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KALISIA, Tower Studio : Interview de Brett Caldas-Lima

Chanteur/guitariste/compositeur de Kalisia, aujourd’hui boss du Tower Studio, Brett nous raconte tout sur son groupe, son studio, ses projets, ses collaborations.

Salut Brett ! Merci de nous accorder cette interview. Comment vas-tu et comment se portent tes activités au sein du TOWER Studio et KALISIA ?

Salut Geoffroy, ben merci à toi pour ton intérêt et surtout pour ta patience, il est vrai que j’ai vraiment été  très looooong à répondre et je m’en excuse encore. Moi perso je vais pas trop mal, beaucoup de travail au sein du studio comme toujours (je croise les doigts pour que ça ne change pas). En revanche en ce qui concerne KALISIA c’est le calme plat, on va pas dire que le groupe est mort mais c’est tout comme. On ne s’est pas tous réunis depuis des années et c’est pas au programme.

Pour les personnes qui ne connaissent pas encore ton Studio et ton groupe, peux-tu en faire une brève présentation ?

Alors mon studio s’appelle le TOWER Studio et je suis spécialisé dans le mix et le mastering de rock et surtout de metal. Et oui on se refait pas, et franchement malgré les nombreux conseils bien avisés qu’on m’a donné quand je me suis lancé dans l’aventure il y a une dizaine d’années je n’ai jamais eu aucune envie de m’ouvrir à des styles de musique que je n’aime pas ou qui ne me font pas vibrer (le reggae ou le rap par exemple). Histoire de faire un peu de “name throwing” les artistes avec qui j’ai pu bosser vont du petit groupe du coin dont personne n’a jamais entendu parler à part leur parents à DEVIN TOWNSEND, SEPTICFLESH, AYREON ,CYNIC, PAIN OF SALVATION, HAKEN, SACRED REICH, BETWEEN THE BURIED AND ME, FREAK KITCHEN , et plus récemment des tous petits trucs pour CHIMAIRA (RIP) et KILLSWITCH ENGAGE.

Pour ce qui est du groupe, KALISIA était (oui bon je vais en parler au passé malgré tout) un groupe de death mélodique progressif. On avait sorti une démo en 95 qui avait été super bien accueillie et on a planché sur l’écriture et la production d’un album concept extrêmement ambitieux (trop sans doute) du nom de “Cybion” qui a finalement vu le jour en 2009 après 13 ans de travail. On a fait assez peu de concerts au final, mais je retiendrai notre participation au Hellfest en 2010, ainsi que quelques concerts aux côtés de
pointures telles que EMPEROR ou encore SAMAEL.

Comment es-tu tombé dans l’univers de la musique et de la guitare en particulier ?

De manière sans doute très banale, j’écoutais rien de particulier jusqu’au lycée où j’ai adoré la musique du film Terminator 2 (et oui j’étais au lycée à cette époque là, je suis vieux à ce point). Évidemment tout le monde sait que c’était GUNS N’ ROSES, et c’est par là que j’ai commencé à écouter des groupes de plus en plus “violents”, en passant par IRON MAIDEN, METALLICA, MEGADETH, SEPULTURA, OBITUARY, etc…
En fait il y avait peu de metalleux dans mon bahut, on était sans doute 3 ou 4 pas plus. Du coup je matais les tee shirts que les autres mettaient, les patches cousus sur leurs vestes, et j’achetais la cassette ou
le CD quand je le pouvais. Parfois la surprise était pas super, mais souvent c’était top. Et puis évidemment j’achetais des revues spécialisées. C’est aussi à cette époque que j’ai voulu me mettre à la guitare électrique. Je précise électrique car quand j’ai commencé, on m’a dit de commencer par l’acoustique, mais fuck it, je voulais pas jouer du Brassens moi, je voulais jouer du METALLICA, du GUNS N’ ROSES, du SLAYER

Quelles étaient tes influences à l’époque ? Et quelles sont-elles aujourd’hui ?

Ben aujourd’hui comme je ne joue pour ainsi dire quasiment plus de guitare malgré ma collection grandissante, j’ai plus vraiment de nouvelles influences. Mais à l’époque, et ça n’a pas vraiment évolué depuis, mon dieu était James Hetfield.
J’ai jamais vraiment été branché par les solos et les branleurs de manches. Je voyais bien que ça demandait beaucoup trop de travail et que ça rendait visiblement les gens cons vu qu’ils passaient tous à côté de la musique pour se concentrer sur le “sport” de l’instrument et la compétition. Pas mon truc. Moi je suis plutôt un rythmique. Donc ouais, Hetfield pour la guitare. Difficile de passer à côté non ?

Quel était ton matériel musical de l’époque et quel est-il aujourd’hui ?

Ma toute première guitare c’était une guitare Maison (c’est la marque), que j’avais acheté dans un pack pour débutant dans le genre de magasin de musique où tu ne vas qu’une fois : une espèce de mauvaise copie de Strat (en sunburst avec la plaque blanche et tout) et un tout petit combo de quelques watts.
Ensuite j’ai chopé un Marshall Valvestate 8080 et après un an de pratique de la guitare plutôt intensive (j’étais motivé à l’époque) j’ai acquis ma première vraie guitare : une Gibson Explorer (j’vous ai dit que j’adorais Hetfield ?).
J’ai toujours adoré ces guitares, et je suis sûr qu’il n’y est pas étranger même si j’adore même quand ce sont d’autres qui en jouent. Je me suis trimbalé ça pendant un sacré paquet d’années.
Ensuite on est passé sur 7 cordes avec Kalisia (avant que ça soit la norme) donc je suis passé sur une Ibanez Prestige qui avait des piezzos intégrés au Floyd. Puis finalement petit à petit j’ai acheté d’autres guitares et des amplis aussi.
Mais là c’est pratiquement plus pour le studio (enfin, ça c’est l’excuse que je me donne) que pour ma pratique personnelle. Bon c’est surtout pour le plaisir de se faire plaisir oui j’avoue. Du coup aujourd’hui en têtes j’ai du Mesa (Mark V et Dual Rectifier – Tremoverb des 90’s, pas les daubes 3 canaux d’aujourd’hui), du Peavey (6505 et JSX), de l’Engl (Savage 120), du Marshall (JVM), du Diezel (Einstein), du PRS (Archon), du Orange (Tiny Terror), ainsi que toutes les pédales Two Notes Le Preamp (Le Bass, Le Clean, Le Crunch et Le Lead), différentes TubeScreamers, une Bogner Ecstasy Red et quelques trucs pour le fun comme une Metal Zone ou une Boss HM-2.

En grattes j’ai quelques ESP (dont une vraie explorer des années 90, mon Graal, une Custom Shop et une Horizon NT I – sans doute ma préférée), une Gibson dont j’ai déjà parlé, une Fender (Statocaster Select), une Ran (custom unique de forme King V très inspirée par les BC Rich de Kerry King avec un vibrato Kahler), une Jackson (Randy Rhoads Snow White japonaise), une PRS (Custom 22 se), une Ibanez (7 cordes Prestige RG2127XVV dont j’ai également parlé), une guitare complètement custom faite selon mes recommandations par feu Xavier Petit (une Explorer 7 cordes influencée par Ken Lawrence avec table en Bubinga), une
Taylor (614ce), une Takamine (G series je crois) et quelques AZ (une marque française fabriquée en Chine qui copie des standards, pour le prix c’est vraiment pas mal du tout ; j’ai 3 Les Paul et une Telecaster Thin Line). J’ai aussi deux basses, une Fender Deluxe Precision Special (avec manche de Jazz Bass et micros de la J et de la P) et une Modulus Quantum V avec manche en fibre de carbone. Niveau micros je suis un pro-EMG, surtout les modèles JH qui sont vraiment extraordinaires !

Ah oui en effet, rien que ça ! Tu es également ingénieur du son, est-ce, à ton avis, un avantage ou un inconvénient ?

Ouais. Aujourd’hui je suis SURTOUT ingénieur du son en fait donc c’est définitivement un avantage parce que je vois la globalité du truc et que je comprends comment les instruments interagissent entre eux (donc par exemple je fous pas la disto à fond, les basses et les aigus à fond et les mediums à zéro sur mes amplis). Tout comme être musicien est un avantage pour un ingénieur du son. Mais ça présente aussi l’inconvénient d’enlever une certaine “candeur” quand j’écoute quelque chose.

Te souviens-tu du premier concert que tu aies vu/donné ?

Bien sûr. Mon premier concert c’était la tournée d’été de Patrick Sébastien / Cookie Dingler / Les Dollies de Luxe sur le parking de Montlaur quand j’étais gamin. Quel souvenir ! Mais mon premier vrai concert de hard rock c’était IRON MAIDEN aux Arènes de Béziers en 92, suivi quelques semaines après par METALLICA à Barcelone à l’époque du Snakepit. Je m’en souviens comme si c’était hier ! J’étais tout devant pour METALLICA et j’ai cru mourir, j’ai finalement reculé au bout d’une grosse heure de concert (sachant que ça bougeait et qu’on étouffait déjà deux heures avant la première note jouée).
A l’époque ils jouaient pas loin de 3 heures je crois et je me revois déprimé appuyé contre la barrière de la table de mixage en me disant “putain c’est mon groupe préféré, ils jouent ma chanson préférée, et j’en peux plus je voudrais rentrer chez moi”, lol !

Le premier concert de KALISIA, c’était à la Fac de Lettres (où nous étions 3 à faire nos études) dans l’Atrium pendant un mouvement de grèves (comme chaque année). Certains morceaux n’étaient même pas terminés et n’avaient pas de paroles. C’était quand même fun, on avait fait une reprise de LOUDBLAST aussi il me semble.

Peux-tu nous expliquer comment les morceaux étaient composés dans KALISIA ?

Pffffff, c’est vraiment TRÈS compliqué. Tu le sais sûrement, mais “Cybion” n’est composé que d’un seul morceau d’une heure onze minutes. Il ne contient pas de couplets ou de refrains, c’est vraiment du progressif au vrai sens du terme. Et ce qui compliquait encore plus la tache c’est le fait que la musique devait suivre l’action, les ambiances, et donc les paroles.
C’est un vrai voyage, on a des images plein la tête en suivant le disque. Ce n’est donc pas juste par procrastination si on a mis 13 ans pour sortir ce disque, c’était vraiment un travail énormissime qui a bien failli avoir raison de nous plus d’une fois.
J’avais en plus créé, pour les besoins de l’histoire, une langue de toute pièce avec ses propres règles grammaticales, son lexique et sa calligraphie (limité aux mots donc j’avais besoin hein, je suis pas “complètement” fou non plus), etc…
Tout ça pour dire que ce n’est pas juste du français avec des mots inventés mais une langue à part entière dérivée d’études (très superficielles certes) faites du français, de l’anglais, du japonais, de l’arabe, du latin, du sanscrit, de l’allemand et de l’elfique… Une belle prise de tête à tous les niveaux quoi.

Je comprends mieux pourquoi tu dis que le travail a été énorme ! Mais dis moi, comment a été accueilli l’album par le public et par la presse, surtout après une telle attente ? Concernant les invités, comment as-tu fait pour obtenir les participations de Angela Gossow (ARCH  ENEMY), Arjen Lucassen (AYREON), Paul Masvidal (CYNIC), Andy Sneap, Ludovic Loez (SUPURATION/SUP), Christophe Godin (Mörglbl Trio) ?

L’album a été merveilleusement bien accueilli par le public et la presse, nous avons été pas mal plébiscités dans différents magazines, referendum, album du mois, révélation de l’année, etc… Je reçois encore des messages de personnes qui viennent de découvrir et n’en reviennent pas, qui sont bouleversés ou me crient dessus parce qu’on n’a pas fait d’autre album ou peu de concerts.
Ça ne veut pas dire que nous en avons vendu des cartons hélas (pas assez pour se rembourser tous les frais
engrangés), mais pour un petit groupe inconnu c’était quand même un tour de force, surtout vu la complexité du projet, c’est pas super vendeur. Concernant les différents invités, et bien je leur ai demandé gentiment, tout simplement.

Quels sont tes plans dans le futur ?

Musicaux, je n’en ai pas vraiment. Me remettre à la guitare serait pas mal déjà. Pour l’anecdote je bossais en fait le répertoire de CYNIC car Paul et Sean m’avaient proposé de reprendre le rôle de guitariste-chanteur et je suis allé au delà de mes limites car ce n’était pas du tout mon type de jeu à la main droite, ce qui m’a provoqué une tendinite carabiné et m’a handicapé pendant des années (pas moyen de jouer de guitare sans ressentir de brûlure ou de douleur pendant plus de 3 ans suite à ça).
Après, en ce qui concerne le studio, et bien, continuer ce que je fais, qui me plait beaucoup. Continuer de
progresser aussi bien en qualité et en notoriété.

En parlant justement de tendinite, l’échauffement à son importance. Quel est ton échauffement/entrainement standard à la guitare ?

Je joue des morceaux de METALLICA en montant en intensité. En général ça commence par un petit “Enter Sandman” pour enchainer ensuite sur un “Creeping Death”, “Master of Puppets” et “Disposable Heroes”. En downpicking quand c’est prévu comme tel, évidemment. Ça chauffe bien.

Quel(s) conseil(s) pourrais-tu donner à un débutant ?

Bon, comme c’est une interview qui sera plutôt lue par des guitaristes que par des ingés sons, je dirais que le plus important c’est de trouver une guitare sur laquelle on est à l’aise, peu importe sa forme, son look, sa couleur, son prix…

J’ai, comme beaucoup, fait l’erreur de vouloir tel ou tel instrument sans pouvoir l’essayer avant, en pensant que la marque et le look étaient ce qu’il me fallait, et pour le reste, ben j’allais m’y faire, que toutes les guitares étaient faites pareil.
Mais en fait non, il faut trouver l’instrument qui nous convient, qui ne nous blesse pas, qui s’équilibre bien avec notre façon de nous tenir, qui est en harmonie avec notre corps, sur lequel on ne ressent pas de gêne, de douleur, de fatigue (ça peut être au dos, à l’épaule, aux mains, aux cotes, à l’avant-bras, à la jambe, partout).

Tu as participé à “United Abominations” de MEGADETH, tu peux nous raconter comment ça s’est passé ?

Un simple concours de circonstance. Je discutais sur AIM avec le producteur du disque, Andy Sneap, qui m’a dit qu’ils avaient besoin d’un dialogue enregistré en français. J’ai bien sûr sauté sur l’occasion pour me proposer et c’est comme ça que ça c’est fait. Ils avaient un autre enregistrement fait par un autre couple mais ont choisi le notre. En revanche sur le premier pressage ce sont les autres qui ont été crédités. Ça foutait un peu les boules surtout que l’album était rentré dans le Top 10 américain et un peu partout dans le monde. Mais depuis j’ai pu mettre la main sur une réédition corrigée.

L’interview arrivant à sa fin, si tu as quelque chose à dire ou à partager, c’est le moment…

J’ai rien de spécial à rajouter, si vous êtes dans un groupe n’hésitez pas à visiter le site de mon studio et à faire appel à moi pour vos disques, ça me ferait plaisir. Et dans tous les cas jetez une oreille sur “Cybion” de KALISIA (disponible sur www.kalisia.com) si vous êtes ouverts d’esprits et que le chant death ne vous rebute pas complètement.
Voilà, j’ai vendu ma came du mieux possible. Merci à toi Geoffroy encore une fois.

Interview réalisée par Geoffroy LAGRANGE.

KALISIA : http://www.kalisia.com

Tower Studio : http://towerstudio.net/

Silenius

Gérant du site.

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