Categories: Interviews

BENIGHTED : Interview de Olivier Gabriel

Olivier Gabriel, guitariste de Benighted a répondu aux questions de Guitariste-Metal.fr lors de l’édition du Hellfest 2014. Au programme, ce dernier nous parle de la création du groupe, de leurs méthodes de composition, de son matériel ainsi que de son regard sur la discographie du groupe.

Salut Olivier ! Je t’ai vu avant sur scène et tu avais l’air de t’éclater. Comment s’est passé le concert ?
C’était le méga pied, on s’est vraiment éclatés, le public a vraiment réagi malgré l’heure mais c’est vrai qu’on avait déjà vu ça il y a deux ans, on avait joué aussi au même horaire et c’était aussi terrible. Mais là j’ai trouvé que c’était encore un niveau au-dessus, c’était vraiment cool. Le public était bien violent, on a eu un bon wall of death. Avec tout ça j’ai bien pris mon pied, je pense même que c’est la fois où j’ai pris le plus mon pied au Hellfest.

Pour les personnes qui ne connaissent pas encore Benighted, il y a des personnes qui disent que c’est plutôt du death, d’autres plutôt grind voir du black… Comment est-ce que toi tu pourrais vraiment qualifier Benighted ?

On joue du death/grind avant tout mais c’est vrai que nous avons un mélange de plein d’influences mixé avec. On était un peu plus vers le black à nos tout débuts, ça avait disparu avec le temps puis sur le dernier album il y a pas mal d’influences black qui reviennent. Nous voulions mettre une ambiance un petit peu plus malsaine, qui allait bien avec les paroles. Après on fait toujours du death/grind avec, des fois un peu de hardcore, des fois un peu de black : ça dépend des albums, de l’inspiration, comme on le sent. Là on voulait faire quelque chose d’assez sombre/noir/malsain donc forcément il y a plus d’atmosphère black.


Comment est-ce que tu as appris à jouer de la guitare et pourquoi ?

C’est un de mes oncles qui jouait de la guitare et qui m’a filé une de ses guitares qu’il avait quand il était gamin. Je commençais à écouter des trucs un peu rock, un peu d’Iron Maiden, j’étais aussi très Nirvana au début, à 12-13 ans, j’ai dû commencer par là et en fait c’est avec ça, pour vouloir rejouer des morceaux, que j’ai voulu jouer de la guitare puis après ça m’a passionné donc je n’ai jamais arrêté. C’est vrai que c’est un moyen de s’éclater, l’exécution de morceaux c’est un truc que je kiff et puis la scène…

La proximité un peu avec le public, l’échange tu veux dire ?

Voilà oui tout ça. Tu as un échange entre les deux : le public et puis toi qui joue. C’est vraiment galvanisant et vraiment intense.

Tu m’as cité Nirvana pour tes premières influences mais ensuite quelles ont été tes influences ?

Les influences à mes tout débuts c’est vrai que c’était plutôt des trucs grunges, puis métal avec Metallica, Megadeth, Pantera… Aujourd’hui on va dire que mes influences pour Benighted c’est du grind à la Napalm Death ou à la Nasum, ou du death. Dying Fetus est l’un de mes groupes cultes avec Misery Index également, de même que pour Crypropsy. Voilà les groupes qui m’inspirent pour composer. Il y a aussi Anaal Nathrakh que je trouve vraiment bon, décadent, ultra extrême dans les voix, l’ambiance ultra violente, c’est énorme ! Après il y a d’autres groupes que j’écoute, plus pour la guitare, la technique, comme John 5, ou dans d’autres styles de musique Bireli Lagrene.…

Quel était ton matériel musical de l’époque et quel est-il aujourd’hui ?

Ça a beaucoup changé depuis le tout début. Pour les amplis, je suis passé d’un JCM 2000 (avec lequel j’obtenais un son très Cannibal Corpse des premiers albums), puis à un Rocktron Vodoo Valve (pendant une période ou le format rack était à la mode), à un Engl Fireball (bon grain mais pas très convaincu à l’époque sur scène), à une VHT Délivrance (super dynamique et très transperçant dans le mix), à une EVH 5150 III (un pur bijou !!!!).

Elle est vraiment ultime cette tête, elle a un pur son clean, un pur son crunch et en disco elle défonce tout. Mais je l’ai quand même revendue car j’en avais marre à l’époque de me trimbaler tout ce matos super lourd. C’est là que j’ai opté pour la Dark Terror de chez Orange. Peut-être moins subtile quand tu joues en répète ou en studio mais qui déchire tout à la maison et sur scène.

Ce que j’aime bien sur l’EVH et la Orange, c’est que ça sonne tout le temps quel que soit ton réglage. J’ai également essayé un AXE FX il y a pas longtemps, de la modélisation donc, et ça ne m’a pas plu, c’était trop compliqué pour moi.
Pour les guitares j’ai eu une Lag Rocklin puis une Cort Katana à mes débuts, des ESP (Eclipse et Viper), des Gibson (Explorer et LP Custom), une Mayones Setius (guitare polonaise qui sont vraiment classes), une Telecaster de luthier qui s’inspire de la Jim Roots (Jérôme Mars), une Ibanez RG Prestige (pour la maison, super confortable) et ma dernière une ESP Horizon. Toutes ont leurs qualités, mais pour Benighted, j’ai adoré jouer l’Explorer pour le confort sur scène, le look… par contre son soucis c’est son diaposon trop petit pour un accordage en Si. C’est pour cela que je lui a préféré ma Telecaster (Telegabster, jeu de mot avec mon surnom : Gab) et mon Horizon, 2 grattes super justes, super confortables (même si la Tele est ultra lourde ), super précises, parfaites pour le métal extrême et pour Benighted en particulier.

Merci pour toutes ces informations ! Tu joues un death relativement technique, que penses-tu de la scène US, qui joue, elle, de plus en plus technique ?

Si c’est de la scène US comme Origin ou Decrepit Birth dont tu parles, j’adore comme la scène Quebecoise (Cryptopsy, The Red Chord…).
Par contre s’il s’agit de la scène Djent, c’est pas du tout mon truc. J’aime quelques trucs bien sûr (je suis un passionné de musique) mais en général ça ne me parle pas et on a l’impression que c’est surtout de la perf avant d’être de la musique. Comme d’habitudes, les leaders (Animals As Leaders, Periphery…), c’est cool de temps en temps, mais tous les suiveurs qui se copient jusqu’au col de chemise… moins…
J’adore la technique mais ça ne doit pas être stérile. Si je veux de la technique je vais écouter un truc avec un peu de sensibilité quand même, je préfère les solos mélo à la Death ou à la Carcass, ou ceux “anarchiques” qui viennent des tripes, comme Slayer par exemple. J’aime les solo comme ceux que font également Kronos.

.

Comment a été accueilli votre dernier album, Carnivore Sublime par le public et par la presse ?

On est très contents des retours globalement, mise à part la toute première chronique que nous avons eue qui n’était pas vraiment cool. C’était un peu le genre de chronique anti français d’un zine qui venait je crois d’Irlande. En plus l’album n’était même pas encore sorti, je ne sais pas où ils l’avaient écouté. Sinon dans l’ensemble c’est ultra positif, on a eu 99% de bons retours. Peut-être qu’il y a une partie du public qui se retrouve moins dans nos albums actuels par rapport à nos albums précédents, je peux comprendre, on est revenu à du black par moment ou à des structures plus simplifiées.
On peut cependant résumer et dire que l’album nous a fait monter d’un palier. On essaie de s’améliorer à chaque album, de travailler à chaque fois mieux le songwritting, de faire de vraies chansons. C’est peut-être un peu bizarre d’entendre ça pour du death mais c’est vraiment le cas.

On a toujours des structures très compliquées quand même mais on essaie toujours d’avoir un refrain et c’est ce qu’on essaie toujours de bosser. Il faut qu’il te reste quelque chose après une écoute. On ne veut pas juste une suite de riffs. Au début, quand j’écoutais du death, j’étais assourdi par la violence et la technique, tu as l’impression que tu ne comprends pas tout ce qu’il se passe, des fois le son est un peu crade. J’aimais bien ce côté chaotique mais ce n’est pas ce qu’on veut faire avec Benighted. Nos chansons doivent avoir une identité et un sens.
Du coup comment composes-tu les titres ?

Ça reste assez classique, tout le monde compose dans son coin en général, même Julien le chanteur par exemple. Après en répète, on propose une idée, une structure, un morceau et on le travaille tous ensemble. Ça part en général de riffs de guitare. Après on rajoute des riffs, des breaks, … puis on restructure jusqu’à que tout le monde soit d’accord. Quelles que soient les influences des riffs de départ que l’on joue, plus mélos, plus je ne sais quoi, qui peuvent sortir un peu du style « classique » de Benighted, ça sonne toujours Benighted au final. On ne se ferme donc pas vraiment de portes.

Justement, sur l’édition limitée de Carnivore Sublime des reprises de Rammstein / Aborted / Machine Head sont présentes. Qui a choisi cette démarche et ces titres ?

En fait, on devait faire un truc avec Aborted, on les connait super bien, on devait faire un split ensemble (Chaque groupe devait jouer trois ou quatre titres, faire des reprises de l’autre, mais également jouer des titres ensemble), mais ça a avorté. Plus tard, on a fait des concerts avec eux pour fêter les dix ans de Goremaggedon. Nous nous sommes donc dit que nous allions leur rendre hommage avec un titre.
Il faut dire que Aborted nous a influencés quand même, pour ma part l’album « The Archaic Abattoir » est un de mes albums préférés de death.
Pour les autres titres présents sur l’album limité, je voulais aussi voir Machine Head apparaitre comme artiste. On cherchait un titre qui nous faisait un peu penser à notre jeunesse, et Machine Head nous a bien marqués à l’époque, on l’a donc fait par pur plaisir et égoïsme.
Pour ce qui concerne Rammstein c’est plus un “délire”, un challenge, j’en avais parlé aux autres à un festival en Allemagne où j’avais un peu trop bu. On l’a donc travaillé en répète, c’était même un peu dur de faire sonner le titre comme on voulait, car Rammstein a pas mal d’électro qui tourne derrière et peu de notes dans cette compo, mais nous sommes allés jusqu’au bout et on l’a mis sur l’album sans être plus convaincus que ça. Mais notre label lui était ultra fan et avec le temps on le trouve quand même bien cool. On est contents du résultat, même s’il n’y a qu’un riff, c’était une bonne surprise.

 

Quels mots pourrais-tu nous donner pour résumer chaque album de la discographie de BENIGHTED ?

Benighted : c’était de l’autoproduction, plutôt typé black métal mais j’aime bien le réécouter des fois, ça me fait plaisir même si ça n’a pas grand-chose à voir avec le Benighted actuel.
Pscyhose : on a été très influencés par Crypropsy et Death. On en écoutait beaucoup. On a voulu faire un truc “ultra technique” (compte tenu de notre niveau technique de l’époque). L’album, quant à lui, a été enregistré avec des petits moyens, il a son charme mais ça ne s’est pas passé comme on voulait au niveau du son qui était moins bon que le premier à mon goût. C’était très “foufou”, on mélangeait 1000 riffs, mais bon il fallait en passer par là pour arriver au véritable Benighted.
Insane Cephalic Production : c’est la naissance de Benighted. On a vraiment trouvé notre truc avec ce qui est important pour nous, le groove. On aime qu’il y ait du relief dans les compositions et là on a su mêler musique extrême et groove.
Identisick : on est passé à un palier supérieur qui nous a fait passer dans pas mal de festivals et le hardcore est venu s’immiscer dans nos influences (notre batteur était un gros fan de Hardcore et nous a refilé le virus). L’album était très catchy !
Icon : arrivée de Kévin, nouveau batteur avec un gros potentiel, l’album reflétait plus des sentiments et faisait moins « machine » que les albums précédents. C’est ce qu’on recherchait, plus d’humanité dans les combos et le son.
Asylum Cave : c’est l’un de mes albums préférés. On a trouvé vraiment tout ce que l’on voulait avec cet album de Benighted, l’équilibre entre tous les styles de musique. On apprécie également l’évolution de l’écriture des titres, c’est l’album qui réunit pas mal de monde au final.
Carnivore Sublime : gros bon en avant encore dans l’écriture de vraies chansons. Ambiance plus malsaine, il a vraiment une âme. Retour d’une influence black metal même si ça reste du gros death/grind de porc. (rires)

Je crois savoir qu’un DVD live anniversaire est prévu cet été au Sylak Open Air, peux-tu nous en dire plus ?
On a lancé l’idée comme ça, on ne sait pas encore comment ça va se passer. On aimerait bien enregistrer d’autres concerts et peut-être voir pour mettre un concert de chez nous à Saint Etienne. Let’s see.
Merci pour toutes ces informations Olivier ! Nous te souhaitons un bon festival !

 

BENIGHTED

Site Web : http://brutalbenighted.com/
Page Facebook : https://www.facebook.com/brutalbenighted
Merchandising : http://brutalbenighted.com/

Silenius

Gérant du site.

Share
Published by
Silenius

Recent Posts

LOFOFORA – Interview de Reuno

Reuno, figure emblématique de LOFOFORA, nous présentes leur dernier album,  "Vanités", et reviens sur le passé du groupe.

5 ans ago

Schecter Reaper 6FR – Orange Brent Hinds Terror – Le test en vidéo

HTD , distributeur officiel de Schecter et Orange nous ont fait l'honneur de nous confier deux de ses précieuses têtes…

5 ans ago

Jeu concours Pensées Nocturnes

Guitariste Metal vous offre la possibilité de remporter un exemplaire de "Grand Guignol Orchestra", de PENSEES NOCTURNES ainsi qu'un pin’s…

5 ans ago

Pensées Nocturnes : Interview de Vaerohn

Vaerohn, tête pensante de son one man band, Pensées Nocturnes, nous présente sa formation et son évolution, suite à la…

6 ans ago

Randall RGOD : test de la pédale préampli de chez Randall

Sortie en 2014, la pédale de préamplification de Randall, dénommée RGOD, est désormais entre nos mains. Voyons si la réputation…

6 ans ago

Rogga Johansson interview

Interview with Rogga Johansson, the man behind PAGANIZER, RIBSPREADER, THE GROTESQUERY, REVOLTING among others. We will know about songwriting, gear…

6 ans ago