Alors que le groupe Nantais est actuellement en train de travailler sur son nouvel album, les deux guitaristes de MALKAVIAN répondent à nos questions et présentent ce groupe de Power Thrash sur qui il faudra compter à l’avenir.
Vous êtes actuellement en studio aussi merci de nous accorder cette interview. Tout d’abord comment allez-vous et comment se porte MALKAVIAN ?
Nicolas : Tout d’abord bonjour à toute l’équipe de guitariste-metal.fr.
On se porte super bien. On vient de finir l’enregistrement des voix du nouvel album et on est remonté à fond suite à l’écoute des prémix. La sortie est programmée pour mars. Autant te dire qu’on est impatient au possible.
Pour les personnes qui ne connaissent pas le groupe, pouvez vous nous en dresser l’historique et revenir sur les derniers changements du line-up ?
Nicolas : MALKAVIAN , à la base, c’est un groupe de Power Thrash. C’est à dire qu’on utilise énormément les bases du Thrash Metal mais on y insuffle des influences provenant d’autres styles.
On ne voulait pas forcément jouer un Thrash Revival ou Oldschool. Pour ma part, c’est ce que j’ai commencé par écouter quand j’étais gosse et du coup, en rejouant exactement ça, j’aurais juste eu l’impression de faire une copie sans réel intérêt.
Au fil du temps notre style s’est affiné et maintenant je pense qu’on a notre propre identité. On a réussi à développer notre propre style et c’était le but recherché.
Je t’avoue que j’apprécie énormément quand les gens disent ne pas pouvoir nous catégoriser. Pour moi c’est qu’on a réussi notre pari.
Le gros du line up actuel existe depuis 2011. Suite à la sortie de notre premier album, The worshipping Mass en 2014, nous nous sommes séparés d’Adrien, notre lead guitariste de l’époque.
Il s’était découvert de nouvelles passions et la musique n’était plus dans ses priorités.
Nous avons ensuite recruté Meziane pendant quelques temps. Même s’il n’a pas participé au nouvel album, nous avons accompli beaucoup de choses avec lui, notamment le passage à L’énorme TV et le Metalcorner au Hellfest. Cependant ses motivations n’étaient pas les mêmes que les nôtres et nous avions besoin d’une personne totalement impliquée dans le projet. De plus, on tendait déjà vers un style plus incisif avec une grosse recherche rythmique en mettant un peu les lead en retrait (pas de panique, il y en a toujours !). On a trouvé Mathieu (qui joue aussi dans Unscensored) et qui colle parfaitement à MALKAVIAN .
Vous êtes signés sur le dynamique label Finisterian Dead End (BREAKDUST, IXION, WAR INSIDE, OVERCHARGER), est-ce la proximité géographique qui a joué dans la signature ? Comment se passe votre collaboration ?
Nicolas : Nous avons signé chez FDE suite à l’enregistrement de The Worshipping Mass, juste à temps pour le sortir sur le label. Les Pictured avaient déjà signé chez eux auparavant et nous en disaient que du bien.
Etant donné que l’on souhaitait franchir un cap avec cet album, on a envoyé les enregistrements à Laurent, le boss du label : les sons lui ont plus et il nous a signés.
Grâce au label, le nom a pu circuler beaucoup plus, on a pu être distribué sur tout le territoire et nous avons obtenu un contrat de distribution avec Season of Mist ainsi que des dates très intéressantes.
Pour le nouvel album, le label est encore très présent. FDE est proche de ses groupes et c’est un élément primordial.
MALKAVIAN est un nom de groupe peu commun et a une consonance arménienne. Quelle en est l’origine ?
Nicolas : Le nom MALKAVIAN , alors comment t’expliquer ça… à la base, on cherchait juste un nom qui ne sonne pas Anglo-Saxon. Pour nous, tout sonnait identique ou vu et revu. Riko (chant) a trouvé le nom Malkavian dans un jeu sur PC (issu lui même d’un jeu de plateau, Vampire la mascarade). A l’époque on a trouvé que ça sonnait super bien et on s’est pas trop pris la tête.
Donc non, aucun rapport avec une quelconque origine Arménienne.
A présent, parlons instrument : comment êtes vous tombés dans l’univers de la musique et de la guitare en particulier ?
Nicolas : Pour ma part, je suis tombé dedans un peu par hasard. Il n’y avait aucun musicien dans ma famille proche et mes parents se contentaient d’écouter ce qui passait à la radio.
Il aura fallu qu’un pote me fasse écouter une cassette (internet était bien moins présent dans nos vies à l’époque) pendant une partie de PS1 pour que j’ai un déclic : J’entendais pour la première fois une énorme montée de guitares saturées suivie d’un riff ultra speed.
J’étais en train de découvrir “Kill ’em all” de METALLICA. Je découvrirais par la suite que ça datait de 83, j’hallucinais complètement.
Je me suis mis à acheter des magasines pour découvrir un maximum de groupes. Puis après quelques années de Air guitar, j’ai pu obtenir mon premier instrument à l’âge de 16 ans.
Mathieu : Pour ma part, étant très jeune, mon paternel faisait déjà sonner dans la maison ses albums préférés de Led Zep’, Aerosmith, AC/DC, et plein d’autres groupes de rock/hard-rock de l’époque. Ça m’a tout de suite mis dans le bain du « gros son », et cela s’est confirmé au collège quand un de mes potes m’a fait écouter « Reign In Blood », album “mythiquement mythique”.
A peine j’y avais jeté une oreille que j’étais devenu amoureux du metal. J’aimais surtout la vélocité de la batterie et c’est d’ailleurs avec cet instrument que j’ai voulu commencer à faire de la musique, ce à quoi mes parents ont répondu que c’était trop cher, trop encombrant et trop bruyant…
Je me suis donc rabattu sur la guitare, et je n’ai rien perdu au change car j’ai tout de suite accroché comme pas possible à cet instrument.
Quelles étaient alors vos influences ? Et quelles sont-elles aujourd’hui ?
Nicolas : Mes premières influences étaient Metallica (comme souligné plus haut) ainsi que Slayer, Marduk et Machine Head. Mon but premier était d’aller le plus vite possible, avec toutes les erreurs d’autodidacte qui vont avec, forcément. Je n’étais clairement pas à la recherche de la subtilité à l’époque. La fougue de la jeunesse surement !
Par la suite je me suis aussi inspiré de Pantera, de Tool, The Haunted, Death, Entombed mais aussi de jazz, de funk et même du trip hop. J’ai eu la chance d’évoluer dans un monde de musiciens issus d’origines divers dans mes études et mon premier boulot. Je m’en suis grandement nourri et cela m’a permis de découvrir des sources d’inspirations inépuisables et tout aussi intéressantes que mon style de prédilection.
Mathieu : Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’étais à fond dans le mouvement thrash du metal, j’accrochais comme un dingue aux rythmiques bien rapides et bien véloces. J’écoutais donc beaucoup de ces groupes qu’étaient Slayer, Pantera, Anthrax, Metallica, bref, les bases quoi !
Au bout de quelques mois, j’ai cherché quelque chose d’encore plus extrême et c’est là que j’ai découvert les groupes Death, Cannibal Corpse, Obituary, Entombed, qui m’ont ouvert au death metal. Seconde claque.
Depuis le temps, j’écoute beaucoup plus de genre de metal mais aussi de musique plus généralement. Mes principales influences actuelles sont donc assez variées, pour ne citer que les principales : Death, Savage Messiah, Obituary, Bloodbath, Vader,…
Quand vous avez commencé, quel était votre matériel ? Et aujourd’hui, comment a-t-il évolué ?
Nicolas : J’ai commencé la guitare assez tardivement. J’avais acheté une copie de Strat complètement pourrie avec un ampli moisi pour 60 euros. C’était largement suffisant pour comprendre comment tout ça fonctionnait ahah ! Elle a fini en morceaux, au sens littéral du terme.
Par la suite, avec mon premier job d’été j’ai pu m’acheter une Jackson Kelly d’occasion à 500 euros avec un Di Marzio Tone Zone en chevalet et un vieux Peavey Bandit 112 seconde génération (encore équipé en Shefield).
Je suis passé par différents types d’amplis. J’ai eu du Randall transistor (je ne pourrait pas te dire quel modèle c’était), la Randall V2, du Blackstar one 200W , et maintenant je joue surtout sur une Diezel Einstein 100W, une petite EVH 5150 15 W et il m’arrive aussi d’utiliser un Peavey 6505 (classique mais efficace au possible).
Pour les guitares, j’utilise surtout une ESP Sanskrit 6 cordes, montée en EMG 81/60. Elle est très agréable à jouer et pour les lead c’est une vraie autoroute. Par contre j’ai envie de repasser sur des micros passifs. Je vais bientôt monter un kit issue de chez SP Custom. Une paire de ChaosLand. J’entends énormément de bien de cette marque depuis quelques temps et je me suis décidé à franchir le pas.
J’utilise aussi quelques pédales mais je préfère rester limité en terme d’effets. J’ai un accordeur, un noise gate, un boost et un delay que je passe dans une pédale de boucle mais ça s’arrête là.
Mathieu : Mon tout premier ampli était un petit Marshall avec une distorsion en carton, le truc faisait genre du 20x20cm, acheté 40€ au magasin de zik du coin. Mais je m’éclatais déjà bien avec ça. J’avais de la disto, j’avais l’impression d’être un king. Mais ça n’a pas duré longtemps !
S’en est suivi bon nombre de pédales, effets, etc… Jusqu’à revenir aux basiques et taper dans le gros baffle Mesa 2×12 avec le bon vieux Peavey 6505… Le classique, mais l’efficace !
C’est encore le matos que j’utilise aujourd’hui. En gratte, je joue sur des LTD/ESP que je trouve assez solides et polyvalentes.
Vous êtes un groupe relativement jeune mais vous avez ouvert le Metal Corner lors de l’édition du Hellfest 2015. Comment s’est concrétisée cette grosse date ? Des anecdotes particulièrement savoureuses à nous livrer ?
Nicolas : Cette date s’est concrétisée suite à la sortie de The Worshipping Mass. Nous avons fait une date à Lorient au Galion et un membre du Hellfest était présent. Le concert lui a plu dans un premier temps, puis Laurent (FDE) a réussi à nous placer sur l’affiche par la suite. Le problème avec ce genre de date, c’est qu’on prend vite goût à jouer sur des grandes scènes. C’est une sensation totalement différente des petits clubs, même si ses derniers ont le charme irremplaçable de la proximité avec les spectateurs. Ce qui est sûr, c’est que ça nous a encore plus motivé à avancer.
Vous souvenez-vous du premier concert que vous ayez vu ? Et de celui que vous ayez donné ?
Nicolas : Mon premier concert en tant que spectateur, c’était celui d’un groupe local lors d’une fête de la musique à Nantes. Le groupe s’appelait Eradicate. Pour la première fois je ressentais la véritable énergie que peut dégager la musique en live. Cette déflagration sonore qui te transporte et transforme totalement l’espace de quelques minutes. Pour moi la musique c’est ça avant tout. Quelque chose que tu vis, que tu ressens, avant de la réfléchir.
Suite à ça je suis devenu accro aux concerts. Dès que j’avais un peu d’argent et que je trouvais un moyen de locomotion je me déplaçais aux dates du coin, soit pour des groupes locaux ou bien des formations un peu plus grosses qui passaient à l’Olympic (une salle mythique de Nantes qui n’existe plus hélas).
Le premier concert que j’aie donné… comment dire : A l’ époque je savais à peine jouer, c’était aussi à la fête de la musique, devant quelques potes et les membres de la famille de certains. Maintenant j’en rigole un peu mais c’est le type d’expérience qui défini réellement si tu as ça dans le sang ou pas. Même si les conditions sont différentes, tu retrouves les mêmes sensations qu’à n’importe quel concert : ce stress avant de commencer à jouer, qui se transforme en adrénaline. C’est dès ces premières expériences que tu sais si tu vas y devenir accro ou non.
Pouvez-vous détailler comment les morceaux sont composés dans le groupe ?
Nicolas : Généralement, Mathieu ou moi avons une idée de riff, on la développe puis construisons ensuite une structure autour. L’ébauche de compo est ensuite tablée puis envoyée à tout le monde. Quand on se voit tous ensemble en répète, on a déjà quelques bases de morceaux que tout le monde a eu le temps de “domestiquer”.
Les détails se développent ensuite au fil du temps. Quelques fois on vire même des passages entiers pour partir sur de nouvelles bases. Il est important que chacun puisse s’exprimer dans les morceaux et surtout que la musique vive en répète. Elle ne doit pas être figée. C’est en répétant ensemble et en laissant les compo murir que les meilleures idées surviennent.
Au passage, il va y avoir une nette évolution entre Worshipping Mass et le nouvel opus. Ce dernier sera bien plus nerveux , on a beaucoup travaillé le mélange de rythmiques énervées et techniques mais qui puissent tout de même dégager des ambiances. On voulait pas tomber dans le piège du groupe qui pond 100 riffs dans l’album et qui se retrouve à balancer une démo technique sans aucune émotion qui en ressorte.
Avez-vous un échauffement/entrainement standard à la guitare ?
Nicolas : Mon échauffement standard :
D’abord la coordination des mains : je fais tourner quelques positions de la gamme mineure et quelques chromatismes généralement. Des exercices en doubles croches et triolets pour délier les doigts ainsi qu’ un ou deux motifs en sweeping.
Pour la main droite : des exercices en aller en croche et en double croches puis des exercices de saut de corde en accélérant au fur et à mesure.
Mathieu : Pour travailler la vélocité et la précision du poignet, j’utilise la technique classique mais efficace de jouer des aller-retours sur chaque corde à différents tempos, du plus lent au plus rapide possible. Le but n’est pas forcément d’aller aussi vite que possible mais surtout de maintenir la constance et la précision avec le métronome.
Pour la précision des doigts, je fais la même chose que pour le poignet, et je fais des montées et descentes de cordes sur tout le manche de façon chromatique, c’est-à-dire case par case avec les quatre doigts.
Si vous aviez des conseils à donner à un débutant, quels seraient-ils ?
Nicolas : Commencer lentement : Comprendre la mécanique des techniques utilisées et surtout ne pas y aller à l’aveuglette en voulant jouer le plus vite possible dès le début. Si tu veux jouer trop vite ou au dessus de ton niveau tu finiras même par te crisper voir attraper une tendinite.
Il est très important aussi pour ceux qui veulent jouer en live de trouver leur aise en jouant debout.
Il faut impérativement prendre le temps de déchiffrer les partitions ou les tablatures, ainsi qu’apprendre les riffs lentement pour obtenir la meilleure synchronisation possible et tomber correctement dans les temps. Si tu sais faire sonner ton riff à 50% du tempo, tu le maitriseras bien mieux à pleine vitesse.
Pour les solos, ça ne sert à rien d’apprendre une lead par coeur si tu ne sais pas quelle gamme est utilisée. C’est très bien de connaitre quelques plans mais si tu ne sais pas ce que tu joues, tu tourneras vite en rond.
Mathieu : La pratique, la pratique, la pratique. Rien ne permet plus de progresser que de prendre du temps pour pratiquer régulièrement, faire des exercices variés, tant pour travailler la solidité du poignet que la fluidité de la main.
Les 6 premiers mois peuvent être assez frustrants car on n’arrive pas forcément à sortir grand-chose, mais avec assez de persévérance, on arrive vite à jouer quelques trucs sympas qui nous font sentir qu’on progresse. Prendre quelques cours pour comprendre les gammes et leurs fonctionnement est un gros plus également.
Merci à Geoffroy Lagrange d’avoir réalisé cette interview.
MALKAVIAN
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