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Tout savoir, ou presque, sur le câblage d’une guitare électrique

Entre les micros de ta guitare et ton jack, il existe une sorte de Terra Incognita qui, asservie à ton art, pourrait transformer une guitare de stock en foudre de guerre… à peu de frais.
Survol du monde inexploité des potards et autres tripailles !

Spoiler : Ce qui suit n’est pas un cours d’électronique…

Le câblage des guitares

Il existe plusieurs grandes écoles de luthiers pour aborder le joyeux fourre-tout de l’électronique embarquée dans nos guitares:
–    « C’était mieux avant » : on ne va pas se prendre la tête, on va faire comme Léo ou Les, sans se poser de question, quitte à recopier les erreurs du passé et ne proposer que des stéréotypes de sonorités plus ou moins burnés à la Les Paul, Telecaster ou Stratocaster ;
–    « Super Versatile » qui cherche à proposer tout ce qu’il est possible de sortir comme sons d’une guitare avec le set de micros proposés, même si ça colle des switches partout et qu’à la fin, on a peur de changer de position afin de ne pas perdre le son qu’on a mis 3 jours à définir ;
–    « On va tout changer » : Soit disant que les micros sont pourris, le câblage défectueux, etc. Attention, ceci peut masquer un certain manque de compétence…
–    « A la carte » : voyons mon bon monsieur, tout est possible et nous proposons une vaste palette de couleurs sonores que vous pourrez sélectionner simplement du bout des doigts et vous en délecter joyeusement.

Comme de bien entendu, nous allons discuter de la dernière catégorie de prestation puisque c’est celle qui permettra à chacun d’exploiter au mieux sa guitare. Voici donc une présentation de modifications, souvent peu onéreuses, qu’il est possible d’effectuer.

Les Composants

L’électronique d’une guitare se base sur des composants simples :
–    Un ou plusieurs micros. Ou comment créer un courant électrique à partir d’aimants et de fil de cuivre. Vous ne risquez pas de vous électrocuter, ce qui sort d’une guitare est de l’ordre de 100 à 200mV. Il y a les micros simple-bobinage « Single Coil » et les double-bobinage « Humbuckers » (fabriqués à partir de deux simples mis en série).
–    Des potentiomètres, pour régler le volume ou la tonalité. Ce sont des résistances variables. En règle générale on utilise des 250kOhms pour les simples bobinages et des 500kOhms pour les humbuckers. Plutôt logarithmique pour le volume et linéaire pour la tonalité. Après, tout est une question de goûts.
–    Un condensateur, couplé à un potentiomètre, on crée un « filtre passif » qui va absorber plus ou moins une bande de fréquence (la tonalité coupe des aigus). La valeur du condensateur indique à partir de quelle fréquence on va couper la bande. Par exemple, le 0,047µF va définir une fréquence de coupure plus grave que le 0,022µF.
–    Un sélecteur. Pour combiner les micros ou les bobines des micros. Il y en a pléthore, et je laisse au luthier le soin de choisir le modèle adapté.
–    Un Jack
Voici donc les ingrédients… Je vais maintenant vous proposer quelques recettes de cuisine. Ici, je me contente d’aborder les choix de combinaisons de micros. Les traitements du signal via les potentiomètres seront vus lors d’un prochain article.

Comment peut-on coupler les micros de guitare ?

Concentrons-nous sur un cas simple : nous avons 2 micros simple-bobinage – comme sur une Telecaster.
Nous pouvons en choisir un, ou choisir l’autre. Nous pouvons aussi les combiner. La position intermédiaire d’une Telecaster fournit un couplage parallèle des bobines.
Mais il est aussi possible de mettre les bobines en série. Cette modification peut se faire en posant un sélecteur à 4 positions. Nous créons ainsi un humbucker (ou presque) avec deux micros simple-bobinages, ce qui permet d’attaquer l’ampli avec un niveau de sortie plus élevé et donc avec un gain plus important.

Le double 4 positions…
Un cas extrême expérimenté avec joie sur la première guitare signature que j’ai réalisée :
Si on peut le faire sur deux simples, on peut le faire sur les deux bobines d’une Humbucker. Sur cette guitare chaque micro est routé via un sélecteur à 4 positions permettant d’avoir : 1 : bobine chevalet / 2 : bobines en parallèle / 3 : bobine manche / 4 : bobines en série.
Les deux sélecteurs sont ensuite soudés à un potentiomètre de balance qui permet de mixer finement le micro manche et le micro chevalet (quel que soit le couplage des bobines de ceux-ci).

Trop de patate !
Le cas s’est présenté où un client voulait vendre sa guitare parce que trop agressive. Il s’agissait d’un modèle très typé Metal, ce qui n’était pas le cas du client… Or, la lutherie était magnifique et les micros (doubles) de bonne facture et câblés sur 5 fils (ce qui signifie que chaque bobine est distincte, avec 2 fils chacune, plus une masse). Il m’a donc été possible de passer les micros du mode humbucker série, au mode humbucker parallèle. J’ai ainsi réduit le niveau de sortie d’environ 30% tout en autorisant une plus grande sensibilité à l’attaque.

Le Blower switch
Ici, la demande était du genre « quand c’est tout à fond, c’est pas encore assez ! ». Bon, pour expliquer, quand on lie un micro à un potentiomètre, il existe un courant de fuite absorbé par le potentiomètre, même si celui-ci est à 11. Cela a pour effet une perte de niveau de sortie, principalement dans les aigus. Pour éviter cela il y a deux solutions : le potentiomètre dit « No-Load » (sans charge) ou le Blower Switch. Ce dernier est une sorte de « Tru-Bypass » qui permet de faire passer en direct le son des micros vers le jack. Donc sans perte de puissance ni de fréquences.

Le Toggle à 6 positions

Joie !

Permet d’utiliser tes micros doubles de manière classique (Chevalet / les 2 / Manche) ET en split. Intéressant, bien que nécessitant un petit temps de prise en main. Convient aussi parfaitement au câblage de trois simples (Strat) ou trois doubles (SG Custom).

 

 

Les sélecteurs individuels
Une Strat, c’est 3 micros simples, mais généralement sur un sélecteur à 5 positions :
1 : chevalet / 2 : chevalet-medium / 3 : medium / 4 : medium-manche / 5 manche.
Oui mais quoi ? On a toujours fait comme ça… Sauf qu’il manque 2 combinaisons et pas les moins intéressantes : chevalet-manche et chevalet-medium-manche !


Le câblage le plus visuel pour cela est d’utiliser des sélecteurs on-off individuels qui vont activer ou non chaque micro. Pas très pratique sur scène, mais redoutable en studio (ou sur le canapé).
Il est aussi possible d’utiliser des sélecteurs On-Off-On. Ceux-ci permettent de choisir entre micro On, micro off et micro on hors phase. Bon, là c’est de l’usine à gaz et beaucoup s’y perdent. C’est ce que l’on trouve sur la Brian May Red Special par exemple.

Pas de sélecteurs
Oui parce que parfois, moins, c’est plus…
Dans une configuration « épurée » il est parfaitement possible de préférer ne pas avoir de sélecteur et de gérer le mélange de deux micros par le biais d’un potentiomètre de balance ou de deux potentiomètres de volume individuels. C’est le cas sur cette Shortscale type EB3, où les micros sont, en plus, en série.
J’ai choisi sur cette basse un humbucker Hofner et un gros simple Schaller des années 70.
Gros son Stoner de la mort en overdrive !

 

 

Le Spin-a-split


Ton potard de tonalité est inutile ? Non ? Déconne… Une manière pas trop bête de le rendre utile est de monter tes micros dessus en mode « spin-a-split », c’est-à-dire tourner pour splitter. Cela crée donc la possibilité d’utiliser les deux bobines d’un micro ou une seule, voire de choisir entre les deux. La nuance sonore sera donc intéressante et souvent plus utile qu’une tonalité classique.

Un dernier pour la route

Ici, j’ai reçu une guitare avec un jack et… un trou !
J’ai opté pour un câblage spécial : le potentiomètre de volume, via un push/pull permet d’envoyer chaque micro en direct sur une sortie et donc, de jouer en stéréo. Un double Blower switch quoi !
Cette possibilité ouvre des voies sous-estimées au niveau des lignes d’effet et d’amplis. Avec un traitement dédié à chaque micro.

 

Ca y est, tu es perdu ?

J’ai monté ce petit boitier pour permettre à mes clients de sélectionner les sons les plus intéressants, entre mise en série, en parallèle, les différents couplages en et hors phase, etc.

La séance d’essayage prend du temps, mais une fois les différents sons sélectionnés, avec l’ensemble des composants actuels, il est possible de créer un circuit rationnel et minimal et de le faire passer dans ta guitare.

Prochain article : Tout ce qu’on peut faire avec les potentiomètres !
(Tu sais, les trucs ronds sur ta guitare, ceux qui sont toujours à fond)

Un grand merci à Gildas pour ce superbe article !

DasViken

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Silenius

Gérant du site.

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