Guitariste-Metal

Ettore Rigotti, compositeur de DISARMONIA MUNDI, nous parle de son groupe, son passé et futur, mais également de son label, Coroner Records.

Salut Ettore ! Comment vas-tu et comment se porte DISARMONIA MUNDI ?

Nous allons bien et nous sommes très excités pour le lancement de notre nouvel album !

J’imagine bien ! Parlons pour commencer de ton introduction à la musique, comment es-tu tombé dedans ?

J’avais douze ans quand j’ai commencé à jouer de la batterie juste pour m’amuser avec un ami et j’ai immédiatement découvert IRON MAIDEN et la musique metal en général. A partir de ce moment ma vie a été changée.

IRON MAIDEN était donc ton inspiration principale, mais en avais-tu d’autres ?

Bien sûr la culture musicale de chaque musicien à une influence sur la façon de composer. Pour ma part IRON MAIDEN et EDGE OF SANITY ont été deux de mes plus grandes sources d’inspiration, je n’ai jamais écouté autant d’autres groupes que ces deux-là !

Tu es très actif dans le domaine de la musique et je pense que tu as été à beaucoup de concerts dans le passé ! Te souviens-tu du premier concert notoire qui t’ait marqué ?

Oui, il y a 22 ans j’ai pu voir IRON MAIDEN pour la première fois, c’était fantastique, vraiment ! Mise à part ce concert le second qui me vient à l’esprit, et que je retiens, est la dernière fois où j’ai pu voir DEATH en concert avec Chuck.

DISARMONIA MUNDI est presque un projet de groupe personnel étant donné que tu joues de tous les instruments et que tu chantes également les chants clairs. Comment as-tu appris à jouer de la musique et de la guitare ?

Après avoir joué de la batterie dans un groupe de thrash durant quelques années j’ai commencé à vouloir composer quelques choses, ce qui me poussa à jouer de la guitare ainsi que du synthé. Malheureusement je n’ai jamais pu prendre de cours, je me suis concentré principalement sur la composition mais si je devais revenir en arrière je recommencerais à jouer d’un instrument avec les bonnes méthodes et avec un professeur. Ca t’aide vraiment dans beaucoup d’aspect, composition incluse, mais quand tu es jeune tu ne prends pas toujours les bonnes décisions.

Peut-être en effet, ceci-dit tes compositions restent bonnes ! En tant que musicien je pense que tu as dû posséder plusieurs instruments mais te rappelles-tu de ta première guitare ?

J’ai commencé avec une Samick, c’est une guitare entrée de gamme avec laquelle j’ai pu faire mes premières armes avant que je ne découvre la série de S de chez Ibanez sur laquelle j’ai joué durant dix années. Après le premier album de DISARMONIA MUNDI j’ai changé de guitare en optant pour une Schecter puis pour une Cort également.

DISARMONIA MUNDI est ton projet mais peux-tu nous parler de comment tout a commencer ainsi que la signification et la raison du choix de ce nom de groupe en latin ?

J’ai créé DISARMONIA MUNDI en 1999 avec des vieux amis mais ce n’était que pour nous amuser. Après une année, j’ai changé d’état d’esprit et je voulais m’orienter vers quelque chose de plus professionnel et nous avons donc enregistré « Nebularium », tout en cherchant de bons membres pour le groupe. Malheureusement je n’ai trouvé personnes après 15 années de recherches, ahahahaha ! Entre « Nebularium » et « Fragments of D-Generation » j’ai préféré gérer le groupe tout seul, jusqu’à ce que je trouve Claudio en tant que chanteur. A partir de ce moment plus rien n’a changé.

Au sujet du nom, nous l’avons choisi tout simplement car nous l’aimons. « La désharmonie du monde » c’est une bonne manière de définir notre société, elle a plus l’air d’être une course contre le monde plutôt qu’une coexistence en paix comme elle devrait l’être.

En tant que compositeur peux-tu nous expliquer comment crées-tu une chanson ?

Comme pour les lignes vocales, la composition des instruments diffère et n’est jamais la même et donc quelques fois je commence à partir d’une idée de chant, mais la plupart des fois les idées me viennent en jouant de la guitare, même si l’idée peut également venir d’un groove à la batterie ou d’une idée au synthé. Il n’y a donc pas de règles bien précises.

Le premier album, « Nebularium », est sorti en 2001 et tu n’avais pas de label à ce moment. Tu as donc enregistré l’album dans ton studio. Etait-ce plaisant et as-tu encore ton studio d’enregistrement ?

Oui, toutes les créations de DISARMONIA MUNDI ont été enregistrées / mixées / produites par moi-même principalement dans mon studio. C’est une part essentielle pour le son de DISARMONIA MUNDI ainsi que pour le résultat général. J’ai toujours préféré faire les choses par moi-même et éviter de travailler avec d’autres ingénieurs et studios (avec toutes les bonnes choses et mauvaises choses de ce choix) afin d’être un son 100% dédié pour DISARMONIA MUNDI.

En tant qu’artiste et musicien quels conseils pourrais-tu donc donner à un nouveau musicien ou un musicien plus avancé ?

Pour le nouveau musicien je lui dirais de prendre des cours avant tout ! Quant au musicien plus avancé, je lui recommanderais d’arrêter de jouer les exercices des guitares heros mais plutôt de commencer à composer quelque chose !

DISARMONIA MUNDI a beaucoup changé au travers des années et des albums. Le line-up a beaucoup changé et à présent il ne reste que toi en tant que compositeur principal, ainsi que Claudio en tant que chanteur et Speed de SOILWORK qui se joigna à vous en tant que guest. Peux-tu nous dire comment est-ce que Speed à rejoins le navire ?

Suite à « Nebularium », il y a environ 13 années en arrière, Bjorn a écrit sur notre guestbook / livre d’or qu’il aimait beaucoup nos titres que nous avions mis en ligne et je lui ai donc demandé s’il serait d’accord pour que nous entrions en collaboration pour notre second album (puis il a dû chanter pour l’album en entier étant donné que les choses tournait mal avec le chanteur de Nebularium ). C’est ainsi qu’est née notre collaboration et qu’est sorti Fragments of D-Generation.

Mais est-ce que Speed a contribué à la composition ? En tant que chanteur d’un groupe reconnu de melodic death je pense que tu pouvais voir cela comme une opportunité !

Habituellement nous écrivons toujours les titres en entiers et nous enregistrons par la suite les chants clairs ainsi que les mélodies. Ensuite nous avons donné à Bjorn quelques parts à remplacer ou juste pour « overdub » (ndlr : re-recording chez nous) nos chants. Il est également arrivé quelques fois que nous ayons réarrangé quelques mesures ensemble durant la phase d’enregistrement final, ou quelques fois, nous lui ayons demandé de juste s’en tenir aux paroles et de composer une nouvelle mélodie ou un cri à part de cela.

DISARMONIA MUNDI compte à son actif quatre albums (sans compter Cold Infero), ainsi que quelques EP et splits. Peux-tu nous parler de chaque album et ce qu’il représente pour toi ?

C’est exact, Cold Inferno est le cinquième album et est probablement le plus rapide ainsi que le plus agressif mais également à la fois l’album le plus mélodique de DISARMONIA MUNDI.

L’album précédent, The Isolation Game, est agressif également mais possède un son plus moderne globalement avec une petite humeur plus sombre que Cold Inferno.

Un peu plus en arrière, en 2006, c’est notre troisième album, Mind Tricks, qui sortit et qui est probablement le plus onirique et relaxant, qui est l’album favori pour pas mal de personnes mais également le pire pour d’autres.

En 2004 c’est au tour de Fragments of D-Generation de sortir, un album rapide et agressif mais avec beaucoup de titres très mélodiques et le premier album aux côtés de Bjorn. Il y a de très bons titres dessus et ils ont requis beaucoup de travail pour les rendre vivants, il est comme un peu magique pour moi.

Et finalement notre premier album, Nebularium, est sorti en 2002, album le plus underground, progressif et dingue à la fois ! J’ai de très bons souvenirs par rapport à cet album pour lequel j’ai mis beaucoup à la composer, enregistrer et à le produire !

Merci pour ce résumé ! Peux-tu nous dire quel a été le plus gros succès pour DISARMONIA MUNDI ? D’un autre côté as-tu quelques regrets ?

Chaque album s’est très bien vendu, mais aujourd’hui c’est plus difficile comme à cause du téléchargement illégal, ceci dit ceux qui aiment vraiment DISARMONIA MUNDI achètent l’album original. Et je pense que je n’ai pas de regret, bien évidemment nous ne sommes pas satisfaits à 100% du résultat de chaque travail, il y a toujours quelque chose que nous aimerions changer ou améliorer, mais je suis quasi certain que c’est la même chose pour chaque groupe !

L’un des grands virages pour DISARMONIA MUNDI est la création du label Coroner Records (qui a produit ATLANTIS CHRONICLES entre autre). Peux-tu nous expliquer pourquoi l’as-tu créé et nous parler de son commencement ?

Le label a été fondé il y a 7 années par mon collègue et moi-même, et notre but était de trouver de bons groupes avec potentiel. Ceci dit, nous étions également fatigués d’avoir des problèmes avec le label précédent de DISARMONIA MUNDI et c’est une raison qui m’a poussé à gérer tout le processus de release avec mon jeune label nouveau-né au lieu de demander à un autre label plus grand et avec un plus grand potentiel de promotion. Donc encore une fois je préfère avoir le contrôle et la liberté à 100%, avec tous les pour et contre associés à un nouveau label. Durant des années, Coroner Records a travaillé avec de très bons groupes et a eu une très bonne chaîne de distribution, j’ai donc fait le bon choix, pour sûr !

C’est en effet un point de vue qui se défend ! A ce sujet, DISARMONIA MUNDI est un groupe de studio, vu que tu n’as pas de line up complet. Est-ce vraiment un choix ou juste une conséquence naturelle ?

Après toutes ces années à écrire de la musique seul je peux dire que c’est la bonne formule pour DISARMONIA MUNDI. Au début c’était un choix forcé car je ne trouvais pas les bons membres assez sérieux pour rejoindre le groupe. Puis avec la force de l’habitude de composer seul, et ensuite le fait de travailler avec Claudio pour le chant, tout fonctionna parfaitement. Et comme dit auparavant c’est la même chose pour l’enregistrement et la production, je veux un contrôle à 100%, avec les pour et les contre.

Mais si tu avais le choix d’avoir deux membres supplémentaires, qui seraient-ils ?

Je n’ai pas en tête le nom de super musiciens ou d’autres personnes. J’ai en tête deux noms de personnes possible qui sont dans ma liste d’amis, après toutes ces années DISARMONIA MUNDI est un projet si privé et intime que je ne le partagerais qu’avec de vrais amis.

Je vois ! Parlons maintenant du présent et du futur, avec la sortie de Cold Inferno, le 9 juin 2015. A quoi devons-nous nous attendre ?

Tu n’as qu’à t’attendre à un autre album de DISARMONIA MUNDI, si tu aimes les précédents tu aimeras également ce dernier ! Nous sommes les mêmes personnes que pour les albums précédents et jouons le même style de musique. Quelques groupes évoluent trop ou pas assez, trop rapidement surement, et tous les fans ne sont pas prêts pour suivre ces gros changements.

Ça ne se passera pas pour DISARMONIA MUNDI car si nous devons jouer de la musique différente nous le ferons simplement avec un autre nom.

Cet album a été enregistré par tes soins, dans ton studio dénommé Metal House. Peux-tu nous en dire davantage ?

Le studio a commencé en même temps que j’ai créé DISARMONIA MUNDI, il y a donc 16 années en arrière. Je l’ai amélioré de nombreuses fois et je suis maintenant vraiment satisfait du matériel ainsi que du niveau acoustique. Durant ces années, j’ai travaillé avec beaucoup de groupes comme DESTRAGE, I KILLED THE PROM QUEEN, BLOOD STAIN CHILDE, GYZE et bien d’autres, incluant BABYMETAL pour lesquels j’ai mixé et mastérisé leur dernier single « Road of Resistance ».

Est-ce que tous les titres de Cold Inferno sont des nouveaux titres ou certains sont-ils tirés d’anciens travaux remis au gout du jour ?

J’ai commencé à composer les premiers titres de Cold Inferno environ une année après la sortie de The Isolation Game et j’ai terminé la dernière chanson il y a environ une année, donc grossièrement l’album contient les compositions des quatre dernières années.

Merci pour l’information. En fait si je te pose la question c’est que j’ai lu dans une interview que tu avais beaucoup de titres dans ton placard. Est-ce que tu prévois de les dévoiler un jour ?

Oui mais avec un nom différent. J’ai écrit beaucoup de titres/travaux qui ne collent pas forcement avec DISARMONIA MUNDI, je dois juste trouver le temps requis pour assembler le puzzle et le tout sortira surement avec un nom différent.

Comme nous en avons parlé précédemment, DISARMONIA MUNDI est un groupe de studio mais as-tu des plans pour faire quelques dates, un line-up, histoire de promouvoir le dernier album ?

Il y a quelques années, j’ai essayé à nouveau de trouver des membres pour faire des concerts avec DISARMONIA MUNDI mais je n’ai jamais vraiment trouvé ni le temps, ni les bonnes personnes, pour rendre cela possible. Et puis, faire des dates avec Bjorn est vraiment difficile (il est si occupé avec SOILWORK et THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA). Malheureusement je ne pense pas que nous aurions la chance de rendre ce projet réel.

Mais si c’était possible, avec quels groupes aimerais-tu partir en tournée ?

Hé bein je dirais que j’aimerais partir en tournée avec IRON MAIDEN juste pour les voir jouer sur scène tous les jours !

Vu comme ça ! Mais dis-moi, comment vois-tu le futur de DISARMONIA MUNDI ? Est-ce que le groupe est ouvert à d’autres ? Est-ce que le style musical va évoluer ?

Non, je ne pense pas que nous chercherons d’autres membres, nous avons trouvé notre formule idéale (mais dans la vie ne dis jamais jamais) et DISARMONIA MUNDI continuera d’avoir son propre style, celui que tu connais. Alors oui peut être qu’il y aura une évolution mais rien de drastique, et si c’était le cas l’album ne sortirait pas sous le nom DISARMONIA MUNDI.

De manière générale, tu joues du metal depuis plus de dix ans en Italie. Peux-tu partager tes pensées au sujet de la scène metal italienne ainsi que son évolution ?

Oui j’en fais partie maintenant depuis plus de quinze années et durant ce temps j’ai pu voir de très bons groupes en Italie, la plupart ayant splitté ou disparu à cause des ressources limitées que nous avons ici en Italie. Malheureusement, la musique n’est pas considérée comme du travail ici, quand tu as vers 18 ou 20 ans c’est encore bon, personne ne peut te stopper, c’est ta passion principale et tu peux en faire la plupart de ton temps, mais ensuite tu dois te battre avec la vie réelle et il est très difficile de garder un groupe en vie avec toutes les responsabilités de ta vie, incluant de gagner de l’argent pour vivre. Je pense qu’il y a beaucoup de très bons musiciens ici, ce n’est qu’une histoire de culture et de société, et bon pour compléter le tableau, de nos jours c’est même pire qu’avant pour les groupes avec le téléchargement illégal.

C’est en effet une vision très réelle de la dure réalité. Ceci dit, tu es quand même très actif de ton côté car tu es également membre de THE STRANDED, un autre groupe de melodic death Italien. A ce sujet, le premier album « Survivalism Boulevard » est sorti en 2012, mais est-ce que le groupe est toujours actif et si oui un nouvel album est-il en préparation ?

Oui nous ferons probablement quelque chose dans le futur, comme je te l’ai dit pour mon autre projet, nous commencerons à travailler dessus très prochainement.

Avec ton expérience dans le domaine du death melodique, pourrais-tu nous donner des exemples d’albums chef d’œuvres ?

En parlant de death melodique, je pense que nous connaissons tous les chef d’œuvres du passé, peut être que tous les fans de death melodique ne donnent pas l’importance appropriée pour EDGE OF SANITY, et dans ce cas vous devez écouter les deux chapitres de Crimson car ce n’est pas seulement deux albums à écouter mais ce sont deux expériences à joindre ensemble. Et puis, en parlant de groupe underground, je vous suggère d’écouter le dernier album de FAITHFUL DARKNESS, produit par Coroner Records, je les écoute en boucle depuis six mois dans ma voiture !

Merci pour toutes ces informations et d’avoir répondu à notre interview ! As-tu un dernier mot que tu aimerais partager avec les lecteurs français ?

Je veux juste vous remercier pour votre support, je veux également dire que DISARMONIA MUNDI existe encore principalement grâce aux fans et à leurs supports. Continuer de nous suivre et d’acheter nos albums, ça nous permettra de continuer de vivre et de faire un autre album prochainement !

DISARMONIA MUNDI
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