Sommaire
Randall revient sur les devants de la scène avec son nouvel ampli “high gain”, le bien nommé Randall Satan. Voyage au cœur de la bête au travers de ce long test.
Randall est une marque d’amplis américaine, assez peu diffusée en Europe mais ayant acquis une solide réputation dans le milieu métal. On pense tout de suite à Dimebag Darrel et à son mur de 4X12 surplombé de ses têtes Wardhead, mais saviez-vous que c’était des amplis à transistors ?
Ne vous enflammez pas tout de suite, le Randall SATAN est bien une tête tout lampe mais il me fallait énoncer cette petite anecdote pour bien comprendre la philosophie de la marque.
Randall se positionne sur le « gros son » sous toutes ses formes. Pas question de compromis, d’ampli polyvalent, de « son crunch vintage » et autres nuances du monde des guitaristes. Seuls les mots «High gain » sont tolérés.
Bien sûr, vous me direz qu’il existe bien des marques proposant des amplis High gain qui vont parfaitement dans le métal, et vous auriez raison. Mais aucune n’a cette volonté de décliner toute sa gamme au monde du métal.
J’ai, comme beaucoup de guitariste entrepris une recherche permanente du « son » et après 20 ans de guitare cette quête n’est toujours pas achevée. Avec l’expérience (et l’âge…) on en devient extrémiste, quoi de plus normal pour un guitariste voué au culte du métal extrême. Et c’est bien de ça dont il s’agit. Je recherchais un ampli capable de sortir un son High Gain propre mais tranchant, à l’aise avec les 7 et 8 cordes, les downtunnings et autres joyeusetés du monde du métal extrême. A l’aise sur scène comme en home studio. Je n’ai pas été déçu et même plus encore…
Le nom « SATAN » vient en faite de la tête originale créée par Mr Mike Fortin sous la marque « FORTIN » dénommé « NATAS ». Le SATAN est une évolution née de la collaboration de se dernier et du guitariste Ola Englund (THE HAUNTED, FEARED). Randall en pleine perte de vitesse a jugé bon de se rapprocher de Fortin afin de renouveler sa gamme d’ampli à lampe (Diavlo, Trasher, tout un programme…) et d’endorser quelques pointures du métal tel Ola Englund, Scott Ian ou encore Frederik Thordendal.
Mais le Randall SATAN n’est pas un Randall Trasher avec une belle signature faisant grimper son prix, et c’est là où la marque inspire le respect. On est en face d’un ampli vraiment inédit et personnalisé par un guitariste de métal extrême, et en cela, ses prétentions ne sont pas surfaites.
Une présentation dans les règles s’impose !
Panneau de contrôle avant
Channel 1
6IRTH: Contrôle de gain pour les fréquences basses
6RIND: Contrôle de gain pour les fréquences aigues
6AIN: Contrôle de gain global
SWEEP: Contrôle des points de fréquence de la bande des mediums
VOLUME: Commande de volume du canal 1 pour équilibrer avec le canal 2
BASS: Egalisation passive des fréquences basses
MIDDLE: Egalisation passive des fréquences médiums
TREBLE: Egalisation passive des fréquences hautes
KILL: preset qui boost le gain des hauts médiums
Channel 2
GAIN: Contrôle de gain global pour le canal clean
BRIGHT: Amplification de haute fréquence qui devient moins active lorsque le contrôle de GAIN augmente.
VOLUME: Commande de volume du canal 2 pour équilibrer avec le canal 1
BASS: Egalisation passive des fréquences basses
MIDDLE: Egalisation passive des fréquences médiums
TREBLE: Egalisation passive des fréquences hautes
SHIFT: interrupteur à 3 voies qui change la sonorité du canal clean
DEPTH: Contrôle des basses fréquences de l’ampli de puissance, agit sur l’interaction entre l’amplificateur et les haut-parleurs.
PRESENCE: Contrôle des hautes fréquences de l’ampli de puissance
MASTER: Contrôle du volume général après égalisation
Panneau de contrôle arrière
CH/BOOST(KILL): Footswitch canal / boost (fourni avec l’ampli)
LOOP: Footswitch de la boucle d’effet (non fourni avec l’ampli)
FX LOOP: Send avec contrôle volume jusqu’à 100% sur retour parallèle ou retour série sans contrôle volume
EMULATED : sortie émulée d’un cabinet 4X12 Randall pour attaquer directement une carte son
(Cette sortie permet de jouer en silence total en position standby)
RAW : sortie non filtrée pour attaquer un simulateur de haut parleur type Torpedo CAB ou via le return de la boucle d’effet, d’attaquer l’ampli de puissance d’un autre ampli
Pas par le volume sonore bien qu’indécent à ce niveau, mais par l’amplitude du son. C’est plein dans les graves, dans les médiums, dans les aigus, et quelle définition, quelle précision, le moindre écart de jeu est exacerbé. Ce n’est clairement pas un ampli de débutant et au vu des possibilités de réglages, la bête semble difficile à dompter. Tout y passe, du djent en 7 cordes avec le réglage subtile du 6IRTH, au deathcore avec les réglages conjoints du 6IRTH et du 6RIND. On en oublie presque l’égaliseur 3 bandes à 12 heures tant ces deux commandes influencent le grain général de l’ampli. Vient le fameux Sweapp, et là on se rend compte que cet ampli a une amplitude sonore monstrueuse mais toujours avec cette volonté presque imperceptible de rester dans le métal moderne froid et lourd et de mettre en avant les caractéristiques de votre guitare, son âme.
Je dirais qu’il peut rendre dans tout les styles de métal extrême sauf peut être le trve black car la clarté de son son haute définition est par nature contraire aux règles qui régissent ce style (oui, c’est cocasse mais SATAN ne fait pas du trve black metal !).
Après des heures de jeu, il me vient une idée, faisons le cruncher, pour voir jusqu’où s’étend ses capacités. Un petit tour sur les réglages de gain, le sweep à fond, on monte un peu les mediums et on lance un vieux tube des GUNS N’ ROSES. Misère, il se débrouille pas si mal mais ne peut rivaliser avec un Mesa Boogie. Et c’est bien là sa force et pour certains sa faiblesse : un son brutal et incroyablement défini, aucun compromis dans le style recherché, petite faiblesse dans les sons vintages, rock et blues mais en même temps il ne s’appellerait pas SATAN !
Je serai bref sur le clean, c’est cristallin, la commande shift crée 3 sous canaux tant l’écart de sonorité est importante mais quand on branche cet ampli on oublie les ballades et on plonge dans la noirceur du métal extrême.
Vient la deuxième étape de mon test, la comparaison. D’abord avec différentes guitares aux micros et accordages divers. Pour mon premier test j’utilisais ma bonne vielle Jackson Kelly qui fête ses 15 ans et qui est montée avec le kit EMG 81/85 KFK (signature Kerry King) en drop A#.
Branchons maintenant une guitare assez opposée dans sa philosophie : une ESP « Esa Holopainen signature » Eclipse équipée d’origine d‘un SH-1 n59 (manche) et SH-5 custom 59 (chevalet) (micros utilisés il me semble par LAMB OF GOD).
Très différent au rendu, de prime abord elle est presque en retrait par rapport à la Jackson. On retrouve tout de suite les caractéristiques de cette guitare : sustain démoniaque et son massif et gras.
Bon point pour l’ampli, il ne dénature aucunement la personnalité de chaque guitare, mais passage obligé par les différents réglages d’EQ pour arriver au son ultime.
Essayons une 7 cordes. J’utilise pour cela une LTD HEX7 équipée d’un EMG 707 (manche) et d’un EMG 81-7 (chevalet).
L’affaire se corse. On perd avec les réglages actuels toute la lourdeur d’une 7 cordes et quel son brouillon dans les graves. Bien, connaissant les capacités de cette guitare je passe un moment dans les réglages d’EQ pour enfin prendre toute la mesure du contrôle de gain 6IRTH et 6RIND. Tout est là ! Le Sweep permet juste de confirmer la tendance tonale que l’on souhaite et l’EQ 3 bandes permet surtout de corriger le tout en fonction du volume joué. Je peux donc confirmer que cet ampli est fait pour les 7 cordes mais en changeant radicalement les réglages faits pour une 6.
Comparons le maintenant à un autre ampli. J’utilise pour cela mon Mesa Boogie Mark V en 90W sur le canal 3 mode MKIV et sur le canal 3 Extreme. Les deux amplis sont branchés sur des 4X12 en Celestion V30 via ma pédale Switchblade + d’Electro Harmonix (très pratique pour ce genre d’exercice).
Le grain Mesa est inimitable, mais étrangement, il semble plus froid que le Randall Satan et a indéniablement moins de basse. Un Mark V qui sonne froid ?
Passage donc par l’EQ du Mark V (5 bandes) et on retrouve vite un son à faire fondre la glace mais on perd en définition et en clarté. Le Mesa Boogie ayant un EQ 5 bandes, je décide d’adjoindre au Randall Satan une MXR M108 afin de rééquilibrer le combat.
Aie le Mesa Boogie Mark V prend cher et après quelques switch sur les deux amplis on se demande ce que le bassiste de notre groupe de BlackDeath va bien pouvoir faire pour se faire entendre en répet…
Le gain n’est pas en reste sur les deux bêtes mais à très haut volume les KT88 font toute la différence, très peu de souffle pour le Randall Satan, passage obligé par une ISP Decimator pour le Mesa Boogie Mark V. En termes de gain, là où le mode Extreme du Mesa Boogie s’arrête enclenchez le boost du Randall Satan et on reprend une claque.
Troisième et dernière étape de mon test, le pedalboard. Très bon rendu sur la Whammy DT, un peu moins bon sur la wah Dunlop Zakk Wylde par rapport au Mesa Boogie Mark V. Mon compresseur BlackFinger n’a quasi aucune incidence sur le son hormis le rajout de souffle. Mes différents overdrives utilisés en boost font moins bien que le boost de l’ampli. En son clair mes distos sont bien en dessous du canal 1 boosté, seule la MXR Fullbore Metal et son grain particulier rend mais beaucoup moins que sur le canal 1 FAT du Mesa Boogie (soit dit en passant une vraie boucherie sur le Mesa Boogie).
Le Randall Satan n’est donc pas un ampli à pedalboard, ce n’est pas qu’il ne les tolère pas, mais il n’en a pas besoin.
La boucle d’effet est par contre beaucoup mieux sur le Randall Satan que sur le Mesa Boogie Mark V, elle ne colore pas le son (chose courante sur les amplis de chez Mesa Boogie) se dose très bien et fait revivre ma Tone Tatoo. Mettez une noisegate dans la boucle, quelques effets après type delay/chorus/reverb et un EQ en fin de chaine (pour le jeu à la maison à bas volume) et c’est tout. Si l’ajout d’OD ou de distos vous est nécessaire c’est que vous vous êtes trompés d’ampli.
Ces amplis sont bien différents et c’était le but de la manœuvre que les comparer. L’un est dédié au métal extrême et est terriblement efficace, sans parti pris sur le grain et avec une définition de son ahurissante, l’autre avec ses neuf canaux, son incroyable polyvalence et son grain unique confirme mon sentiment de départ sur ce SATAN : métal extrême et rien d’autre.
Une tuerie.
C’est bien beau de lire tout ça mais voyons comment sonne vraiment cet ampli.
Voici les détails de l’enregistrement.
Parties guitares :
Partie batterie :
– EZDRUMMER2 Metalheads cut trough
Partie basse :
– Corat Artisan 5 cordes direct sur 1818VSL
– Ajout d’un compresseur + EQ
Et pour ceux qui veulent voir la bête voici une vidéo explicative de Ola Englund afin d’en apprendre plus sur cet ampli :
Nous avons vu que cet ampli regorge de détails appréciables, mais également de quelques défauts. Il est temps de conclure.
Les + :
– Brutalité exceptionnelle
– Précision chirurgicale
– Palette sonore immense (mais toujours dans le sillage du métal extrême et rien d’autre…)
– Boucle d’effet cristalline
– Sorties spécifiques enregistrement
Les – :
– Pas de réglage de puissance (comme sur le Mesa Boogie Mark V)
– Très spécifique (mais on sait pourquoi on l’achète)
– Très puissant, 120w à lampe (atténuateur de qualité recommandé)
– Un peu complexe pour les débutants
– Le tarif élevé (1950€)
Et vous, que pensez-vous de ce nouveau venu et de la “renaissance” de Randall avec cet ampli ?
Merci à Sébastien d’avoir rédigé cet article.
Reuno, figure emblématique de LOFOFORA, nous présentes leur dernier album, "Vanités", et reviens sur le passé du groupe.
HTD , distributeur officiel de Schecter et Orange nous ont fait l'honneur de nous confier deux de ses précieuses têtes…
Guitariste Metal vous offre la possibilité de remporter un exemplaire de "Grand Guignol Orchestra", de PENSEES NOCTURNES ainsi qu'un pin’s…
Vaerohn, tête pensante de son one man band, Pensées Nocturnes, nous présente sa formation et son évolution, suite à la…
Sortie en 2014, la pédale de préamplification de Randall, dénommée RGOD, est désormais entre nos mains. Voyons si la réputation…
Interview with Rogga Johansson, the man behind PAGANIZER, RIBSPREADER, THE GROTESQUERY, REVOLTING among others. We will know about songwriting, gear…