentielles qui arrivent, aviez-vous déjà un plan de bataille tout tracé ?
Non. C’est un peu le fruit du hasard de se retrouver à sortir le disque en même temps que les élections, et c’est aussi pour ça que, après coup, on s’est dit bah voilà l’album est super engagé au moment où moi je faisais les paroles ça m’a peut-être boosté sur d’autres titres. Mais au départ c’est vraiment le hasard du calendrier. On voulait sortir le disque tout de suite après la tournée du Bal.
On voulait pas s’arrêter, on voulait pas faire cette… tu sais nous on tourne pendant 2 ans et demi à peu près, puis après on fait 6-8 mois de tourné avec le Bal et on voulait vraiment que juste après les 8 mois de tourné avec le Bal on reparte sur TAGADA JONES, pas qu’il y ait une pause un truc qui s’arrête un peu. On voulait vraiment repartir sur cette dynamique-là, c’est pour ça qu’il est sorti à ce moment-là en fait. Parce que pour être concret, on a fait notre dernier concert avec le Bal des Enragés le 24 octobre Chez Narcisse au Val d’Ajol, le 25 on a fait la route du retour, le 26 on était en studio.
Alors maintenant de ton point de vue, comment se place le metal punk dans le paysage musical français ? Est-ce qu’il a évolué depuis les BERU et avec leurs enfants, dont vous faites partie du coup ou est-ce qu’on est resté bloqué un peu dans ces « anciennes années » ?
Oui les BERU metal punk… oui metal parce que la gratte est bien disto tout ça, c’est assez punk quand même c’est vrai mais je pense qu’il y a eu à mon avis des groupes un peu comme PUNISH qui pourraient être un peu metal punk indus, il y a eu cette vague-là qui est arrivée. Il y a vraiment eu une vague comme ça qui, nous, nous à bien plus d’ailleurs, qui s’essouffle un petit peu, il y en a nettement moins aujourd’hui.
Mais je trouve que des groupes punk de manière général il n’y en a pas beaucoup donc des groupes metal punk non plus, et je dirais même que soit c’est des tout petits groupes avec qui on joue de temps en temps, avec qui on croise la route mais qui arrivent pas à sortir de chez eux, ils restent en région.
Sinon c’est vrai, il n’y a pas assez de groupes français à se lancer dans ce créneau-là.
J’ai cru avoir lu que vous aviez la chance de pouvoir vivre de votre musique.
C’est ce qu’on entend.
Du coup, en 2017, vivre du punk, hardcore ou metal, est-ce que c’est utopique pour les nouveaux ?
Bah non, je vais certainement pas te dire ça, je vais t’expliquer pourquoi. Nous quand on a commencé on est allé voir un mec qui était sensé donner des conseils en musique tu vois, ça s’appelait le CRIJ, je sais plus ce que ça voulait dire : Centre Regional d’Information Jeunesse, un truc comme ça. Et le mec il nous a dit direct, on était avec Severine, on voulait monter le label, le groupe, et il nous a dit direct : « Non je vous conseille pas de faire ça, vous arriverez jamais à en vivre de la musique surtout en faisant cette musique-là. Non, non non, faut pas faire ça ! »
On est sorti du rendez-vous un peu dépités en se disant : « Merde, bon tampi on essaie quand même » et puis tu vois on y est arrivé, donc en fait je pense que c’est possible, c’est toujours possible. C’est pas facile, voilà. C’est long, c’est pas facile, faut enfoncer les portes parce qu’on va pas te les ouvrir, mais c’est possible.
Et c’est vrai que nous ça fait quand même 23 ans qu’on joue et ça fait 17 ans qu’on vit de la musique quand même, donc c’est possible, 17 ans sans discontinuer. Donc oui c’est possible mais faut avoir la foi, faut pas lâcher en cours de route.
Ben écoute, je voulais te remercier pour cette interview.
Merci à toi.
Et si tu as un petit mot pour les lecteurs de guitariste-metal.fr, un petit conseil guitare ou autre ?
Moi je dis souvent que tout ce qui est webzine, fanzine à notre époque, quand on a commencé, c’est les gens qui ont fait que nous on arrive à sortir. Parce que justement on s’est jamais appuyé sur les medias de masse pour exister, bien au contraire.
Donc merci à vous de vous intéresser au webzine, et puis longue vie au webzine et surtout comme vous êtes sans doute guitaristes j’imagine : Lâchez pas l’affaire !
Un grand merci à Philippe Deleage pour cette interview ainsi que pour ses photos.
TAGADA JONES
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