Steffen Kummerer (OBSCURA, THULCANDRA), nous parle de l’origine de ses groupes ainsi que de ses inspirations. Le prochain album de OBSCURA et de THULCANDRA sont en route.
Salut, Steffen, nous te remercions de vouloir répondre à notre interview. Peux-tu nous présenter brièvement OBSCURA et THULCANDRA pour ceux qui ne connaissent pas encore tes groupes ?
OBSCURA est un groupe de death metal progressif qui a été fondé en 2002 et qui a sorti quatre albums à ce jour, quant à THULCANDRA, qui est un groupe de black & death metal, il a été formé en 2003 et trois albums sont sortis à ce jour. Avec une décennie de tournée internationale et de très bonnes ventes au travers du monde. Les groupes sont désormais bien établis et respectés au sein de leur propre genre.
Parlons un peu de toi Steffen car tu es à la fois un musicien autant talentueux qu’actif. Peux-tu nous dire comment tu es tombé dans l’univers de la musique ?
A l’âge de 9 ans j’ai été durant une année dans un internat d’une école de musique situé au sud de l’Allemagne. Durant cette année j’ai appris à jouer du piano, à chanter, à apprendre la théorie de la musique et également à entrainer mon écoute. Ce fut le début et avec l’aide de ces bases en musique classique le fait d’apprendre à jouer d’un nouvel instrument a été plus aisé que de partir de rien. Puis en étant adolescent j’ai commencé par écouter du rock, puis du metal et au fil des années la musique plus extrême me fascinait. Ce sont des groupes comme DEATH, ATHEIST, CYNIC, DISSECTION et EMPEROR qui m’ont donné envie de commencer à jouer de la guitare et à créer mon propre groupe.
Ce groupe fut OBSCURA et depuis ce jour le death metal est mon style de prédilection.
Ce fut donc le tout début.
Au début l’écriture des titres était ce que je préférais faire. Jouer des rythmes de guitares et créer des chansons me semblait être plus intéressants que de montrer à tout le monde ce dont tu es capable de faire. Après deux années à jouer de la guitare, mes parents m’ont offert le livre de tablature « Fire and Ice » de Yngwie Malmsteen, que j’ai étudié en entier, puis je m’attaquais à la suite à « Surfing with the Alien » de Satriani.
Ceci dit, c’est la musique extrême qui m’attirait et plus spécifiquement tous ces riffs uniques qui ont été ma source d’influences. Ce sont ceux de Chuck Schuldiner et Paul Masvidal de DEATH/ CYNIC qui ont été les plus marquants jusqu’à ce jour. Les musiciens avec leurs propres voix et leurs propres visions de la musique sont plus intéressants que les personnes qui jouent encore et encore les mêmes partitions d’autres joueurs alors que la seule chose qui change au final est la vitesse de jeu.
Dans quel état était la scène metal dans ta ville lorsque tu as créé ton propre groupe, OBSCURA ?
La scène metal à Landshut, une belle petite ville située à une heure au nord de Munich, en Bavière (Allemagne) avait quelques groupes intéressants à offrir tels que PATH OF DEBRIS, DARK FORTRESS, NONEUCLID, RUSHROOM pour ne citer qu’eux. Tout le monde se connaissait et les groupes s’entraidaient afin que la scène puisse bouger.
En tant que débutant il n’était pas évident que de gagner le respect à l’époque mais plus le groupe existe dans la durée, plus le dit groupe joue en concert, et plus tu vends des albums, qu’à partir de ce moment donné les personnes commencent à te regarder et à t’écouter.
Je travaille encore avec l’un de mes amis proche pour produire OBSCURA et THULCANDRA, il s’agit de V. Santura, le guitariste de DARK FORTRESS, TRIPTYKON & CELTIC FROST.
Il y a un lien fort qui existe depuis une décennie et il en va de même pour les groupes de notre scène locale.
Quel était ton but, en 2002, lorsque tu as créé OBSCURA ? Voulais-tu sonner comme d’autres groupes ou aller justement de l’avant et créer ton propre registre ?
Au début d’OBSCURA nous avions alors 15, 16 et 18 ans et nous n’avions aucun but si ce n’était que de créer un groupe et d’écrire ensemble de la musique. Après les deux premières années nous avons trouvé où nous voulions aller et dès lors le groupe n’a cessé de grandir d’année en année. Je connais très bien nos influences et il n’y a rien à cacher ou à rejeter. En 2009 avec l’album “Cosmogenesis” nous sommes allés dans une direction et avons travaillé afin d’avoir notre “propre son” qui s’entend également dans « Akroasis », notre dernier album en date.
Je voulais créer notre propre son, quelque chose qui fait que tu le reconnais dès les premières secondes d’un titre. Combiner des nouveaux éléments comme de la fusion ou encore un autre genre de musique nous aide à garder des idées aussi fraiches qu’intéressantes.
Il y a une vision très claire de la direction dans laquelle nous voulons que le groupe évolue et en ce moment même nous nous trouvons au milieu de ce chemin.
« Retribution » a été enregistré au Mastersound Studio avec Alexander Krull (ATROCITY / LEAVE’S EYES) durant l’été 2004. Du fait que nous n’avons pas trouvé un label acceptable, ce premier album est sorti indépendamment en 2004, puis est re sorti en 2006 lorsque nous avions joué notre première tournée européenne aux côtés de SUFFOCATION. Puis il y a finalement une autre re sortie propre avec Relapse Records en 2010.
Nous avons enregistré l’album en deux morceaux avec Jonas Baumgartl à la batterie ainsi que Cello et moi-même à la guitare, basse et au chant. Plus tard V. Santura nous donna un coup de main et enregistra une grande partie de l’album dès lors que j’ai également dû m’occuper des chants, quelques semaines avant notre rentrée en studio.
Globalement ce fut une très bonne expérience, la seule chose que je regrette dans l’histoire de OBSCURA est que nous avons dû utiliser une batterie électronique en studio car nous manquions de temps.
Jonas était en fait un très bon batteur mais le son de la batterie ressemblait quelque peu au son que l’on a d’une batterie que l’on édite sur PC. On va dire que nous l’avons donc appris à nos dépends. A la fin nous avons été en mesure de progresser et d’aller de l’avant ce qui fait que l’album a eu beaucoup de succès et qu’il s’est mieux vendu que nous l’espérions.
Au fil des années le groupe n’a cessé d’évoluer, et le line-up s’est vu modifié avec l’arrivée du nouveau batteur Hannes Grossmann (ex-NECROPHAGIST ), du bassiste Jeroen Paul Thesseling et du guitariste Christian Muenzner (ex-NECROPHAGIST ) ont rejoint le groupe en 2007, suite à des départs. Est-ce que ce sang frais a totalement changé ta façon de composer par rapport au passé ?
Oui, c’est en 2007 que le second grand changement du line-up s’effectua et avec les nouveaux musiciens que tu as mentionnés nous avons été en mesure d’accéder à un nouveau niveau de qualité. Avec ce nouveau line-up, les anciens titres sonnaient vraiment très différents et à cette époque, la moitié de l’album « Cosmogenesis » avait déjà été composée et nous avons même joué deux tournées avec certains de ces titres. Certains de ces titres comme “Anticosmic Overload”, “Incarnated”, “Desolate Spheres” or “Noospheres” ont été joués durant deux années et ont subi beaucoup de changements durant ce laps de temps.
Cette expérience acquise en concert nous a beaucoup aidé à améliorer notre groove, à trouver le bon tempos et à travailler sur des arrangements.
Auparavant je composais et enregistrais seul chacun des titres sur un enregistreur de cassette quatre pistes Tascam où il était impossible d’éditer quoi que ce soit. Chaque titre devait être enregistré du début à la fin en une seule fois. De nos jours j’utilise la plupart du temps un DAW avec ProTools ou Cubase, cela dépend du studio, et j’écris mes notes sur GuitarPro ou Sibelius. Tout dépend de l’instrument avec lequel je joue ou je compose.
En parlant de la composition, d’où te vient ton inspiration pour les paroles ?
Mon inspiration vient principalement de l’astrophysique, la philosophie et de la religion.
Le groupe rejoint Relapse Records en 2009 pour la sortie du fameux “Cosmogenesis”. Peut-on savoir comment s’est passé ce changement ?
Nous avions enregistré trois titres de l’album, “Anticosmic Overload”, “Incarnated” et “Choir of Spirits” et nous les avions envoyés à quelques labels car nous pensions qu’une coopération pourrait être un sérieux avantage. Relapse Records fut intéressé et nous proposa la meilleure offre. De plus Relapse Records montrait vraiment son intérêt pour OBSCURA ce qui nous poussa donc à les rejoindre. Signer avec eux fut une bonne décision, le label nous aida à mettre un pied en Amérique du Nord et nous supporta de toutes les façons possibles. Jusqu’à ce jour je ne peux que remercier chaque personne de Relapse Records qui a travaillé avec nous, du passé au présent.
Nous n’aurons pas le temps de parler en détails de chaque album mais pourrais-tu partager quelques mots sur chacun des albums afin de les décrire ?
Illegimitation – Une première étape
Retribution – Notre première expérience dans un studio professionnel
Cosmogenesis – Le premier album avec un label
Omnivium – L’album qui nous a permis d’établir le groupe au sein de la communauté de death metal technique
Akroasis – Notre plus grand album et le plus vendu à présent, on peut donc dire que cet album est le plus grande succès du groupe jusqu’à ce jour.
Merci ! Parlons justement du dernier album en date, le bien nommé Akróasis qui est sorti cinq années après Omnivium. Quand as-tu commencé à composer les titres et quels étaient tes buts avec cet album ?
Au début de l’année 2013 les premières idées ont abouti à “Sermon of the Seven Suns” qui fut le premier titre composé pour l’album Akroasis. J’ai eu certaines idées concernant la direction de l’album qui devaient être en relation avec les paroles relatées dans le titre “Weltseele”, un concept qui date de 2011.
L’album entier a été conçu afin d’accueillir plus de musiques dites “ouvertes et aesthetic” mais nous voulions également nous concentrer sur l’aspect prog metal et rythmique plutôt que de jouer très rapidement.
La production, quant à elle, fut très importante pour moi et c’est la raison pour laquelle nous sommes allés au Dreamsound Studios à Munich afin d’avoir un certain son pour la batterie avec une énorme salle et un son très acoustique très naturel. Afin d’être en mesure d’obtenir ce genre de production j’ai été au studio du premier jour, lors de l’installation de la batterie, jusqu’à la dernière minute où l’album a été masterisé au Woodshe Studios.
Merci pour ces détails. Pour revenir aux paroles, ces dernières sont basées sur de la philosophie allemande en général. En est-ce de même pour Akróasis ? Cet album concept fait-il donc suite à “Cosmogenesis” ?
L’album entier se base sur la troisième partie du concept que nous avons développé sur 4 albums, le premier étant « Cosmogenesis », sorti en 2009. Alors que « Cosmogenesis » explique basiquement la création, l’album suivant, « Omnivium » représente l’évolution et « Akroasis » met en avant le développement de la conscience.
Un quatrième album qui finira ce cycle de la vie et de la mort devrait bientôt suivre.
Tous nos albums sont en lien avec trois idées générales : l’astrophysique, la philosophie et la religion.
Ces trois entités sont filées au sein de l’idée de “l’harmonie du monde”, combinées avec l’idée de “l’âme du monde” (anima muni, ou “Weltseele” en allemand).
Le professeur Suisse Hans Kayser a écrit un très bon livre que je recommande au sujet de l’idée de l’existence de l’harmonie lié que j’ai adapté dans ”Akroasis”. Les cycles mentionnés se rendent compte de leurs propres existences et chaque titre représente un stade diffèrent, sous un angle de vue religieux diffèrent, des idées philosophiques qui sont liées entre les précédents albums.
De manière générale, cet album est encore plus complexe que les précédents. Aucun des titres n’est « facile à écouter », chaque titre est long et très bien composé mais un titre, dont nous avons précédemment parlé, « Welsteele » sort du lot.
Ce titre a une longue histoire et a eu différentes versions depuis sa création en 2013. Welsteele est basé sur un titre de cinq minutes qui a été écrit par Linus aux alentours de 2013, titre que nous avons réarrangé ensemble. Lorsque Tom Geldschläger a rejoint le groupe plus tard en 2014, ce dernier à apporter de nouvelles idées à la composition ce qui a divisé le titre en deux parties en plus de rajouter une longue intro acoustique et au milieu du titre ce qui a rendu « Weltsteele » parfait.
J’ai apporté l’idée de rajouter un ensemble d’instruments à cordes (violoncelle, violon, alto et contrebasse) comme ce fut le cas après la création du groupe. Comme personne d’entre nous ne voulait travailler avec des plugins et d’autres sons de ce genre nous avons engagé Matthias Preisinger, un professionnel originaire de Berlin qui a écrit les partitions dont nous avions besoin pour le thème principal.
Welsteele est devenu un titre spécial et montre les idées vers lesquelles nous nous tournons pour le prochain album.
C’est bien ce que je me disais, ce titre est hors cadre, un vrai OVNI qui pourrait représenter le futur album du groupe.
Ce titre lie “Akroasis” avec le prochain album sur lequel nous sommes en train de travailler. L’album numéro quatre de ce long concept est basé plus ou moins sur l’apocalypse et mettre en avant de nombreuses parties orchestrales. Avec THULCANDRA et OBSCURA j’ai pu travailler au sein de deux groupes à succès, faire une tournée avec DEATH DTA tout autour de la planète, je n’ai donc pas besoin de sideproject ou de quelque chose d’autre.
Justement pourrais-tu parler du matériel que tu utilises et nous parler par la suite de ton second groupe, THULCANDRA ?
Je joue avec des amplis ENGL depuis 2009 et j’utilise également un système en rack avec un ampli 840/50, un préamplificateur 530 ainsi qu’un TC Electronic G-Major2 comme unité d’effets pour toutes nos productions.
Pour THULCANDRA j’ai rajouté une combinaison avec un vieux Marshall JCM800 ainsi que quelques compresseurs ou alors j’utilise un Peavey 5150 avec quelques pédales histoire de pimenter un peu plus le son rythmique. Rajouter ces amplis rajoute plus d’options et un peu de ce « côté sale » par rapport au côté clair et tranchant que donnent les amplis ENGL.
Pour OBSCURA j’utilise uniquement des guitares sur mesure de chez RAN, tandis que chez THULCANDRA j’utilise une ESP Eclipse avec un Floyd Rose depuis le dernier album. Durant les concerts j’utilise un système sans fil de chez Sennheiser
Tu l’as dit, tu possèdes une guitare RAN customisée et tu as également ta propre guitare signature chez RAN. Pourquoi as-tu choisi RAN et comment s’est déroulé la conception de ta guitare signature ?
J’ai été en contact avec la compagnie en 2003 afin de créer une guitare custom qui a été réalisée selon mes données. Quelques années plus tard nous avons décidé de travailler ensemble et j’ai été endorsé par RAN. Je suis très content de l’instrument et utilise la première guitare de chez RAN, celle de 2003, pour les concerts avec DEATH DTA. A l’époque un ami à moi qui avait quelques instruments de chez RAN m’a recommandé la compagnie et donc j’ai été en contact avec eux et nous avons discuté de l’idée durant des semaines. Six mois plus tard je recevais ma guitare.
Les titres de chez OBSCURA sont très techniques. As-tu appris à jouer de la guitare tout seul ou as-tu pris des cours ?
J’ai appris à jouer tout seul et j’ai juste essayé des cours deux fois à l’époque. A cette époque aucun des professeurs de guitare du coin n’avait idée de ce qu’est le metal. J’ai donc laisse tomber avec les cours et je suis allé au-devant de plein de livres afin d’avoir les connaissances que j’ai désormais.
Combien de temps passes tu à t‘entrainer ? As-tu une routine ?
J’ai une routine de deux heures de pratique par jour et ça marche très bien, mais quand je prépare une tournée ou un enregistrement je peux jouer jusqu’à six heures par jour. A l’époque je jouais de trop et j’ai dû arrêter de répéter durant deux semaines à cause d’une tendinite. Lorsque j’ai une crampe dans la main droite, je stoppe immédiatement de jouer pour la journée entière.
Arriver à jouer à un tempo rapide tout en étant à l’aise est mon but journalier tout en apprenant à créer des nouvelles compositions et à continuer d’apprendre au niveau de la théorie. Une autre partie de mes routines journalières est également de faire du sport et de courir.
En tant que guitariste, quels conseils pourrais-tu donner à un nouveau guitariste qui aimerait faire une cover d’un de tes titres ?
Plutôt que de forcer à jouer rapidement le morceau en entier je lui conseillerais de jouer lentement les morceaux qui lui pose problème tout en se concentrant sur un jeu clean, étape par étape, il sera en mesure de le jouer au bon temps et il sera ensuite confiant.
Tu as également écrit des livres de partitions, que ce soit pour OBSCURA mais également pour DEATH. Comment cette idée t’est-elle venue et comment ont été accueillis ces livres ?
Chaque livre de partitions a eu un très grand succès et il semblerait que nous ayons eu notre pic lorsque nous avons sorti les partitions pour “Cosmogenesis”.
La première édition a été sold out au bout d’une année et nous avons reçu de très bons retours. Durant les années qui suivirent, nous avons réarrangé les livres afin qu’ils deviennent plus professionnels et pour cela nous avons engagé une personne qui s’occupe de lire les partitions, uniquement afin d’avoir une seconde vue sur la notation pour notre nouvel album « Akroasis » afin que ce dernier puisse sortir.
Je veux améliorer tout ce que je peux.
L’idée d’écrire un livre de tablature de DEATH est venu de Eric Greif, l’ancien manager de Chuck Schuldiner, qui travaille encore avec sa famille. Je n’ai pas encore vu le résultat final à ce jour mais ce que j’ai pu voir était très bien et utilisait les standards de qualité courant pour une sortie chez Relapse Records. J’ai été en contact avec la plupart des membres fondateurs de DEATH, soit par email, soit directement par le biais de la tournée DEATH DTA, afin de confirmer même les plus petits détails.
A qui recommandes-tu ces livres de partitions, quelle expérience doit avoir le guitariste afin d’être en mesure de jouer quelques titres ?
Cela dépend beaucoup de l’album et des compétences du guitariste. Quelques titres demandent beaucoup de pratique sur le plan technique, mais avec un peu de pratique et de discipline tu peux être en mesure de jouer tout les titres. Le groupe a évolué, mais également les membres du groupe, je recommanderais donc de commencer par « Cosmogeneis », puis « Omnivium » et de finir avec « Akroasis », qui est l’album le plus difficile en date. Quelques fois les guitares rythmiques ont même besoin de plus d’attention que les lead, ce qui peut paraitre peu commun.
Merci pour toutes ces informations ! Parlons un peu de THULCANDRA. Comment le groupe fut-il créé ?
THULCANDRA avait pour définition d’être l’opposition d’OBSCURA, c’est un groupe qui a été fondé en tant que tribute band des groupes de death et black metal des années 90, tout particulièrement de la scène Scandinave. Je parle de groupes tels que EUCHARSIT, VINTERLAND, SACRAMENTUM, DISSECTION et UNANIMATED qui ont eu un impact énorme lors de nos débuts.
THULCANDRA a été un groupe à part entière, et non un de ces projets que l’on entend un peu partout de nos jours.. Nous sortons régulièrement des albums, à ce jour nous avons sorti trois albums chez Napalm Records afin de gagner plus de reconnaissance au sein de la scène underground. Le groupe est bien établi et nous recevons de plus en plus d’offres afin de jouer des dates.
Musicalement parlant il y a des mondes de différences entre les deux groupes et j’essaie de les séparer autant que possible.
Une première démo intitulée « Perishness Around Us » a été enregistrée en 2005 mais n’est jamais sortie car Jürgen Zintz se suicida. Le premier album, Fallen Angel Dominion, est sorti en 2010. Voulais-tu sortir cet album plus tôt ou n’avais-tu plus assez d’énergie à cause d’OBSCURA ?
Les premiers titres de l’album ont été enregistrés avec Jürgen Zintz, dont la démo « Perishness Around Us » au sein d’un petit studio de notre ville natale. Nous n’avons pas été satisfaits avec l’enregistrement et n’avons jamais mixé ces quatre titres.
Lorsque Jürgen se suicida, le groupe se mit alors en pause pour quelques années et de mon côté je continuais à travailler sur OBSCURA, tout en aidant des amis en jouant des concerts pour FESTERING SALIVA, HELFAHRT et BLACK HORIZONS. Pendant ce temps, Sebastian Ludwig et Tobias Ludwig ont rejoint THULCANDRA et ensemble nous avons fini de travailler sur notre premier album « Fallen Angel’s Dominion » qui est sorti en 2010.
Juste une année plus tard, en 2011, nous sortons « Under a Frozen Sun » et le dernier album en date, qui est celui qui a rencontré le plus de succès, « Ascension Lost » vu le jour en 2015.
Alors que OBSCURA est devenu un groupe international qui fit beaucoup de dates, THULCANDRA garde une existence un peu plus exclusive et le groupe ne joue que dans quelques concerts un peu particuliers plutôt que de tournée partout et nulle part.
Tu l’as dit que tu avais été inspiré par la scène des black/death scandinave des années 90 et il est évident que ce premier album est un peu un tribute à Jon Nödtveidt de DISSECTION.
Le groupe avait pour but d’être un tribute à la scène entière que tu mentionnes, non seulement à un seul groupe. Les gens ont tendance à penser que les pochettes de Necrolords, avec ce style particulier qui était emprunté à la vieille scène de death et black suédoise, signifie que le groupe n’est autre qu’un tribute de DISSECTION. J’aime les premières démos et albums du groupe, mais des groupes tels que MÖRK GRYNING, GATES OF ISHTAR, et bien plus, ont également eu une influence particulière pour THULCANDRA.
Concernant la méthode de composition au sein de THULCANDRA, cette dernière est-elle différente de celle d’OBSCURA ?
Toutes les compositions de THULCANDRA sont basées sur des riffs alors que pour OBSCURA les titres sont bien plus compliqués, et donc bien différents.
The Somberlain apparait sur l’album Fallen Angel Dominion, quel bel hommage. Qu’est-ce que ce titre en particulier signifie pour toi ?
L’album « The Somberlain » signifie énormément pour moi, c’est un mélange de heavy metal avec du black et de superbe arrangement de death. De mon point de vue, cet album fut le plus innovant de son époque. Nous avons un cover de DISSECTION et de UNANIMATED sur nos deux premiers albums mais désormais nous voulons et préférons jouer nos propres compositions.
Les albums de THULCANDRA sont chez le label Napalm Records si je ne m’abuse.
Napalm Records a très bien supporté le groupe jusqu’à présent. Nous pouvons enregistrer notre musique dans un studio professionnel, nous avons un budget pour les clips vidéos et la chance de recevoir une promotion mondiale.
Comme tu l’as fait auparavant pour OBSCURA, pourrais-tu décrire brièvement les albums de THULCANDRA ?
Perishness Around Us (2005) – une première étape avec une vision très claire de notre direction
Fallen Angel’s Dominion (2010) – un album qui met en avant notre genre et qui permet d’établir le groupe dans la scène metal
Under A Frozen Sun (2011) – Notre vente record, il a permis de montrer notre propre façon de composer des titres
Ascension Lost (2015) – le troisième album, et une étape de plus qui nous rapproche de nos influences en y mêlant notre propre identité
Tu es également le producteur pour THULCANDRA et tu as été en charge aussi bien des concepts visuels que des paroles, et cela depuis la création du groupe. As-tu l’impression d’avoir peut être plus de liberté avec THULCANDRA, que tu peux plus facilement expérimenter ?
J’ai la même liberté, que ce soit avec THULCANDRA ou avec OBSCURA, je fais ce que je veux, il n’y a pas de différence. Je m’occupe du concept visuel, des paroles et une grande partie de la musique pour ces deux groupes. Pour résumer, j’ai fondé OBSCURA il y a 14 ans et THULCANDRA il y a 13 ans.
OBSCURA a eu droit à des livres de partitions, prévois-tu également de le faire pour THULCANDRA ?
Alors que OBSCURA met en avant un grand niveau de complexité sur le plan de la guitare, THULCANDRA ne suit pas le même chemin et les fans de technicités n’apprécieront pas autant ce type de partitions par rapport aux titres de OBSCURA et de DEATH. Nous avons reçu des messages au sujet d’un possible livre mais je ne pense pas ça ira plus loin, tout du moins pour le moment.
Oui je vois. Attaquons la dernière partie de cette interview avec Klangfabrik Landshut, qui a été utilisé pour enregistrer l’album Ascension Lost de THULCANDRA.
Klangfabrik Landshut est un studio que j’ai créé dans une université dans le sud de l’Allemagne, où je travaillais en tant qu’ingénieur de laboratoire durant quelques années. Au jour d’aujourd’hui nous avons recréé le studio dans un autre endroit, plus grand, où il est aisé d’enregistrer et de produire des groupes avec un haut niveau de qualité. Je ne produis pas ou n’enregistre pas d’autres groupes et ne suis pas intéressé pour le faire dans le futur.
Tu as également une très grande expérience sur scène avec plus de 160 concerts à l’année ! Tu as tourné avec des groupes tels que SUFFOCATION, DEATH DTA, CHILDREN OF BODOM et bien plus. Est-ce que cette expérience t’a aidé à composer des titres qui sont plus destinés au « live » que d’autres titres ?
Oui, quelques fois ces expériences ont un effet sur le processus de composition. Quand nous avons été en tournée avec CHILDREN OF BODOM et THE BLACK DAHLIA MURDER je me suis rendu compte que les titres très rapides ne sonnent pas vraiment très propre et que le public s’ennuie dès le second titre très rapide. Avec « Akroasis » nous gardons des compositions un peu plus lentes et qui se concentrent plus sur les sections rythmiques et des plans plus atypiques.
Un autre grand pan dans ta carrière de musicien live est ton apparition au sein de la tournée DEATH. Comment cette expérience avec DTA a-t-elle commencé ?
J’ai reçu une offre en 2012 afin de rejoindre DEATH DTA pour la première tournée « Death To All » qui se déroulait aux USA, aux côtés des membres de DEATH. Alors que Charles Elliot s’occupait de la première partie de la discographie du groupe, de mon côté j’étais sensé les rejoindre après la période Human. Malheureusement, de nos jours avoir un permis de travail aux USA n’est pas facile pour les musiciens et c’est ce qui m’a forcé à rester en Allemagne.
Je suis en contact depuis des années avec DEATH et son management et j’ai fait partie de plusieurs tournées en Europe et Amérique du Sud. Nous venons de finir une tournée européenne avec DEATH DTA et ce fut un plaisir que de partager la scène encore une fois avec des amis. Et je suis sûr que ce n’était pas la dernière fois.
Comme nous parlons du futur, quels sont les plans pour 2016 ? Tu as parlé auparavant du futur de OBSCURA.
En ce moment nous composons des titres pour le prochain album de THULCANDRA et nous commençons à récupérer des idées pour le prochain album de OBSCURA. L’été est déjà planifié avec une série de festival pour OBSCURA, suivi par des dates en Amérique Latine et une grosse tournée également en Europe pour la deuxième partie de l’été. Regarde donc, le line up est juste dément.
Chaque album de OBSCURA ou de THULCANDRA sont sur Youtube (de manière officielle), ce qui est génial pour découvrir tes titres. Que penses-tu de l’industrie musicale actuelle et des personnes qui pensent que le streaming détruit le business ?
L’industrie de la musique est en changement perpétuel avec beaucoup d’opportunité et de pièges à la fois. Diffuser globalement de la musique, avec le streaming, est une bonne idée et techniquement c’est une façon simple pour partager de la musique au plus grand nombre.
Malheureusement les musiciens ne touchent presque rien par rapport aux morceaux lus/ joués. Quand tu vois que PORTISHEAD a été écouté 34 millions de fois sur Spotify et a juste reçu 2500 $.. Quelque chose ne va pas dans l’industrie de la musique.
Les enfants pensent parfois que la musique est gratuite, qu’elle n’a pas de valeur, un produit pour lequel ils ne sont pas supposés dépenser le moindre centime. Si tu compares au volume de vente des albums dans les années 80 ou 90 nous sommes juste revenu à l’âge de pierre.
Lorsque les fichiers sont de plus en plus compressés, et que beaucoup de personnes écoutent de la musique avec des MP3 c’est là toute une génération qui commence à écouter de la musique sur de mauvais supports, avec une mauvaise qualité d’écoute. Il y a à peine quelques personnes, des amateurs éclairés, qui écoutent de la musique avec un bon système sonore et de bonnes conditions.
A mon humble avis, l’industrie de la musique va trouver à nouveau plus d’intérêt pour la musique. Au cours des dernières années le téléchargement P2P a été très restreint et je reste donc optimiste, on trouvera toujours un moyen pour les musiciens, label et toutes les personnes derrière, d’être payés d’une façon ou d’une autre.
Bien dit ! Il est temps de finir cette interview, merci beaucoup pour toutes ces informations ! As-tu des derniers mots que tu aimerais partager pour tes lecteurs .
Merci beaucoup de m’avoir consacré une interview avec de si bonnes questions et longue de neuf pages ! Merci de supporter OBSCURA et THULCANDRA.
OBSCURA
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THULCANDRA :
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Un grand merci à Meadlyn pour son travail de relecture.