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TRUCKFIGHTERS : Interview de Niklas

Dans le cadre de leurs tournées marathon, Les Truckfighters étaient à Nancy le 26 novembre dernier, effectuant ainsi le grand écart entre Cologne et Paris.

Ce fut l’occasion de nous entretenir avec Niklas Källgren, l’encéphale droit du groupe, ponctuellement rejoint par l’autre moitié : Oskar Cedermalm, occupé à gérer leur label Fuzzorama, quelques minutes avant de fouler les planches du Hublot en compagnie des Français de Dot Legacy et des Suédois de Deville (présents au catalogue de Fuzzorama, le label des deux compères).

Excellente soirée, avec une mention spéciale pour Dot Legacy ayant fait preuve d’une énergie et d’une originalité qui méritent d’être soulignées.

Salut Nikklas, parlons du nouvel album qui est très différent de Universe qui sonnait plus puissant et catchy. Là vous revenez sur les traces de Mania notamment au niveau du son, des parties de voix et aussi d’avantage de parties planantes, était-ce intentionnel ?

En fait on ne réfléchit pas vraiment à ce que l’on veut faire et comment ça va être, y a pas de vrais plans derrière tout ça.

Mais avec le recul avez vous réalisé que le son de Universe ne vous correspondait pas vraiment comparé aux précédents albums ?

Niklas : Oui je pense que je préfère le son de Mania à Universe, à mon sens nous sommes allés dans cette direction inconsciemment.

Y-a-t-il une raison pour laquelle Universe a mis si longtemps à sortir ? (5 ans contre 2 habituellement)

Niklas : Au début de l’écriture de Universe, nous avions une sorte de blocage créatif, du coup rien de ce que nous composions n’était satisfaisant. Et puis nous tournions beaucoup, aux USA pour la première fois, puis une nouvelle fois et enfin en Australie. Ensuite nous avons changé de batteur tellement souvent, c’était très prenant émotionnellement, trouver un batteur, le perdre, en chercher un autre… Nous avons fini par accepter l’idée de ne pas avoir de batteur fixe, maintenant nous jouons avec différents batteurs car nous savons ce que nous voulons et cela ne dépend plus de l’arrivée de telle ou telle personne ou de trouver le mood. On fait juste tout nous-même.

C’est la raison pour laquelle indépendamment des nombreux changements de batteurs, les parties restent toujours dans le même style ?

Niklas : Je pense oui, nous avons produit les batteries de V, 5, victoire ou virus peu importe comment tu veux l’appeler de façon très dure, genre nous avons été très directif avec le batteur. Par exemple le chorus de “Fiend” je lui ai dit exactement ce qu’il devait jouer. Pour toutes les parties nous lui disions ce que l’on veut, tel ou tel feeling et pour les parties ou l’on ne savait pas quoi faire on basculait sur le riff classique (cf la rythmique de “Monte Gargano”) et c’est parfait !

Ne penses-tu pas que ce côté directif rend justement difficile de garder un batteur ?

Niklas : Oui bien sûr mais nous avons notre son et en tant que batteur tu dois t’adapter à ça. Mais bien sûr tu peux y mettre ta patte mais je reconnais que c’est effectivement difficile d’intégrer le groupe. Oskar et moi jouons ensemble depuis tellement longtemps que ça rend les choses d’autant plus difficiles pour s’intégrer en tant que batteur. Nous jouons ensemble depuis 15 ans donc quand une nouvelle personne tente une approche en essayant de coller à nos références forcément c’est très difficile.

Concernant l’artwork de Universe, le thème évoqué dans Gehenna sur V, êtes-vous intéressés par les sociétés secrètes ou l’occulte ?

Niklas : Gehenna c’est la route vers l’enfer, le feu entre le monde normal et l’enfer mais nous ne sommes pas vraiment intéressés par tout ça. L’artwork de Universe est venu tout simplement en associant différents symboles mythologiques et différents endroits sans chercher une réelle signification pour être honnête.

Par contre pour V, c’était différent, nous avons vraiment réfléchi au sens des différents éléments qui le composent.

Et pour Mania ? Ca ressemble un peu à ce que pourrait être un Desert Landscape version Suédois !

Niklas : Exactement !

Nous voulions quelque chose de différent de ce que nous avions, quelque chose de naturel comme une photo.

Sur V nous voulions faire quelque chose qui ait un sens différent, c’est pourquoi nous avons associé des éléments anciens, mythologiques, des ruines avec des éléments modernes comme les avions de chasse ou le signe de la victoire, qui peut également être interprété comme le signe du virus.
Cet artwork possède différents niveaux de lecture. Ce peut être le passé ou le futur ou la fin de la guerre et l’opportunité de passer à autre chose et de devenir sympas les uns envers les autres !

Vous ne publiez pas vos textes habituellement, lors du Karaoke contest de cette tournée pourquoi avoir choisi un titre aux textes si personnels ?

Niklas : C’est le plus simple à chanter !

Oskar : Oui je ne pense pas qu’il y ait de raison précise

C’est en rapport avec ton histoire personnelle non ?

Oskar : Oui cela concerne mon premier fils, c’est effectivement personnel

Niklas : C’est un titre où il y a peu de doublages, ça le rend plus facile à chanter tout simplement

Vous ne publiez pas vos textes parce que vous ne voulez pas que le public comprenne bien de quoi vous parlez ?

Niklas : Oui exactement !

Du coup c’est étonnant que vous ayez choisi “The 1”.

Niklas : Mais on ne pense pas tant, on fait juste les choses !

Perso, je n’aime pas trop publier les textes car tu éloignes l’attention de la musique, tout est supposé faire partie d’un même bloc artistique, si tu en extrais une partie tu le dénatures.

Oskar : Je n’ai pas tout à fait la même opinion à ce sujet, je peux voir les textes sur un album, cela ne compte pas vraiment pour moi. Des fois c’est cool, quand j’étais plus jeune j’aimais bien avoir les textes pour suivre le chanteur mais là c’est différent.

Que pensez-vous de la scène scandinave actuelle, notamment des groupes comme Kvelertak, Blues Pills ou d’autres que vous aimeriez citer ?

Niklas : Blues Pills, ce sont des potes à nous, ils viennent de la même ville, je n’accroche pas tellement au nouvel album, c’est un peu trop soul pop pour moi, il sonne un peu bizarre. Ce sont des gens super sympa, le premier album est différent. Ils ont aussi un bon label.

Et un guitariste Français !

Niklas : Ouais il est très bon, et les autres musiciens également mais je pense qu’ils vont vraiment dans la mauvaise direction, enfin selon mes goûts !

Concernant Kvelertak, nous avons également tourné avec eux, c’est un groupe super cool. Le premier album est incroyable car ils ont réussi à capter tellement d’influences de différents styles pour en faire quelque chose de personnel, et pan ! C’est venu de nulle part et putain de merde qu’est-ce qui se passe ?!

Depuis ils font sensiblement la même chose mais en un peu moins bon.

Sur votre label (Fuzzorama Records), vous avez signé un paquet de super groupes comme We Hunt Buffalo, Bloodn’stuff ou Asteroid, vous ne prévoyez pas d’organiser un Fuzzoramafest ?

Si bien sûr, on y pense depuis longtemps mais on n’a pas encore eu le temps de s’en occuper, on gère un label et on fait partie d’un groupe qui tourne beaucoup mais ce serait génial.

A propos du label, combien de personnes s’en occupent ?

Niklas : Juste Oskar et moi !

Il y a aussi eu un autre gars qui devait s’occuper de la com mais il ne faisait pas du super boulot et il va y avoir une nana qui s’occupera du webstore et de l’administratif.

Des nouvelles de Bloodn’stuff ?

Niklas : Ils ne veulent plus faire partie du Label. Le truc c’est qu’ils ont fait une tournée avec Fu Manchu et une autre avec des groupes underground inconnus puis ils nous ont dit qu’ils n’avaient pas les moyens de tourner en Europe et qu’on ne les a pas du tout aidé, on leur à dit “Oui mais vous n’avez même pas sorti de nouvel album !”, le premier est sorti sur un autre label, nous l’avons distribué mais on n’a pas fait de promo dessus, “Si vous en sortez un nouveau nous allons le promouvoir !”.
Du coup ils ont répondu “On ne peut pas faire de nouvel album là, peut-on rompre le contrat ?”. Nous avons donc rompu le contrat d’une certaine manière car ils n’étaient pas à fond pour bosser avec Fuzzorama.

Gérer un petit label c’est beaucoup de boulot pour quasiment pas gagner d’argent, enfin si tu as de la chance tu gagnes un peu d’argent mais généralement tu en perds plutôt !

Donc tu dois être motivé et avoir un bon feeling !

Pas de projet à venir avec… Josh Homme par exemple ?

Niklas : Rires !! Je ne pense pas, on ne le connait pas, ni même son management.

Quand le documentaire est sorti en 2011, et le trailer avec les mots de Josh a été publié on a eu quelques milliers de Like sur Facebook, il y a eu beaucoup de gens qui sont venus checker notre page.

Et d’après toi quel est le meilleur groupe du monde à part…

Nikklas : Truckfighters ! rires

A part vous ?!!

Niklas : Ah tu veux dire le deuxième meilleur groupe du monde ?! (Rires)

Ben j’aime beaucoup Tool, Oskar tu penses à autre chose ?

Oskar : Non c’est tout 😉

Des Side-Project ? Toujours en collaboration avec Green Leaf ?

Oskar : Non !

Niklas : Pas le temps !

Y-a-t-il des groupes que vous aimeriez produire ?

Niklas : Hum, c’est toujours une question de temps, car c’est pas cool si on n’a pas le temps de le faire. Ce serait cool de produire Dot Legacy car jusque-là ça sonne pas mal et ils sont vraiment cool.

Ok ! Est-ce que tu peux nous parler de ton matos actuel ?

Niklas : Actuellement j’utilise deux stacks Mesa Boogie Lone Star, un en 50W l’autre en 100W, avec chacun un cab en 4×10″ au dessus et un 4×12″en au dessus. J’utilise le 50W pour les sons chauds crunchy et l’autre est dédié aux sons fuzz bien puissants. J’aime bien combiner ces deux sons.

Tu utilises toujours la Black Russian Big Muff ?

Niklas : Ouais mais là maintenant j’utilise une version custom qui a été modifiée pour moi à partir d’une copie exacte de la Black Russian mais avec deux canaux ce qui me permet d’avoir différents niveaux de sortie. J’utilise aussi une ABY pour passer d’un ampli à l’autre. J’utilise aussi une Wha Wha Cry Baby que je change quasiment tous les ans, je dois sauter dessus trop fort !

Ma première pédale était une Boss DS-1 c’est vraiment une super pédale, avant d’acheter ma wha wha. J’ai un delay et la wha wha toujours en fin de chaine sur le main out et aussi une autre fuzz, une Big muff bien sûr, les fuzz sont réparties à gauche et à droite avec le ABY. Un phaser pour les passages un peu space, un booster que j’utilise plus comme un Eq en fait pour retirer des basses, hum quoi d’autre… un autre delay bien sur, un gros Jamman stereo programmable.

Tu joues toujours sur SG GT ?

Niklas : Ouais je l’ai depuis 2007

Tu en as combien ?

Niklas : Huit ! J’en ai vendu une pour 2500€ mais elle était d’occas.

Toutes en daytona blue ?

Niklas : Non, trois bleues, deux rouges, une noire, une verte et une orange. Avant de passer sur la SG je jouais sur une Rickenbacker 481 de 1974, un modèle spécial avec des frets inclinées, elle a un son extrêmement chaud. La plupart des enregistrements ont été faits avec cette guitare, même sur “V”.

Pourquoi huit SG, tu les collectionnes ?

Niklas : Le truc c’est que quand j’ai acheté la première en décembre 2007, le vendeur m’a dit que Gibson allait arrêter la production, ils en ont produit que pendant un ou deux ans je ne sais plus.

Je pensais déjà à en acheter une seconde car c’est bien d’avoir une guitare de secours pour le live. J’ai appelé le distributeur qui pensait en avoir encore une en rouge et finalement elle était bleue. Je me suis retrouvé avec deux bleues et j’ai pensé que ce serait cool d’en avoir aussi une d’une autre couleur. Du coup j’ai trouvé cette rouge que j’ai acheté puis une orange que j’ai acheté aussi. Puis un mec m’a proposé de me vendre la sienne en rouge, je l’ai achetée. Un pote est tombé sur une noire que j’ai également achetée.

Visiblement si j’en veux une il va falloir venir en suède !

Niklas : A part les deux premières que j’ai trouvées par le distributeur et la noire je l’ai trouvée en Suède, j’en ai trouvé une en provenance d’Italie, une du Dannemark, deux depuis les USA.

Comment se fait-il que vos tournées soient si intensives ?

Niklas : C’est un mode de vie tu sais, on aime ça et depuis les débuts du groupe on a toujours dit qu’on voulait jouer autant que possible.

Ta copine est contente avec ça ?

Niklas : Pas vraiment non ! Mais on fait ça depuis longtemps et tant ça reste fun et que ça nous motive, pourquoi pas ?

C’est plutôt cool, on ne bosse pas et d’ailleurs ça ne serait pas possible de composer en rentrant à la maison avec un boulot “normal” d’autant qu’on doit gérer le label et les tournées.

Et sinon quand vous n’êtes pas en tournée, que fais-tu ? Des hobbies ?

Niklas : Je me repose, je mate des films je me ballade avec mes gosses et ma copine, je fais du sport pour garder la forme, juste des trucs normaux quoi.

Je n’ai pas vraiment de hobby, en fait je pratique déjà mon hobby !

En live tu passes presque plus de temps en l’air qu’au sol, comment vont tes genoux ?

Niklas : Ca se remet !

Il y a deux ans en Australie j’ai mal atterri et me suis fait mal, ça a duré quasiment deux ans avant d’aller mieux. Là au début de cette tournée j’ai recommencé à avoir mal car mes baskets étaient trop usées, je les ai changées pour la deuxième partie de la tournée et ça va mieux.

Ta meilleure expérience avec les Truckfighters ?

Niklas : J’en ai aucune idée !

Même des trucs que tu ne devrais pas raconter à la maison !

Niklas : Rires !!! Ben j’ai rencontré ma copine durant une tournée, c’est une bonne expérience ça !

J’ai pas de souvenir en particulier, si ce n’est d’avoir fait des concerts soldout complètement fous.

On a joué dans un festival au Canada deux places avant Soundgarden, le groupe culte d’un de mes enfants, c’était bien cool.

Quand tu regardes en arrière il y a aussi de belles expériences comme par exemple quand on tournait en Russie, nous avons pris un train de nuit entre Saint Petersbourg et Moscou, un train des années 60 ou quelque chose comme ça, c’était tellement flippant mais cool. Les compartiments étaient si petits qu’une personne pouvait à peine tenir sur les banquettes, c’était un peu comme dans un vieux film où quelqu’un est en train de courir après quelqu’un d’autre pour le tuer !

C’est quelque chose que je n’aurais pas forcément pensé à faire si on avait pas dû pendant la tournée !

Mais si je devais choisir quelque chose de vraiment cool en dehors des concerts, ce serait de rencontrer de vrais gens du monde entier, de cultures différentes, c’est ce qui te fait mieux comprendre comment fonctionne le monde.

Est-ce que tu as souvent l’occasion d’aller à la rencontre des gens pendant les tournées ?

Niklas : Au final oui on a l’occasion de parler aux gens, mais on n’a pas beaucoup de temps quand on enchaine les dates d’un jour à l’autre. Quand on a tourné aux USA, on a squatté 60 à 70% des soirées chez des fans c’est plutôt cool.

Des échauffements en particulier avant de monter sur scène ?

Niklas : Oui bien sûr, des échauffements physiques comme font les athlètes mais pas un vrai rituel, seulement un truc qui me chauffe, peut-être que je vais te botter le cul ce soir ! Rires

La dernière fois que nous avons joué à Londres pendant notre tournée, pas pendant le Desert Fest, ya un mec qui s’est déboité l’épaule pendant notre set, il campait dans les backstage avec l’équipe médicale, le pauvre !

Y-a-t-il des titres de votre répertoire que vous ne jouez jamais en live ?

Niklas : Hum oui nous n’avons pas encore joué tous les titres du dernier album mais on y travaille.

Je pense notamment à Blackness et Mastodon…

Niklas : Ouais on a jamais joué Blackness on devrait y penser, Mastodon on l’a déjà jouée il y a un moment sur la tournée Universe et une fois au Hellfest !

Un dernier mot pour les fans ou ceux qui voudraient suivre vos pas ?

Niklas : C’est important de croire en soi et en ce que l’on veut faire, ne pas se laisser influencer par ce que les gens pensent. Car c’est facile de perdre la foi !

Tant que tu crois en ce que tu fais, peu importe ce que les autres pensent.

Un grand merci à Steve qui à réalisé l’interview.

TRUCKFIGHTERS
Site web : http://www.truckfighters.com/
Page Facebook : https://www.facebook.com/truckfighters/?fref=ts

Silenius

Gérant du site.

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