Dans le cadre de notre dossier sur les labels français, Christian Bivel, fondateur du label français Adipocere Records, nous parle de la création du label, de son évolution et de sa vision du marché du metal.
Salut Christian, merci de bien vouloir répondre à nos questions.
Adipocere est présent sur le paysage français métal depuis de longues années, depuis 1992 si ma mémoire est bonne. Peux-tu nous parler du commencement d’Adipocere ?
Salut à toi !
Oui ta mémoire est bonne, Adipocere a commencé officiellement en juin 1992, donc il y a juste 22 ans ! D’abord en tant qu’entreprise individuelle (forme juridique), puis basculée en SARL il y a quelques années.
Au début j’étais bien sûr tout seul, car cette histoire était une totale inconnue sur l’avenir. Je voulais bosser dans le milieu du metal depuis longtemps. Car j’ai toujours été très impliqué dans l’underground depuis vers 1986. J’ai fait de la radio et participé à des zines en faisant des interviews de groupes lors de mes voyages à l’étranger (surtout Allemagne et un peu Scandinavie). Et c’est marrant, mais gamin déjà, ne trouvant pas tout ce que je cherchais dans les bacs à Lyon, je commandais sur une VPC en Belgique : Record Mail !! J’avais connu via des pubs dans Enfer Magazine, LE mag culte qui m’a fait découvrir et aimer le Metal Extrême. Je leur dois beaucoup avec du recul.
Donc le but d’Adipocere au départ était de produire des groupes et de les diffuser. D’où la Vente Par Correspondance qui a suivi aussi. Car quand on fait de l’UG (Underground), le seul moyen d’écouler nos productions était par des échanges avec d’autres labels. Nous devions ensuite vendre nos disques mais aussi ceux reçus par le biais des échanges. Et la pub se faisait uniquement par flyers !! Ca a bien changé depuis…
D’ailleurs pourquoi avoir choisi le nom Adipocere ?
J’ai fait de courtes études de chimie après mon Bac. Et un prof m’a fait étudier l’adipocere !! C’est un acide gras qui se forme sur les corps en décomposition ! J’ai trouvé que ça collait bien au milieu metal et son imagerie gore, j’ai donc trouvé ça parfait !
C’est marrant car l’adipocere est régulièrement citée dans des séries policières style “Les Experts”. Pub gratos ! Ahaha. Après quand on s’inscrit à la Chambre de Commerce avec un nom comme ça, forcement, ça ne passe pas inaperçu ! Par contre, de ce fait, il est plus difficile pour demander des subventions … que d’ailleurs je n’ai jamais eues, leur comité ayant jugé que je n’y connaissais rien et que mon idée n’était pas viable ! C’était des vieux chnocs en costards qui m’ont sorti qu’il fallait 200.000 Francs (30 000 €) pour produire un 45 tours et non 2 000 comme dans mon budget. Ils croyaient que j’allais produire Céline Dion …
Quelle était l’équipe d’Adipocere lors de sa création et quelle est l’équipe de nos jours ?
Haha, j’étais l’équipe !! Ensuite j’ai été rejoint par Vincent. Puis on a déménagé car on envahissait la maison de mes parents où j’ai commencé. On est restés quelques mois dans notre maison avant de trouver notre local de Mézériat (village plus connu pour Laurent Gerra !!) où nous sommes restés jusqu’en 2008. Puis nous avons ouvert notre boutique à Bourg en Bresse, où nous avons déménagé par la suite en 2010, et là où nous sommes toujours. Nous avons été jusqu’à douze personnes à la grande époque, mais à présent nous ne sommes plus que trois, dont Sylvie et Christophe salariés à mi-temps, et moi en “bénévole” !!
Pourtant la différence est toute simple. Le label (ou maison de disques) produit les groupes (et leurs albums), en assure la diffusion, la promotion. Alors que le distributeur est un intermédiaire entre le label et les magasins de son pays. En général, pour bien travailler, un label doit essayer d’obtenir un distributeur dans chaque pays. Certains peuvent des fois couvrir plusieurs pays, mais souvent en sous traitant, donc ce qui n’est pas toujours très intéressant, car à la fin les prix grimpent dans les bacs !
Te souviens-tu du premier groupe à avoir signé chez Adipocere ? Comment est-ce que tout cela a commencé ?
Notre toute première production était un 45 tours de EXCAVATION, un groupe de death metal Hollandais. Ils avaient dû me démarcher comme de nombreux autres groupes. On s’était même rencontrés une fois chez eux en Hollande, et une fois plus tard ici sur Bourg en Bresse ! Il m’en reste un très bon souvenir humain. Puis ça a enchainé avec EXCIDIUM (Italie), toujours en 45 tours, et notre premier CD (un Split CD entre PUTRID OFFAL et EXULCERATION).
Quels étaient tes critères pour qu’un groupe signe chez toi ?
Uniquement que ça me plaise ! Bien sûr aussi avoir un minimum de son, une expérience studio, et qu’il sache jouer. Après j’étais ouvert à tout.
Comment as-tu débuté les ventes ? Et quand as-tu commencé la vente par correspondance ?
La VPC à commencé avec des flyers qui ont bien circulés, et surtout en faisant de la promo. Cela consistait à envoyer des exemplaires gratuits aux fanzines, pour avoir des chroniques. Et alors les lecteurs pouvaient nous passer commande. Donc on a débuté de suite notre VPC. On a été aussi bien aidé par le label Putrefaction qui a stoppé son activité peu de temps après notre début. J’ai ainsi racheté son stock et pu faire mon premier catalogue (1 pauvre feuille A4 recto/verso). Dessus figuraient surtout des demos, des vinyles et seulement 3 CD !! Dont le 1er BURZUM !!! A l’époque ce n’était pas connu du tout, et on se demandait comment on allait vendre tout ça.
MERDE j’aurais dû les garder pour ma retraite quand on voit sa valeur à présent. On avait aussi une cinquantaine de copies du 1er Ep de IMPALED NAZARENE (sur Nosferatu), le Ep de ARCTURUS en grosse quantité, et plein d’autres raretés à présent !!
La fin des années 90 est une époque je dirais “d’or” pour la scène métal extrême, et Adipocere a su tirer son épingle du jeu avec des formations qui ont été très prometteuses.
Certains se rappellent certainement des italiens de EVOL, comment l’aventure a-t-elle commencé et s’est-elle achevée ?
Sincèrement c’est un peu dur de se souvenir de toute cette époque de façon précise. Ça commence à dater ! EVOL a dû me démarcher avec une cassette demo ou promo comme des centaines d’autres groupes. Et j’ai de suite craqué sur leur style. Donc je leur ai proposé un contrat et on a démarré ainsi. Et c’est un des rares groupes où j’ai pu faire toute leur discographie avec 3 albums et un mini !! Les ventes ? Autour de 4000-5000 par album je pense.
On devait même sortir un Double Live, mais hélas ce projet n’est jamais allé au bout ! Un jour peut-être… le groupe a Splitté et 3 membres ont formé ensuite DEATH DIES avec qui on a bossé aussi !
Oui ce “one man band” a vraiment marqué son époque avec un style assez révolutionnaire mélangeant Heavy et Black ! En fait, je me souviens que j’avais reçu au départ sa demo de KATATONIA que je voulais à tout prix signer. Mais ça n’a pas pu se faire. Et il m’a donné alors “un lot de compensation” avec ce projet parallèle. J’ai signé les yeux fermés et n’ai pas regretté. On a dû vendre autour de 7000 copies de chaque. Ensuite Avant Garde en Italie a signé le groupe et m’a racheté les droits dessus. Puis a tout revendu à Peaceville !! Qui exploite toujours ces deux albums de nos jours !
Je ne te cacherais pas qu’un autre de mes coups de cœur d’Adipocere sont les français de FURIA. Comment s’est déroulée votre collaboration ? Penses-tu les revoir revenir un jour chez Adipocere ?
Ha FURIA !! Une grande histoire ! On s’est connus car c’est un groupe local. Ils venaient souvent me démarcher dans nos locaux. On sentait un gros potentiel et une grosse motivation à réussir et s’en donner les moyens. On a commencé ainsi. Et je pense qu’on a tout fait pour eux et le groupe a vraiment percé dans l’underground français. Ils avaient de supers compos, un concept, et surtout c’était des bêtes de scène. Donc le groupe attirait du monde à leurs concerts. On a même pu sortir un DVD du groupe, dans une luxueuse box avec un livre (ndlr : FURIA – La source noire). La suite du groupe a hélas été moins glorieuse. J’ai essayé de les faire se reformer y’a 2 ans, mais en vain. Ils étaient trop occupés chacun de leur côté.
Bien entendu, il serait trop long de parler des nombreuses formations qui sont passées sur ton label, je ne citerais donc que SACRAMENTUM, MEPHISTOPHELES, FORGOTTEN TOMB, BENIGHTED, EROS NECROPSIQUE et bien entendu le MCD de MOONSPELL.
MOONSPELL semble être le groupe le plus “vendeur” de ton portefeuille de groupe à l’époque. Ont-ils réussi à porter Adipocere vers le devant de la scène ? Comment s’est passée votre collaboration et quelles ont été les ventes ?
Oui, que des noms dont tout le monde se souvient ; c’est cool. Bien sûr MOONSPELL est le plus gros de nos jours. Il est dommage qu’on ait pu faire que leur Mini CD. J’aurais tant aimé sortir aussi leur album « Wolfheart ». Mais mon objectif a toujours été d’aider les groupes à percer, et qu’ils signent sur un gros label. Donc quand ils ont reçu la proposition de Century Media, je leur ai dit de foncer. Je n’ai jamais eu l’objectif de devenir un “gros” label. Rester underground dans l’ombre me va mieux. À noter que j’ai retrouvé un paquet d’imprimés de MOONSPELL, donc je viens de relancer un tout petit pressage !!
Après un gros coup de chapeau à mes petits poulains préférés que tu as cité : BENIGHTED !! Ce qu’ils font comme carrière est énorme !! Ils sont appréciés de partout, ils progressent encore à chaque album ! J’ai toujours autant de plaisir à aller faire le con dans le pit quand ils jouent. Dernièrement dans la boue du Lezard’Os !!
Quelle a été la formation qui est passée chez toi qui t’a le plus marqué / plu (ou déplu) ?
C’est dur de ne garder qu’un seul nom ! Mais je vais favoriser le côté humain, et pour cela c’est surtout avec les groupes français. Je suis content d’être encore en contact avec des anciens membres, même si le groupe a splitté depuis longtemps. Je ne peux citer tout le monde, mais dans les RIP : FOREST OF SOULS (Hail Denis !!), LATRODECTUS, FURIA, MELEK THA, AQUILON, PROTON BURST (quoi qu’ils avaient repris un peu d’activité y’a quelques temps), et qui ont toujours de l’activité (plus ou moins) : YOUR SHAPELESS BEAUTY (Hail Nico, un ancien membre de l’équipe, un mec en or !), NIGHTMARE, KALISIA, DESTINITY, ELLIPSIS, HIMINBJORG, HYSTERIA et bien sûr BENIGHTED !!
Si certains m’ont déplu, j’ai dû les oublier et il n’est donc pas intéressant d’en parler !
Peux-tu nous parler de la branche Oaken Shield, de sa création à nos jours ?
Oaken Shield est à la base la suite de Chanteloup Créations (avec Skogen et Nico). Quand ils ont dû stopper leur activité, j’ai proposé à Nico, alors employé Adipocere, de continuer son aventure, mais sous Adipocere, et donc avec un sous label !! Et Oaken Shield est né. Au départ, c’est donc Nico qui a amené ses anciens groupes et s’occupaient des relations et des sorties. Puis j’en ai pris part aussi, surtout lorsque j’ai signé NEHEMAH !!
Quelles ont été les différentes “étapes” de la création d’Adipocere à nos jours ? Quand est-ce qu’Adipocere a commencé à intégrer la presse avec ses titres, comme sur les samples de Metallian ?
Tout s’est fait petit à petit, vraiment progressivement. Pour Metallian, nous avons été les premiers à croire en eux et à prendre de la pub dedans. Et puis je leur ai amené ce concept de compilation CD gratuite insérée dans le mag. Les premières années, je m’occupais du choix des groupes et c’était très underground, évidemment. Puis Yves a préféré prendre la suite pour mettre plus de groupes ‘connus’ … dommage.
Tes activités en tant que “label” semblent avoir pris fin aux environs des années 2006, peux-tu nous en dire plus ?
Notre dernière sortie a en fait été un DVD : DESTINITY en 2007. Nous avions fait plusieurs albums ensemble, donc avant leur départ sur un autre label, nous avons voulu finir l’histoire sur ce DVD Live !
Par contre, l’année passée nous avons ressorti un album !! Une licence en vinyle en fait de AZURE EMOTE !! Le groupe ayant préféré sortir le CD sur un label polonais, je leur ai alors proposé ce plan en vinyle. Et comme l’album était trop long, il est alors sorti en double LP. Toutefois, il y avait encore de la place et nous avons pu rajouter deux titres bonus qui ne figurent pas sur le CD !! Le dit double LP a été tiré à seulement 300 copies numérotées, donc 150 pour le groupe aux USA et 150 pour l’Europe. Leur style est très déroutant, donc original, ce qui m’a vraiment plu. Il faut dire qu’ils ont également un line up de tueur. Le leader est Mike de MONSTROSITY. Et il a des musiciens comme l’ancien bassiste de DEATH KELLY CONLON, le batteur de FEAR FACTORY, Mike Heller, le violoniste de TRISTANIA et la chanteuse de VISIONS OF ATLANTIS !! Rien que ça.
La scène française a été très influente dans les années 90 et de nombreux labels ont été présents, que ce soit Adipocere, Holy Records, Osmose Production, Listenable Records ou encore Season of Mist.
Aviez-vous plutôt une ambiance d’échange et d’entre-aide entre vous ou étiez-vous plutôt en “concurrence” ?
Oui la France a toujours été très riche en labels novateurs dans le metal extrême. Nous avons toujours travaillé ensemble. Bien sûr, il y a pu y avoir à certaines époques des petits différends, ce qui est normal. Mais nous sommes toujours contents de se revoir. J’ai encore eu Hervé de Osmose au téléphone tout à l’heure !
Après il faut remonter un peu plus loin. Tout ceci a été possible grâce à des premiers labels extrêmes en France déjà présents à la fin des ’80s. Putrefaction (Hail André … RIP), Infest, Thrash, Corpse Grinder … qui ont quand même produit des groupes cultes comme ARCTURUS, DISSECTION, MORTEM, NOMED, EXCRUCIATE, CARBONIZED, CONVULSE, OLD FUNERAL, REVENANT, SENTENCED, VITAL REMAINS, GOD MACABRE, CEREMONIAL OATH …. que des disques qui sont côtés très chers de nos jours !
Y-avait-il des groupes de chez eux que tu aurais aimés avoir à l’époque ?
Tous bien sûr, haha. Sauf un.
Le site internet a été “désactivé” en octobre 2013 si j’ai bonne mémoire, du coup tu as mis les articles sur le site Backstage. Peux-tu nous parler de Backstage ?
Backstage est en fait une vieille enseigne de Montpellier créée en 1986 je crois. Robert avait une boutique et une partie VPC. Lorsque nous faisions grossiste (distributeur d’autres labels étrangers en France), Backstage était notre client. On s’est connu ainsi. Lorsqu’il a pris sa retraite il a cherché un repreneur. Et je me suis lancé. Nous avons donc installé Backstage pendant plusieurs années sur Grenoble avec sa boutique et sa VPC. C’était complémentaire avec Adipocere, car Backstage était plus branché merchandising et produits dérivés.
Hélas, avec la crise, garder l’équipe de Grenoble m’est devenu impossible. J’ai donc récupéré Backstage ici à Bourg-en Bresse et tout groupé avec Adipocere. On gérait les deux sites d’ici.
Et du coup, quand cet automne le E-Shop de Adipocere a dû fermer (cessation d’activité de l’hébergeur !!) il a été impossible techniquement de le mettre ailleurs. Donc il a paru évident de continuer juste avec le site de Backstage, et bien sûr de le remplir de CD car il y en avait trop peu.
Mais c’est provisoire, et là d’ailleurs à présent c’est le site Backstage qui donne des signes de faiblesse. Il faut que l’on ouvre rapidement un gros shop Adipocere tout neuf, on espère d’ici la rentrée…Ou avant fin 2014 j’espère.
De manière générale, quelles sont tes ventes actuellement ? On entend souvent dire que l’on ne peut pas vivre du métal, est-ce malheureusement vrai ?
Effectivement, c’est de plus en plus la misère !! J’arrive juste à sortir les deux demi-salaires de Sylvie et Christophe ainsi que de payer les différents frais. Mais de mon côté je ne touche plus rien depuis très longtemps. Du coup ça fait trois années que je bosse à côté ! Je suis pion la nuit en internat scolaire. Le seul boulot que j’ai trouvé où je puisse être un peu payé et dormir, et bosser aussi. Car là justement je fais ton interview depuis l’internat !!!
Je revends également des vinyles d’occasion (de ma collection ou de lots que je rachète), c’est le seul moyen pour rentrer 2-3 sous. Car ayant une famille, faut assumer !! Mais c’est malheureux d’en arriver là. Pauvre France où tout fout le camp. C’est une honte ce pays. Mais je stoppe là avant de tomber dans la politique.
Adipocere est un des premiers label métal qui soit passé de l’underground à un gros label français pour revenir dans l’underground.
Est-ce un choix ou était-ce une obligation ?
Déjà merci, mais je n’ai jamais considéré être un gros label, et surtout pas l’un des premiers !! Le premier a toujours été Osmose. Il avait de bien plus grands groupes, donc des ventes énormes comparées à nous, ainsi qu’une meilleure distribution. Ensuite Season of Mist ou Listenable, sont arrivés peu après et sont vite devenus des labels plus gros que Adipocere..
Ensuite, pour répondre à ta question, le choix de rediminuer la taille du label était à la fois un choix et une obligation !! Je préfère bosser dans les conditions actuelles que quand on était une grande équipe, où rapidement tu fais trop confiance mais où tu ne contrôles plus rien et tu te fais entuber… et après tout s’enchaine très vite. Et tant de gens prennent un malin plaisir à te démonter via des forums, à raconter n’importe quoi, croyant tout savoir. C’est tellement facile de salir les gens. Mais on tient bon. Et le matin je peux toujours me regarder dans un miroir. C’est le principal à mes yeux et à ceux de ma famille.
En regardant en arrière, penses-tu avoir fait des erreurs qui ont peut être bloqué l’ascension de Adipocere à devenir plus gros ?
Des erreurs, oui bien sûr tout plein !! Mais en fait tant mieux et à temps. Juste à temps pour pouvoir continuer avec notre formule actuelle. Espérons que ça dure encore le plus longtemps possible, mais on n’a plus trop de roue de secours à présent. Donc nous n’avons plus le droit à l’erreur !
Peux-tu nous parler de ta boutique à Bourg en Bresse ? Que pouvons-nous y trouver ?
Nous avons à présent une belle boutique de 200 m² (réserve comprise). Mais vu le stock, c’est en fait bien trop petit pour tout mettre. D’un autre point de vue, vu le loyer, c’est en fait trop grand !
Nous avons sur place tout ce qui est sur le site, mais bien plus encore !! Nous avons énormément de vinyle et CD d’occasion, encore plus de vêtements et merchandising de groupe, et depuis un mois nous avons pris une licence à emporter pour vendre des bouteilles d’alcool !!
Nous voulons nous spécialiser dans ce que j’aime : les bières artisanales et les boissons médiévales (Hypocras, Tripolix, Hydromel…). Ça me fait plaisir de travailler ce genre de produits. Je pense que nous avons plus de 20000 articles en boutique.
Et du coup on nous demande même d’autres styles que du metal comme nous sommes disquaires et bien placés géographiquement. On s’est surtout ouverts niveau vinyle, par exemple on vend souvent du Pink Floyd, du Led Zep…
Est-ce que ADI-MEDIA est toujours actif ? Peux-tu présenter cette branche ?
ADI-MEDIA était avant une société séparée de ADIPOCERE. Le but est de faire du pressage CD (ou même DVD et vinyle). J’avais une employée à plein temps dessus. Mais hélas entre une baisse du marché, une hausse de la concurrence, et quelques gros impayés, la société n’était plus viable. Elle a donc disparu. Mais par contre, j’ai repris comme avant sa création !
C’est-à-dire que je m’occupe toujours de ces pressages, mais sous la société Backstage. On a même un bureau en Suisse pour gérer les commandes de ce pays. Et tant mieux, car comme pour Adipocere, le site de Adi-media a disparu aussi !!! Mais donc le site Suisse lui marche toujours : http://www.adi-media.ch .
Parlons un peu du futur, quels sont les plans pour Adipocere en 2014 ? Sur quelles activités veux-tu te consacrer ?
On va surtout développer le plus possible la partie stand en festivals et concerts. C’est un travail énorme. Car il y a bien sur les jours sur place ainsi que le déplacement. Mais il y a surtout un énorme travail de préparation avant !
On saisit tous les stocks que l’on emmène pour la gestion de nos stocks, mais aussi pour que les gens puissent consulter sur place d’après la liste de ce qu’on a avec nous. Les gens ont pris cette habitude et viennent nous voir aussi pour ce côté pratique et pour notre choix énorme. On va donc continuer ainsi car c’est vraiment sympa, on s’est fait ainsi plein d’amis ce qui est tout aussi important à nos yeux. On retrouve les mêmes d’une année sur l’autre, ou même sur plusieurs Fest !
A côté de cela, comme annoncé juste avant, je viens également de commencer la vente d’alcool !! Étrange pour un métalleux, haha. J’ai pris une licence « à emporter » pour avoir le droit de vendre des bouteilles (aucune conso sur place !).
Il y a donc un petit rayon au magasin, mais surtout je fais deux marchés par semaines avec mes bouteilles. On fait surtout de la bonne bière artisanale, et des boissons anciennes (hydromel, Tripolix, hypocras…). Mais je vais voir à étendre surement au whisky et au rhum, et pourquoi pas du vin de petits producteurs. Là notre plus grosse vente est la bière blanche de Pont d’Ain (la Thou), car elle a été élue Championne du Monde dans sa catégorie ; une grande première pour une bière française ; et donc brassée à 15km de chez nous !!
Et quand même pour revenir à la musique, on veut vraiment refaire un site pour Adipocere au plus vite !!
A quels festivals seras tu donc présent ?
Nous avons donc fait notre stand au Hell Fest comme prévu. Ensuite, on a fait surtout le Sylak vers chez nous, puis le Motocultor à nouveau en Bretagne. Tous ont vraiment cartonné.
J’ai été aussi à un petit festival bien sympa à Nevers. Et début septembre, je monte vers Tours au M Fest. Le samedi suivant je suis au Metal Circle Open Air à Vions dans le 73. Le 27/09 au Rising Fest à Dijon. Le 4 octobre au British Steel Saturday Night 3 à Fismes. Le 11 octobre au Serpaize en Rock (38) et les 17/18/19 octobre à Sélestat pour le Rock Your Brain Fest !! Ouf programme chargé…
Adipocere a mis en place un concert en 2013, ADIBIRTHDAY, peux tu revenir dessus ? Un autre concert est-il prévu ?
Oui on voulait marquer un peu le coup quand même en montant un fest avec nos anciens groupes. Hélas on a rien trouvé en France à ce moment. Et du coup Thierry, un ami à cette époque proche de la Suisse, m’a proposé de monter ce festival vers Genève. Donc le petit fest s’est monté sur deux jours.
Hélas certains groupes n’ont pas vu venir et nous avons également pris des groupes étrangers au Label. Toutefois nous avons pu passer ainsi un super week end. Le tout a été filmé en plus car la salle est équipée pour cela. Donc on verra si on arrive un jour à sortir un DVD …
Après j’aimerai bien me mettre à organiser des concerts sur Bourg. Je dois aller parler de ça avec la salle La Tannerie, notre belle salle locale. J’espère commencer d’ici printemps 2015.
Et sinon je suis rentré dans un comité d’organisation pour un gros évènement pour juillet 2015 dans le Nord de l’Ain. Le projet avance à grands pas. Mais je ne peux pas encore en dire trop. Juste que ça sera un Festival sur 3 jours open Air, regroupant trois mondes : Viking, Metal et Biker !!
Quels conseils pourrais-tu donner pour un nouveau groupe cherchant un label ?
Ne pas mettre la charrue avant les bœufs !! Déjà voir à faire un premier CD, ou MCD en autoproduction (pourquoi pas pressé par Adi-Media !!), et surtout faire un max de concerts, de pub sur les webzines (en envoyant des CD Promo de partout !!). Et après si ça marche bien, pourquoi pas démarcher des labels pour espérer être signé pour un album suivant.
Quel est ta vision actuelle de la scène métal ? Trouves-tu également comme certains que la scène tourne en rond ?
Je ne dirais pas qu’elle tourne en rond, mais plus qu’elle a du mal à se renouveler. Il n’y plus vraiment de groupes qui arrivent à percer et à devenir aussi énorme que tous les groupes des 80’s qui trustent toujours les têtes d’affiches des gros fest partout dans le monde. A part RAMMSTEIN au début des 90’s, je ne vois pas trop d’autres groupes de moins de 20 années d’existence qui sont capables de faire venir des dizaines de milliers de personnes en concerts ou dans un fest. Et ça c’est grave !!
On fera comment dans 10-15 ans (voir avant) quand les groupes stars des 80’s auront stoppé leurs activités petit à petit ?
Après, à côté de ça, il faut dire que le public change aussi. Il n’y a plus la même mentalité entre les métalleux de 40-60 ans à présent, même en les replaçant dans le contexte des 80’s, et ceux de nos jours. Je ne sais pas si ceux de nos jours écouteront encore du metal dans 5 ou 10 ans, alors que quand on a commencé à écouter du metal dans les 70’s ou 80’s, souvent ça reste en nous à vie !
Et que penses-tu de la scène métal française actuelle ? Certains groupes français sont encore bien présents, comme LOUDBLAST, MISANTHROPE, ou encore SUP, et certaines formations ne cessent de monter, comme DAGOBA par exemple.
J’ai toujours aimé et supporté la scène française, depuis mes débuts dans le metal ! À l’époque on avait toute la vague des ADX, KILLERS, H BOMB, MORSURE, DEMON EYES, BLASPHEME.
J’aimais bien les chants en français car au moins on comprenait quelque chose et souvent les paroles étaient intéressantes. Après voir des groupes comme LOUDBLAST, qui sont au sommet de leur popularité c’est vraiment cool.
J’ai connu ce groupe à ses tout débuts lors du split LP avec AGRESSOR. Et quand on voit la tournée française qu’ils viennent de faire ce printemps avec les fous de BENIGHTED, et bien je n’ai qu’un mot, bravo !!
J’ai revu aussi SUP et MERCYLESS il y a quelques mois à St Nazaire, c’était vraiment énorme. Après je n’ai jamais été fan de MISANTHROPE mais ils font une grande carrière. Cependant je préfère leur groupe parallèle : ARGILE. Leur unique concert à Laudun a mis tout le monde d’accord.
DAGOBA ont un énorme public aussi, comme GOJIRA, mais je ne suis pas fan.
Après si on regarde bien largement, j’ai toujours pensé que la scène française avait un gros retard sur l’étranger ! Je pense ça depuis 1982 et mon premier séjour en Allemagne, mais surtout quand j’y suis retourné souvent à la fin des 80’s. Puis des voyages en Scandinavie ou Pays Bas.
Le gros retard ne vient pas de la qualité des groupes, car on a des sacrés groupes en France sur tout styles, mais vient plutôt par rapport au nombre, et sur la quantité du public. De plus il y a également un problème sur les tournées qui du coup font bien plus de dates en Allemagne, Hollande que en France. Et on ne rattrapera jamais ce retard selon moi.
Quels sont tes coups de cœur musicaux ? A l’époque de la création d’Adipocere et de nos jours ?
Je vais me focaliser sur le présent ainsi qu’au niveau des concerts. Car la musique se vit avant tout sur scène.
Dans des groupes jeunes qui sont en développement, j’ai bien aimé NAÏVE, REGARDE LES HOMMES TOMBER, ainsi que BIRTH OF JOY. Après il faut dire que j’ai des gouts de plus en plus large aussi. Mais j’ai toujours écouté plein de trucs.
J’ai pu lire que tu es toi aussi guitariste à tes heures perdues, prévois-tu quelques créations cette année ?
Ho non, c’est loin tout ça. J’ai joué au début des 90’s avec AMAYMON. Puis je me suis essayé à un projet de black metal avec mon dentiste black metalleux, mais qui était malheureusement trop débordé. Depuis rien, et rien de prévu. Je gratte des fois un peu à la maison pour amuser les enfants, sur une sèche.
Je te remercie pour tout ton temps accordé Christian. As-tu des derniers mots pour Guitariste-Metal.fr / général ?
Bein merci à toi de m’avoir donné la parole !
Etant passionné par la musique, si je peux faire partager ça à d’autres personnes, tant mieux. Il faut continuer à créer, essayer d’innover, mais surtout se faire plaisir en jouant avec des amis.
Backstage : http://www.backstage2.fr/
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