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Randall, marque d’amplis résolument orientés métal et fort de sa collaboration avec MIKE FORTIN nous dévoilait au NAMM2015 l’une de ses nouveautés : La tête EOD88.
Mais quelle est donc cette petite boite rouge siégeant au milieu de ce mur d’ampli noir et austère ?
Après presque 1 an d’attente, nous voici face à face.
EOD88, mais que c’est quoi ?
La EOD88 pour « Element Of Doom » vient d’une phrase du célèbre Ozzy Osbourne lors d’une interview où il décrivait le son de son groupe BLACK SABBATH : « We were just a blues band and then it took on an ELEMENT OF DOOM… » Et « 88 » pour la puissance de 88 watts ou éventuellement pour KT88, le type de lampe de puissance utilisé.
L’élément du malheur
La Randall EOD88 est une tête tout lampe de petit format vu sa puissance (515x235x255 mm) et d’un design tout particulier. Elle comprend 3 étages de gain dont un circuit FUZZ dédié, elle embarque à son bord pas moins de trois lampes de pré-amplification 12AX7 et deux KT88STR de chez RUBY pour une puissance de 88watts.
En face avant on retrouve :
INPUT : l’entrée guitare
FUZZ : Contrôle la quantité du circuit fuzz
Fuzz switch : petit bouton permettant d’engager ou pas le circuit fuzz (identifié par une led rouge)
peut être piloté également via le footswitch fourni
GAIN : Contrôle de gain global du préampli
Tube switch : petit bouton permettant d’engager (selon le manuel) la 4éme lampe d’étage de gain (identifié par une led rouge). Après vérification visuel, il n’y a apparemment que 3 lampes de préampli ? Serait-ce l’Element Of Doom ?
Peut être piloté également via le footswitch fourni
BASS : Egalisation passive des fréquences basses
MIDDLE : Egalisation passive des fréquences médiums
TREBLE : Egalisation passive des fréquences hautes
DEPTH : Contrôle des basses fréquences de l’ampli de puissance, agit sur l’interaction entre l’amplificateur et les haut-parleurs.
PRESENCE : Contrôle des hautes fréquences de l’ampli de puissance
MASTER : Contrôle du volume général après égalisation
En face arrière on retrouve :
FOOTSWITCH : Footswitch Fuzz / boost, permet de piloter au pied les boutons de façades Fuzz switch et Tube switch (fourni avec l’ampli)
FX LOOP : Classe A Discrete et Return serie sans contrôle volume
LINEOUT : sortie non filtrée pour attaquer un simulateur de haut parleur type TORPEDO CAB ou via le return de la boucle d’effet, d’attaquer l’ampli de puissance d’un autre ampli. Elle coupe les sorties speakers pour éventuellement des applications WET/DRY post-effects
SORTIE HP : 1×4 / 2×8 / 1×8 / 2×16 / 1×16 Ohms
Red is not Dead !
Au déballage le design « rentre dedans » de la tête ainsi que l’habillage en tolex rouge me laisse perplexe. Mitigé au premier abord on s’y fait et le rouge du tolex marié à une façade type SKULLS/BLACK FLAG lui donne un côté atypique pas déplaisant du tout en fait. Je sais ce qu’on dit, les considérations esthétiques ne rentrent pas en considération sur le son. C’est vrai, mais aimons-nous tous une voiture juste pour son moteur ?
En tout cas la finition est irréprochable et donne une sensation de robustesse et de sérieux, mention spéciale au bouton MASTER, énorme, on a l’impression de manipuler la commande d’une machine industrielle d’un autre temps (on est loin des boutons qui se frotte presque entre eux d’un Boogie…).
On aime ou on déteste mais la qualité est indéniablement là.
Pourquoi un tel design et de telles caractéristiques ? Nous entrons là dans le domaine de la spéculation mais je ne vois en fait que deux raisons à cela : d’une part la volonté de démarquer complètement le produit du reste de la gamme, un genre de série limitée ? D’autre part d’aller faire de l’œil aux plus énervés des « stoners » histoire de faire basculer de l’orange au rouge ?
Et si l’état d’esprit de RANDALL était tout simplement « don’t care ! », on voulait faire un ampli comme ça et le voilà. Difficile de croire en une intention dénuée de marketing de la part d’une firme américaine mais j’avoue être surement passé à coté de l’objectif de RANDALL tant cet ampli me semble destiné à une niche que je ne peux pas vraiment définir d’ailleurs.
Au berceau du Heavy
A l’allumage, tous les potards à 12h on est déjà dans le crunch, en effet pas de canal clean dédié sur cet ampli. En mettant le gain sur 8h et en faisant attention de contenir le volume de sortie micro de la guitare on voit apparaitre un clean, mais la moindre inflexion nerveuse dans le jeu ramène un crunch subtile et un peu dark. Ce réglage couplé au micro manche Black Winter d’une de mes guitares est particulièrement intéressant pour de l’arpège black-métalesque. L’égalisation 3 bandes fait le job mais doit être poussée après 12h pour influencer véritablement la tonalité.
Premier constat, l’ampli est véritablement atypique dans sa démarche et la polyvalence n’est pas à l’ordre du jour.
J’engage le boost, et là on a une impression de loudness assez flagrante. L’afflux de gain est considérable mais dans un même temps on a une sensation d’avoir creusé subtilement les Mids, ce qui, sans modifié grand chose au caractère tonal de l’ampli, rajoute un je ne sais quoi de modernité et de clarté au son. C’est assez déstabilisant tant le coté vintage de départ et balayé par ce boost par la suite.
Serait-ce cela qu’entend RANDALL par polyvalence ? Avec un peu de recul, quand on regarde la bête, on se dit qu’un clean cristallin n’est pas vraiment utile pour ce genre d’ampli, par contre les possibilités de tonalité Vintage/Modern directement pilotable au pied par ce boost sont un véritable plus.
Vient le tour de se fameux bouton FUZZ. Même constat, avec ou sans le boost le caractère est différent mais le gain dans les deux cas est à régler avec douceur (potard de gain passé 9h le son part vite en purée). Là tout est une affaire de goût. Je ne spéculerais pas sur l’intérêt du circuit fuzz au détriment d’un vrai clean car nous rentrerions dans un débat de style musical et non de style d’ampli. J’ai quand même pu essayer une BIG MUFF sur le canal disto (boost desenclenché) et j’avoue que le circuit FUZZ est beaucoup plus convaincant que la pédale d’Electro Harmonix sur cet ampli bien évidemment. (Il y a bien sûr plein d’autres pédales FUZZ, surement plus pointues que la BIG MUFF mais là encore ce n’est pour moi pas le sujet). Non, ce circuit FUZZ est définitivement très cool, et nous emmène vers des contrés sonores un peu oubliées je l’avoue de nos oreilles adeptes de métal extrême toujours plus… extrême ?
Premier bilan, l’ampli nous délivre une palette sonore assez large et plutôt inattendue. J’avoue que
la première impression d’ampli typé vintage vole en éclat dès l’enclenchement du boost, et je me vois plus jouer du Blackened-Crust avec qu’un bon vieux Hard-Rock des 70th. C’est le positionnement RANDALL, soit vous êtes un méchant soit vous êtes un super méchant.
Qui a la plus grosse ?
Etant l’heureux détenteur d’un RANDALL SATAN, pourquoi ne pas les comparer. J’utilise ma LTD HEX-7 toujours équipée d’un EMG707 (un peu moins organique que mes Black Winter) via une pédale SWITCH-BLADE+ le tout relié à un 4X12 Blackstar HTMETAL modifié comprenant un couple Celestion Vintage30/G12T75 d’un coté et 2 CelestionG12K100 de l’autre. Via les entrées stéréo je relie le V30/G12T75 au SATAN (configuration classique d’Ola Englund) et les deux G12K100 (hauts parleurs fétiches de Mick Thomson de SLIPKNOT) sur l’EOD88.
Et c’est le SATAN qui sonne bien plus vintage que l’EOD88 ! Qu’à cela ne tienne, permutons les HP histoire de voir, et effectivement on rééquilibre la chose. Par contre il est indéniable que le SATAN balaye tout sur son passage. Plus de bass, plus de high, plus de gain, plus de tout en somme. Mais dans un mix, le Randall EOD88 tire son épingle par sa précision de réglage dans les Mids et dans le gain.
Il me vient une idée. Le gain de l’EOD est précis et très progressif, et si on salissait tout ça par l’ajout d’une bonne vielle HM-3 de BOSS ? Terrible ! On voit ressurgir le son des premiers ENTOMBED avec une définition plus moderne pas désagréable du tout (merci au KT88).
Pour résumer, le SATAN est bien au dessus de l’EOD88 si on compare l’étendu de la palette sonore, la multitude de réglages, les possibilités de connexions externes, la boucle d’effet titanesque du SATAN et tout ça en contenant énormément le souffle, ce qu’a du mal à faire l’EOD88 poussé dans ses derniers retranchement.
Conclusion
Apparaissant comme un ovni dans les têtes d’ampli tout lampe, de part son look, ses choix de lampes de puissance, son circuit FUZZ intégré, le Randall EOD88 reste une très bonne surprise car elle réussit le pari d’apporter une bonne dose de son revival avec une approche très moderne. Ce n’est définitivement pas un ampli vintage au sens strict du terme et pour ma part je le vois plus trôner sur une scène typé HARDCORE ou BLACKENED-CRUST que STONER bien qu’il puisse être à l’aise dans les deux cas.
Les 88watts lampes sont titanesques mais il se délivre dès la moitié du potard MASTER. (Pour les chambres de bonne prévoir un atténuateur digne de ce nom)
Grosse surprise donc, et orientation musicale inattendue, j’avoue n’être pas du tout fan de cette vague stoner mais en toute objectivité cet ampli n’a de vintage que son mode FUZZ, le reste c’est du bien méchant à la RANDALL et c’est tant mieux !
Un grand merci à Sébastien pour son test et sa vidéo ainsi qu’à Nathan pour l’envoie de la tête.
Randall :
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